C'est une lecture marquante et pas si aisée que cela, vu le propos.
Le roman est un prétexte, le livre tient bien davantage de la réflexion sur les rapports humains, comment tout bascule, comment l'on peut vite passer d'une vision égalitaire, à la conception qu'il y a des hommes et ceux qui le sont moins. Uomini e no. Puissions-nous garder toujours en mémoire qu'un être humain est avant tout un être humain, sans chercher à le dominer, le déconsidérer, l'humilier. On est loin de Hobbes là, est-ce possible ?
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L'auteur se propose de "chercher dans l'art le progrès de l'humanité" d'une façon où humbles et puissants étant rendus "absolus" par l'auteur,s'affrontent à égalité,tout en conservant leurs connotations historiques.
D'une part,il y a la société actuelle dominée par le fascisme qui est le monde négatif,le mal, de l'autre il y a ,au contraire,la résistance à cet état des choses jusqu'au risque d'y perdre la vie ,qui est garantie de bien et de vérité.
Composé pendant la Résistance,à un moment d'intense participation à la lutte antifasciste,le roman reflète l'implacable rapport entre humanité et violence.
Six interventions de l'auteur,écrites en cursive,imposent à l'attention du lecteur les deux réalités dans lesquelles l'homme est condamné à vivre, deux points de vue et une autre dimension des faits.
source éditions Mondadori
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Un texte d'une grande intensité dans lequel le récit, très introspectif, se mèle des considérations de l'auteur sur son rôle d'écrivain vis à vis de l'homme et de ses personnages. Non seulement par un style très travaillé mais également par le fond du récit sur la tentation du mal ultime qu'est le fascisme dans ce contexte d'occupation nazie en Italie et du pouvoir des miliciens, ce livre m'a pris aux tripes et j'en conseille la lecture à tutti.
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Ô hommes, ô hommes ! A peine y a-t-il offense aussitôt nous sommes du côté de qui est offensé et nous disons que c'est l'homme. Voici l'homme. Des larmes ? Voici l'homme.
- Pourquoi appelle t-on guerre civile une guerre dans laquelle deux frères peuvent se retrouver l'un contre l'autre ? N'aurait-on pas dû plutôt l'appeler incivile ?
- On l'appelle civile, dit un quatrième milicien, parce qu'elle n'est pas militaire.
- Comment, elle n'est pas militaire ! dit le troisième, nous ne sommes pas des militaires, nous ?
- Mais ceux qui sont contre nous, dit le quatrième, ce ne sont pas des militaires. C'est pour ça que nous les fusillons.
Ceux qui avaient tiré ne pouvaient pas tirer davantage dans la cible. Dans une petite fille et dans un vieil homme, dans deux garçons de quinze ans, dans une femme, dans une autre femme ; c'était là le meilleur moyen de frapper l'homme. De frapper l'homme là où il était le plus faible, là où se trouvait son enfance, là où se trouvait sa vieillesse, là où se trouvait la côte qu'on lui avait prise et là où il avait le coeur découvert : là où il était le plus homme.
Elio Vittorini : Les hommes et les autres (1956 / France Culture). Photographie : Elio Vittorini. Diffusion sur France Culture en 1956. Réalisé par Alain Trutat. Écrit en 1945, “Les hommes et les autres” est un des plus grands textes de Elio Vittorini, récit poétique de la résistance antifasciste et le récit d’un amour. « Je pourrais découvrir comment il y a, dans les plus délicats rapports entre les hommes, une continuelle pratique de fascisme, où celui qui impose croit seulement aimer et celui qui subit croit, en subissant, faire tout juste le minimum, pour ne pas offenser. Je pourrais peut-être montrer comment il y a, dans cela, la plus subtile, mais aussi la plus cruelle, des tyrannies, et la plus inextricable des servitudes ; lesquelles, toutes les deux, tant qu'on les admettra, pousseront à admettre toutes les autres tyrannies et toutes les autres servitudes des hommes pris séparément, des classes et des peuples entre eux. » « “Uomini e no”, le titre italien de ce roman, signifie que nous, les hommes, pouvons aussi être des « non-hommes ». Il vise à rappeler qu'il y a, en l'homme, de nombreuses possibilités inhumaines. Récit de résistance où les communistes s'opposent aux nazis et aux fascistes, “Les hommes et les autres” est à la fois un roman engagé et un texte expérimental et poétique. Il pose la question de l'humaine inhumanité et de la barbarie, mais aussi et surtout celle, incertaine, de l'engagement littéraire. »
4 ème de couverture
Avec :
Bernard Bimont, Roger Blin, Blanchette Brunoy, Maria Casarès, Régine Chantal, François Chaumette, Bernard Cotteret, Henri Crémieux, Gérard Darrieu, Charles Deschamps, Louis de Funès, Jérôme Juliette, Pierre Leproux, Yves-Marie Maurin, Jean-Claude Michel, Lucien Nat, Pierre Olivier, Yves Peneau, Serge Reggiani, Monique Rollin, Françoise Rosay, Jean-Marie Serreau, Pierre Vaneck, Claude Vernier, François Vibert, Yvonne Villeroy.
Vous entendrez également la voix de Maria Casarès au micro d’Alain Trutat et de Blandine Masson, Maria Casarès nous parle de l’intimité au théâtre, où il est question de salles pleines, de salles vides, de moments de grâce et de radio.
“Les hommes et les autres” est paru la première fois en 1947 chez Gallimard
Source : France Culture
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