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EAN : 9782081451667
288 pages
Flammarion (05/06/2019)
3.26/5   37 notes
Résumé :
Du voyage en Amérique qu'il effectue au début des années 1830, Tocqueville tire ce qui deviendra, dans la riche littérature politique du XIXe siècle, l'une des oeuvres les plus lues et les plus commentées. Car l'étude des institutions de la jeune république américaine lui inspire une véritable philosophie de la démocratie, toujours nuancée et souvent visionnaire. Comment accorder l'égalité et la liberté, exigence centrale pour un régime démocratique ? Quels sont les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je voue une admiration illimitée à ceux qui sont capables de marquer contre leur camp. le fasciste Bernanos, dont le fils s'est engagé dans les Phalanges, capable d'écrire "Les Grands Cimetières sous la lune". Ou Tocqueville, Alexis DE Tocqueville, convaincu, contre le milieu conservateur qu'il fréquente assidûment, que la démocratie est un fait providentiel.
S'ajoute, pour Tocqueville, cette incroyable disponibilité qui lui permet d'analyser un monde en train de changer, d'analyser avec rigueur le monde qui vient, ni exalté, ni nostalgique. Il semble inventer les sciences humaines, choisissant l'Amérique comme terrain d'expérimentation parce qu'elle n'a pas connu l'ancien régime et que l'homme démocratique y existe en lui-même, sans esprit de revanche.
La grande idée du siècle, c'est que les hommes sont égaux, c'est-à-dire de dignité égale. La démocratie est donc l'âge de la médiocrité, ce qui ne la rend pas moins respectable: "On ne rencontre guère d'hommes très savants ni de populations très ignorantes. le génie devient plus rare et les lumières plus communes. L'esprit humain se développe par les petits efforts combinés de tous les hommes, et non par l'impulsion puissante de quelques-uns d'entre eux. Il y a moins de perfection, mais plus de fécondité dans les oeuvres." le vrai danger de l'égalité est ailleurs: l'homme démocratique tend à rechercher un pouvoir fort car la centralisation élimine les potentats locaux. Dieu s'efface au profit de l'État-providence que je laisse maître de ma destinée tant qu'il veille sur mon confort.
Mais Tocqueville n'est jamais sentencieux: il réfléchit, il doute, et surtout il n'envisage un avenir sombre que comme un nécessaire effort de pédagogie pour éviter qu'il n'advienne.
La validité de ces analyses est proprement sidérante et "De la démocratie en Amérique" vaut toujours qu'on s'y attelle.
Mais comme je suis une grosse feignasse, je me suis contentée d'une édition démocratiquement scolaire et raccourcie.
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Texte très philosophique sur l'influence de la democratie
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie.

Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages, que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?

C’est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre ; qu’il renferme l’action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu à chaque citoyen jusqu’à l’usage de lui-même. L’égalité a préparé les hommes à toutes ces choses : elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.

Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation a n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.

J’ai toujours cru que cette sorte de servitude, réglée, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux qu’on ne l’imagine avec quelques-unes des formes extérieures de la liberté, et qu’il ne lui serait pas impossible de s’établir à l’ombre même de la souveraineté du peuple.

Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies : ils sentent le besoin d’être conduits et l’envie de rester libres. Ne pouvant détruire ni l’un ni l’autre de ces instincts contraires, ils s’efforcent de les satisfaire à la fois tous les deux. Ils imaginent un pouvoir unique, tutélaire, tout-puissant, mais élu par les citoyens. Ils combinent la centralisation et la souveraineté du peuple. Cela leur donne quelque relâche. Ils se consolent d’être en tutelle, en songeant qu’ils ont eux-mêmes choisi leurs tuteurs. Chaque individu souffre qu’on l’attache, parce qu’il voit que ce n’est pas un homme ni une classe, mais le peuple lui-même, qui tient le bout de la chaîne.

Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent.
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Personne, sur la terre, ne peut encore affirmer d'une manière absolue et générale que l'état nouveau des sociétés soit supérieur à l'état ancien; mais il est déjà aisé de voir qu'il est autre.
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Le monde qui s'élève est encore à moitié engagé sous les débris du monde qui tombe, et, au milieu de l'immense confusion que présentent les affaires humaines, nul ne saurait dire ce qui restera debout des vieilles institutions et des anciennes mœurs, et ce qui achèvera d'en disparaître.
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