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Nicolas Moog (Autre)John Cohen (Autre)
EAN : 9782916749570
682 pages
Les Fondeurs de Briques (14/05/2021)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Un panorama unique sur les liens entre histoire, peuple & musique à travers la chanson folk.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le livre de Jacques Vassal Folksong paru en 2021 est la réédition considérablement augmentée d'un livre paru en 1971, réimprimé à de nombreuses reprises, traduit dans plusieurs langues dont l'anglais.
J. Vassal n'est pas un inconnu, il a écrit pendant de nombreuses années dans Rock & Folk dès 1967 (alors qu'il n'a que 20 ans), puis dans d'autre revues comme Chorus ou Politis ; il est l'auteur de nombreux livres sur des gens comme Jacques Brel ou Anne Sylvestre, sur des thèmes musicaux, la chanson bretonne par exemple, ou très éloignés de la musique, la formule 1 et ses pilotes. Voilà pour le (très court) portrait.

Pour causer Folk, l'auteur plante loin les racines de son livre. Les premiers chapitres sont consacrés à la musique des Indiens d'Amérique, en partant des connaissances les plus anciennes jusqu'à des artistes bien connus telle Buffy Sainte-Marie. Viennent ensuite les chants des esclaves puis le blues de Ma Rainey à Leadbelly en passant par Robert Johnson et d'autres figures moins connues mais toutes aussi légendaires du blues rural jusqu'à ses formes électriques avec Muddy Waters.
Troisième chapitre sur les origines, un riche panorama des musiques importées d'Europe et plus particulièrement des îles britanniques dont la tradition musicale est profondément ancrée et surtout vivace. Certaines chansons remontent au Moyen-âge, d'autres sont composées en réaction à un événement, beaucoup colportent des histoires tragiques, meurtrières. Ces chansons ont traversé l'océan pour renaître dans le Kentucky, en Virginie ou ailleurs, partout où de pauvres migrants ont posé leurs pieds. C'est là que naissent le hillbilly, l'old time music et la country. Dans ses pages sur la country, Jacques Vassal démonte quelques idées reçues sur cette musique souvent réduite à une variété insipide jouée par et pour des cowboys crétins à Stetson.
Ce chapitre et le précédent forment à eux deux une histoire des prémices du rock'n'roll.

Le sous-titre de Folksong est clair, « Racines et branches de la musique folk anglo-américaine », l'auteur envisage son sujet comme un arbre, un arbre vénérable, vivant et vigoureux, un noble chêne ou un antique séquoia, il nous emmène dans des coins reculés comme les musiques cajun ou klezmer, dessine une histoire du folk à partir de portraits d'artistes reconnus, Johnny Cash, Odetta, Joni Mitchell, Woody Guthrie sans oublier ceux d'aujourd'hui.
On croise au gré des pages des musiciens bien vivants, Eric Bibb, Gillian Welch, des groupes qui tournent, Calexico, Big Thief, les Klezmatics. Et de nombreux disparus, connus comme Hank Williams, Bessie Smith, Pete Seeger, ou plus obscurs, Roscoe Holcomb, Hedy West, Elizabeth Cotten autrice du superbe Freight Train.
Il y a les musiciens mais pas seulement, des producteurs y ont leur place, John et Alan Lomax, Joe Boyd, T-Bone Burnett ; des figures politiques, quelques écrivains, évident comme John Steinbeck, fondamental comme James Agee ; des thèmes récurrents comme le train et les hoboes, la misère, le militantisme. Il dédie quelques pages à la presse et aux labels spécialisés tel Folkways de Moses "Moe" Asch, ou à des villes, Tucson par exemple, se balade dans les états et les époques, les migrations et les religions, en faisant toujours le lien et sans jamais nous perdre, en fin connaisseur qui sait se faire passeur.

Une bonne place est réservée aux années 60, à la contestation et à la critique du pouvoir en place aux USA, à la guerre du Vietnam, aux luttes pour les droits civiques. Joan Baez, le trop rare Fred Neil, Tom Paxton, Phil Ochs, Tim Hardin, et Judy Collins que j'ai pris le temps d'écouter grâce à ce livre (Wildflowers quel chef-d'oeuvre !), et bien d'autres voix que l'auteur a, pour la plupart, rencontré, interviewé, chroniqué, invité à jouer en France.
Bob Dylan a droit a un chapitre entier, et pour ma part j'arrive sur un terrain que je connais un peu mieux. Une bonne cinquantaine de pages écrites par un fan lucide qui explore toute de la carrière de Dylan des premières parutions en France jusqu'au dernier album en date, Rough & Rowdy Ways. C'est regrettable, au vu de ces pages, que Jacques Vassal n'ait jamais fait paraître de bouquin sur Dylan.
Un autre est dédié à sa descendance, « Bob Dylan's electric children » selon l'expression de l'époque (l'électricité est parfois discrète...). le Band et les Byrds y ont des places de choix. À quelques exceptions près, on sent bien que ces artistes (les électrifiés) ne sont pas la tasse de thé de l'auteur.

Chapitre notable, celui que l'auteur consacre à la renaissance du folk au Royaume-Uni durant les années 60. La tradition folk remonte lentement et de très loin, croise Dylan, pour aboutir à des groupes comme Pentangle ou Fairport Convention, figures d'un important mouvement musical, incroyablement riche. Ces pages forme un excellent guide si, comme moi, on avait qu'effleuré cette scène foisonnante. Fotheringay et Matthews Southern Comfort sont de belles découvertes.

À chaque chapitre de ce livre de près de sept cents pages, les découvertes musicales sont nombreuses, chaque artiste retrouve sa place au coeur d'une riche histoire. L'érudition dont fait preuve Jacques Vassal n'est jamais prétentieuse. On pourra toujours déplorer l'absence de tel ou telle artiste, mais ce n'est pas bien grave, car celles et ceux qui y sont meritent amplement leur place.
Les propos sur la musique, les chants, les instruments, sont toujours replacés dans leur contexte historique (colonisation, esclavage, exil, syndicalisme, etc), sans que cela alourdisse le texte. La politique à l'égard des Indiens, des Afro-américains, les luttes sociales, pour l'égalité homme-femme, etc, vont de pair avec ce qu'écrit l'auteur et ce que les chansons racontent, des misères passées au meurtre de George Floyd.

Folksong va bien plus loin que son nom ne le laisse croire, il n'est pas seulement une histoire du folk, ce qui serait déjà beaucoup. Non, Folksong conte également les trajectoires parallèles du blues, de la country, et, dans une moindre mesure, de leurs enfants électriques. Folksong est une somme incomparable, le fil déroulé par l'auteur est incroyablement long et solide pour que même l'amateur chevronné y fasse des découvertes.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le moment approche de quitter ces pages. On pourrait en ajouter d'autres à ce déjà copieux volume. Par exemple, sur Linda Ronstadt, John Mellencamp, Lyle Lovett, Dwight Yoakam, Sinead O'Connor, Sheryl Crow, Taylor Swift, voire Kurt Vile, Jason Molina, Lambchop, Violent Femmes, Wilco, The Jayhawks, The Men, à chacun, à chacune sa liste idéale. Le voyage n'est pas terminé pour autant. On l'a vu tant de fois au fil de ces chapitres : les chansons peuvent appartenir à qui veut les chanter et les partager. Il faut aussi répéter, même si cela va de soi quand on parle folksong, que le genre n'est pas l'apanage des seuls professionnels. Humbles anonymes, des milliers (millions ?) de chanteurs, chanteuses, viennent grossir cette cohorte. Témoins les innombrables chansons qu'engendrent guerres, atteintes à l'environnement, violences sexistes ou racistes.
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Dylan n'était ni un produit du show-biz (même s'il le devint), ni un contestataire de la société. Juste un rebelle, poète, baladin et musicien. Il y avait du rythme et du sens, du son et du sang dans ses chansons, balancées avec cette voix égrillarde, stridulante, entre deux riffs d'harmonica et trois accords de guitare en picking. En branchant les amplis sur tous ces ingrédients de base, en continuant à écrire du dedans vers le dehors, Dylan DEVAIT toucher haut et fort. Et pour longtemps.
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Dylan, un soir de 1964 chez lui, chante à Ochs la toute première version de « Mr. Tambourine Man ». Phil est sidéré par la puissance de la vision poétique. Il adore l'écriture de Dylan, le dit et le répète. Bob lui rend la politesse en écrivant, en 1964 toujours, une lettre à Broadside, où il affirme : « je ne peux tout simplement pas suivre Phil. Il s'améliore encore et encore. » Un an plus tard, à New York, les deux hommes discutent chanson dans la voiture de Dylan. Ochs déclare que « Please crawl out your window », le nouveau 45-tours de Bob, n'atteint pas le même niveau que « Like a rolling stone ». Bob fait arrêter le chauffeur et ouvre la portière en disant : « Descends, Ochs. T'es pas un folksinger, t'es qu'un journaliste. »
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Video de Jacques Vassal (1) Voir plusAjouter une vidéo

Entretien avec Jacques Brel
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