OUROUK
UR OU LAGASH
Les maisons seront en torchis
L'eau et la terre se séparent
Car le poisson à tête d'homme
Est arrivé. Je l'ai vu.
Depuis je suis en haut.
J'embrasse chaque nuit mon épouse invisible
Que j'attire par un grand feu.
Je ne sais quelles sont les ombres
Qui tracent les canaux, qui limitent les champs.
Mes autres femmes s'étendront
Sur mon cadavre pour brûler
Avec lui quand l'or coulera.
Têtes rondes, ô mon peuple tranquille,
Tu mesures le ciel, tu fais cuire l'argile,
Tu fixes sur des cylindres
Des modèles de jugements et de contrats
En forme de clous.
PASSAGES D'HÉRODOTE
Les fourmis du désert moins grosses
Que les chiens, plus grosses
Que les renards creusent le sable
Mélangé d'or.
Elles ramènent l'or à la surface.
On le ramasse avec des sacs.
*
Je mesure ma route aux astres.
Et le soleil à droite ou bien à gauche,
Je vais aussi loin que je peux.
Je ne peux pas tout voir. On me raconte
Ce que font les hommes, comment
Les cités conquérantes meurent
Pour n'avoir pas compris l'oracle.
Le monde est mesurable, mais soudain
Un désert, ou de l'eau ou la nuit éternelle
S'interposent et nul ne sait
Comment parvenir aux limites.
Vers quelque horizon que j’avance
Plus loin je vais, plus sont étranges les façons,
Démesurés les animaux.
Il n'est qu'un lieu sur terre où les serpents qui volent
Se rassemblent — et c'est au bout.
Les hommes ne sont plus les mêmes
Quand ils sont au bord d’un espace
Infranchissable.
Ils ne vivent plus en cités.
Ce qu'on m'en dit n'est toujours pas croyable.
Les uns élèvent des huttes
De sel rose. Il en est
Qui n'ont qu'un œil, ou naissent chauves.
D'autres possèdent le phénix
Dont les ailes dorées et rouges
S'ouvrent deux fois tous les mille ans.
D'autres chassent les sauterelles
Qu'ils mêlent à leur lait
Et d'autres qui n'ont point de nom
Injurient le soleil.
…
ATHÈNES.
L’enfant, des figues dans la main.
Les abeilles sont là, bourdonnent dans la rue.
L’enfant s’accroche au rire du priape,
Englue le marbre de miel noir
Et les abeilles vont manger.
Au bout de la rue, les portiques
Mais blanc, beaucoup plus haut.
Eux et l’azur tremblent d’un même cri.
Les animaux sont maigres à poil ras
(Comme en Espagne).
Une flaque d’huile rancit
Au pied de la pierre votive.
Gousses de fèves écossées,
On offre aux dieux ce que mangent les hommes
Et les mêmes paroles qui
Nièrent la nuit suspendue
Sur le Théâtre.
ATHÈNES
L'enfant, des figues dans la main.
Les abeilles sont là, bourdonnent dans la rue.
L'enfant s'accroche au rire du priape,
Englue le marbre de miel noir
Et les abeilles vont manger.
Au bout de la rue, les portiques.
Mais blancs, beaucoup plus haut.
Eux et l'azur tremblent d'un même cri.
Les animaux sont maigres à poil ras
(Comme en Espagne).
Une flaque d'huile rancit
Au pied de la pierre votive.
Gousses de fèves écossées,
On offre aux dieux ce que mangent les hommes
Et les mêmes paroles qui
Nièrent la nuit suspendue
Sur le Théâtre.
Jean TORTEL – Un soir à la table du poète (France Culture, 1981)
Une émission des « Nuits magnétiques », par Alain Venstein, diffusée le 14 juillet 1981 sur France Culture.