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EAN : 9791097417116
197 pages
Viviane Hamy (12/04/2018)
3.79/5   7 notes
Résumé :
" Lorsque tu m'as demandé, Stevan, si je t'écrirais, je t'ai dit que je répondrais à tes lettres, mais que je ne t'écrirais plus la première. " " Un soir que nous étions devant le feu, Claude me dit : "Si j'étais un homme, je t'épouserais.' Je m'entendis lui répondre : "Si j'étais un homme, je t'épouserais, mais pas si j'étais une femme.' "Pourquoi ?' Le feu crépitait. Une vieille horloge, qui ne marchait pas, sonna une heure illusoire. "Parce que nous sommes dans l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Pourquoi ai-je dû attendre l'âge que j'ai - et je ne suis plus toute jeune ! - pour découvrir Édith Thomas ? Pourquoi, au hasard de mes lectures, n'ai-je jamais entendu parler de cette femme hors du commun ? Très engagée dans la Résistance, féministe et d'une exigence morale exceptionnelle - appelle-t-on cela de la droiture, de l'intégrité ou de la rigueur ?- elle eut beaucoup de succès en son temps. Entre 1933 et 1970, elle écrivit beaucoup : articles de presse, conférences, essais historiques, journaux intimes, mémoires, romans (écrire, pour elle, est « une nécessité organique ».) Après sa mort, elle sombra dans l'oubli.
Pourquoi ? Difficile de comprendre !
Non seulement, j'ai découvert une oeuvre (et quelle oeuvre!) mais j'ai aussi rencontré quelqu'un dont la lucidité et son corollaire, le désenchantement, m'ont beaucoup touchée.
Je tiens le jeu d'échecs comme un roman majeur que l'on devrait élever au rang de classique, et je ne peux que remercier les éditions Viviane Hamy de m'avoir permis cette rencontre qui n'aurait jamais eu lieu sans la publication de ce roman.
Celui-ci, écrit neuf mois avant la mort de l'auteur, à 61 ans, est publié chez Grasset en 1970. le succès est immédiat, il faut dire que l'écriture est d'une telle beauté que le texte ne peut que s'imposer immédiatement.
Mais ce qui frappe avant tout, outre cette écriture, c'est le ton de ce roman que l'on sait en grande partie autobiographique : j'employais tout à l'heure le mot « désenchanté », oui, c'est cela, un texte sans illusions et d'une telle lucidité sur soi-même et sur l'existence que l'on imagine aisément toute la souffrance qui en découle, la vie apparaissant, pour la narratrice, comme un fardeau plus ou moins lourd à porter selon les périodes mais dont le poids se fait, de toute façon, toujours sentir.
Dans ce roman, Aude, la narratrice, s'adresse à un homme qu'elle a rencontré et qu'elle a aimé. On peut penser que si elle a eu d'autres amours dans sa vie, ce fut pour compenser la non-réciprocité de ce sentiment intense qu'elle a ressenti pour cet homme et aussi bien peut-on conjuguer ce verbe au présent. Alors, elle s'adresse à lui et lui explique. Aude est une femme sincère, honnête avec elle même, incapable de se bercer d'illusions ou de se perdre dans ses rêves. Elle se connaît, connaît les gens et sa lucidité, au fond, est une arme qui se retourne à tout moment contre elle, au risque même, à certains moments, de la tuer. « Je m'efforce toujours d'entrer dans le jeu de l'autre et de me regarder du dehors avec les yeux d'autrui : telle que je suis et non telle que je voudrais être. »
Comment vivre au quotidien avec cette vérité, cette sincérité sur soi-même ?
Elle le sait, Stevan est perdu à jamais pour elle. « … je sais que rien, ni personne, ne peut plus m'aider du dehors, que rien du dehors ne viendra jamais plus jusqu'à moi. le mur est maintenant sans fissure. »
La désillusion n'empêche pas la présence de « fragments » de souvenirs, moments uniques et fugaces passés auprès de lui, instants teintés de tristesse et de mélancolie. Les pages évoquant ces rencontres assez rares et dont la narratrice sait qu'elles sont sans lendemain apparaissent comme d'une pure beauté et je ne me lasse pas de les relire…
Comment espérer ce que l'on sait au fond impossible ? Comment ne pas rechercher alors, pour se protéger, une forme de « détachement sans aigreur, une indifférence sans mélancolie » pour enfin accéder à un certain « apaisement ». Faire en sorte d' « être » le moins possible, s'oublier dans le travail, l'étude, ne plus sortir.
Évidemment, le lecteur s'interroge sur cet homme, Stevan, communiste comme Aude, et qui, à demi-mot avoue être « enfin libéré d'une ancienne liaison... »
Quelle terrible souffrance traîne -t- il comme un poids mort l'empêchant d'avancer ?
C'est la rencontre avec une femme, Claude, qui va permettre à Aude de tenter d'exister de nouveau malgré une époque terrible qu'il lui faudra traverser, celle de la Seconde Guerre, du nazisme, du fascisme, des bombes atomiques, bref, de la folie humaine. « C'est à Claude que je dois d'avoir pu reprendre pied dans ce monde absurde », confie Aude.
Comment supporter l'insupportable ?
Les journaux intimes d'Édith Thomas regorgent de pages sur cette période : on la sent touchée au coeur, meurtrie au plus profond de son être, tentant d'agir comme elle peut en tant que Résistante. Elle fut d'ailleurs une des premières à participer au Comité national des écrivains, organisant des réunions chez elle. Elle collabora à des journaux liés à la Résistance, publia des textes aux Éditions de Minuit, créées, on le sait, de façon clandestine par Jean Bruller, autrement dit, Vercors. Elle organise, chez elle, des réunions du Conseil National de la Résistance, ira rejoindre le maquis.
Revenons à Aude…
« Que me restait-il entre le néant de ma vie personnelle, l'horreur du monde et l'absence de Dieu ? » La sincérité de la déclaration, l'absence encore une fois d'illusions m'interpellent, comme on dit. Il y a quelque chose de viscéral dans la façon dont l'auteure à travers son personnage vit son époque et son rapport au monde. Il y a du Meursault chez Aude, du Camus chez É.Thomas dans ce sentiment profond d'absurdité qui est le leur et qui constitue la matière même de leur existence.
« J'avais perdu Claude et je n'avais jamais atteint Stevan. le travail d'archéologie que je faisais pour gagner ma vie n'était pas un but, mais le moyen de vivre une vie sans but. Je me moquais éperdument des chapiteaux de romans.
Mes collègues du musée m'ennuyaient. Mes amis m'étaient indifférents. Aller au cinéma ou au théâtre m'ennuyait autant que de tricoter, de lire des romans ou de ne rien faire. Tout était en somme égal, et égal à zéro. »
Terrible lucidité dans l'analyse que quiconque s'empêcherait de faire pour se protéger du néant. Aude a le courage (mais a-t-elle le choix?) de sa clairvoyance, de son discernement, de son analyse, sans illusions, d'elle-même. Elle semble marcher sans cesse sur un fil, au risque, à tout moment, de chuter. Aude est archéologue de métier (Édith était archiviste paléographe) : elle semble s'observer elle-même, classant, analysant ses sentiments, ses émotions avec la rigueur d'une scientifique, ce qui la conduit à un bilan pour le moins désespéré, s'il en est.
Ce qui fascine chez Aude, c'est aussi la modernité de sa pensée. Est-elle féministe ? Oui, elle l'est assurément et remet en cause ce que l'on assigne aux femmes, la place où la société leur demande de se tenir : « je n'ai jamais accepté d'être une femme, ou plutôt je me suis toujours révoltée contre l'idée qu'on m'en proposait. L' « éternel féminin » me semblait ridicule, une invention masculine fabriquée au cours des siècles par les hommes et pour eux. », « Une femme n'est-elle jamais qu'un reflet qui change au gré de l'homme qu'elle rencontre ? » Mais cela va bien plus loin : Aude refuse presque la notion de genre et ce qu'elle dit de ses sentiments pour Claude me semble d'une modernité incroyable : « En y réfléchissant, je m'apercevais que je ne songeais jamais à Claude comme à une femme. Nous étions seulement deux êtres humains en face l'un de l'autre, spirituels, presque asexués ». Quant aux relations physiques, ses propos frappent par leur sincérité : « J'avais cru aimer les hommes et ils n'avaient pas été mes amants. J'avais pris des amants, et c'étaient des hommes que je n'aimais pas. L'amour et l'acte de l'amour avaient toujours été pour moi parfaitement distincts. Ces expériences me permettaient de considérer l'acte physique de l'amour comme dénué de toute importance. Parmi les différentes actions que l'on peut commettre, c'est encore celle qui vous engage le moins. »
Quelle honnêteté dans les propos de cette femme qui refuse, au nom de sa liberté, de se plier aux convenances de la morale bourgeoise, une femme qui « ne se paye pas de mots. » Seule, la vérité est son guide. Tant pis si les autres n'ont pas la même. Elle l'exprime à plusieurs reprises dans le texte : tous ses actes, ses propos sont réfléchis et assumés. Aude est une femme libre, elle fera ce qu'elle croit être juste et en correspondance avec sa vision de la vie.
Inutile de vous dire, encore une fois, que la découverte de ce texte et de cette auteure ont été pour moi une expérience essentielle : ce refus du mensonge et de l'illusion m'apparaît digne du plus grand respect . « Ni à travers un être, ni à travers une idée je n'avais su donner un sens à ma vie. Des millions de gens vivent ainsi et s'en contentent. Je n'étais pas de ceux-là. » Qui peut avoir le courage d'oser penser cela ?
De plus, j'admire cette nécessité fondamentale qu'elle a d'être en accord avec elle-même et d'assumer jusqu'au bout ses moindres actions, si opposées soient-elles à la morale de la société. Comment ne pas l'admirer ?
Une postface passionnante de Nicolas Chevassus-au-Louis rappelle à quel point Édith Thomas a été de tous les combats, osant dire à voix haute, à travers de nombreux articles de journaux notamment, ce que d'aucuns préféraient passer sous silence, et ce, avec une telle perspicacité dans ses analyses et une telle indépendance d'esprit que l'on ne peut qu'être fasciné par l'intelligence et le courage de cette femme.
Je ne peux que vous conseiller de lire le Jeu d'échecs. Qui sait ? Vous n'aurez peut-être pas l'occasion de recroiser Édith Thomas et donc de la rencontrer et croyez-moi sur parole, vous perdriez beaucoup. Vous serez inévitablement touché par la modernité de son propos et la sincérité qui est la sienne à chaque page. Quant à son écriture, elle achèvera de vous enchanter.
A découvrir (auteure et oeuvre) de TOUTE URGENCE !!!

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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La narratrice, Aude, archéologue, raconte sa trop courte liaison avec Stevan, un professeur d'université qui finit par s'éloigner d'elle. Elle aime cet homme, gardera jusqu'au bout la nostalgie de cet amour. Puis elle tombe amoureuse d'une femme peintre, Claude, qui la quitte également. On retrouve le personnage de Stevan engagé dans une passion destructrice pour une femme, Esther. Enfin, Aude cherchera son équilibre grâce à un projet de maternité avec un certain Philippe.

L'important ici n'est pas tant l'intrigue que le récit d'une femme idéaliste, humaniste, exigeante, qui cherche l'amour, un sens à sa vie, des engagements ancrés dans la société au service de son idéal. Mais elle ne trouve nulle part sa place, elle est désenchantée, désillusionnée, déçue, freinée dans ses élans, impuissante face aux contraintes et pesanteurs de la société, face à l'imprévisibilité des comportements humains.

Cette femme est lucide, intelligente, mais d'une grande tristesse. Ce ne sont que regrets, déceptions, échecs. Cette Aude est désespérante, déprimante, usante. Tout au long de ma lecture j'ai trouvé les personnages désincarnés, irréels, comme s'il avaient été placés artificiellement d'une une histoire élaborée uniquement dans la tête de l'auteure.

Paradoxalement, une courte biographie proposée à la fin du récit signale le caractère assez autobiographique de l'oeuvre. (Voir extraits en citations).
C'est très intéressant et touchant de découvrir ces informations. Mais alors, ma critique reste la même. Je trouve que l'auteure a mal transposé ses expériences personnelles. Par exemple, Stevan, cet homme a priori brillant et solide dont la narratrice est profondément amoureuse, s'engage dans une belle histoire d'amour avec une certaine Esther, mais il a des attitudes incompréhensibles et ridicules qui le décrédibilisent complètement aux yeux du lecteur et font fuir cette Esther pourtant sincèrement éprise. On le voit prendre des décisions stupides et se plaindre par la suite que peut-être le bonheur n'existe pas. Evidemment, le bonheur fuit ceux qui sapent ses fondations.

Autre exemple, la relation amoureuse entre les deux femmes, la narratrice Aude et Claude, est d'une insipidité incommensurable. Si la relation passionnelle entre Dominique Aury et Edith Thomas est la source d'inspiration, il y manque la passion, la chair, la joie. Ici, leur histoire semble plutôt amicale, rationnelle, faite d'estime.

Donc, je ressors mitigé de cette lecture, même si certaines réflexions de l'auteur sur l'amour et la difficulté à connaître l'autre sont pertinentes, même si le regard sur la vie est lucide et juste, même si la plume est belle. Je conseille de lire la biographie proposée à la fin de l'ouvrage avant le roman lui-même, la narratrice n'en sera que plus attachante.
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Qui peut engager l'avenir sans mensonge ?

Une correspondance imaginaire, se libérer de « ce souci que j'ai de ne pas tout rompre entre nous », Stevan, un mur aujourd'hui sans fissure, l'entre fantôme et l'homme doué d'existence, la remémoration et le temps, « faire passer cet instant dans une durée valable pour toi comme pour moi », une histoire dans un temps de nationalisme, un parti à la fois nationaliste et stalinisé, « c'est aux mensonges que je me heurtais, aux vérités officielles à l'usage des croyants et l'on ne pouvait mettre en doute sans crime d'hérésie », des sentiments prêtés à l'autre, « C'est comme si chacun n'avait jamais à sa disposition qu'un même patron, taillé une fois pour toutes, le jour de sa naissance, par quelque bonne ou mauvaise fée. La mienne sûrement était assez carabosse »…

Le journalisme et ce que n'est pas la vérité, le mensonge et le communiqué de guerre, Claude, la porte entrebâillée derrière Alice, le temps de l'indécision, un mélange de joie et de lourdeur, « C'est oui, Claude » et « A notre porte, le monde commençait d'exister, mais rien, au-dehors, ne permettait de déceler notre secrète féérie. L'hiver se passa ainsi. Au printemps, nous résolûmes d'aller vivre ensemble ». Une femme et une femme, « Si tu étais un homme et que je fusse une femme, je ne pourrais pas accepter d'être définie par toi », les rênes de l'absurde, un récit enclos en lui-même, toujours la même histoire…

Le journalisme sans le parti, les moyens et la fin, « J'avais été persuadée que la fin est incluse dans les moyens employés pour l'atteindre et que les moyens qui admettent le mensonge et la trahison parviendraient à une fin qui serait, elle aussi, un mensonge et une trahison », un récit dans le récit, Esther, le poids d'une mère, la persécution des juifs, des fichiers déjà pleins de poussières, celle et tout ce qui « s'en était allé en fumée », Stephan et son fantôme caché, oublier son remords ou le renouveler à jamais,

Le désespoir, les préjugés, un désir d'enfant, un donneur et non un père, « Je n'avais pas plus à rougir de lui que je n'avais à rougir de moi », n'être le reflet de personne, la solidarité entre femmes, la lourdeur et la fatigue, le désir que l'enfant soit une fille, Anne, « la considérer comme un être libre, extérieur à moi, comme une personne, dont les droits devaient primer mes désirs », ceux et celles qui ont disparu·es pour toujours au coin de la rue, la promesse…

Nicolas Chevassus-au-Louis parle d'Edith Thomas, « Résistante de l'ombre », éclaire le roman d'éléments biographiques (ce qui ne me semble cependant que de peu d'intérêt pour la lecture), du « sentiment d'échec, et ce désespoir lancinant », de mésestime de soi, de l'ombre de Simone, de la résistante, du « refus de confondre haine de l'occupant et haine de Allemands », de la rupture avec le PCF, de Pauline Roland, des Pétroleuses, de lutte contre l'oubli…

Une femme dans le court vingtième siècle.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Les variations amoureuses dans leurs sensations de répéter un échec, une lettre muette à un amant silencieux, une décomposition presque picturale des états d'âmes d'une femme égarée entre silence et malaise. Tel serait le versant sombre, pessimiste mais lucide, du Jeu d'échecs. Mais cette autobiographie déguisée révèle surtout une femme héroïque de par sa morale à la fois compréhensive et intransigeante. Loin de toute ambition personnelle, par son effacement même Édith Thomas livre ici une perception singulière de l'Histoire. Un livre et une romancière à découvrir absolument.
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En ouvrant le Jeu d'Échecs, écrit par Edith Thomas, j'ai découvert un livre beau et désenchanté. Un texte sans artifice qui, sous forme de confidence, entrelace vécu et fiction pour retranscrire un monde intime insatisfait, douloureux.

« J'ai cherché l'amour avec une persévérance qui m'étonne, mais aussi une lucidité qui m'empêchait de le trouver. »

Ce qui frappe d'emblée c'est l'intégrité morale de l'auteure alliée à une clarté de la pensée qu'altère une évidente mésestime de soi. Armée d'une lucidité sans pathos, elle retrace en quatre chapitres un parcours sentimental jalonné de rencontres qui aboutissent à une décision fondamentale, entre abandon et redéfinition.

Car cette intellectuelle indépendante n'est mue que par une quête d'amour absolu et spirituel qu'aucune frontière ne peut contraindre excepté sa raison.

« – Vous êtes toujours en quête d'absolu, disait Claude. Il n'y a pas d'autre absolu que l'instant.

J'essayais, comme l'on part en vacances, d'entrer de plain-pied dans cette très vieille sagesse. Claude m'y attendait de sa grâce singulière. Il me suffisait qu'elle fût assise sur mon divan. Qu'elle me regardât de ses yeux gris, qu'elle me sourît avec cette secrète douceur, pour que l'instant fût saisi dans sa plénitude, l'espace d'un instant. »

Elle est en amour comme dans ses choix de citoyenne ou de femme : intransigeante, sincère et droite. En contradiction avec une époque trouble et restrictive.

« Ce qui importe, quand un oiseau chante, c'est l'oreille qui l'écoute. Ce qui importe, ce n'est pas l'eau, mais celui qui s'y baigne. Ce qui importe, ce n'est pas le soleil, mais celui qui s'y brûle. Ce qui importe c'est la résonance en chacun de toutes choses, et que nous ayons été un moment, l'une pour l'autre, le chemin d'amour qui nous dépassait. »

Le Jeu d'Échecs est un livre marquant, moderne. Un livre que je vous recommande vivement.

Bonne lecture !
Lien : https://avoslivreschroniques..
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critiques presse (1)
LeMonde
05 juillet 2018
« Le Jeu d’échecs », roman autobiographique de l’écrivaine et résistante, publié peu avant sa mort, en 1970, reparaît. Un texte implacable sur les intermittences du cœur.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
* Dévoilons d’emblée les clés du roman : oui, Edith Thomas a bien noué dans les années 1930 une passion peu réciproque, sur laquelle elle ne cessa de revenir sa vie durant, avec un Slave communiste prénommé Stefan ; oui, elle a été follement amoureuse, après la Résistance à laquelle elle participa aussi discrètement qu’ activement, d’une femme dont on dira plus loin l’identité et qui la quitta pour un homme ; oui, elle a souvent fantasmé la maternité quelle ne connut jamais, avec pour géniteur un certain Philippe, prénom d’un amant imaginaire qui apparaît dans son journal intime dès 1933… Stevan/Stefan, Claude, Philippe : trois des quatre parties du Jeu d’échecs sont directement autobiographiques. Mais le plus intime du livre est sans doute, ce sentiment d’échec, et ce désespoir lancinant, qui la tarauda sa vie durant. Comme le dit d’elle-même Aude, double d’Edith : « assez tendre et trop lucide, voilà au fond ce que j’étais. Ce sont là des conditions exceptionnellement favorables pour souffrir. »

Les années 1930 sont aussi celles d’un événement qui va à jamais marquer la vie d’Edith Thomas : l’attaque de tuberculose osseuse qui la frappe en 1931, à sa sortie de l’école des Chartes, et la maintient alitée pendant plusieurs mois .../... Ce n’est qu’après-guerre qu’Edith Thomas sortira, grâce à l’invention des antibiotiques, du tunnel de douleur de la tuberculose, dont elle gardera toute sa vie une claudication et une solide mésestime de soi.

* Jean Paulhan est l’amant de l’éditrice et écrivain Dominique Aury (la Claude du Jeu d’échecs), à qui elle a été liée par une très intense passion amoureuse entre 1946 et 1947. Laquelle prit fin quand Dominique Aury fit la connaissance de Paulhan, dont est inspiré le R. du Jeu d’échecs. Le personnage de la hiératique J prostituée Anne-Marie dans Histoire d’O a vraisemblablement été inspiré à Dominique Aury par son ancienne amante, même si cette dernière fut horrifiée par la violence et l’impudeur du roman. Les deux femmes restèrent, après la fin de leur liaison, intimement très proches, se téléphonant chaque jour, jean Paulhan et Edith Thomas ne se réconcilièrent, après une longue brouille, qu’en 1967.
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C’est comme si chacun n’avait jamais à sa disposition qu’un même patron, taillé une fois pour toutes, le jour de sa naissance, par quelque bonne ou mauvaise fée. La mienne sûrement était assez carabosse
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Ce qui importe, quand un oiseau chante, c’est l’oreille qui l’écoute. Ce qui importe, ce n’est pas l’eau, mais celui qui s’y baigne. Ce qui importe, ce n’est pas le soleil, mais celui qui s’y brûle. Ce qui importe c’est la résonance en chacun de toutes choses, et que nous ayons été un moment, l’une pour l’autre, le chemin d’amour qui nous dépassait.
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– Vous êtes toujours en quête d’absolu, disait Claude. Il n’y a pas d’autre absolu que l’instant.

J’essayais, comme l’on part en vacances, d’entrer de plain-pied dans cette très vieille sagesse. Claude m’y attendait de sa grâce singulière. Il me suffisait qu’elle fût assise sur mon divan. Qu’elle me regardât de ses yeux gris, qu’elle me sourît avec cette secrète douceur, pour que l’instant fût saisi dans sa plénitude, l’espace d’un instant.
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J’avais été persuadée que la fin est incluse dans les moyens employés pour l’atteindre et que les moyens qui admettent le mensonge et la trahison parviendraient à une fin qui serait, elle aussi, un mensonge et une trahison
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