Le prix du sang

J'ai eu envie de revenir à Pierre Veilletet, quelques semaines après avoir lu "La main sur le coeur" de Yves Harté, qui brossait le portrait de cet écrivain de qui il était proche.

Et j'ai eu la bonne surprise de découvrir, ultime livre du volume "Oui j'ai connu des jours de grâce", ces trois nouvelles absolument magnifiques.

La première, et la plus longue, s'intitule "L'Espagnol de Samarkand". Elle relate les aventures de Buenaventura de Jaraiz. On est au début des années 1400. Il fera partie d'une ambassade du roi d'Espagne qui doit apporter des présents au sultan Bajazet. Mais il rencontra aussi Tamerlan, dans sa vieillesse, mais encore implacable.

La seconde nouvelle "Le faucon de Cordoue" a pour argument la lutte pour la possession du faucon Zine. Son propriétaire et soigneur ne veut pas vendre cet oiseau d'exception. Et il met sa vie en danger pour cela.

Enfin la dernière, "La gloire de Conques" évoque le sort de Sainte Foy puis de ses reliques. Ce n'est pas la moins prenante des trois.

Ce qui unit ces textes c'est la magnifique prose de Pierre Veilletet. Ici, vous ne trouverez pas d'effets de style fleuris mais une grande précision et une narration exemplaire. On dirait que tout coule de source, mais c'est à mon avis une impression trompeuse. Il était un écrivain passionnant, qui peut tout à fait être redécouvert.

Merci à @jmb33320 d'avoir attiré mon attention sur ce livre.

Il réunit trois histoires se passant à des dates différentes : début du XVe siècle pour L'Espagnol de Samarkand, le XIe siècle pour le faucon de Cordoue, la plus courte, et sous Dioclétien et au IXe siècle pour La gloire de Conques.
Le titre général "Le prix du sang" est bien trouvé car c'est bien là ce qui les unit. Les trois personnages principaux, chacun à leur manière, sont confrontés à la violence, même s'ils n'en sont pas toujours la source. Et ils peuvent témoigner du prix qu'il y a à payer pour vivre après ce déchainement. Qu'il n'y ait qu'une personnes tuée ou des milliers, reste que le sang versé doit être rédimé.
Et puis il y a aussi l'écriture de Veilletet : précise, resserrée, comme tendue pour contenir les souffrances et les horreurs évoquées, comme s'il n'y avait que ce fragile rempart de mots entre l'indicible et nous.