Une chasse à l'ours

Nous chassions l'ours. Mon camarade de chasse eut la chance d'en tirer un qu'il blessa dans les chairs : Il y avait un peu de sang sur la neige. L'ours lui avait échappé, me dit-il , quand nous nous retrouvâmes en un point de la forêt. Nous nous demandions quel parti prendre. fallait-il le poursuivre, ou fallait-il attendre deux ou trois jours jusqu'à ce que la bête se fût remise ? Nous prîmes l'avis des paysans, spécialistes de cette chasse, dont nous avions loué les services. Etait-il possible ou non de détourner l'animal ? Un vieux déclara :
- Pour le moment, rien à faire. Il faut lui donner le temps de se calmer. Dans quatre à cinq jours on pourra le cerner. Quant à suivre sa voie, à cette heure, on ne ferait que l'effrayer pour rien ; ce n'est pas maintenant qu'il va rentrer au fort.

Un des jeunes paysans ne fut pas de cet avis ; on pouvait dès maintenant détourner l'ours.
-Avec la neige qu'il y a, disait-il, gros comme il est, il ne peut aller bien loin. Il s'arrêtera aujourd'hui même. Si je me trompe, eh bien, je le rattraperai sur mes raquettes.

Mon ami, comme le vieux, conseillait d'attendre. Je dis :
- A quoi bon cette discussion ? Faites ce que vous voudrez ! Damien et moi, nous allons le suivre. Si nous réussissons, tant mieux, sinon qu'importe ? Aussi bien, nous ne ferons plus rien aujourd'hui ; et il est encore de bonne heure ..

Damien cassa une brassée de branches de sapin, la secoua et en fit un lit où nous nous étendîmes tous deux, l'un près de l'autre, les bras sous la tête. Je ne sais plus comment je m'endormi. je me souviens seulement qu'au bout de deux heures je me réveillai. Quelque chose avait craqué.

J'avais dormi si profondément que je ne savais plus où j'étais. Je regardai autour de moi. Etait-ce un rêve ? Où étais-je ?