" Je portais l'un des châles blancs de Benazir Bhutto par-dessus mon shalwar kamiz rose préféré et j'ai exhorté les dirigeants du monde à offrir une éducation gratuite à tous les enfants de la planète. " Prenons nos livres et nos stylos, ai-je dit. Ce sont nos armes les plus puissantes. Un enfant, un professeur, un livre et un stylo peuvent changer le monde."
Une des phrases restées célèbres prononcées par
Malala Yousafzaï à New York aux Nations unies pour son seizième anniversaire, anniversaire qu'elle faillit ne jamais célébrer ; le 9 octobre 2012, la plus jeune
Prix Nobel de la paix (2014 ) fut victime d'une tentative d'assassinat. Un jeune taliban répondant au nom d'Ataullah Khan lui tira une balle dans la tête. L'acte terroriste criminel fut revendiqué par le Tehrik-e-Taliban Pakistan ( principale mouvance des talibans pakistanais )... mouvement auquel la jeune militante pour l'éducation, pour l'égalité des droits hommes femmes, s'opposait depuis quelques années déjà.
C'est après la lecture du livre de
Martine Gozlan -
Les rebelles d'Allah, ils ont défié l'ordre islamiste - ( que j'ai présenté sur Babelio ), dont un des chapitres est consacré à
Malala que j'ai décidé de trouver son autobiographie afin de mieux faire connaissance avec la jeune femme derrière l'icône.
J'ai attendu que soit venu "le moment".
L'abandon de l'Afghanistan - la débâcle devrais-je dire - par les Américains en août 2021 m'a profondément heurté.
Le retour progressif du pays dans l'obscurantisme.
Les femmes derrière leurs tenues belphégoresques, le visage grillagé, redevenues des rôles ( domestiques, pondeuses, couveuses assujetties aux hommes ) et n'existant plus en tant qu'individus, le déni de leurs maîtres et bourreaux de leur donner une vie, les écoles fermées pour les filles, leur possibilité d'accéder à une formation professionnelle, à un emploi, la reprise des châtiments corporels en place publique... toutes ces horreurs m'ont révolté, indigné, attristé.
Lorsque leurs "soeurs" iraniennes se sont levées... j'ai su que le moment était venu.
J'ai aors ouvert le livre autobiographique de
Malala Yousafzaï, co-écrit avec
Christina Lamb, une journaliste et biographe britannique, correspondante en chef pour The Sunday Times. "Lamb est la récipiendaire de quatorze récompenses majeures, dont quatre British Press Awards...Elle a écrit huit livres dont le best-seller The Africa House et Je suis
Malala, co-écrit avec
Malala Yousafzai, qui est nommé Popular Non-Fiction Book of the Year par le British National Book Awards 2013."
Cette autobiographie que je ne vais pas vous résumer en quelques pauvres mots est touchante, passionnante, belle, authentique, pudique- sans pour autant occulter l'essentiel -, honnête, franche, sincère, parfois bouleversante.
C'est un hymne à la vie, à la résistance, à la résilience, à l'engagement, au courage, au don de soi, à la générosité... j'ai presque envie de dire à l'amour inconditionnel ( non, je ne suis pas sous l'influence d'
Alexandre Jollien ( sourire )...
Malala est née le 12 juillet 1997 à Mingora, principale ville du district de Swat, dans le Nord-Ouest du Pakistan.
Mingora et le Swat qu'elle appelle sa "merveilleuse vallée".
" Nous habitions dans le plus bel endroit du monde. Ma vallée, celle du Swat, est un céleste royaume de montagnes, de cascades et de lacs cristallins. BIENVENUE AU PARADIS annonce un panneau quand on arrive dans la vallée. Autrefois, le Swat s'appelait Uddiyana "jardin". Nous avons des fleurs sauvages, des mines d'émeraudes et des rivières gorgées de truites. La région est surnommée la Suisse de l'Orient. On y trouve la première station de ski du Pakistan. Les riches Pakistanais viennent en vacances savourer chez nous l'air pur, les paysages et nos festivals de musique et de danses soufies...Même la reine d'Angleterre est venue, et elle a séjourné dans le Palais-Blanc construit par notre roi, le premier wali du Swat, dans le même marbre immaculé que le Taj Mahal."
C'est dans cette perle du Pakistan que voit le jour celle à laquelle son père va donner le prénom de
Malala, en référence à l'héroïne pakistanaise
Malalai de Maiwand, la
Jeanne d'Arc des Pachtounes qui, grâce à son sacrifice héroïque, donna la victoire aux siens dans la guerre Anglo-Afghane de 1880.
Un prénom qui ne fit pas l'unanimité dans la famille...
Malala signifiant "accablée de chagrin"...
L'enfant, qui n'est pas un garçon, est d'emblée l'égale de l'autre genre aux yeux de son père aimant,
Ziauddin Yousafzaï.
Il faut dire que l'homme n'est pas un Pakistanais, un Pachtoune comme les autres.
Il a, à force de ténacité, de volonté, d'obstination, de sacrifices, de foi, obtenu en dépit des obstacles familiaux et autres, un master of arts et a fondé à Mingora une école pour filles, la Khushal Public School.
L'homme est un militant engagé pour l'éducation.
Il va biberonner sa fille au lait de son engagement.
Il n'est pas, dans ce contexte pakistanais, un homme comme les autres.
Il a épousé par amour Toorpekai Yousafzai, jeune femme illettrée qu'il traite d'égal à égal, lui confiant tout, faisant appel à ses conseils.
Cette famille unie et aimante (
Malala a deux frères cadets ), en dépit des aléas pas toujours bienveillants de l'existence, va voir son paradis se transformer en enfer avec l'arrivée des talibans et de leur fanatisme poussé à l'extrême.
Père et fille vont s'engager pour le droit des filles à l'éducation et entrer en conflit avec les talibans.
"
Malala Yousafzai se fait connaître du grand public début 2009, à 11 ans, par son témoignage intitulé Journal d'une écolière pakistanaise, sur un blog en ourdou de la BBC. C'est son père,
Ziauddin Yousafzai qui la pousse à témoigner. Sous le pseudonyme de Gul Makai, elle dénonce les violences du Tehrik-e-Taliban Pakistan qui, après avoir pris le contrôle de la vallée de Swat en 2007, incendie les écoles pour filles et assassine ses opposants. Elle apparaît alors en larmes dans une vidéo et dit vouloir devenir médecin."
Dès lors, d'écrits en interviews presse, radios, télés et en conférences,
Malala va devenir un personnage public ( elle va très vite côtoyer des personnalités politiques, des officiels du régime pakistanais...), une personnalité dont la réputation va dépasser les frontières du Pakistan.
Et ce faisant devenir la cible "des fous d'Allah"...
Ce livre en nous permettant de suivre le chemin de vie parcouru par
Malala jusqu'à l'attentat, nous donne l'occasion de découvrir le Swat et son histoire riche et complexe.
Il nous donne en plus l'opportunité de revisiter l'histoire sociale, politique, religieuse ( les deux se confondant... hélas !), internationale du Pakistan et de l'Afghanistan de ces vingt-cinq dernières années...
Malala a survécu "miraculeusement" à la tentative d'assassinat dont elle a été la victime.
Sa "deuxième vie" l'a faite émigrer avec sa famille à Birmingham.
Elle a sillonné le monde et rencontré ceux qu'on dit en être "les grands".
Elle a obtenu de nombreuses récompenses... dont le
Prix Nobel de la paix.
Elle a pu reprendre ses études...est diplômée en philosophie, politique et économie depuis 2020 de l'Université d'Oxford.
Elle est l'auteure de trois livres à succès.
Elle s'est mariée en 2021.
Pour conclure cette présentation de cette autobiographie que je recommande vivement, ces mots de
Malala Yousafzaï :
"C'est la raison pour laquelle j'ai mis sur pied la fondation
Malala.
Pour la fondation
Malala, chaque fille et chaque garçon a le pouvoir de changer le monde à condition que l'occasion lui en soit donnée. Pour l'offrir aux filles, la fondation aspire à investir dans les initiatives pour donner des moyens à des collectivités locales, développer des solutions innovantes reposant sur des approches traditionnelles, et offrir non pas seulement l'alphabétisation, mais les outils, les idées et les réseaux qui peuvent aider les filles à prendre la parole et à forger un avenir meilleur.
J'espère que vous serez nombreux à rejoindre cette cause afin que nous puissions travailler ensemble pour faire de l'éducation et de l'émancipation des filles une véritable priorité.
Rejoignez ma mission "