Avec
Vers le large, le dernier tome de la tétralogie de la romancière suédoise Annika Thor amorcée par
Une île trop loin, nous retrouvons Steffi et Nelli à la fin de la guerre alors que les rescapés des camps commencent à rentrer.
Nelli, qui a quitté l'Autriche très jeune, a presque totalement oublié sa langue maternelle et les seins. En fait, elle ne peut imaginer autre vie que celle qui a été la sienne au cours des six dernières années et souhaite ardemment être adoptée officiellement par la famille qui a été la sienne depuis son arrivée en sol suédois. Steffi, quant à elle, vit son premier amour tout en terminant des études qui devraient la préparer à entrer en médecine afin de réaliser son rêve le plus cher : suivre les traces de son père.
Ce sont donc deux points de vue et deux rêves très différents qui nous sont proposés ici, à l'heure où les adolescentes apprendront le décès de leur mère et le retour de leur père, en même temps qu'elles auront des nouvelles de leur tante qui a réussi à fuir aux États-Unis et qui serait prête à les accueillir.
L'heure est donc aux questions, aux possibilités, à la tristesse de la perte et à la joie des retrouvailles, et surtout à une grande confusion émotionnelle, alors qu'il faut maintenant la guerre terminée trouver une autre réalité sur laquelle s'appuyer.
Fine psychologue, comme elle nous l'a montré dans les trois autres tomes de cette série consacrée à deux jeunes Juives autrichiennes envoyées en Suède gr¸ace à un organisme de secours international, Annika Thor offre à ses lecteurs un roman intense et à certains égards troublant quand il est question de racines et que nos héroïnes ne savent plus où sont les leurs. Un roman qui donne à réfléchir. Une série historique émouvante.