D'un vaisseau fantôme

Un jeune étudiant débute des études de philosophie dans les dernières années du franquisme. Il devient communiste.

C'est une sorte de journal de ses tribulations que nous offre l'auteur, que je ne connaissais pas. C'est bien écrit et bien traduit, se lit aisément et est fort agréable à lire. Bon, ce n'est pas la même chose que Les trois mariages de Manolita de Grandes sur le même sujet, qui était beaucoup plus tragique, mais c'est un livre qui m'a fait passer un bon moment de lecture.

Les années 70, en Espagne. Martin étudie dans une petite ville qu'il nommera V... Il laisse pour cela derrière lui sa famille, plutôt conformiste, et se jette à corps perdu dans un groupuscule communiste, au fil de rencontres qu'il fera à l'Université.
Sur un ton assez ironique, le narrateur se souvient, vingt ans plus tard, des "amis" qu'il s'était fait , des passions amoureuses, des manifestations sur fond de politique qu'il n'a pas toujours bien compris. Une belle écriture, simple mais souvent poétique, un regard bienveillant porté sur le passé.

Tous les personnages de ce roman sont autant de "vaisseaux fantômes" à la dérive sur la mer de l'histoire (sans H). C'est un beau roman dont il ressort que toute victoire est une victoire à la Pyrrhus, que la peur de vivre est le seul résultat qui reste. La narration est empreinte d'une mélancolie qui se veut sage mais qui n'est que la manière poétique de gérer l'échec de toute une génération. Cela me rappelle bien sûr Juan Marsé. Trapiello a cela de plus que son personnage prend de la distance et utilise une ironie teintée d'humour qui le rend fort sympathique.

Voici une réédition d'une oeuvre de 1994, qui vient de paraître dans la collection Petite Vermillon. Un auteur espagnol que je découvre grâce à cette lecture.
Nous suivons le parcours de plusieurs étudiants, dans une ville espagnole, au temps où le franquisme sévissait encore.

Notre héros, a voulu échapper à l'étroitesse d'esprit de ses parents et à leur petite vie. A peine arrivé, auditeur en première année d'université, il se lie avec Rei, un jeune qui va lui présenter ses amis qui font partie des jeunesses communistes. Il devient « marxiste-léniniste tendance maoïste » dès le premier trimestre universitaire. Il rencontre des femmes aussi comme Céleste et Dolly, qui lui feront découvrir d'autres aspects de la vie. La deuxième année d'université se profile, Martin est toujours proche des « camarades » comme ils se nomment. le franquisme va les rattraper.
C'est un beau roman d'apprentissage, sombre et poétique.
Violent aussi par moment, c'est une jeunesse malmenée par une société répressive et autoritaire : comment se construire dans ce contexte ?
On a envie d'étudier l'histoire espagnole pour comprendre cette période franquiste qui s'étale de 1936 à 1975.
En prime, une écriture captivante : à la fois fluide et savante.

En résumé : un roman attachant et poétique que je vous recommande.
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