Prophecy, tome 2

Qui est donc ce Paperboy ? Il semble que l'équipe menée par le lieutenant Yoshino se rapproche de lui mais les partisans de Paperboy sont de plus de plus nombreux… Un second tome aussi enlevé que le premier, on suit les deux types de justiciers : Paperboy qui mène la justice des petits, ceux qui sont le plus souvent oubliés ou humiliés contre la grande justice, dite légale… Certes, elle est plus voyante, punitive... Un grand cliffhanger pour un troisième (et dernier ?) tome prometteur !

Paperboy frappe encore. Et surtout fait des émules, qui veulent soit le protéger de la police, soit l'imiter. Et la police est toujours bredouille, même si insensiblement elle se rapproche de sa cible...
Loi du talion, liberté sur Internet, anonymat, dérives possibles. Et surtout succès médiatique d'un type qui prétend faire de la justice ordinaire... Image d'un Japon (voire la société occidentale) qui ne fait plus confiance dans les instances légitimes, mais leur préfère une sorte de Robin des Bois violent, sorti de nulle part. Vision d'hommes politiques, qui plutôt que de savoir pourquoi tant d'admiration pour cet obscur individu, augmente encore sa popularité en proposant des mesures plus en plus restrictives et impopulaires.
Tsetsuya brosse une société à la dérive diablement convaincante et réaliste.

Après un premier tome plutôt prometteur, Tetsuya Tsutsui ("Manhole", "Duds Hunt" ou "Reset") propose la suite de cette trilogie axée autour des nouveaux média de communication.

Le premier volet de "Prophecy" invitait à suivre les pas d'une brigade anti-cybercriminalité qui fait la chasse aux fraudeurs du net et confrontait rapidement les cyber-policiers à un criminel de grande envergure, qui se cache derrière le pseudo de Paperboy. Cet individu, masqué par un journal, qui annonce ses crimes à l'avance, sous forme de vidéos publiées sur des réseaux sociaux, lance un nouveau défis aux policiers en menaçant de s'attaquer aux gardiens de la mer : une organisation internationale corrompue et faussement écologique.

Le jeu du chat et de la souris se poursuit donc de plus belle et voit la popularité de ce Zorro / Robin des Bois du web croître au fil des pages. Tetsuya Tsutsui propose à nouveau une narration très limpide, qui permet même d'intégrer des passages plus techniques sans jamais perdre le lecteur. de plus, en abordant la cybercriminalité et des réseaux sociaux où des individus peuvent cracher leur haine sous le couvert de l'anonymat, il propose un sujet d'actualité et un personnage central qui se bat avec des armes particulièrement modernes.

Si le tome précédent permettait d'aborder le problème du téléchargement illégal et du piratage, celui-ci poursuit le débat sur l'anonymat du Web. A l'aide d'un dessin réaliste et très épuré, qui accentue encore un peu plus l'extrême lisibilité de l'ensemble, l'auteur continue donc de pointer du doigt les dérives liées aux nouvelles technologies et propose un thriller particulièrement haletant dont j'attends la suite avec grande impatience.

C'est un très bon deuxième tome que l'auteur nous propose là. Il relance intelligemment l'intrigue et nous montre que ses héros ne sont pas infaillibles. La réflexion qui perce à travers l'histoire est très intéressante et fait écho à certains problèmes au sein de notre société. Manipulation des médias, protection de la vie privée sur internet, injustice sociale etc. autant de thèmes forts qui donnent une dimension autrement plus intéressante à ce thriller.

Le tome 2 de Prophecy n'a rien à envier au tome 1 déjà de très bonne qualité. L'intrigue poursuit son cours, toujours aussi passionnante.
On cerne davantage les personnages qui nous deviennent de plus en plus familiers.
Sous ses airs de polar moderne, Prophecy est une mise en garde contre les dangers du web, surtout comme outil de manipulation des masses (manipulation par les gouvernements, associations humanitaires,...).
Un troisième tome suit, bien préparé par la fin du tome 2 qui laisse présager une dénonciation, mais la suite au prochain numéro qui je suis sûre sera plein de rebondissement!