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3,73

sur 1295 notes
L'enfant est un roman difficile, difficile à lire car long et sombre, mais surtout difficile pour les sentiments inédits et absolus de cet enfant qui déteste la société comme elle le déteste. Julles Valles est un révolté de l'enfance et on suit son parcours de souffrance sans complaisance, ni pour lui, ni pour le lecteur. On se révolte avec lui, sans savoir si cette autobiographie représente la vérité ou une réalité transformée pour les besoins de la cause. Pour ceux qui sont originaires de la région stéphanoise, comme moi, c'est un livre fondateur, militant et reconnaissable car il porte le message d'un peuple qui voulait simplement vivre en humain. La société pour cet enfant sera ce que Folcoche, la mère de Bazin, sera plus tard, dans ces romans qui ont su montrer une autre enfance, loin des poncifs habituels.
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Bien
J'ai bien aimé cette autobiographie, certains passages sont un peut long, mais c'était la vie d'avant. Un livre que certains parents devraient lire avec leurs enfants cela leur ferait prendre conscience de beaucoup de choses Peut être que pour l'enfant la vie était dur, mais au moins il avait une éducation et du respect car a l'heure actuelle on se demande s'il y en a encore.

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Eprouvante description d'une enfance et de sa misère affective. Non aimé, objet de toutes les pulsions sadiques et défouloir d'une mère bornée, il doit aussi se passer de père, le sien étant méprisé, humilié, et ne valant guère mieux, tout professeur qu'il soit, que son obtuse épouse. Que cet enfant ait pu grandir et se développer intellectuellement malgré le poids de bêtise de méchanceté et de mesquinerie posé sur sa tête pensante, c'est un premier miracle. Qu'il ait été en mesure d'en faire une oeuvre, c'est sûrement l'issue salvatrice qu'il a trouvée. Une résilience, en quelque sorte.
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Jacques Vingtras, initiales J-V comme Jules Vallès est l'enfant d'un professeur d'abord pion mal considéré et d'un paysanne qui fait ses débuts à la ville.
Les deux parents sont convaincus que pour donner une bonne éducation à un enfant, il faut le battre.
C'est ainsi que chaque jour Jacques reçoit une volée de coups. Ses deux parents semblent au bord de la folie.
J'avais lu le roman à 16 ans au lycée et je ne m'étais pas rendu compte de la pitié que Jules Vallès savait créer chez le lecteur.
Pourtant certaines scènes sont empreintes d'humour noir, certains chapitres aussi . Quand la voisine promet à la mère de Jacques de finir de le battre et qu'elle fait semblant de donner des coups relève du tragi-comique. le chapitre sur l'argent est tout empreint d'humour noir quand la mère dit à Jacques qui revient avec son pantalon ensanglanté suite à une bagarre : " La prochaine fois, mets un vieux pantalon".
La scène à l'auberge est excellente aussi quand la mère refuse qu'ils mangent le soir et ils attendent le matin avec les intestins qui les réveillent tellement ils ont faim. Là, on est dans l'humour noir, l'humour torture.
À l'âge où je l'ai lu pour la première fois, je ne savais pas que l'enfant faisait partie d'une trilogie.
Le roman est paru en 1879. J'avais le souvenir d'une autre écriture et j'ai redécouvert un style qui ne fait pas dans la dentelle ni dans le détail quoique certains portraits donnent des traits vraiment truculent comme celui de la tante Agnès et bien d'autres.
Jules Vallès va droit au but. Il me semble fort différent des écrivains de l'époque .
Je n'ai pas pu m'empêcher de repenser à "Poil de Carotte" et à Madame Lepic mais celui-là, je l'avais lu en première année du secondaire, à 13 ans. le contexte était différent mais l'enfant était bien maltraité aussi.
J'ai été un peu sévère dans les étoiles. J'aurais dû en donner quatre.
"L'enfant" fait partie des classiques dont un extrait sera lu lors de la finale de lecture à voix haute de la grande librairie ce jeudi.




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Plongée dans la France provinciale de la fin du XIXème siècle. C'est le début de la fin de la France paysanne et l'avènement de l'industrie et de la petite bourgeoisie avec son obsession de la respectabilité et ses valeurs nauséabondes comme le mépris des plus faibles que soi, la soumission à l'autorité …

L'enfant, c'est d'abord la relation avec la mère. Dès le début, le décor est planté: l'enfant se fait fouetter par sa mère. Il accepte ce sort, trouvant des excuses à cette mère toxique et castratrice, et probablement aveuglé par l'amour qu'il lui porte, un amour inconditionnel. On est ici bien loin de la promesse de l'aube de Romain Gary.

Le père est totalement absent, soumis à l'autorité de la mère ou à celle de ses supérieurs, moqué par ses élèves et par ses collègues. Alors l'enfant va chercher ses modèles ailleurs, chez ses oncles ou dans les livres d'aventure.
L'enfant grandit tant bien que mal dans cet univers malsain, et peu à peu se tourne sur le monde qui l'entoure. C'est l'éveil d'une conscience politique, la naissance d'une aspiration à plus de justice sociale. J'aime cette époque où rien n'est encore joué, où tout est encore possible. Une époque où un vent d'insurrection souffle sur la France, sur l'Europe.

Le roman est loin d'être plombant, même si la situation n'est pas très réjouissante. Il regorge de scènes cocasses (mémorable distribution des prix, visite de la mère à Paris, démonstration de l'existence de Dieu à coup de bâtonnets de bois, …), de chutes, de collisions. Les caractères du père et de la mère sont magnifiquement croqués.

Un roman réaliste et savoureux à lire.
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Le Puy, 1830.
« Ai-je été nourri par ma mère ? Est-ce une paysanne qui m'a donné son lait ? Je n'en sais rien. Quel que soit le sein que j'ai mordu, je ne me rappelle pas une caresse du temps où j'étais tout petit : je n'ai pas été dorloté, tapoté, baisotté ; j'ai été beaucoup fouetté"

Cette phrase inaugurale lance d'emblée la narration en installant le rapport difficile à la figure maternelle. Et la rapsodie de cris, de gifles, de raclées, de pleurs et de disputes assure la trame de l'histoire. Mais ce n'est (peut-être…) pas le pire ! Il ne s'agit pas ici, seulement, d'une histoire d'enfant battu, malheureux, mais l'histoire d'un monde de frustrations intolérables.

Car, si Madame Vingtras bat Jacques, son fils, à qui mieux mieux, c'est qu'elle croit à des raisons qui lui paraissent vraies et bonnes. Dans une société où règle l'ordre moral le plus obtus, où les hiérarchies sont tout à fait rigides et fondées seulement sur des rapports de forces, tout désir de mouvement qui pourrait déranger l'ordre établi est aussitôt réprimé.
Or, les parents de Jacques sont des « déclassés vers le haut » : ils viennent du monde paysan et, par les chemins de l'école et des diplômes, ils tentent d'accéder à la classe petite-bourgeoise, tout en souhaitant que Jacques devienne, lui aussi, un « Monsieur ».

Ainsi, les frustrations de M. et Mme Vingtras trouvent une compensation dans les raclées qu'ils administrent à leur enfant.
Ainsi, les frustrations de Jacques trouveront une compensation dans la révolte : révolte contre ses parents, -même si Jacques les plaint plus qu'il ne les condamne-, révolte contre l'institution scolaire, révolte contre sa ville de province, révolte contre son milieu, et enfin, révolte contre l'ordre établi puisqu'il s'engagera dans l'action pour la révolution.

Un livre sur l'enfance malheureuse qui induira FORCEMENT des choix à l'âge adulte : se soumettre, ou alors, oser dire non, avoir la volonté et le courage du refus, s'insurger. Un roman sombre – même si quelques embellies illuminent un peu ce roman, notamment pendant les vacances à Farreyrolles à la campagne chez les tantes où la joie de vivre, les rires, les plaisirs simples permettent à Jacques de se sentir vraiment exister. Un roman émouvant. Un roman éthique.

Par-dessus le flot d'une génération, un autre romancier entendit la voix de Vallès : Louis-Ferdinand Céline, « Mort à crédit », qui comme dans l'Enfant, dénonçait, lui aussi, toute une jeunesse sous le joug de l'interdit - interdit de ressentir, de bouger, de désirer, d'exister.
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Un roman autobiographique d'une enfance profondément traumatisée par l'autorité d'une mère sans amour, dont le fouet est en quelque sorte le seul moyen d'être en contact avec elle, si bien que le petit Jacques trouve grâce en allant négocier avec la voisine pour lui épargner ce calvaire. Eh oui, dès qu'il y a menace de fouet, la voisine se porte garant pour accomplir cette tâche dans le seul but de relâcher le petit Jacques....
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J'ai fini aujourd'hui "L'Enfant", de Jules Vallès...
J'ai vraiment beaucoup aimé ce texte ; j'ai trouvé que c'était un très beau roman, qui a de remarquables qualités d'écriture. L'écriture de ce roman, très sensible, m'a permis d'être aisément en empathie avec le personnage principal ; il me semble qu'elle décrit parfaitement les sévices, les douleurs, les souffrances, que subit ce personnage.
D'autre part, le roman, comporte des passages ironiques que je trouve très savoureux, et apprécie beaucoup ; ce sont de courts passages, qui montrent mieux l'absurdité de certains comportements, paroles, idées, etc.
Le roman, sait aussi être plus sérieux lorsque c'est nécessaire ; il me semble qu'il sait être touchant, sans être ironique, avec ce portrait des malheurs d'un enfant, qui m'a donné l'impression de sonner juste en tous points.
Je trouve la fin, du roman, surprenante et très réussie ; il me semble qu'on ne s'attend pas, lorsqu'on commence "L'Enfant", à ce qu'il finisse comme ça, mais je trouve cette fin, parfaitement logique et très intéressante.
En somme, j'ai aimé "L'Enfant" ; c'est remarquablement bien écrit, à mon sens, touchant sans être larmoyant, sensible et juste.
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Je réalise avec le recul ce que je dois à ce professeur ponot (du Puy en Velay) qui, par chauvinisme ou volonté d'inscrire la littérature dans son contexte local, me fit étudier ce libre plutôt que le "traditionnel" Vipère au Poing de Bazin.

Ce roman autobiographique sur l'enfance pauvre et malheureuse dans cette rude région ne m'avait pas marqué de prime abord, et Vipère au Poing, lu depuis, me semble narrativement plus intéressant et mieux écrit. Mais le travail inconscient a fait son oeuvre, et m'amena, de fil en aiguille, à lire les tomes 2 et 3 (Le Bachelier, L'insurgé) ; et aussi participa sans doute à ma prise de conscience de la nécessaIre lutte -encore aujourd'hui, en France-
pour les droits des enfants;
Avec le recul, je me rends compte aujourd'hui à quel point Jules Vallès m'a marqué. Comme il l'a dit lui-même : "ce qu'ils appellent mon talent n'est fait que de ma conviction".

Et en effet, dans L'enfant, je n'ai pas été touché extérieurement par une sentiment d'empathie et de commisération, mais saisi, par identification, d'un sentiment de révolte et par l'ardent désir d'affirmer qui je suis, ce que je pense, ce que je crois, au mépris des interdits.
C'est cette même force de résistance à l'oppression qui portera ensuite Jacques Vingtras / Jules Vallès a dénoncer Napoléon III, manquant d'être interné comme aliéné alors qu'il s'oppose au coup d'Etat, et à dédier le Bachelier à « ceux qui nourris de grec et de latin sont morts de faim. » On y voit monter les frustations qui nourriront demain sa volonté de combat.

Enfin, L'Insurgé , qui raconte son implication corps et âme dans l'aventure désespérée de la Commune, aura été mon préféré, apothéose du travail de résilience entamé dans l'enfance, poursuivi dans les tumultes incertains de l'adolescence, et qui s'achève dans l'accomplissement mature de la révolte communarde.
Accomplissement, cette folie des plus pauvres, excessive et sanglante ?
Oui, car si L Histoire et la loi du plus fort ont voulu que la République bourgeoise triomphe et écrase dans le sang les barricades parisiennes, cette rare et éphémère expérience de démocratie populaire et directe, s'élargissant notamment pour la première fois aux femmes, fut.
L'utopie au pouvoir se révéla certes dangereuse dans ses excès, et on peut craindre qu'avec plus de succès elle eût pu sombrer dans les mêmes travers que la Terreur ou la Révolution bolchevique ; mais elle n'en demeur (-rait ?) pas moins un rappel à la république bourgeoise que lorsque les "exclus" (pour reprendre un terme actuel) d'un système se font trop nombreux et trop éloignés des élites au pouvoir, celui-ci peut voir sa fin toute proche...

Au-delà de cette dimension politique (incontournable à mon sens du roman autobiographique de Jules Vallès), et que l'on adhère ou pas aux thèse anarchistes (pas, en ce qui me concerne), on ne peut, à mon sens, que s'enthousiasmer pour la force de conviction de cet homme, qui transcende ses souffrances dans la lutte pour ses idéaux et nous rappelle l'importance de dire NON, simplement pour ses valeurs, et ne serait-ce que dans sa vie personnelle.

Vallès est donc pour moi, dans sa trilogie autobiographique, l'incarnation même de ce Temps des Cerises, aussi dramatique que marquant, approfondie depuis dans différents ouvrages plus historiques ; et Jacques / Jules, malgré ses excès, est comme un grand frère un peu tête brûlée, qui rappellerait à son cadet sage et rangé l'importance de conserver et entretenir toujours sa force de rébellion... au cas où...

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Le petit martyr…

Quelle enfance, que celle de Jules Vallès qu'il raconte dans son autobiographie "L'Enfant" qui constitue le premier tome d'une trilogie (L'Enfant, le Bachelier et l'insurgé) !

Entre une mère très violente qui le bat continuellement, sans raison, et un père soumis, irascible puis brutal, Jules s'invente le pseudonyme de Jacques Vingtras pour décrire cette enfance malheureuse.

Il écrira cette autobiographie en 1876, à 44 ans, alors qu'il est en exil à Londres, après une condamnation à mort prononcée par un Tribunal militaire pour sa participation à la Commune de 1871 et que sa fille Jeanne-Marie est morte l'année précédente, âgée de moins d'un an…

Ce roman paraîtra en feuilleton dans le journal le Siècle en 1878.

Il est très difficile pour moi d'écrire une chronique sur ce livre ; d'abord, parce qu'il est autobiographique et qu'il transpire de violences, d'ennui, de solitude.

Jules Vallès écrit un roman catharsis pour se libérer de ses souffrances. Mais le style est journalistique : ce n'est pas un beau roman, mais une suite de mésaventures vécues par le petit Jules racontées assez sèchement, comme si l'auteur voulait se détacher de cet enfant et de ses souvenirs de 3 à 16 ans…

Je ne sais pas si c'est par humour ou par résignation, que Jules Vallès en arrive à écrire que sa mère avait du courage car "elle se sacrifiait, elle étouffait ses blessures, elle tordait le cou au premier mouvement pour se livrer au second : au lieu de m'embrasser, elle me pinçait ; vous croyez que cela ne lui coûtait pas ! Il lui arrivait même de se casser les ongles. Elle me battait pour mon bien, voyez-vous. Sa main hésita plus d'une fois ; elle dut prendre son pied."

Alors que j'ai souffert avec l'enfant Vallès, j'ai pris peu de plaisir à lire ce roman.

Il est à noter, une préface signée Pascal Pia et une biographie détaillée en fin d'ouvrage.


Quelle vie triste mais acharné à survivre et à s'insurger, Jules Vallès dédit son roman "A tous ceux qui crevèrent d'ennui au Collège ou qu'on fit pleurer dans la famille, qui, pendant leur enfance furent tyrannisés par leur maîtres ou rossés par leurs parents, je dédie ce livre."

Ce livre reste une autobiographie qui raconte les souffrances d'un enfant et une approche de ce XIXe siècle si riche d'auteurs par ailleurs...
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