C'est bien à regret que j'ai terminé le passionnant et passionné «
Retour à Varennes » de
Anne Villemin-Sicherman, auteur d'une série de romans policiers historiques dont celui-ci est le septième.
Comme on s'en doute, le roman a pour sujet la fameuse fuite royale de
Louis XVI,
Marie-Antoinette, de leurs enfants, et de quelques proches, faits dramatiques s'il en est.
La fuite royale, toute son incroyable préparation logistique – remarquablement restituée ici, avec autant de précision que de suspens – et vécue soit in situ, soit à distance, par les différents personnages du roman : certains ayant existé, d'autres étant fictifs (l'auteur précise le tout par un tableau récapitulatif dans les pages précédant le début du roman).
Le climat révolutionnaire est bien entendu très présent tout au long du roman.
L'auteur donnant avec finesse la parole aux divers camps, et à leurs motivations – sans jamais tomber dans l'écueil de quoi que ce soit de manichéen, ce qui a dû être particulièrement périlleux étant donné le sujet : un élément fort que j'ai vivement apprécié.
Le tout étant par ailleurs un roman policier, démarre par une scène équestre magnifique : la mort du cavalier ouvrant la scène, avec son cheval s'emballant progressivement.
Le tout n'étant pas attribué aux seuls effets du hasard ou du destin, ce qu'Augustin Duroch, héros récurrent de cette série, et « artiste vétérinaire » * mettra à jour avec l'aide de différents autres personnages.
Le récit est construit en courts chapitres, portant chacun un date, et présentés de façon chronologique.
L'écriture, elle, est à la fois ramassée, précise, élégante, et de qualité : concordances de temps respectées (et non pas simplifiées pour soi-disant davantage de « facilité » pour le lecteur - comme trop souvent chez certains), richesse du lexique, tournures anciennes de langage, sans que le tout en soit alourdi pour autant.
Descriptions, dialogues, changements de décors, de personnages, d'atmosphères, s'enchaînent avec beaucoup de rythme.
Quelques notes très brèves en bas de page viennent préciser la réalité des faits.
Ainsi qu'une bibliographie en fin d'ouvrage.
Au final, nous sommes face à un roman historiquement très renseigné, mais aussi très vivant, et comme « vécu de l'intérieur » (images, sons, odeurs, goûts…rien ne manque !).
Face à beaucoup de romanesque, aussi, les personnages continuant à aimer, se jalouser, rire, soupirer, se jeter dans l'action, car telle est la vie…
Avec une réflexion politique et sociale toujours présente de façon sous-jacente.
Un roman très réussi.
Bravo, et merci, Mme
Anne Villemin-Sicherman !
* Artiste vétérinaire : c'était le titre porté par les premiers vétérinaires, apparus à la fin du XVIIIe siècle.