Tout d'abord il faut dire que je ne sais pas ce qui m'a pris de lire ce livre.
Ah si ! Je venais de lire
Les Aventures de Tom Sawyers à ma fille et comme elle m'avait collée plusieurs fois en me posant des questions sur "comment-c'était-la-vie-à-l'époque", j'ai cherché à la bibliothèque un livre sur
Mark Twain.
Je suis tombée sur ce livre et la jolie couverture colorée aidant ... et me voilà embarquée dans un pavé de huit cents pages qui - pour rajouter à l'horreur - ne serait que le premier des trois tomes !
Aussi, je comprends Bilonico qui a eu du mal à rentrer dedans car il s'agit d'une sorte d'ovni littéraire.
Qui plus est, l'action se passe dans une Amérique lointaine, couleur sépia. Imaginez-vous donc ! "A l'époque", il n'y avait que quatre-vingt millions d'habitants (trois cent trente et un maintenant),
Mark Twain a combattu lors de la Guerre de Sécession, sa famille possédait des esclaves quand il était enfant : un autre monde, quoi !
Quoiqu'il en soit, vers quarante-deux ans, un ami lui lance "Comment ? Tu n'as pas encore commencé à rédiger tes mémoires ?". (Il semblerait qu'à l'époque, ce soit une chose qui se faisait ...).
Du coup, il se lance dans l'entreprise mais ce n'est pas chose aisée : il commence, s'arrête, recommence, ne sait pas comment s'y prendre. On doute même de sa motivation à le faire.
Bref, en fin de compte, tout se retrouve en vrac dans le livre. Résultat : passé le premier moment (un moment qui dure assez longtemps - quelques centaines de pages), on a l'impression d'être assis dans un salon à écouter
Mark Twain parlé de sa vie, de ses souvenirs, d'affaires de l'époque (dont on se contrefiche d'ailleurs et qui ont perdu tout attrait) mais une fois habitué, on trouve la lecture plaisante.
D'ailleurs, j'avoue qu'au début, j'ai sauté des pages et même que j'ai mis le livre de côté pour d'autres lectures plus récréatives. Mais j'y suis revenue et maintenant que je l'ai presque terminé, il restera en moi comme une agréable expérience littéraire.
Cette
autobiographie devait être publiée à la demande de
Samuel Clemens - le vrai nom de
Mark Twain - après sa mort afin qu'il puisse garder sa liberté de parole. En effet, il semble qu'il n'y allait pas par quatre chemins pour exprimer ce qu'il pensait comme dans cette lettre lue en publique lors de la tournée de récolte de fonds d'un révolutionnaire russe : "Je suis persuadé que la Russie a trop longtemps supporté le joug d'un gouvernement fondé sur de fausses promesses, des mensonges, la traîtrise et le couteau du boucher, pour l'épanouissement d'une seule famille de fainéants et de ses parents oisifs et vicieux."Voilà qui vous donne un exemple de la liberté de ton de l'auteur !
Bref, comment finir ?
C'est vrai qu'il y a des passages un peu longs (les affaires du Général Grant, vraiment, ça ne nous intéressent pas..) mais il y a des "points d'ancrage historiques" comme des noms connus (Rockfeller, Carnegie, Roosevelt) qui attisent la curiosité (c'est incroyable d'imaginer qu'il les a cotoyé pour de vrai !) et des détails de la vie de tout les jours (les esclaves, la nullité de la médecine, et comment la mort imprégnait la vie - surtout la mort des enfants), tout cela en font un livre plaisant à lire pour peu qu'on veuille bien sortir de sa zone de confort.