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EAN : 9782357071698
112 pages
La Fosse aux Ours (06/01/2022)
4.29/5   14 notes
Résumé :
Le froid est plein d'or. La mort pleine de couleurs. Dimanche trottine tout nu sur le parquet gris clair. Demain c'est la rentrée. On pousse les volets, on ouvre les fenêtres et les portes des cages. Un rayon beau comme un sabre de bourreau tranche la robe des dernières roses blanches qui osent tenir tète à septembre. Le café c'est doux et amer à la fois c'est sûrement pour cela que je l'aime tant. Pas à pas dans les petits pas d'aujourd'hui. Une joue salie de choco... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai adoré cet ouvrage. Ensemble de poèmes en prose mélangeant réflexions de l'auteur et scènes de vie quotidiennes avec parfois un second degré décapant, parfois une douce mélancolie. le style est excellent, un phrasé avec un rythme intéressant, qui se lit très bien à haute voix, un vocabulaire riche mais qui n'est pas exagéré, et une beauté de la langue au service du sens. Un de mes coups de coeur de ces dernières années assurément.
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Je parlerai d'abord de cet couverture vert caca d'oie avec un dessin marron ... que j'ai trouvé tout sauf attirante. Je verrais plus cet couleur sur un bouquin technique que pour un recueil de "Petites proses de rien, posées là dans la main" comme les petits caractères noirs difficilement lisibles dans le ras de marée de cette couleur l'indiquent.

Heureusement, une fois abstraction faite de cela, on retrouve bien des écrits de Thomas Vinau, le poète contemporain que je préfère. Ouf!
Après, ça n'a pas été un embarquement immédiat : il a fallut quelques page pour que je me retrouve dans une bulle spatio-temporelle comme sait si bien en créer l'auteur. Il a fallut du temps pour qu'un texte me touche au coeur, pour que je me retrouve embarqué dans le quotidien de l'auteur a partager avec lui d'infinis petits riens .
Et cette magie n'a pas duré jusqu'à la dernière page.

Le poème "Vivement pas demain" qui a donné le titre du recueil se place un dimanche, veille de rentrée scolaire. Dernier jour des vacances, alors, vivement pas demain !
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Entre ombre et lumière rester sur la terrasse en guettant le retour des cigognes. Compter les grains de sable d'une plage en scrutant la tranquille et insouciante houle. Tâter la rugosité de l'air des cimes. Au petit déjeuner, longuement regarder l'épouse jusqu'aux os. Errer sur d'arides rocailleuses arêtes. Attendre le caillou qui jaillira du chemin, s'incrustera dans la chair, ramènera vers les vivants. Déposer à chaque col franchi, chaque sommet gravi une pierre pour honorer les morts, vains et éphémères cairns semblables aux canins jets d'urine. Aligner des mots comme un franchissement, entre deux moussues pierres, d'un impétueux torrent. Traquer des beautés qui mettront à quia. The rust never sleep. « Vous me direz qu'il n'y a rien eu de spécial et vous aurez raison, ce n'était qu'une belle petite journée. » (page 14)
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Chantre des petits riens et flâneur de ruelles, Thomas Vinau s'est confortablement installé cette année sur le podium de mes écrivains préférés. En bon disciple de Robert Walser, ses petites proses du quotidien sont un véritable plaidoyer poétique qui rend justice à la vie. Il y a du jeu dans cette littérature et elle recèle un tempérament bon enfant des plus charmants. Son oeil se promène ici et là, sublime ses journées et hop! voilà comment une vieille olive rancie se transforme en diamant noir. C'est un poète au regard singulier qu'il fait bon découvrir enfin. Faites un pied de nez à l'ennui et vivez auprès de Vinau! Go!
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Les cheveux chauds.

Elle a les cheveux chauds. On est là, assis dans l'herbe. Son corps collé contre le mien. Le soleil tape sur sa tête. J'enfouis la mienne dans sa chevelure. Je respire à plein nez. Des champs de tournesols. Des ciels d'été. Des glaces à l'eau. Des crèmes de douche. Des draps froissés. Toute une petite alchimie de fruits. De rêves. De peaux. De paix.
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Les petites poches

J'écris avec le ventre plein. Dans des habits propres, pas loin d'un café chaud, je n'ai pas de leçon à donner. J'écris avec un toit sur la tête, des enfants à côté, une princesse tout prés, je n'ai pas de leçon à donner. J'écris devant un feu, devant un arbre ou une fenêtre, avec le soleil ou la pluie, je n'ai pas de leçon à donner. Le temps se pose sur mon épaule et les oiseaux sur ma terrasse. J'ai des souvenirs autour du cou et un demain à portée de main, je n'ai pas de leçon à donner. Je n'écris pas pour donner de leçon. J'écris pour goûter. Et pour faire goûter. J'écris pour garder et pour regarder. J'écris pour ce matin de fin janvier dans lequel nous marchons ensemble jusqu'à l'école sous la lune froide comme un réverbère givré. Ce matin où vous avez dansé comme des clowns et des rois devant votre bol. Où je cueille, tel le bouquet de pivoines du jour, les élastiques tortillés de cheveux disséminés dans chaque pièce. Ce matin où, arrivé devant sa classe, le plus petit s'est affolé en se rendant compte que son pull n'avait pas de poche. Les petites poches dans lesquelles d'habitude il enfouit ses mains pour passer la barrière des autres enfants qui crient, des parents qui font la queue, de la maîtresse impressionnante, de la séparation. Ses petites poches au fond desquelles d'habitude il trouve sa stature, son allure, son courage. Au fond desquelles il écrase sa peur en retenant serré la chaleur de ceux qu'il quitte. J'écris pour ses petites poches et pour ce matin où, ne sachant plus quoi faire de ses mains, de ses os, de sa terreur, il devient imperceptiblement plus grand, imperceptiblement plus beau encore, tellement digne d'amour, en affrontant ce qui d'un seul coup lui manque.

P 81-82
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Un moment

On perd. On perd quelqu'un. On perd toujours. On refuse de perdre. On refuse les règles. Qui a dit qu'il fallait se voir reprendre tout ce qui fut donné. Qui a dit qu'il fallait accepter ça. On refuse de perdre. Chacun à sa manière. Accepter de perdre est une façon de refuser de perdre. Il ne s'agit pas de jeu. Personne ne gagne. Jamais. On peut garder plus ou moins longtemps c'est tout. On peut garder mais on ne sait pas ce qu'on peut garder. Ni combien de temps on peut le garder. On sait qu'un jour tout sera perdu. Peut-être tout de suite. Peut-être dans cent ans. D'ici là on aura perdu d'autres choses de toute façon. De toutes les façons on perd. On s'offre. On se donne. L'autre s'offre. On offre à un autre. Un autre nous est donné. Ça finira perdu. Ça finira. Comme l'espace entre deux mains. Quand deux mains se tiennent, c'est seulement deux mains qui se tiennent. Pas une partouze cosmique. Pas une flagrance mystique. Pas un victoire sur l'éternité. Simplement deux mains qui se tiennent. En sachant qu'elles finiront par se lâcher. Se tenir. Se chercher. Se lâcher. S'accrocher. Ce n'est pas très grave. C'est triste mais ce n'est pas très grave. Exister c'est résister à la perte. Et puis perdre. Comme un oiseau dans le vent ou une mouche dans le sucre. Pendant un moment ces deux se sont tenues. Parfois, à défaut de pouvoir garder ce qu'on perd, on garde la perte. Un morceau de vide dans le petit chaud doux de sa main.

P11-12
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L'oiseau enfermé dans le ciel

Je voudrais sortir de moi comme on s'extrait d'un rêve étrange, flou et curieux, velouté, perdu et nouveau. Je voudrais quitter la file d'attente qui va du néant au néant en ne passant que par ma conscience. Ma pauvre conscience, ma patrie, ma cloison. Je voudrais appartenir à chaque instant, à chaque parcelle, à chaque odeur, à chaque moment. Être dans le goût de ta bouche, dans la lumière du pétale, dans vos rires d'enfants. Vos rires pleins et puissants, souverains invincibles. Être invincible, souverain et éphémère comme vos rires. Être la nuit, un chien, un frelon, un marin, un bédouin, un désert, un poulain, un arbre, une chanson. Être la mousse de la bière, le miel d'une femme, le yéti d'abominable, le vieil homme et l'espadon. Être tout et ne servir à rien. Sortir de moi et vous atteindre vraiment. Chaque homme est cette galaxie enfermée dans une caisse de sang. Je nage dans le noir dedans. C'est une mer d'huile calme et pleine de ténèbres. C'est mon élément et sans l'eau il n'y a plus de poissons. Le poisson ne peut pas en vouloir à l'eau. Je lance des mots comme des lignes. Je nage et je vous entends. Je suis fatigué mais heureux. J'arrive. Je n'arrête pas d'arriver. Je nage et je vous entends.

P 112-113
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Rescapés

Tout semble dur et vide. Ciel gris d'avant le jour. Terre froide. Herbe gelée. L'air est immobile. Nu. Dépeuplé. Hier soir, raclette et pommes au four, juste à nous quatre. Quelques verres de vin blanc. Une série et au lit. Émilie s'est endormie sur le canapé. J'ai mis du temps à trouver le sommeil. Après les feux d'artifice, qui m'ont semblé, du fond du noir chaud de mon lit, un peu plus artificiels encore. Il y a toujours quelque chose à fêter. Nous c'était la paix et le repos. Le retrait et le repli. Les petites loupiotes sincères dans nos ventres. L'année passée s'est écaillée sur la douleur du monde. La terre continue de brûler. D'ici on ne voit rien. Nous sommes tous des rescapés. De notre trop grande indifférence ou de notre trop grande empathie. La vie continue de souffrir, de mentir, de surprendre, de cabrer. Je vous souhaite de veiller, de rester éveillés, de trouver le sommeil. De tenir cœur, tête, mains, pieds à juste distance. Je vais aller courir maintenant. Sous les cris épars et givrés des oiseaux qui se moquent de nous. Tout le monde dort encore. Reposez-vous
Tenez.

P 40-41
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Videos de Thomas Vinau (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thomas Vinau
« Nul dieu ne t'aidera, nul programme, nul parti, nul bulletin de vote, nulle masse, nulle unité. Je suis le seul capable de m'aider. Et c'est en moi-même que j'aiderai tous les hommes dont les larmes débordent. » B. Traven est Traven Torsvan qui est Berick Torsvan qui est Otto Feige qui est Hal Croves, qui est Ret Marut, enfin, je crois. B. Traven est né un an avant la mort de Karl Marx, enfin, je crois. B. Traven est un romancier allemand et un activiste anarchiste, un de ces hommes de l'ombre au petit chapeau rond qui font bouger l'histoire sans perche à selfie. […] Il a pris un nom différent partout où il a fait de la prison. Il a fait de la prison partout où il a incité à la révolution. […] » (Thomas Vinau, 76 clochards célestes ou presque, Éditions le Castor Astral, 2016)
« L'homme qui a tant fait couler d'encre dans les dernières décennies de sa vie est mort le 26 mars 1969 dans la ville de Mexico à des âges différents, non sans avoir épuisé plusieurs identités dont aucune ne paraît être la vraie. le succès des romans de Traven […] a déclenché une « chasse » à un individu qui ne se laissait pas photographier […]. La seule chose prouvée est que B. Traven ne fait qu'un avec Ret Marut […]. […] le proscrit réussira à débarquer, dans des conditions ignorées, sur les côtes du Mexique au cours de l'été 1924. La vie qu'il va mener sous le nom de Torsvan, ingénieur américain, pour être moins mystérieuse, n'en reste pas moins secrète […]. […] Cet apatride sans identité obtient finalement la nationalité mexicaine en 1951. […] Il faut considérer le romancier […] comme un aventurier écrivain qui a passé la majeure partie de sa vie à égarer les soupçons – pour mieux enfoncer les preuves de son humanité comme autant de clous dans les têtes molles du siècle. […] » (B. Traven, le gros capitaliste et autres textes, traduit par Adèle Zwicker, Éditions Libertalia, 2018)
« […] Quoique mes oeuvres soient traduites en dix-sept langues, je n'ai ni maison ni argent et je ne possède qu'un minimum de vêtements indispensables. […] » (B. Traven, Lettre à Solidaridad Internacional Antifascista)
0:00 - L'art des Indiens 4:27 - 2e extrait 4:45 - 3e extrait 4:59 - 4e extrait 5:32 - Générique
Référence bibliographique : B. Traven, le gros capitaliste et autres textes, traduit par Adèle Zwicker, Éditions Libertalia, 2018
Image d'illustration : https://www.gettyimages.fi/detail/news-photo/traven-schriftsteller-d-portrait-im-profil-undatiert-news-photo/537147851
Bande sonore originale : Bensound - Tomorrow Tomorrow by Bensound is licensed under a CC BY 4.0 Attribution International license.
Site : https://www.bensound.com/royalty-free-music/track/tomorrow
#BTraven #LeGrosCapitaliste&AutresTextes #LittératureAllemande
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