Cette nouvelliste du 17ème siècle,
María de Zayas y Sotomayor, signe en 1637 un excellent et étonnant ouvrage, sous influence de la tradition littéraire italienne mais aussi celle de
Cervantès, et rénove avec brio ce genre littéraire, faisant d'elle une belle signature du Siècle d'Or espagnol.
Un groupe de jeunes galants et de jeunes dames, au chevet d'une amie alitée, Lisis, double de l'auteur, évoquent ou sont à la source de plusieurs récits tout en nouant des relations amoureuses.
Le ton très diversifié n'est jamais affecté, les caractères sont brillamment plantés et
María de Zayas fait preuve d'un talentueux sens de la fantaisise et du surnaturel enchâssé dans des situations rationnelles, n'hésitant pas à invoquer des évènements sombres avec une maîtrise romanesque remarquable. Les récits sont traversés par une écriture en tension, donnant une empreinte forte aux atmosphères tragiques de la narration.
Avec une sensualité et un érotisme tout en subtilité,
María de Zayas y Sotomayor écrit dans un contexte social rigide et revendique dans ses textes une libération des conditions de soumission subie par les femmes. Ce qu'elle révèle surtout, c'est la possibilité que donne l'écriture de s'émanciper de tout ordre en transgressant les codes et les interdits sociaux et religieux, tout en respectant paradoxalement les grandes valeurs de l'Espagne d'alors : code d'honneur, respect des amitiés et punition des fautifs.
Car au 17ème siècle, on se libère mais pas de tout : il faudra attendre, pour pulvériser tous les codes, le siècle suivant et la pensée de
Sade, puis ses héritiers repus de nihilisme du 20ème siècle et du suivant.
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