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EAN : 9782491467234
136 pages
Phileas (14/04/2022)
3.27/5   28 notes
Résumé :
L'année de ses onze ans, "Fiston" a enfin le droit de tirer son premier cerf. Mais alors que son père l'invite à observer un braconnier dans le viseur de son arme, le garçon commet l'impensable et n'en ressent aucune honte. Un sombre récit est porté par l'enfant devenu adulte, qui a tout appris de la vie en apprenant la mort, au cours d'une initiation brutale et sauvage.
Automne 1978, nord de la Californie. C’est l’ouverture de la chasse sur les deux cent ci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Nord de la Californie, en cet automne 1978, le fiston, aujourd'hui âgé de 11 ans, est dorénavant assez grand, d'après les lois familiales, pour accompagner son grand-père, son père et un ami de ce dernier à la chasse et tuer son premier cerf. Ils se rendent en voiture dans la concession forestière familiale, Goat Mountain. Une route parfois difficile d'accès, suite aux éboulements dus aux fortes pluies. Après un bizutage qui a mis en rogne le fiston et fait éclater de rire les trois hommes, le fiston est définitivement prêt et n'aspire qu'à tuer. Arrivé à la barrière qui donne accès au domaine, l'ami remarque aussitôt un braconnier qui ne se cache même pas. le père propose alors à son fils de regarder avec son fusil. Une 300 magnum, une arme pour abattre des ours, en main, l'oeil rivé dans le viseur, celui-ci observe le braconnier à travers la lunette, place sa main sur la gâchette... et tire ! C'est la stupéfaction. Les hommes ne comprennent pas pourquoi il a fait ça, qui plus est, sans montrer le moindre remord...

Cet album, adaptation éponyme du roman de David Vann, nous entraine sur les terres de Goat Mountain où une partie de chasse vire au drame. Pour sa première partie de chasse, le fiston, pour devenir un homme, doit tuer, dépecer et manger le coeur d'un cerf. Comment expliquer alors que celui-ci, dont on ignore le prénom, tire, presque de sang-froid et sans l'ombre d'un remord ou de culpabilité, sur un braconnier qui se trouvait sur les terres familiales ? Dès lors, un sentiment de malaise, de sidération et d'incompréhension s'installe, allant jusqu'à diviser les trois hommes quant à la conduite à adopter. Se taire et cacher le cadavre ? Prévenir les autorités ? Profondément sombre, dans une ambiance de plus en plus tendue, cet album traite, de manière originale, divers thèmes tels que les rites familiaux, la place au sein d'une famille, la violence sous-jacente, la morale, la résilience, les armes à feu... Ce huis clos au coeur des montagnes met, finalement, en évidence, cette violence, presque innée, enfouie en chaque homme, renforcée par ce dénouement inattendu et sans concession. Graphiquement, l'ambiance oppressante, malaisante, est parfaitement rendue par ces nuances de gris, agrémentées ici et là d'une seule couleur.

Un récit noir sur la nature humaine...
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J'ai rarement vu une partie de chasse aussi cruelle dans le genre partie de chasse qui se termine mal. Je suis ressorti de cette lecture avec beaucoup de dégoût sur la nature humaine. Nous avons un gosse de 11 ans qui tue volontairement un homme et des adultes qui tentent de lui faire la morale sur la nature de son geste.

Oui, on aura droit à une exploration de la violence et de la punition comme une espèce de rite de passage avec une grande tension palpable. Bref, le milieu des chasseurs répond à certaines règles qui semblent être parfois en marge. Les personnages sont d'ailleurs fortement antipathiques et il n'y en a pas un pour rattraper l'autre.

Un mot sur le dessin pour dire qu'il est tout de même assez magnifique avec ses nuances de couleurs. C'est un crayonné tout à fait abouti. le trait est lisible et expressif ce qui rend la lecture assez agréable dans son ensemble.

C'est tiré d'un roman de David Vann dont j'ignore tout. Je ne peux dire si l'adaptation est réussie ou pas. Mon propos sera d'ailleurs tout autre.

En effet, je n'ai pas trop aimé cette lecture non pas que cette BD n'a pas les qualités intrinsèques adéquates. La sauvagerie ne me passionne sans doute pas tout comme la chasse à l'homme. Oui, il est question d'une violence latente qui se manifeste d'un coup.

Maintenant, un public en quête de réponse sur le parcours initiatique d'un jeune garçon abandonné par ses instincts sauvages pourra sans doute y trouver son compte. Bref, une lecture qui ne laisse pas indifférent !
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« Tu ne peux pas tout enterrer. Certaines choses refusent d'être enterrées ».

Les adaptations graphiques sont toujours un exercice périlleux, qui plus est sur un livre étranger qui se heurte alors à la nécessité d'une double traduction : celle du texte original et celle de l'esprit du livre à retranscrire en images.

Défi relevé haut la main par O. Carol et Georges van Linthout dans leur adaptation de Goat Mountain du grand David Vann, oeuvre violente et mystique dont la tension permanente est parfaitement rendue dans leurs planches.

Cette partie de chasse initiatique qui tourne mal sur les terres montagneuses familiales entre un jeune garçon, son père, son grand-père et un ami de la famille avait pourtant tout d'une fête joyeuse. Avoir – enfin – son propre fusil et l'espoir de tuer son premier cerf à onze ans, marque l'entrée dans le monde adulte, celui des hommes.

Il suffira d'un braconnier, d'un coup de feu accidentel et d'un cadavre pour que la fête soit finie et que le cauchemar commence, dans cette nature dont l'hostilité et l'inhumanité devient alors comme une évidence.

Goat Mountain est une longue métaphore des angoisses qui parcourent et marquent l'oeuvre de Vann : la violence bien sûr et l'instinct animal et mortel que renferme chaque homme ; mais aussi la responsabilité et les conséquences ; la filiation, les liens familiaux et ce qu'on en fait ; le remords et les conséquences ; la résilience et le vivre avec…

Et enfin ce parallèle religieux, toujours flottant et traversant dans les livres de Vann, ici illustré par la métaphore de Caïn et Abel, fratricide historique. Un parallèle qui m'avait semblé pesant dans ma lecture originelle, et beaucoup moins ici.

En épurant volontairement le dessin où le noir domine en étant régulièrement et violemment réhaussé de rouges sanglants, de verts apaisants ou d'ocres inspirants, les deux auteurs réussissent à mettre en valeur le côté très sombre de l'esprit du texte, et le combat moral permanent qui traverse la plupart des protagonistes. Une réussite !
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Nous sommes en 1978, au nord de la Californie. Un gamin accompagne son père, son grand-père et un ami de la famille pour l'annuelle partie de chasse. Pour ses 11 ans, le môme aura le droit de tirer son premier cerf. « Une part de moi n'aspirait qu'à tuer, constamment et indéfiniment. » (p. 26) Mais alors qu'il aperçoit dans son viseur un braconnier sur les terres familiales, il commet l'irréparable et n'en ressent aucune honte. « C'est injuste... si ça avait été un cerf, tout le monde me féliciterait. » (p. 37) Après la sidération, les adultes doivent décider de la suite : reporter l'accident aux autorités ou laisser la loi de la nature reprendre le dessus. « Ce qui était instinctif porte soudain le poids d'une conséquence, notre nature animale trahie par la conscience. » (p. 87) Les jours passent dans ce coin de montagne et de forêt perdu. Faire semblant est impossible : il faut affronter l'affreuse réalité. Les 4 protagonistes pressentent que l'un d'eux ne redescendra jamais dans la vallée.

Voilà une adaptation à la hauteur de l'original ! Par la maîtrise parfaite des couleurs, le rouge en touches magnifiquement dosées, les auteurs montrent l'horreur, la mort, la putréfaction du corps et de l'âme. le texte de David Vann m'avait submergée d'émotion : c'était le quatrième texte de cet auteur que je lisais et c'est avec celui-là que j'ai complètement compris l'immense talent de Vann. La bande dessinée reprend avec une remarquable économie de mots les grands thèmes du livre : la disparition des grands troupeaux, la décrépitude des valeurs morales et la pulsion de mort nichée au creux de chaque humain. « Nous aurions pu être n'importe quel groupe d'hommes, à n'importe quelle époque. La chasse, une manière de revenir en arrière pour atteindre un millier de générations passées. La première raison de nous regrouper, pour tuer. » (p. 8)

Je vous recommande autant cette bande dessinée que l'oeuvre de David Vann en général.
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Après l'adaptation graphique de « Sukkwan Island » par Ugo Bienvenu, voici celle de « Goat Mountain », autre roman de David Vann que j'ai particulièrement apprécié. Deux adaptations aux styles très différents assurément. le scénario de O. Carol (la fille du dessinateur) reprend très fidèlement la trame de l'histoire de « Goat Mountain » et parvient en 130 pages à en extraire parfaitement l'essence. Les dessins et couleurs de Georges van Linthout m'ont réellement emballé. Planches crayonnées en noir, lavis d'aquarelle et rehauts de couleur parcimonieux, souvent limités à une seule teinte, l'identité graphique de cette adaptation fait mouche. Elle rappelle évidemment le manteau rouge de cette petite fille juive dans « La liste de Schindler », un détail tragique qui saute aux yeux au milieu du noir et blanc. Certaines planches sont davantage colorées, celles qui mettent en lumière la beauté de la nature, ou ces tableaux en pleine page aux accents poétiques et symboliques.

Bien sûr, la dimension religieuse et spirituelle du roman est fortement escamotée ici, mais ce n'est pas ce qui prime. Ce qui est au coeur de cette histoire, c'est cette violence atavique, cette animosité entre le fils, le père, le grand-père et l'ami de la famille. Partis chasser sur les terres familiales de Goat Mountain, le groupe va croiser le chemin d'un braconnier que le jeune narrateur de cette histoire va observer à travers la lunette du fusil de chasse de son père, jusqu'à ce moment dramatique qui les fera tous basculer dans une ambiance infernale où les repères éclatent, où la morale est dépecée comme une bête, où l'innocence d'un enfant est éventrée et ce qui en sort exposé comme des entrailles fumantes.

La dynamique des planches est immersive, la voix off du jeune garçon permet de plonger dans sa psyché dysfonctionnelle, reprenant par moments cette syntaxe déstructurée qui fait la griffe de David Vann. Une adaptation réussie tout aussi sombre et brutale que le roman original.
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critiques presse (2)
Sceneario
02 mai 2022
L’atmosphère étouffante, la violence présente à chaque instant, l’esprit torturé du jeune garçon faisant face à des figures familiales particulièrement timbrées et envahissantes, et un van Linthout qui parvient à donner corps à toute cette équipée, et à faire ressortir toutes les ambiguïtés relationnelles, font de cette adaptation un album fort et puissant !
Lire la critique sur le site : Sceneario
LigneClaire
30 avril 2022
Adapté du roman de David Vann qui attaque le lobby des armes, Goat Mountain est aussi un réquisitoire implacable qui ne peut laisser indifférent, parfaitement mis en scène et dessiné.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ce que je veux retrouver, c'est cet instant dans lequel n'existait ni le bien, ni le mal.
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Tu ne peux pas tout enterrer. Certaines choses refusent d'être enterrées.
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« Nous aurions pu être n’importe quel groupe d’hommes, à n’importe quelle époque. La chasse, une manière de revenir en arrière pour atteindre un millier de générations passées. La première raison de nous regrouper, pour tuer. » (p. 8)
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Nous étions ici-bas pour tuer. C'était immuable. C'était la loi de la famille, la loi du monde. Et je sortis mon couteau, car mon grand-père était là pour faire respecter la loi.
Mais celui que j'était avait changé. À partir de cet instant, chaque acte de tuer serait une expérience amère. Chaque acte de tuer serait une contrainte, quelque chose que je refuserais.
Et c'est ce qui ferait de moi un être humain.
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« Ce qui était instinctif porte soudain le poids d’une conséquence, notre nature animale trahie par la conscience. » (p. 87)
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Vidéo de David Vann
À l'occasion de la 45ème édition du festival "Le livre sur la place" à Nancy, David Vann vous présente son ouvrage "La Contrée Obscure" aux éditions Gallmeister.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2880139/david-vann-la-contree-obscure
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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