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Stéphane Vanderhaeghe (Traducteur)
EAN : 9782413045977
248 pages
La Croisée (16/02/2022)
3.27/5   15 notes
Résumé :
Une écrivaine doit remettre à son éditeur un livre dont elle n’a pas écrit une ligne. Dans la torpeur de l’été new yorkais, elle reste enfermée chez elle, angoissée par la page blanche. Pour s’inspirer, elle se plaît à évoquer les travaux de Rilke, Kafka ou encore d'Agnès Varda, mais alors qu'elle se nourrit des œuvres d'autrui pour créer la sienne, elle découvre qu’elle attend un enfant. L’un est-il compatible avec l’autre ?

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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Essayiste et professeur universitaire de littérature, Kate Zambreno, que je découvre avec ce récit, est l'autrice de nombreux essais.
Ce récit, d'une construction assez chaotique, nous conte par le menu la recherche d'inspiration d'une écrivaine en proie à la procrastination et à l'absence d'inspiration. Elle s'est engagée à rendre son manuscrit à son éditeur et nous livre son quotidien, ses pensées et tous ces fragments qui sont un travail d'écriture en devenir.
Si je me suis passionnée pour les références littéraires comme celles sur Rainer Maria Rilke, cet écrivain autrichien qui inspire notre narratrice, ou encore Kafka, j'ai trouvé sans intérêt certaines de ses chroniques quotidiennes. Obsédée par son petit chien, Genet, elle ne nous épargne pas les crottes de son toutou et ses sautes d'humeur. J'ai trouvé beaucoup plus attachante l'histoire de ces chats errants, et ce petit chat tigré qu'elle nourrit et dont elle s'inquiète lorsqu'il disparait.
Sa recherche d'idée la fait entrer dans l'univers de Dürer dont les tableaux sont parfois le reflet de sa propre vie. Elle est aussi influencée par le cinéma de Chantal Akerman. Ces références culturelles l'éloignent, et le lecteur avec, de son quotidien trop prosaïque qui finit par provoquer de l'ennui à force d'insignifiance. Les correspondances avec ses amis, Sofia, Anna, Suzanne et Bhanu, la stimulent et la poussent à l'introspection. Plus intéressant que ses relations avec le voisin italien ou bien son cambriolage.
L'arrivée inopinée d'une grossesse va encore reculer l'échéance de l'envoi du manuscrit et rien ne nous sera épargné sur les maux de la grossesse, refoulant les mots d'un récit en gestation à plus tard.
Les photos –reproductions ou clichés de l'autrice assez mauvais, il faut l'avouer – n'apportent pas grand-chose à l'ensemble ;
Les chapitres sont courts, parfois très brefs, ce qui influe le rythme de la lecture. Par contre, j'avoue avoir survolé certains passages trop intimes ou de grande banalité.
De ces 400 pages foutraques et désordonnées, je n'en retiens que la moitié qui m'ont intéressée, les pages sur la création littéraire, les échanges avec ses amis et les références artistiques très nombreuses.
Si la forme du récit est indéniablement originale, mon avis est mitigé et je n'ai pas été conquise par le style qui manque d'élégance.



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Dérives est un livre que j'ai abandonné tellement il ne correspondait pas à mes intérêts. Sa forme est particulière, je dirais même très particulière.

On commence avec une femme qui doit écrire un livre qui lui est commandé par son éditeur. Ce livre s'appellera DERIVES et pour éviter la page blanche, l'autrice se met à écrire… Mais à écrire tout ce qui lui passe par la tête.
De références littéraires, à ses impressions sur le paysage, des échanges avec ses amis à la couleur de la crotte de son chien ou du vomis.
Bref, ce sont des écrits de travail qui devraient ensuite lui permettre d'entamer son livre. Mais voilà Dérives, même si sont nom l'indique, n'a rien pour moi de poétique, il me manque beaucoup. On ne sait pas si on est dans un roman, un essai ou autre chose.
Les chapitres sont très courts, entre une demi page à deux ou trois au plus. Il n'y a qu'un fil conducteur très ténu que j'ai très souvent perdu. J'ai donc essayer de lire ce livre en picorant ce qui aurait pu m'intéresser mais là aussi je me suis très vite lassé, ne comprenant vraiment pas l'intérêt de ce livre.

Bref une lecture étrange, qui ne me correspond pas du tout. J'ai préféré arrêter l'experience.
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Ce livre est le premier publié en France de la romancière ,essayiste et professeure de littérature Kate Zambreno.

La narratrice, écrivaine, doit remettre à son éditeur le manuscrit de son prochain livre. Or, elle n' en a pas encore écrit la moindre ligne.

Syndrome de la page blanche, torpeur de l'été new yorkais, procrastination ? Un peu tout cela à la fois. Alors elle écrit des notes, des réflexions notamment sur des artistes qu'elle affectionne particulièrement (Rilke, Kafka, Dürer) et leur rapport à la création.

Elle envoie des courriels à ses amies autrices, espérant trouver dans ces échanges un peu de motivation.

Quand la jeune femme apprend qu'elle est enceinte, ses angoisses ne font qu'empirer. La maternité sera-t-elle un frein à sa création ? Où trouvera-t-elle le temps de tout assumer ?

J'étais un peu déconcertée au début par la construction de ce roman qui se lit plutôt comme un journal intime où il ne se passe pas grand chose.

« Journée d'hier à errer dans l'appartement vêtue de ma robe de batiste sans manches, tel le fantôme de ma grand-mère dans sa cuisine étouffante, avec mon ventre énorme. Impression d'être coincée dans un tableau de Vermeer. »

Cependant, la réflexion sur le processus de création m'a fortement intéressée. En effet, lorsqu'on admire une oeuvre, il est assez rare de nous interroger sur les doutes, les tourments ressentis par son auteur.

« On craint tellement de choses en tant qu'artiste et écrivaine quand on devient mère, j'écris à Sofia. Je me demande dans quelle mesure j'ai pu intérioriser tout ça. Ma pensée et mon écriture paraissaient plus sensibles et intenses que jamais avant la grossesse, et la grossesse n'a fait que tout magnifier. Malgré la lenteur et la lourdeur, je ressens une véritable force et lucidité. Je crois que je suis contente que ceci soit arrivé. Cette décréation. Cette récriture complète du moi. »

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À travers ce récit nous suivons une autrice en quête d'inspiration. Elle est censée rendre un manuscrit à sa maison d'édition alors qu'elle est en plein syndrome de la page blanche. Ce roman nous invite alors à la suivre dans sa vie, dans ses pensées.

Ce titre m'a décontenancé, je ne l'imaginais pas aussi poétique, aussi bienveillant, aussi inspirant. Au cours de cette lecture j'ai eu envie de prendre le temps d'observer les petites choses de la vie, de faire attention à de petits détails auxquels je ne prête aucune attention habituellement.
Je ne dirais pas que je me suis attachée aux personnages, en revanche je me suis attachée à tous ces détails que j'ai pu découvrir au fil des pages, à ce qu'il m'était raconté.
Ce roman a un petit quelque chose d'addictif qui fait que j'ai eu du mal à le lâcher.

S'il est aussi addictif ce n'est pas simplement grâce à son contenu, mais également grâce à sa forme. Dans une précédente critique j'ai relevé que je m'ennuyais assez facilement lorsque je lisais un titre descriptif, il me fallait des dialogues pour que le titre soit rythmé. Pourtant ici des dialogues il n'y en a presque aucuns et cela ne m'a pas dérangé bien au contraire. En fait la forme des chapitres est assez étonnante, certains durent 3/4 pages tandis que d'autres tiennent sur quelques lignes. Pour moi c'est ce qui permet d'apporter un certain rythme à cette lecture, l'auteure ne s'attarde pas sur des choses insignifiantes. Lorsque tout est dit nous passons à autre chose.

Il y a un autre détail que j'ai grandement apprécié, ce livre fourmille de références que ce soit à l'art ou à la littérature. Je ne connais rien à l'art alors je suis passée à côté de pas mal de référence cependant il s'agit de clins d'oeil intéressant qui ont permis d'intensifier ce côté poétique du roman.

Vous l'aurez compris, il s'agit d'une belle lecture que je recommande.
Je remercie Babelio et les éditions La croisée pour cet envoi dans le cadre de la masse critique.
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« Dérives » est le premier roman traduit en français de Kate Zambreno, autrice américaine . Mon attente est donc grande, et ma curiosité attisée.
« A l'été 1907, dans une lettre adressée à sa femme depuis Paris, le poète Rainer Maria Rilke médite sur les trois brins de bruyère placés devant lui, sur son bureau, dans un plumier doublé de velours bleu…. » Rilke n'avait jamais observé la bruyère d'aussi près et prend conscience que « si l'on vit mal, c'est qu'on aborde toujours le présent sans préparation, sans moyens et de la façon la plus distraite ». Je ne vais pas ainsi réécrire tout le livre, mais simplement proposer les premières lignes annonciatrices d'un opus atypique nourrit de références culturelles.

Devant l'angoissante page blanche, une autrice doit rendre un manuscrit à sa maison d'édition. L'inspiration, elle en a énormément, mais pas forcément sur le sujet attendu. Pour elle, tout est sujet d'écriture, surtout lorsque l'on puise son inspiration chez les plus grands auteurs et artistes.
de Kafka à Walser, pour les courtes descriptions de la vie courante, en passant par la peinture de Basquiat, s'imprégnant de la mélancolie des reproductions de « Melancolia I » la gravure de Dürer, s'entourant des oeuvres de tant de maîtres à penser ou à rêver, influencée par son chien Genet, attentionnée avec les chats errants, tout est source d'inspiration, tout est sujet à réflexions, de toutes natures, intimes ou universelles, celles qui construisent une vie et qui peuvent faire naître un roman.

Une forme déroutante avec de courts voire très courts chapitres sans titres, un itinéraire imprécis dans l'ambiance de Brooklyn puis le désordre dans le désordre pour la narratrice avec l'annonce de sa maternité... et pour le lecteur, c'est un livre plein de poésie, une invitation à explorer les oeuvres référencées, ce à quoi j'ai pris grand intérêt, ce qui m'a permis de mieux approfondir le sens de ce journal d'écriture.
Belle découverte pour ce roman servi par une traduction de qualité compte tenu notamment de la fluidité du texte et du respect de la syntaxe.

Lien : https://mireille.brochotnean..
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critiques presse (3)
SudOuestPresse
26 avril 2022
Par des fragments autobiographiques, la romancière américaine offre dans « Dérives » une réflexion puissante sur les enjeux de la création. Un vrai choc littéraire.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LaLibreBelgique
17 mars 2022
Alors que l’écriture romanesque se refuse à elle, Kate Zambreno noircit les pages d’un journal de création et d’inspiration.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Bibliobs
14 mars 2022
C’est intelligent et érudit comme un essai de Maurice Blanchot, mais incarné et vivant comme chez Maggie Nelson ou Deborah Levy. Aux questionnements métaphysiques, Zambreno mêle des considérations bien plus prosaïques et contemporaines sur la masturbation ou les loyers à New York.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je reste obsédée par celles et ceux , en littérature, qu'on se figure romantiquement en ermites, et les autres qui, parce qu'ils ne sortent pas de chez eux, passent pour des fous. Écrire, cette folie; ne pas écrire, cette autre folie. Walser, qui entra à la clinique de Waldau non pas dans le but d'écrire, expliquait-il, mais de devenir fou.
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Je songe aussi à Marianne Fritz, l’écrivaine autrichienne qui ne sortait pas de chez elle, entourée de tous ces bouts de papier, sans cesse en train d’écrire cette œuvre dense et de plus en plus indéchiffrable avec le temps. Je reste obsédée par celles et ceux, en littérature, qu’on se figure romantique ment en ermites, et les autres qui, parce qu’ils ne sortent pas de chez eux, passent pour des fous. Écrire, cette folie ; ne pas écrire, cette autre folie. Walser, qui entra à la clinique de Waldau non pas dans le but d’écrire, expliquait-il, mais de devenir fou.
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Cette femme a un petit quelque chose de ma mère, si du moins ma mère avait eu le loisir de vieillir. Peut-être du fait qu’on trouvait souvent ma mère accroupie dans le jardin devant notre maison de banlieue, où elle arrachait les mauvaises herbes, vêtue de son treillis. Lorsqu’il m’arrive de lui parler pour de bon, à cette femme, elle se rapproche, car je soupçonne qu’elle n’entend plus grand-chose – ce qui expliquerait également ses expressions toutes faites –, et elle découvre des dents dorées et cariées.
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C’est agaçant, ces crises liées au livre d’une autre. Les listes de titres qu’elle m’envoie, elle aussi. Tout ceci, bien sûr, n’est qu’une forme fervente de procrastination. Cet été-là, toi et moi avions toutes les deux une date butoir en ligne de mire – ton livre est sorti, aujourd’hui, il figure désormais sur toutes les listes des meilleurs livres. Moi, je n’ai pas bougé.
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La clé, c’est de m’efforcer de rester tranquille. La distraction qu’offrent les aboiements de Genet. Ses éructations régulières contre de possibles intrus
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