Vous avez aimé le monde de
Périphériques ? Soyez heureux ! Il est de retour avec
Agency, une autre aventure de l'équipe de Londres chargée (par elle-même) de réparer les fragments maltraités par certains klepts peu scrupuleux. L'occasion de découvrir Verity Jane, jeune femme venue d'un pays où
Hillary Clinton a battu
Donald Trump et où le Brexit n'a pas eu lieu ! Les veinards ?
Dans les pas de
Périphériques
Même si
Agency n'est pas une suite directe de
Périphériques, il est vital d'avoir lu ce dernier si l'on comprendre quelque chose au nouveau roman de
William Gibson. En effet, l'univers est exactement le même et, même s'il n'est pas d'une complexité folle, l'auteur ne s'amuse pas à tout réexplique. On peut se rappeler que, déjà, le début de
Périphériques est une expérience en soi, tant Gibson n'explique pas grand-chose et oblige le lecteur à beaucoup de patience et de confiance en lui. Mais quand on a compris comment cela fonctionne, quel trip ! En plus, on retrouve les personnages qui peuplaient
Périphériques : Wilf Netherton, Lowbeer, Ash, Rainey, et tous les autres. Ce qui, vous l'avouerez, est bien agréable.
Un nouveau fragment
Mais l'histoire tourne essentiellement, du moins au début, autour d'un nouveau fragment : celui de Verity Jane. Un fragment où, même si
William Gibson ne les nomme jamais, on peut comprendre que c'est
Hillary Clinton qui a gagné face à
Donald Trump. Mais un fragment où tout ne va pas pour le mieux. Il est né suite à l'intervention de Vespasien, dont on a entendu parler dans
Périphériques : un cinglé qui utilisait cette technologie mystérieuse afin de créer des fragments où les hommes s'entretuaient. Son but était de découvrir le maximum d'armes sophistiquées et il y parvenait souvent. Et depuis que Lowbeer l'a fait disparaître, elle tente de réparer ses sévices en amenant un semblant de paix dans ces mondes issus du sien (car, pour rappel, Lowbeer vient de 2136, dans un monde qui ressemblait au nôtre jusqu'au Jackpot, catastrophe aux contours un peu flous pour nous, lecteurs, et qui a vu disparaître près de 90 % de l'humanité et presqu'autant d'espèces animales). Bref, elle va tenter d'empêcher une guerre nucléaire mondiale aux conséquences évidemment catastrophiques.
Des héros bien passifs
Comme souvent, chez Gibson, les personnages principaux semblent se laisser porter par l'histoire, sans vraiment apporter leur pierre à l'édifice. Verity, par exemple, ne comprend pas grand-chose de ce qui se passe et, de toutes façons, est toujours commandée, dirigée, soit par Eunice (l'I.A. dont on se demande d'où elle sort et quelle est sa finalité), soit par l'équipe de Londres. Elle est trimballée d'un endroit à un autre, sans savoir pourquoi ; on lui fait changer ses vêtements, ses bagages sans toujours lui expliquer pourquoi. Elle est, parait-il, capitale, mais sans vraiment en comprendre la raison et surtout sans vraiment avoir son mot à dire. Et pour Wilf Netherton, déjà rencontré dans
Périphériques, c'est un peu la même chose, en moins flagrant. Il a un peu le choix. Cependant, quand Lowbeer débarque et lui dit de venir immédiatement dans sa voiture, il peut, à la rigueur, prendre deux minutes pour s'occuper de son jeune fils, mais pas beaucoup plus. En fait, ils sont comme nous, spectateurs plus ou moins captifs, plus ou moins conscients.
Un quotidien survitaminé
Et comme nous, ils se retrouvent embringués dans des histoires étonnantes tant elles paraissent gigantesques et, à la fois, nichées dans un quotidien d'une banalité quasi affligeante. Cette habitude qu'a
William Gibson de décrire en quelques mots les objets qu'utilisent les protagonistes, les vêtements qu'ils portent, les logos qui les cernent rend le décor extrêmement classique. Malgré les différences avec notre quotidien. Et l'irruption de cette I.A., de ces tueurs, de ces inventions du futur pour le monde Netherton (la veste auto-chauffante, par exemple, qui a l'air sacrément pratique) surprend d'autant plus. C'était un peu le même principe dans la trilogie Blue Ant : une vie banale (enfin, avec beaucoup de pognon, hein : les personnages de Gibson sont souvent pleins aux as et vivent dans des lieux dignes des magazines) et le grain de sable qui détraque le quotidien. Mais sans perturber plus que cela, en apparence, le personnage principal (qui accepte un peu tout, comme je l'ai écrit plus haut, sans crise d'angoisse, sans révolte, sans menace).
Même si j'ai été un peu moins emballé par
Agency que par
Périphériques (le manque de nouveauté, peut-être), j'ai tout de même passé un très bon moment à la lecture de ce nouveau roman de
William Gibson, un auteur qui, décidément, tient une place particulière dans mes goûts littéraires. J'ai cru comprendre qu'un troisième tome devrait venir conclure ce qui serait alors une trilogie (décidément, ils font tous des trilogies… qui parfois prennent de l'ampleur). Et je m'en réjouis, car j'ai vraiment apprécié cette idée des fragments et toutes les réflexions et idées qui en découlent.
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