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EAN : 9782070302697
256 pages
Gallimard (24/04/1970)
4.11/5   9 notes
Résumé :
«Les recueils de poésies d'Henri Thomas se sont succédé parallèlement à son œuvre de prosateur. On distingue, dans les poèmes comme dans les récits, un cycle vosgien, plusieurs cycles parisiens, un cycle corse, un cycle londonien, et ainsi de suite (un poème
apparaît comme l'amorce d'un cycle américain). Le goût des voyages, de la mer et des îles, apparaît comme une constante. Thomas ne sera jamais un homme en place. Il aime trop bouger. Il a toujours éprouvé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Romancier, traducteur, l'oeuvre poétique d'Henri Thomas est étrangement assez méconnue. Né en 1912 dans les Vosges, fils d'agriculteurs, après des études littéraires, il publie ses premiers poèmes en 1938 avant de devenir plus tard traducteur à la BBC de 1946 à 1958 et conseiller dans plusieurs maisons d'édition

Dans "Travaux d'aveugle" paru en 1941, on est d'emblée touché par le style allusif et subtile de l'écriture. On sent chez l'auteur une attention toute particulière portée au réel, à la simplicité des choses. Il y a chez Henri Thomas une acuité du regard pour décrire les êtres, les lieux, l'instant.... toute une réalité qui attend d'être mise en lumière par l'effet du langage.

Dans les recueils suivants ("Signe de vie", "Le monde absent", "Nul désordre" et "Sous le lien du temps", édités entre 1944 et 1963), apparait une poésie de contraste, plus inquiète, plus sombre. L'écriture s'impose comme un jeu de miroirs, le jour emprunte à la nuit et la nuit au jour, la réalité au rêve. Chaque poème est comme sorti d'un rêve étrange, parfois cruel, que le travail d'écriture tente de restituer, de conserver dans toute sa part d'imaginaire.

Dans cette écriture teintée d'onirisme, des thèmes reviennent souvent : le temps qui passe avec le rythme des saisons, les réminiscences liées à l'enfance, l'avènement de la vieillesse et de la mort, les voyages vers l'ailleurs, mais aussi celui du corps féminin, célébré ici comme une métaphore de la nature.

Placée un peu à l'écart des courants poétiques de son époque, l'écriture d'Henri Thomas est celle d'un rapport à soi, qui évoque l'absence et le manque où vient s'engouffrer la parole. Entre les rémanences du passé et les influences du présent, sa poésie n'est pas porteuse d'une sagesse, d'une connaissance que les mots ne sauraient capter sans tourner à l'énigme.

La poésie d'Henri Thomas ne craint pas de parler à voix nue. Elle possède en elle une beauté discrète, attachante et irrécusable. Une très belle découverte.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
LES JOURS PEU RADIEUX

Un poème en l'honneur des contrariétés,
un poème en l'honneur des jours peu radieux,
des lampes de Paris, des visages sans yeux
qui veulent s'éveiller dans les murs désolés,

quand je luttais dans le sable de la fatigue,
les bêtes, les passants de l'ingrate saison,
le fanal curieux qui chemine si vite
me plaignaient de peiner dans le grand abandon;

les passerelles de minuit sont si légères,
si frêles sous le poids d'un vivant mal d'aplomb,
et l'échelle qui branle et la berge qui cède
et l'aube qui vous met dans le cou son glaçon...

Gourde et rebelle, si la main ne peut se clore,
comment saisir le glaive offert par le matin?
J'ai laissé l'ennemi s'enfuir à chaque aurore,
il suffisait d'un geste, ô poursuite sans fin...

(Extrait de "Travaux d'aveugle", 1941)
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Le village, l'arbre vieilli, le cimetière
où les parents s'en vont un à un, la maison
qui vit petitement, le travail de ma mère
dans le jardin docile encore aux vieilles mains.

Pauvre mère qui te lève si grand matin,
moi j'entends murmurer les futures saisons,
tu vaques dans la cuisine où le chat se plaint,
tu penses que je dors, je vais dans l'avenir

vers un midi de juin plein de feuilles ravies
dans le jardin d'où s'est effacé ton effort,
- ton fils est loin, ton fils est perdu dans la vie,
il a souvent blessé ton humble souvenir.

Toi qui naïvement me gardais du destin,
voici les jours nouveaux, l'horizon de la mort...
Je me retournerai vers l'été de jadis
pour entendre ton pas dans le petit matin.

( Extrait de "Le monde absent", 1947 )
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UN OISEAU

Un oiseau, l’œil du poète
s’en empare promptement
puis le lâche dans sa tête,
ivre, libre, éblouissant.

Qu’il chante, qu’il ponde, qu’il
picore, mélancolique,
d’invisibles grains de mil
dans les prés de la musique,

quand il regagne sa haie,
jamais cet oiseau n’oublie
les heures qu’il a passées
voltigeant dans la féerie

où les rochers nourrissaient
leurs enfants de diamant,
où chaque nuage ornait
d’une fleur le ciel dormant.

On trouvera l’oiseau mort
avant les froids de l’automne,
le plaisir était trop fort,
c’est la mort qui le couronne.

p.76-77
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Le monde absent
(1947)

Gare Saint Lazare
les uns se recueillent
les autres se perdent,
il en est qui cherchent
la clé des rumeurs.

Du soir à la nuit
voici le passage,
à coups d'aile lasse
un peu de sommeil
erre, puis se pose.

La manne du soir
nourrit pêle-mêle
celui qui sourit,
celui qui s'effare,
celui qui poursuit
un jeu sans espoir.

Je vais dans le noir,
d'étranges espaces
me prennent, m'écartent,
au repas des ombres
je cherche ma place.

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VAINE MURAILLE


Une jeune mère
une bête douce
s’assied près de moi,
me sourit, et je
souris, l’enfant dort.
Insondable joie
du printemps banal,
encore un peu, les marronniers seront en fleurs,
nous trois ensemble au fond du jour,
et combien d’autres…
Vaine muraille
la personne
quand tu t’écroules
on est si bien
dans la lumière.
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Videos de Henri Thomas (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henri Thomas
« […] On dira, et c'est très vrai, qu'il débordait de vie, de drôlerie, d'une sorte d'inventivité à même le quotidien dont celui-ci ne laissait pas d'être secoué. Mais il n'était pas seulement plus bouffon, plus irrespectueux que d'autres, ou plutôt il n'était pas seulement cela… J'ai bien souvent senti plus d'inquiétude et de mécontentement que de gaieté derrière cette liberté. […] J'ai parlé de mécontentement, je devrais dire lassitude, peut-être dégoût, - en tout cas une profonde impatience. […] En somme, quelqu'un de peu sérieux, d'insaisissable, quelqu'un d'intelligent et d'impossible… […] Dadelsen (1913-1957), de tout son être, participait à l'ordre profond, qui veut que la poésie soit non pas cachée, mais lointaine en tous, à chercher du côté du silence. […] Ombre, qu'ai-je à t'offrir ? Quel pain, sinon de ténèbre et de séparation ?
[…] c'est à lui, et à un très petit nombre d'autres, que je dois de comprendre un peu ce qu'est la poésie. Je sais en tout cas qu'elle apparaît rarement, parce qu'il est rare que le destin d'un homme, ouvert et déchiré ou mystérieusement apaisé, ne fasse qu'un avec son langage, et cela sans que cet homme se prévale d'une supériorité quelconque sur ceux que Dadelsen nomme en toute vérité ses frères. […] » (Henri Thomas)
« […] Il excellait en tout et passait au-delà, avec cette « brillante désinvolture » dont a parlé le Times au lendemain de sa mort. Reçu premier sur cent à l'agrégation d'allemand […], professeur de lycée à Marseille et Oran, puis successivement officier des parachutistes dans les Forces Françaises Libres […], mémorable correspondant étranger du Combat d'Albert Camus, titulaire d'une émission française de la B.B.C. qu'il rendit rapidement fameuse, finalement animateur et conseiller d'organisations européennes et internationales […], il semblait toujours que tout cela devait le conduire ailleurs, le préparait seulement… […] » (Denis de Rougemont)
« Le difficile pour Jonas : non de mourir, mais de vivre et vouloir. Et pourtant : » (Jean-Paul de Dadelsen)
0:00 - Titre
0:06 - Bach en automne, III 0:54 - Bach en automne, VII, Sur le très saint nom 3:27 - Bach en automne, Variations sur un thème de Baudelaire 4:30 - Bach en automne 6:14 - Bach en automne 7:10 - Jonas
8:47 - Générique
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Référence bibliographique : Jean-Paul de Dadelsen, Jonas, Paris, Gallimard, 1962
Image d'illustration : https://docplayer.fr/72665452-8-es-rencontres-europeennes-de-litterature-ecrire-l-alsace-avec-jean-paul-de-dadelsen-de-mars-a-novembre-2013.html
Bande sonore originale : Carlos Viola - Alexandre
Site : https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/alexandre-2
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#JeanPaulDeDadelsen #Jonas #PoésieFrançaise
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