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Anne-Gaëlle Costa Pascal (Traducteur)
EAN : 9782842423063
435 pages
Éd. Circé (19/09/2013)
3.9/5   5 notes
Résumé :
Dame de cour dans le Madrid du Siècle d'Or, Maria de Zayas y Sotomayor (1590-1669) y publie en 1637 des nouvelles dont l'action se situe dans un monde de passions, de tentations érotiques et de vengeances sanglantes. L'œuvre raconte des histoires de femmes naïves trompées par des séducteurs cyniques ; de filles qui, contraintes pour des raisons obscures à se déguiser en hommes, finissent par en assumer les comportements ; de médiatrices qui trament dans l'ombre, de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cette nouvelliste du 17ème siècle, María de Zayas y Sotomayor, signe en 1637 un excellent et étonnant ouvrage, sous influence de la tradition littéraire italienne mais aussi celle de Cervantès, et rénove avec brio ce genre littéraire, faisant d'elle une belle signature du Siècle d'Or espagnol.

Un groupe de jeunes galants et de jeunes dames, au chevet d'une amie alitée, Lisis, double de l'auteur, évoquent ou sont à la source de plusieurs récits tout en nouant des relations amoureuses.
Le ton très diversifié n'est jamais affecté, les caractères sont brillamment plantés et María de Zayas fait preuve d'un talentueux sens de la fantaisise et du surnaturel enchâssé dans des situations rationnelles, n'hésitant pas à invoquer des évènements sombres avec une maîtrise romanesque remarquable. Les récits sont traversés par une écriture en tension, donnant une empreinte forte aux atmosphères tragiques de la narration.

Avec une sensualité et un érotisme tout en subtilité, María de Zayas y Sotomayor écrit dans un contexte social rigide et revendique dans ses textes une libération des conditions de soumission subie par les femmes. Ce qu'elle révèle surtout, c'est la possibilité que donne l'écriture de s'émanciper de tout ordre en transgressant les codes et les interdits sociaux et religieux, tout en respectant paradoxalement les grandes valeurs de l'Espagne d'alors : code d'honneur, respect des amitiés et punition des fautifs.
Car au 17ème siècle, on se libère mais pas de tout : il faudra attendre, pour pulvériser tous les codes, le siècle suivant et la pensée de Sade, puis ses héritiers repus de nihilisme du 20ème siècle et du suivant.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Après le souper, je l'accompagnai se coucher. J'attendis calmement que la maison sombrât dans le silence. Une fois mon mari profondément endormi, je me levai et m'habillai. Je pris son poignard, une lampe, et je montai dans le grenier, franchis la petite porte et pénétrai dans la chambre de don Luis. Son désir charnel assouvi, et malgré sa trahison, aucune culpabilité ne semblait perturber son sommeil qui était aussi profond que l'exigeait ma vengeance. Je visais le cœur et au premier coup de poignard, il rendit l'âme sans avoir le temps de demander grâce à Dieu. Je le poignardai encore cinq ou six fois avec rage et violence comme si chaque coup pouvait de nouveau mettre fin à son ignoble existence. Je retournai dans ma chambre et, sans me douter que cela puisse nuire à mon mari innocent, je remis le poignard ensanglanté dans son étui sans même le nettoyer, ni songer aux conséquences de mes actes, tant j'étais perturbée. Si la justice devait me rattraper, la vérité serait de mon côté et le crime du côté de Don Luis. Je mis tous mes bijoux dans une écharpe. Il y en avait pour plus de deux mille ducats. Sans bruit, je quittai la maison pour me rendre à l'auberge de Don Gaspar, où son valet m'annonça qu'il n'était pas encore rentré du jeu. Je patientai, dévorée d'angoisse, non pas à cause de l'acte que je venais de commettre, car je n'osais plus y penser, mais parce que j'avais peur que Don Gaspar ne m'aimât plus. J'espérais que ma présence règlerait tout et qu'il retomberait amoureux, comme avant. Il avait fait savoir qu'il me méprisait, mais je ne pouvais me résoudre à y croire.
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Texte de 1637, traduit pour la première fois en français en 2013, par Anne-Gaëlle Costa Pascal:

En vérité, la matière dont nous sommes tous composés, mélange de feu et de boue, ou amas d'esprit et de terre, n'est pas plus noble chez les hommes que chez nous. (...) notre âme est semblable à la leur, car les âmes ne sont ni le propre des hommes ni celui des femmes. (...) Si au cours de notre éducation, en place des coussins de dentelle à tisser et des ouvrages à broder, on nous donnait des livres et des précepteurs, nous serions aussi compétentes pour certains postes et certaines chaires que les hommes; peut-être serions-nous même plus vives d'esprit, puisque notre naturel est plus froid et que l'intelligence est une qualité humide. Notre sens de la répartie et les mauvaises intentions dont nous sommes capables l'illustrent parfaitement: tout ce qui est fait avec ruse, même si cela est condamnable, est signe d'intelligence. ( ...) A vrai dire, pour quelle raison ne serions-nous pas promptes à la lecture de livres? Toutes les femmes partagent mon inclination naturelle: à la vue d'un livre, neuf ou ancien, je délaisse ma broderie et ne le repose qu'une fois achevé.
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