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EAN : 9782246836483
144 pages
Grasset (17/01/2024)
4.64/5   11 notes
Résumé :
Marie Rafalovitch a 14 ans lorsque, le 25 juillet 1944, elle est arrêtée à Toulouse, trois semaines avant la libération de la ville. Elle ne connaît presque rien des origines de sa famille : c’est sa déportation qui lui apprend qu’elle est juive, et que ce mot la condamne.

Elle a été arrêtée sans ses parents ni son frère : elle est la seule adolescente livrée à elle-même dans un convoi de mères et d’enfants déporté vers Ravensbrück, puis Bergen-Bels... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Marie Vaislic a choisi d'intituler son livre « Il n'y aura bientôt plus personne ».
Quelle force dans ces quelques mots ! On ressent comme un sentiment d'urgence à l'heure des derniers témoins encore vivants, un désir de raconter une fois de plus son histoire, de coucher sur le papier les mots qui racontent l'indicible.
Pour que les souvenirs ne s'effacent jamais.
Pour que personne n'oublie jamais l'existence des camps de concentration et d'extermination, l'histoire de la Shoah.
Pour transmettre aux nouvelles générations ce passé douloureux.
Témoigner encore et encore, pour que de tels actes ne se reproduisent plus.
Pour que la barbarie cesse un jour.

« … j'ai un peu peur qu'on me reproche, à moi ou à d'autres, ce livre de plus. Que les gens se disent que nous prenons trop de place, aujourd'hui. Je ne le fais d'ailleurs plus beaucoup, témoigner. Mais il n'y aura bientôt plus personne pour raconter ce que cette histoire a été. Qui sera là, pour essayer de dire ce qu'il a vu ? Alors, je crois qu'il faut tout de même continuer. »

Voici les dernières paroles du texte de Marie Vaislic. Elles m'ont bouleversée. A l'heure où les mouvements extrémistes mettent en danger les valeurs morales, la démocratie et la paix, il est important de se souvenir, de témoigner, de transmettre l'histoire et le vécu des victimes de la Shoah.
A nous d'écouter et d'apprendre des erreurs du passé.

*
Marie Vaislic nous invite à entrer dans sa vie, dans son intimité sans que l'on se sente voyeur à aucun moment. Elle nous y invite avec douceur, discrétion, dignité et sincérité.
Avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, Marie Vaislic revient sur son enfance insouciante et ignorante du monde, son arrestation à son domicile toulousain en Juillet 1944. Elle n'est qu'une enfant, quatorze ans à peine. Elle va vivre, seule, la déportation, l'enfer du voyage vers Ravensbrück dans des wagons à bestiaux, l'effroi de ce premier jour où les femmes voient leur intimité violée.

Elle raconte sa propre captivité sobrement, simplement : la cruauté des gardiennes allemandes et l'indifférence des kapos, la déshumanisation orchestrée par les nazis, les expériences du professeur Gebhardt sur les détenues, la peur permanente et la souffrance, les coups et les humiliations, les milliers de cadavres jetés pêle-mêle, abandonnés par terre comme de simples déchets sur un tas d'ordures.

« Il n'y a pas de manière douce de dire ces choses-là. »

Ses souvenirs nous entraînent vers d'autres camps, celui de Chelmno notamment, connu pour ses essais de la solution finale sur une partie du ghetto de Łódź.
Et puis, il y a le camp mouroir de Bergen-Belsen : après la marche de la mort, une nouvelle étape est franchie dans l'horreur, l'inhumanité et la barbarie nazie. Marie Vaislic capture des images affreuses de corps en décomposition entassés dans les allées du camp. Elle se souvient des conditions d'hygiène effroyables, de la surpopulation et de la promiscuité, de sa solitude extrême, de la faim et du froid, de la nudité et de la puanteur, de la vermine qui grouille, les maladies qui prolifèrent, de la survie et de la mort omniprésente, … jusqu'à la libération par les anglais et le retour dans sa famille.

*
« Je regardais le monde s'agiter autour de moi comme de derrière une vitre. »

Un retour qui a du être bien difficile. Sa très grande solitude m'a touchée. Je suis admirative du courage et de la force de cette adolescente d'à peine 15 ans.
Une formidable leçon de vie et de survie.
De cette épreuve traumatisante, elle y répondra par le silence. Comment expliquer, comment faire comprendre l'inimaginable, l'inconcevable à une personne qui n'a rien vécu de tout cela ? Entre désintérêt, suspicion et silence gêné des gens, Marie Vaislic choisit de se taire et se replie sur elle-même. Elle vit dans l'isolement des souvenirs gravés dans sa mémoire, ineffaçables.

« On ne se défait pas de ce qu'on a vécu, même quand on le voudrait. »

Et puis, bien plus tard, la parole se libère. Marie Vaislic va à la rencontre des plus jeunes et témoigne dans les établissements scolaires.
Aujourd'hui, elle raconte dans ce livre « pour que la Shoah ne deviennent pas une page d'histoire parmi d'autres, aussi lointaine que la guerre de cent ans… »

*
Ce court récit autobiographique, écrit à quatre mains avec Marion Cocquet, est admirable, son témoignage poignant. Cela a dû être une épreuve douloureuse de revenir sur l'horreur de la Shoah et de raconter sa déportation.
Ecrit avec simplicité, franchise et justesse, sans jamais tomber dans le sensationnel, le texte marque et fait de ce livre un véritable coup de poing. Un livre qui touche au coeur.
Des paroles précieuses.

***
Un grand Merci à Babelio et aux éditions Grasset pour ce livre reçu lors de la masse critique de Février 2024. Un grand merci également à Marie Vaislic pour son témoignage émouvant et si important.
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La claque.
Lu dans la journée.
Peut-être pire que Primo Levi.
Je lis tant que je peux sur la Shoah mais là c'est le summum de l'ignoble, de l'horreur, de l'actroce.

J'avais lu Mme Ginette Kolinka, cette lecture m'avait bouleversée.

Une gamine de 14 ans, Marie, Juive mais ne le sachant pas, est arrêtée à Toulouse sur dénonciation, et envoyée pour un temps au camp de Ravensbrück en Pologne. Avant le train elle attendra dans un stade.
Le "train" est bondé. Plusieurs jours en ne pouvant pas ni boire ni manger ni faire ses besoins. Elle voit un bébé mourir de faim.

Elle a connu après, Bergen-Belsen. Elle sera déportée presque un an en tout.
Qu'ont fait les polonais alors qu'ils vivaient juste à côté ? Ce déni la poursuit.

Elle raconte son "clivage" avec clarté ; c'est tellement dur que son inconscient se coupe en deux pour ne plus connaître toutes ces atrocités : les chiens égorgeant les enfants, les expériences médicales ignobles sur les femmes, l'odeur des cheminées des fours, le cannibalisme à la toute fin, les marches de la mort, le froid, les coups, les enfants que l'on achève contre les arbres, la vermine incrustée dans les tissus, les anglais qui libèrent le camp mais qui sans le savoir tuent les déportés car trop de nourriture trop vite...(lisez La Douleur de Duras , magnifique livre où elle apprend à nourrir son mari revenu des camps avec du jus de viande)
Et cette faim toujours et encore.

J'en oublie bien sûr.
Et quelque part tant mieux.

Marie a eu de la chance de rentrer.
Mais pas que.
Elle a eu une force incroyable de la Vie.
Elle en a tellement vu des déportés qui abandonnaient et partaient très vite.

Et puis enfin, (parce que c'est très dur pour moi d'écrire cette critique...), le fait que l'on ait pas cru leurs témoignages tant l'horreur était encore présente. Mais qui pouvait croire pareille abomination ? Qui ?
Même au gré de mes lectures, je n'ai jamais pu me défaire de cette phrase : c'est arrivé, si si.

Allez je termine les yeux humides en pensant aux remerciements à la toute fin du livre :
Samuel Sandler, sans qui ce livre n'aurait jamais été écrit".
(Je rappelle que ce grand Monsieur, décédé il y a peu d'ailleurs (trop de chagrins ?.....), était le grand-père et le père des victimes de Merah à l'école juive de Toulouse).
Paix enfin à son âme.


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Marie Rafalovitch a 14 ans quand elle est déportée à Ravensbrück, puis à Bergen Belsen. Son seul crime est qu'elle est née juive en 1930.
A travers ce témoignage, Marie va raconter ce qu'elle a vécu : de sa vie tranquille à Toulouse, à son arrestation, puis sa déportation pour finir par l'après-guerre.

📗MON AVIS : J'ai eu la grande chance de remporter ce livre lors de la dernière Masse Critique Babelio. Je tiens à remercier les éditions Grasset et Babelio pour l'envoi de ce livre.
J'étais sûre que ce récit m'apporterait énormément, car j'apprécie énormément les livres traitant de la Seconde Guerre Mondiale, que ce soit à travers des romans ou des témoignages.
Celui-ci est porté par la voix de Marie, une survivante de 2 camps de concentration où elle s'est retrouvée seule, à tout juste 14 ans.
Son témoignage est déchirant au possible. En effet, Marie raconte les choses telles qu'elles se sont passées et ça fait froid dans le dos.
J'en ai appris beaucoup sur les camps de Ravensbrück et de Bergen Belsen, car il est vrai qu'on parle plus souvent d'Auschwitz dans les livres.
Mais, au-delà de l'horreur des camps, c'est le fait qu'il est parfois reproché aux juifs, qui ont survécu, de témoigner qui m'a scandalisé.
Alors, s'il vous plaît, Mme Vaislic, continuez à raconter votre histoire, car il est important de ne jamais oublier ! Et comme vous le dites si bien, bientôt, il n'y aura plus personne !
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J'avais vu et écouté Marie Vaislic Rafalovitch dans une émission télévisée, son témoignage sur le génocide des Juifs d'Europe m'avait percutée et je n'avais pas oublié ses mots et son visage. Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Grasset de m'avoir offert l'opportunité de lire Il N'y aura bientôt plus personne, dans le cadre d'une Masse Critique.
L'auteure a trouvé les mots et la force de dire ce qu'elle a vu et subi dans les camps. Elle nous offre un témoignage poignant et nécessaire sur la Shoah. Son récit relate avec précision un processus de déshumanisation indicible : "... il fallait y être pour comprendre. Moi-même, il y a des fois où je me dis : Est-ce que tu as vraiment vécu tout ça ? Et puis oui, je l'ai vécu. Comment je l'ai surmonté, je n'en sais rien."
Il a suffi de dix minutes. Dix minutes ce 24 juillet 1944, où Marie Rafalovitch a simplement répondu "oui" à un jeune milicien sans accent qui eût pu éveiller sa méfiance. Dix minutes pour faire basculer la vie de cette jeune juive de 14 ans, qui ne savait même pas qu'elle était juive.
D'origine polonaise, sa famille était venue s'installer à Toulouse en 1924 pour y travailler. Ses parents faisaient les marchés. Dénoncée par un voisin cordonnier, après son arrestation, Marie Rafalovitch a été déportée vers Ravensbrück puis Bergen Belsen. Aujourd'hui âgée de 94 ans, elle est l'une des dernières survivantes de la Shoah et témoigne pour que jamais ne soit oublié ce qui s'est passé à Bergen-Belsen et Ravensbrück. Un récit pudique et bouleversant.
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À l'âge de 14 ans, Marie Rafalovitch est arrêtée à Toulouse pour être déportée, c'est sa déportation qui lui apprendra qu'elle est juive, ne connaissant presque rien des origines familiales. Elle est envoyée à Ravensbrück, puis à Bergen Belsen, déportée seule et sans aucun membre de sa famille, elle est donc livrée à elle-même et découvre l'horreur des camps. Les fumées des cheminées à gaz qui ne cessent jamais, les humiliations, la famine, les violences, les brimades… A son retour des camps, comme bon nombre de Juifs, choqués, elle garde le silence, mais bientôt, on l'invite à témoigner pour le « devoir de mémoire », afin de briser le silence et dénoncer ce qui s'est passé dans les camps. Ainsi, elle va témoigner dans les écoles à la rencontre des élèves, afin que personne n'oublie jamais ce qui s'est passé, et que grâce à ce livre, même quand il n'y aura plus de personnes ayant vécu la Shoah, nous ayons encore des témoignages du passé pour ne jamais oublier la cruauté humaine qui a régné. Un livre rapide à lire, et bien sûr qui comme chaque témoignage de cette période est nécessaire.
Lien : https://celitteratureofficie..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
À Bergen-Belsen, c'est l'odeur, d'abord, qui nous a frappés. Une odeur de viande morte et de crasse, une odeur de charogne brûlée. Elle était insidieuse comme une angoisse, elle s'enroulait autour de vous, elle enrobait tout : vous veniez d'arriver et, déjà, elle était dans vos cheveux et vos vêtements, elle vous collait à la peau : on prenait cette odeur comme on prenait la tenue et le visage du camp. Il n'a sans doute pas fallu beaucoup de temps pour qu'on comprenne d'où elle venait. Les cheminées du crématoire étaient très hautes. On les voyait de partout, elles fumaient jour et nuit, ça faisait une brume épaisse qui envahissait la plaine.
Les habitants des villages de Bergen et Belsen ont juré, ensuite, qu'ils ignoraient tout de ce qui se passait dans le camp. Comme ceux de Fürstenberg, comme tous les autres. L'odeur, pourtant, devait être chez eux tous les jours. Dans leur soupe quand ils s'asseyaient à la table du dîner, dans leurs draps quand ils se mettaient au lit. Qu'est-ce qu'ils pouvaient faire de ça, comment est-ce qu'ils pouvaient vivre ? C'était l'odeur d'une chose terrible qu'on faisait là.
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Ce n'est pas facile pour moi de dire ce qu'a été Ravensbrück. Ce n'est pas facile de m'en souvenir, même, parce qu'il y a eu Bergen- Belsen ensuite. C'est Bergen-Belsen, qui est mon camp et ma déportation ; c'est Bergen-Belsen qui a emporté ce que j'étais avant et m'a re-fabriquée à sa façon. Là-bas, je me suis vue mourir. J'ai vu des choses que j'ai du mal à décrire, même si je le voudrais, parce qu'elles sont inimaginables.
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Et puis ceux qui sont revenus mais qui sont devenus muets, qui font ensuite leur vie avec des souvenirs dont ils ne savaient que faire.
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Alors, bien sûr, jai un peu peur qu'on me reproche, a moi ou à d'autres, ce livre de plus. Que les gens se disent que nous prenons trop de place, aujourd hui Je ne le fais d'ailleurs plas beaucoup, témoigner.
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Il fallait trouver le moyen le plus eficace de tuer: ce n'est pas si simple, d'éliminer tout un peuple.
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Videos de Marie Vaislic (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie Vaislic
Rencontre avec Marie Vaislic autour de Il n'y aura bientôt plus personne paru aux éditions Grasset. Débat animé par Maurice Lugassy.
-- avec le Mémorial de la Shoah.


Marie Vaislic, est née en 1930 à Toulouse a été déportée le 25juillet 1944 et libérée le 15avril 1945 par l'armée britannique. Elle a publié: Seule à quatorze ans à Ravensbrück et Bergen-Belsen (éditions le Manuscrit, 2019).
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25/03/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER

Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite (https://ausha.co/politique-de-confidentialite) pour plus d'informations.
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