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EAN : SIE135261_924
Editions France-Soir. (30/11/-1)
3.72/5   9 notes
Résumé :
Lors d'un voyage en train qui durera plusieurs jours, la conversation s'engage entre les passagers sur les relations entre les hommes et les femmes. Un homme austère, qui d'abord ne parlait pas, s'avère être Pozdnychev, cet homme qui a tué sa femme, par jalousie et par incompréhension. Il décide de raconter son histoire. Entre culpabilité et révolte, il fait comprendre combien les hommes et les femmes sont démunis, ne se rencontrent jamais réellement, et ne sortent ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le Bonheur conjugal
1859
Léon Tolstoï

Court roman de 120 pages, fort méconnu par rapport aux monuments que sont notamment Anna Karénine et Guerre et Paix. Pourquoi ? Peut-être parce que Tolstoï n'a rien fait pour promouvoir cette oeuvre ; à l'issue de sa parution, il l'a même reniée et décidé de ne plus écrire. Il ne faut pas chercher, il a fait le même coup pour Anna Karénine, et ainsi de suite de ses fictions

Quand il dit que c'est nul, il faut traduire que c'est très bon, ici c'est même excellent. Ce texte est d'une valeur psychologique hors du commun, je sais pourquoi il dit cela, parce qu'il s'est laissé aller à inspirer l'amour auprès de Valéria Arséniev, une jolie jeune fille du pays issue de l'aristocratie avec laquelle il a eu une idylle et dont il s'est inspiré pour écrire le Bonheur conjugal. Dans le fond il n'aimait pas vraiment cette jeune fille, et il lui a fait croire indûment qu'il l'aimait. Une correspondance en fait état, superbement illustrée par le travail de Benjamin Goriely, un biographe.

Pour le reste, je n'en sais rien, peut-être parce que les gens sont cons et moi avec ; peut-être que c'est de l'ordre du tropisme, comme le montrer toujours en patriarche alors que sa vie fictionnelle ne fut pas tardive, bien au contraire ! Donc, il eut l'impression qu'il avait mieux à faire que de raconter cette distraction d'une futilité sans nom qui n'intéressait que lui. Comment cela pouvait dans le fond intéresser le public ? Ce n'était que niaiseries et vanité. Mais ça c'est la valeur morale qu'il attachait à la chose, uniquement cela, après un énième examen de conscience auquel il se livrait chaque jour depuis une dizaine d'années.

Tolstoï va sur ses trente ans, cherche à fonder un foyer et voit bien qu'il n'est pas prêt alors qu'il est en âge de l'être. Son avenir, il le cherche. Il a à se remettre de ses années dissolues qui ont marqué sa jeunesse. Quand il se mariera quatre ans plus tard avec Sophie qui va lui apporter l'équilibre qu'il recherche et lui permettre de créer les deux monuments de la littérature mondiale déjà cités, il notera dans son journal qu'il n'était pas toujours sûr de ses intentions, le doute planait encore. Mais je pense qu'il y avait là quelques maladresses, il disait des choses qu'il ne voulait pas dire dans le fond. Ce doute était un doute existentiel lié à une vie tourmentée ; les ténèbres remontaient à la surface, des êtres chers partis trop tôt, beaucoup trop tôt lui manquaient ..

Je peux comprendre que Tolstoï aspirait à quelque chose de plus grand dans la vie, que celle-ci ne se résumait pas à des amusements frivoles. Mais que savait-il faire d'autre dans le fond à part écrire avec génie dont il a conscience bien entendu. Il va alors se démener comme un beau diable pour d'abord optimiser son grand domaine de mille hectares et de mille moujiks, il va créer une école pour les enfants des moujiks, diriger des revues éducatives, il va être juge territorial pour régler les litiges fonciers entre propriétaires et moujiks libérés du servage, en bref donner un vrai sens à sa vie.

Mais tout cela est sans compter sur cette force incroyable qu'il a au bout de sa plume proverbiale qui va l'enrichir toute sa vie, activité incessante s'il en est. Tolstoï n'était pas du genre à vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tuée. Une fois seulement il se fera prier, c'est pour Les Cosaques qu'il avait dans ses tiroirs qu'il ressortira quand il s'estimera prêt, c'est-à-dire en pleine époque de son mariage : il avait besoin d'argent frais. Hormis cela, sa relation avec son éditeur concernant ses projets littéraires était d'une absolue parcimonie. Pour le Bonheur conjugal, il en dit couic comme le reste, il se met au travail dans l'ombre de son bureau à Iasnaïa Poliana où vient juste l'égayer un rossignol à sa fenêtre et des mois plus tard, il en sort une pépite, comme le reste, comme il l'a toujours fait.

Le récit :
D'entrée, ce livre comporte des prouesses formelles ou des bizarreries fort heureuses : le narrateur est une femme, la protagoniste, la toute jeune Maria Alexandrovna du roman qui est prise comme un cobaye de laboratoire entre les mains du rustre Serge mikhaïlytch de vingt ans son aîné, une sorte de célibataire endurci qui a raté son affaire. Où a-t-il pu bien se fourrer le rural mal dégrossi avec cette jeune fille issue de la noblesse rurale qui est fort belle dont il connaissait juste le père ? L'oeuvre n'est pas un sérieux démenti aux accusations de misogynie dont Tolstoï fut l'objet, c'est juste un pied de nez à ses pourfendeurs : il s'en amuse !
Nous sommes avec Maria dans son univers intérieur, totalement. Autre originalité de ce roman, il commence par un mariage et se termine par.. je vous laisse deviner ! Ce n'est donc pas à faire de ce livre un cadeau un jour de noces ! Comme il vaut mieux éviter une représentation des Epoux Arnolfini de Jean van Eyck en pareille occasion !..

Le Bonheur conjugal est véritablement une variation sur le thème du mariage. Son auteur ne perd donc pas de temps pour nous mettre dans l'ambiance, fort de ses doutes sur les vertus infinies du mariage où rites et cérémonies ne manquent pas, mais qu'en est-il au fond, si ce ne sont bien souvent que mensonges et tromperies, c'est presque de l'acrimonie, voire une ironie sardonique que de voir Tolstoï se prêter à ce jeu alors que quatre ans plus tard, il va se marier avec la femme de sa vie tout entière, à quelque chose près. Contrairement à ce que j'ai pu lire sous la plume de critiques, ce n'est pas une mise en bouche de son union avec Sophie, comme si elle allait préfigurer son ère d'homme rangé. Les affaires sont distinctes. Maintenant, est-ce que le Bonheur conjugal préfigure sa grande fresque sur l'amour passion en opposition à l'amour platonique avec Anna Karénine, il n'est pas interdit de le penser !

Une des scènes culte du livre est quand le protagoniste consent à sa femme de monter à Petersbourg pour la sortir de son ennui lié à la vie maussade de la campagne, d'aller au bal puisqu'elle veut danser et qu'elle va être l'objet de toutes les convoitises . On se demande ce qui peut bien pousser le mari à pareille idée quand on sait pertinemment qu'elle ne sera pas sans conséquence dans la vie du couple. Il y a là une forme de machiavélisme à précipiter les situations qui ne sont en fait que la manifestation la plus naturelle de causes qui ne le sont pas dans cette vie de couple qui commence à se barrer en sucettes.
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Très émouvant, poignant, cru... mais autour des mots violents et des pensées radicales, le fantôme de la sonate m'a fait lire le livre avec passion ...

Le narrateur est en train de voyager dans un train o une discussion éclate sur le mariage. Certains l'approuver l'idée de se marier, d'autres par contre la repoussent de même que notre narrateur. A côté, un homme est sensible à ce sujet, il retient sa langue avec pression. Cet homme, c'est Pozdnychev, il se sent torturé, persécuté par son égo. Il finit par parler à notre narrateur et c'est le début de tout un torrent de paroles qui vont illustrer une histoire tragique de couple...

Une histoire où le mariage est au départ comme d'habitude une joie pour ceux qui s'y engagent. Mais plus le temps passe, plus la joie s'atrophie laissant place à des nombreuses découvertes entre les mariés, le plus souvent des découvertes surprenantes, puis arrivent des frustrations. On tombe dans l'ennui, les inquiétudes perpétuelles, les cris de coeur où une solution parfois s'avère une urgence: tomber dans l'adultère ou simplement divorcer. C'est à ce niveau que le récit de Pozdnychev prend sa tournure car pour adultère, celui-ci a tué sa femme...

Un livre que j'ai beaucoup aimé! Je l'ai lu au rythme du récit qui lui même s'accroche à l'état d'esprit du personnage Pozdnychev,!
A lire évidemment!!!
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le Bonheur conjugal, 1859.

"Il (Serge) était persuadé que je ne pouvais vivre sans le monde, que la campagne ne me convenait pas et qu'il lui fallait se soumettre à ce goût malheureux. Et nous évitions tous deux les entretiens directs sur ces sujets, et nous avions l'un de l'autre une opinion erronée. Il y avait déjà longtemps que nous avions cessé d'être l'un pour l'autre les êtres les plus parfaits du monde ; nous faisions des comparaisons avec les autres et nous nous jugions mutuellement en secret .."

II Y AVAIT DEJA LONGTEMPS QUE NOUS AVIONS CESSE D'ETRE L'UN POUR L'AUTRE LES ETRES LES PLUS PARFAITS DU MONDE..

(C'est selon !

C'est drôle, ça me rappelle ce que j'ai lu récemment : cette espèce de jeu de miroir dans l'intimité du couple que forment Benoîte Groult et Paul Guimard dans Journal amoureux où la femme, la protagoniste se dresse au milieu de bonheurs et de petites humiliations, plus que l'ours qui poursuit son bonhomme de chemin, et on sent bien qu'il ne faudrait pas trop de ces dernières pour que la relation du couple capote. On se demande même parfois s'il y a encore un couple, qui n'oscille plus que sur une pente rémanente et vertigineuse, sous le régime vicieux des habitudes pourrait-on dire !. C'est le cas ici : une sorte de faux équilibre avant la tempête inexorable !.. C'est selon, et selon Tolstoï en tout cas qui utilise à merveille toutes les nuances de l'âme féminine pour nous montrer que le terrain est miné déjà et qu'il est bien tard pour aborder les vraies questions du couple quand celui-ci ose de les poser : vu sous le prisme unique de la femme, c'est très clair qu'elle endure ou qu'elle subit à travers des tout petits rien du quotidien qui s'ajoutent au fur et à mesure. Même les événements n'ont plus de prise ! C'est vraiment la seule à se remettre en question, mais il faut malheureusement être deux !..

Tolstoï nous livre là dans son récit, comme il excelle autour de la mort avec Ivan Ilitch, un regard intérieur au féminin, à la fois magnifique et dérangeant, analyse psychologiquement la lente érosion du couple comme je ne vois pas sous d'autres signatures avec le même génie. )
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Le Bonheur conjugal
1859
Tolstoï

"...Ainsi passèrent trois années, pendant lesquelles nos rapports restèrent les mêmes : ils semblaient s'être fixés, cristallisés et ne pouvaient devenir ni meilleurs ni pires. Au cours de ces trois années, deux évènements importants se produisirent dans notre vie conjugale, mais ni l'un ni l'autre ne transformèrent mon existence. Ce furent la naissance de mon premier enfant et la mort de Tatiana Semenovna (*)..."
".. Nous passâmes ces trois années la plupart du temps à la ville, je ne revins à la campagne qu'une seule fois, pour deux mois, et la troisième année nous partîmes à l'étranger ..." (*)

(*) Sa mère
(*) A noter que quand un couple bat de l'aile, un voyage à l'étranger, dit-on, remet les pendules à l'heure, c'est de la blague, même s'il est vrai que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets .. il y a certainement une vague plus profonde qui entraîne la lente érosion du couple. Si un voyage peut au moins renseigner sur cela, ce n'est pas peine perdue
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le bonheur conjugal


Le bal
Nous y allâmes et le plaisir que j'y éprouvai dépassa mon attente. Au bal, encore plus qu'avant , j'eus le sentiment que j'étais le centre autour duquel tout tournait, que c'était pour moi seule que ce grand salon était éclairé, qui jouait la musique, que s'était réunie cette foule de gens qui me portaient aux nues.
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C’est le salut et le supplice de l’homme que, lorsqu’il vit irrégulièrement, il peut s’illusionner pour ne pas voir les misères de sa situation
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