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Jacques Noiray (Autre)
EAN : 9782070461905
288 pages
Gallimard (22/10/2020)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Quand Villiers de l'Isle-Adam envoya à Mallarmé ses Histoires insolites nouvellement parues (mars 1888), il se contenta de cette phrase laconique : "Ci-joint un volume d'anecdotes plus ou moins distrayantes". Se doutait-il que, sous la désinvolture apparente, il révélait l'originalité et le sens profond de son livre ? Telles sont les lignes de force qui structurent le recueil et orientent sa lecture : l'attention à tous les détails du réel ; l'humour en apparence lé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La lecture de nos jours d'une vingtaine d'histoires étranges et singulières écrites au XIXe siècle par un ami de Mallarmé est une aventure... insolite. On y trouve une fraîcheur étonnante accompagnée d'un décalage prémonitoire, le tout recouvert par une fine couche de poussière déposée par un siècle d'oubli. Ainsi, les hommes vont-ils "au gré d'une Raison désespérée, à travers les hasards et les phénomènes, en payant chaque 'découverte' d'un endurcissement plus sourd du coeur".

Précurseur du surréalisme, Villiers aime les situations étonnantes, les cas particuliers, les émotions inattendues. Il prétend, "au train dont vont les explosifs" qu'inévitablement une découverte extraordinaire pourra réaliser les souhaits des anarchistes. Il dénigre souvent le modernisme en utilisant un ton sombre et burlesque. Il pressent la prochaine influence sur l'homme de l'expansion à venir des sciences et techniques.

le style et le vocabulaire De Villiers me font penser à Huysmans (qui devint un de ses amis) ; ainsi les porphyrogénètes maubénins côtoient ceux qui font trémuler et trémoler le bourgeois et menacent de le faire exploder.

le recueil est savamment préfacé par Jacques Noiray (né en 1942, professeur émérite à Sorbonne Université) et complété par un dossier présentant des repères biographiques et d'abondantes notes qui éclairent le lecteur sur des expressions dont l'usage a disparu et sur des références qui ne nous sont pas familières. Dans une de ces notes on découvre qu'au XIXe siècle le verbe "exploser" ne se trouvait pas dans les dictionnaires et que l'Académie française ne l'a adopté qu'en 1932.

Ne craignez pas de vous ennuyer au cours de cette lecture : il y a des histoires qui vous feront sourire, d'autre franchement rire et toutes, je l'espère, progresser dans la connaissance de l'humain.
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Voilà un étrange recueil où l'insolite se lit aussi bien dans le fond que dans la forme. Les nouvelles sont inégales dans leur qualité, les sujets étudiés sont étrangement éloignés les uns des autres, comme si Villiers avait cherché à exposer tout ce qui passe par la tête, sans filtre, sans autre dessein que celui d'écrire. Et pourtant en refermant le livre, se dégage une impression d'unité autour de l'insolite. Un recueil qui laisse perplexe, jonché d'idées anciennes et de mots désuets.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Naturellement attentifs aux bruits et aux voix que leur propre est d'imiter, ces perroquets, se trouvant, par hasard, si haut placés qu'ils n'entendaient guère que les orages, en avaient étudié, au fond d'un spécial silence, les vibrations profondes. Si bien qu'aujourd'hui, tous, - avec un ensemble que le terroir sonore et l'irradiation plongeante des sons rendaient inquiétant, - contrefaisaient, à s'y méprendre, le fracas de l'électricité dans l'étendue, la plainte des longues rafales, les ruissellements de l'averse au travers des feuillées.
Au grondement de cet interminable orage qui, dès l'aurore, commençait à rouler au-dessus de leurs têtes, les infortunés animaux qui peuplaient l'Île se retiraient, courbés, dolents et plein d'effroi, chacun dans sa retraite (...)
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Au parfait dédain de tout ce qui les a déçus, loin du désenchantement brillant de leur monde d'autrefois, ils ont jeté, d'un regard, à leur ex-entourage, oublié déjà, l'adieu glacé, suprême, claustral, que la mélancolie de leur joie grave ne regrettera jamais. Ils sont ceux qui ne s'intéressent plus. Ayant compris, une fois pour toutes, de quelle atroce tristesse est fait le rire moderne, de quelles chétives fictions se repaît la sagesse purement terre à terre, de quels bruissements de hochets se puérilisent les oreilles des triviales multitudes, de quel ennui désespéré se constitue la frivole vanité du mensonge mondain, ils ont, pour ainsi dire, fait voeu de se contenter de leur bonheur solitaire.
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Ils sont ceux qui ne s'intéressent plus. Ayant compris, une fois pour toutes, de quelle atroce tristesse est fait le rire moderne, de quelles chétives fictions se repaît la sagesse purement terre à terre, de quels bruissements de hochets se puérilisent les oreilles des triviales multitudes, de quel ennui désespéré se constitue la frivole vanité du mensonge mondain, ils ont, pour ainsi dire, fait vœu de se contenter de leur bonheur solitaire.
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Elle et lui, l'un de l'autre isolés par le hasard des villes et des contrées, grandirent, en des milieux parallèles, sans se rencontrer jamais. (...)
Ah ! c'est que tous deux avaient, comme nous, reçu le jour au sein triste de ces nations occidentales, lesquelles, sous couleur d'établir, enfin, sur la terre, le règne "régulier" de la Justice, vont, se dénuant, à plaisir, de ces instincts de l'En-Haut - qui, seuls, constituent l'Homme réel, - et préfèrent s'aventurer librement, désormais, au gré d'une Raison désespérée, à travers les hasards et les phénomènes, en payant chaque "découverte" d'un endurcissement plus lourd du coeur.
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Deux beaux êtres humains se sont rencontrés à cette heure des années qui précède le tomber merveilleux de l'automne ; à cette heure où, - telle que, sur de riches forêts, après une ondée d'orage, l'étoile du soir, - la Mélancolie se lève, illuminant de mille teintes magiques toutes les âmes bien nées.
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Videos de Auguste de Villiers de l'Isle-Adam (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Auguste de  Villiers de l'Isle-Adam
Auguste VILLIERS DE L'ISLE ADAM – Relecture (France Culture, 1981) L'émission "Relecture", par Hubert Juin, diffusée le 1er mai 1981 sur France Culture. Présences : Patrick Besnier, Pierre Citron et Jean Claude Renault. Lecture : Jean Topart, Manuel Denis, Catherine Sellers.
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