Roman intrigant et rempli de suspense. le récit débute avec la découverte du corps d'un homme d'affaires dans une chambre d'hôtel. L'homme a été asphyxié, ligoté et il a un message glissé entre les mains. L'enquête sera difficile pour Kate Kovacs et son équipe et une seconde victime sera trouvée.
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On est tout de suite plongé dans le meurtre du Coast Plaza Hôtel qui nous met tout de suite dans le rythme infernal que va poursuivre l'agent de police Kate Kovacs ! le style est simple, les descriptions de l'enquête sont bien faites, on pourrait tout à fait imaginer la scène en série telle les Experts ! Une réussite et un suspens maintenu jusqu'à la fin !
VL Bibliothèque Montmorency
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Je commence par étudier la position du corps : visible de dos et de face de là où je me trouve grâce aux reflets qu'il laisse sur la paroi de verre. Aucune trace de sang ou de blessure détectable à l'œil nu. Nuque basculée vers l'arrière. Bouche couverte par un rectangle de ruban adhésif. Traits du visage difficiles à discerner sous la fine couche de plastique. Et tout autour, assez de meubles en bois massif et de surface en velours pour créer une atmosphère encore plus bourgeoise et plus étouffante que celle du couloir.
Puis je me concentre sur une série de détails bien précis.
Les vêtements que l'homme porte : costume beige en lin et chemise bleu pastel – un peu trop étroits pour sa corpulence à la limite de l'obésité –, auxquels s'ajoutent des chaussures de golf bicolores… Le ruban adhésif qui maintient ses mains attachées entre elles, glissées derrière le dossier, ainsi que les extrémités du sac plastique serrées autour de son cou : gris argent, dans les 4-5 centimètres de largeur… Le cigare à peine entamé écrasé au fond d'un cendrier à côté duquel repose un trousseau de clés de voiture, et la forte odeur de tabac qui plane à travers la pièce… La montre Rolex posée sur une table de chevet entre une bouteille de Scotch à moitié vide et un téléphone portable… Et le sac de voyage et l'attaché-case empilés sur un lit deux places, encore fait.
– Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit probablement pas d'une mort par suffocation. Et le décès remonte à au moins vingt heures.
Delgado m'invite à le rejoindre face au corps et tend un bras pour me montrer une série de petits points rouges qui descend le long du cou de la victime.
– Marques classiques laissées par une arme élec-trique, dite de défense. Au vu de l'écart qui existe entre les points d'impact de chaque paire d'électrodes, je dirais qu'il s'agit d'un modèle plutôt puissant. Dans les 500 000 volts, voire plus. Jusqu'à présent, j'ai compté quatre décharges électriques distinctes, toutes dans la zone de la carotide. Encore impossible de savoir si elles ont été tirées en succession rapide, ou sur un laps de temps plus conséquent. En soi, ce genre d'arme ne peut bien sûr qu'immobiliser une victime pendant quelques minutes après chaque décharge, surtout dans le cas d'un homme de sa corpulence, mais comme tu peux le voir…
Il lève la main et j'enchaîne à sa place :
– Il n'y a aucune trace de buée sur les parois internes du sac plastique…
30-35 ans. Cheveux bruns coupés plutôt court. Pantalon sombre et pull à col roulé écru. Mouvements fluides et précis.
Un adversaire intéressant.
Elle se penche sur le siège passager et se redresse, une veste bleue à la main. Puis elle claque la portière et le moment d'intimité que j'avais si soigneusement réussi à créer entre nous explose en mille morceaux.
La lumière des gyrophares se remet à balayer son visage… La tour du Coast Plaza se remet à dominer le quartier…
Et je suis de nouveau entouré d'une foule de badauds qui échangent à voix basse des théories aussi fausses les unes que les autres sur fond de sirènes hurlantes.
Je résiste à l'envie de me replonger dans les ténèbres, de retrouver silence et solitude, et je continue à l'observer.
Je la regarde traverser la rue à grands pas.
Enfiler le coupe-vent qu'elle vient d'attraper sans ralentir d'un iota.
Et je n'ai pas besoin de voir le nom imprimé sur son badge, ou les trois lettres qui se dressent à la verticale sur son dos, pour savoir qui elle est.
Puis je regarde les deux autocollants superposés à l'arrière.
– Il avait deux bagages en soute ?
– Oui. Et c'est le principal hic pour l'instant… Parce qu'on n'en a retrouvé qu'un…
Il me montre l'étiquette accrochée sur le sac de voyage : un autocollant de bagage en soute frappé du logo Air Canada. « AC 293819 », suivi par un codebarres.
Même vol : Toronto-Vancouver.
Je compare le numéro de référence avec ceux que j'ai entre les doigts.
– Le « AC 293818 » est manquant…
– Affirmatif. En tout cas, on ne l'a pas retrouvé dans la chambre.
– L'attaché-case n'avait pas d'étiquette ?
– Non. Et vu ce qu'il contenait – un ordinateur por-table et des dossiers, en plus du portefeuille que je viens de te montrer –, je doute que M. Fairbanks ait voulu le mettre en soute. C'est en toute vraisemblance un sac qu'il a gardé avec lui, en cabine.
Elle sort de sa voiture et je ne vois plus rien d'autre. Juste elle sur le point de découvrir ce dont je suis capable.
Je m'avance de quelques pas et je me place entre le profil caréné de son véhicule et le cône de lumière qui descend à pic derrière moi.
Lampadaire n° 1009.
Angle de Comox et de Denman Street.
Un faisceau de particules orange qui a le plus grand mal à se frayer un chemin entre nuit et pluie, mais qui est parfait pour ce que je m'apprête à faire.
La regarder.
Sans qu'elle puisse voir autre chose qu'une silhouette de plus de l'autre côté du carrefour. Réduite à sa plus simple expression : un contour de corps humain rempli de noir.
Je baisse un peu la tête, plus par réflexe que par peur qu'elle me repère, et je me mets à la jauger.