Cela commence comme un conte moral. On parle de "la belette", Snejna, une vieille femme déconsidérée par la population de l'Ile du Drôle. Il faut dire qu'elle a été jetée sur les plages de l'île suite à une grosse tempête et qu'un proverbe de l'île dit que tout ce qui vient de la mer est mauvais, à craindre.
On a vraiment pendant 30-40 pages une atmosphère de conte, avec des thèmes intemporels de xénophobie, de respect, d'humanité qui affleurent. L'écriture est très détachée, lente. Cela convient au propos.
Puis Balthazar entre en scène. Lui, il souffre aussi de la xénophobie des habitants de l'île. C'est un bâtard. Fruit d'une union entre une fille de la côte et un gaillard de la montagne. L'idée qu'il y a un peuple de la montagne est intéressante, mais absolument pas traitée. A peine évoquée, cette facette est oubliée.
On arrive dans une partie du récit plus mouvementée. Des pipi, des pipi, des pirates arrivent, poussés par des vents contraires, alors qu'ils essayaient d'accoster sur une île au trésor. Snejna et Balthazar vont embarquer incognito. Puis ils se feront découvrir et vont devoir lutter pour leur survie face à des marins extrêmement remontés contre eux. Cette partie est mouvementée, assez chaotique et assez inégale. Elle n'est pas sans fortement rappeler le roman de
Stevenson. Et ce n'est pas spécialement un bon point, vu qu'il faut toujours préférer l'original à la copie.
Cette partie s'entrecoupe d'histoires racontées par Snejna pour faire durer la mise à mort et ralentir le courroux des pirates. On est dans les 1001 nuits. Les contes en eux-mêmes sont sympathiques et ne manquent pas d'intérêt. Mais ils hachent et cassent la dynamique d'aventure que l'autrice arrive (parfois péniblement) à mettre en place.
Bref au terme de 190 pages, rien de très mémorable. Et même quelques incohérences (comme une référence au tourisme, qui cadre mal avec l'atmosphère "pirates du XVIIé" que l'autrice met en place). On hésite trop sur le type de récit, et l'atmosphère ainsi que le plaisir s'en ressentent.