Je suis une nouvelle fois incrédule face à la capacité de
Naoki Urasawa à me passionner pour quelque chose qui pourtant part de plus en plus dans tous les sens et s'embourbe en réutilisant sans cesse les mêmes ressorts pour maintenir un suspens artificiel. Mais son travail sur l'enfance est toujours aussi magique et touche en plein coeur.
Après avoir retrouvé les grandes figures de la première partie ces derniers tomes, l'auteur se concentre cette fois sur l'un des nouveaux personnages qu'il a introduit : la jeune Kyoko. Avec elle,
Urasawa continue de se jouer de nous en nous interrogeant sur l'identité d'Ami d'un côté, même si on commence tous à se douter de qui est caché derrière le masque. Mais il nous montre aussi encore une fois les dérives d'un régime totalitaire bâti sur une religion bidon. C'est fascinant d'assister à ces glissements jusque dans la sphère personnelle d'une adolescente, jusque dans son école et son foyer.
Mais LE grand moment de ce tome, c'est le retour de Sadakiyo. On parle de lui depuis le début sans le voir mais c'est un personnage central de l'histoire et
Urasawa lui offre ici l'histoire qu'il mérite reprenant ses tropes sur l'enfance. Il nous brosse ainsi le portrait déchirant et émouvant d'un homme qui a été autrefois un garçon martyrisé, persécuté par ses camarades et qui a le sentiment de ne pas exister. C'était donc quelqu'un de particulièrement sensible à la manipulation, surtout de quelqu'un voulant se faire passer pour un ami, ce qu'il n'a jamais réussi à avoir. Et quand le personnage perce le voile du mensonge qui le recouvre grâce à une élève qu'il veut sauver pour reproduire inconsciemment ce qu'un de ses profs lui a donné envie de devenir, c'est puissant ! J'ai presque versé ma petite larme à ce moment-là.
Pourtant tout le reste est assez foutraque, de cette histoire de Pape menacé par Ami dont on nous rebat les oreilles, en passant par l'arrivée prochaine de la mère de Kanna, La Sainte Mère, qui met les fidèles en transe.
Urasawa va trop loin pour moi dans l'abracadabrantesque, rajoutant des lignes à d'autres lignes scénaristiques sans jamais rien boucler. C'est trop. J'aurais préféré qu'il reste sur ce qu'il avait déjà écrit au début pour bien le faire croître et lui donner forme, car clairement dès qu'il revient à ce groupe d'enfants, c'est là qu'on prend notre pied. le reste n'est qu'accessoire et délayage...
Je commence à sentir dans ce tome le moment où l'histoire échappe un peu trop à son créateur. Il parvient encore à me raccrocher grâce à certaines pages sublimant sa vision de l'enfance en bien comme en mal mais toujours avec émotion. Mais les délires dans lesquels il part à côté me lassent et me font clairement lever les yeux au ciel. A voir comment il va se débrouiller dans la seconde partie de son récit qui s'amorce désormais.
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