Viens, Émile, on rentre à la maison !

Cet album se démarque car il dépeint une réalité sociale souvent cachée et surtout pas évoquée avec les enfants : celle de la pauvreté des personnes âgées.
Avec l'humour et l'appui de quelques détails biens choisis dans les illustrations, l'auteur dénonce l'égoïsme et le manque de solidarité dans ces campagnes reculées. Cette fable des temps modernes captive la lecture jusqu'à sa chute qui ouvre le champs de la réflexion et des questionnements du lecteur.

"Mon coeur si plein

et mon ventre si vide

Ah, comme ce serait bien

si c'était le contraire!

Tralali tralala, tralalalère!"

Une petite chansonnette entraînante qui pourtant fera tomber la tête des jeunes lecteurs sur l'épaule.

"Oh, la pauvre! Et quel courage!", diriez-vous.

Dans pareille situation, nous n'en ferions pas une comédie musicale.



Elle, Marthe, ça la fait pouffer de rire, son cochon Émile aussi.

C'est l'histoire d'une petite vieille qui n'a pas grand chose à manger pour la période fraîche et n'a que son cochon pour seule fortune.



Ben, justement, et le cochon?, diriez-vous.

N'avez-vous pas honte de faire se dévorer les héros entre eux( ceci dit le loup, lui, ne s'est jamais gêné dans ses histoires).



Poursuivons.

Malgré cette deveine, nous profitons des Alpages et de ses charmes, il semble y faire bon vivre sur les illustrations de Hans Traxler, comme quoi, cela n'a rien à voir.

Et notre petite vieille se lèche les babines au fond de son lit à tourner les pages de son livre de cuisine.

La vie semble continuer malgré tout ( quel courage! Ah oui, vraiment) et notre Petite vieille nous prend pas la main( l'autre est occupé avec la laisse du cochon) pour nous conduire chez sa cousine Cathy.

Nous sourions de cette perspective sur laquelle jouera l'auteur, avec ce village qui sait tout.

"Quelqu'un sait qui est cette cousine Cathy dont elle parle aux gens qu'elle croise?"

On est pas au courant.

Diantre, nous sommes en train de la perdre notre petite vieille.



Du moins, certains le croient-ils. La situation se tournera très ironiquement en faveur de notre Marthe et ce, grâce à une rumeur, des on dit.

Qui l'eut cru?



Le cochon finira t-il en boudin?

Nous aurons droit à une aventure bien ficelé certe mais Hans Traxler ne vous promettra pas une issue en noeud de boudin.

Elle sera un peu ouverte et l'on pourra se demander qu'elle sera le prochain joyeux quiproquo pour l'hiver prochain.

C'est qu'il faut la choyer notre petite vieille.

Marthe vit seule et chichement. Sa seule compagnie, c'est Émile, un petit cochon destiné à finir en boudin et en saucisson.

Dans "Viens, Émile, on rentre à la maison !", l'auteur évoque la relation être-humain/animal. Il y a de l'idée mais j'ai trouvé que l'histoire ne tenait pas trop la route. Émile passe un peu au second plan et ses relations avec Marthe se résument à portion congrue. Il manque quelque chose pour faire du lien. Néanmoins, les illustrations sont sympathiques.