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EAN : 9782234080898
336 pages
Stock (10/03/2021)
3.92/5   37 notes
Résumé :
Rien ne les prédestinait à se rencontrer, sauf le hasard, qui joue aux dés.
Olivier Méri a débarqué à Beyrouth, sur la trace d’un orphelinat, et de dossiers anciens, qui le tourmentent. Il est photographe, un peu paumé. Alors qu’il espère un visa pour passer la frontière syrienne, il rencontre Axel Monvoisin, grand reporter français, qui négocie son prochain reportage. Une amitié imprévue va les souder, dans des montagnes et des régions secouées par la violen... >Voir plus
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Roman d'Alfred de Montesquiou.

Olivier est photographe. Venu de France, il cherche à rejoindre la Syrie pour en apprendre plus sur sa famille biologique. « Plutôt crever que de poursuivre plus longtemps cette vie de chien perdu. Il comprit qu'il n'avait pas le choix, il fallait qu'il continue l'enquête. » (p. 15) Pour atteindre Homs, il suit Axel, reporter habitué de cette zone en guerre. Ensemble, au départ de Beyrouth, ils traversent la frontière par les montagnes. À leur périple se joint Farid, nouvellement converti par amour pour Nejma, infirmière qui veut se rendre sur le front au nom de la guerre sainte. Sous les bombes et les tirs d'obus, Olivier découvre le pays de sa naissance : en retrouvant ses racines et en se sentant lié à cette terre, il n'aspire plus qu'à s'y fondre. Plus rien ne le rattache à la France, et certainement pas le succès immense que lui offre l'un de ses clichés de la guerre.

Cette histoire de quête des origines est intéressante, mais bancale selon moi. La motivation première du personnage passe sans cesse au second plan, ce qui est compréhensible tant la guerre est omniprésente. « La guerre, je crois que ça rend accro. C'est une came de merde. Aucune autre drogue ne sera jamais aussi puissante que l'adrénaline qui d'un coup fait jaillir en nous des sensations incroyables, notamment celle de vouloir vivre... » (p. 235) Et surtout, il est difficile de comprendre ce qui pousse vraiment Olivier vers la Syrie : à demi-mot, il évoque une famille adoptive avec laquelle il n'est pas en accord, mais cela manque d'épaisseur.

D'après le titre, le véritable protagoniste n'est pas Olivier, mais Nejma, et là encore il me manque un passé pour saisir toute la force de ce personnage féminin pourtant fascinant. Son mariage avec Farid est une incongruité et son comportement, toujours en équilibre entre deux mondes, aurait mérité plus de développement. Peut-être l'auteur a-t-il choisi de laisser des trous dans la mosaïque pour que le lecteur les comble. « le premier talent du photographe est encore de trancher. » (p. 7) J'ai fait de mon mieux, mais il me manque de la matière
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« Syrie. Ce berceau des civilisations, ce lieu de passage prédestiné, dont la richesse et la beauté ont retenu, sans les mêler, tant de peuples, cette terre où poussent avec une force ardente les croyances et les hérésies, déroute et confond. Je confesse avec humilité que les premiers temps de mon séjour à Beyrouth je ne comprenais rien aux propos tenus devant moi. Les allaouites, les achémites, les maronites, les sunnites, les Grecs orthodoxes, les chiites, le comité syro-palestinien, les bandits, les rebelles, les Druses, du Djebel et ceux du Horan, les Libanais, les Syriens, las Damascains, - et j'en passe – comment s'y reconnaître ? Il y a vingt-sept religions en Syrie. Chacune d'elles tient lieu de nationalité. Et les influences les plus diverses sollicitent moralement et matériellement ce chaos ». Joseph KesselEn Syrie

Comment ne pas repenser à ce texte écrit en 1926 par un lion véritable quand on découvre le roman éblouissant d'Alfred de Montesquiou, lui aussi grand reporter plongeant dans la littérature pour raconter l'aventure des hommes et du monde.

Depuis cette Syrie sous Mandat français, que d'eau a coulé dans l'Euphrate mais aussi du sang depuis l'arrivée d'un pouvoir clanique en 1970. « L'étoile des frontières » se déroule en 2013, deux ans après le début d'une guerre civile sans fin, une fiction dans la plus cruelle des réalités.

Photographe au regard sans objectif, Olivier Méri est à Beyrouth à la recherche de ses origines. Enfant adopté – probablement volé – il essaie d'obtenir des informations dans un couvent où règne la loi de l'impénétrable. Néanmoins, avec quelques informations obtenues à l'arraché, il n'a plus qu'un but, partir en Syrie malgré le climat des bombes. Au consulat de France pour obtenir un visa, il rencontre Axel Monvoisin, grand reporter au caractère intrépide, qui lui aussi négocie pour pouvoir entrer dans le territoire voisin. Finalement, ils vont partir ensemble sans savoir ce que le destin leur réserve. Destination Homs. Al'épicentre du chaos, ils vont s'infiltrer dans ce squelette de l'inhumanité où vivent encore des familles trop pauvres pour fuir, des rebelles et révolutionnaires luttant corps et âmes pour la liberté avec l'arrivée de troupes djihadistes sous la bénédiction d'un régime ayant parfaitement compris la stratégie « diviser pour mieux régner ». Avec eux, les accompagnent Farid, un jeune toulousain radicalisé et son incandescente femme Nejma.

Le Moyen-Orient, La Syrie, Homs. Une fiction qui rappelle des carnets, ceux de Jonathan Littel, probablement une lecture qui, près de dix ans plus tard, continue de me hanter.

Ce roman est dédié au plus des 500.000 victimes du conflit syrien et à deux photographes de presse : Rémi Ochlik et Olivier Voisin. Olivier Voisin est décédé après avoir reçu des éclats d'obus à Idlib et on se souvient du documentaire poignant fait pas ses amis « Témoigner, mourir ». Un an auparavant, c'était Rémi Ochlik qui succombait aux balles du régime. A Homs. Avec Marie Colvin. Comment ne pas se souvenir de cette histoire, là où Edith Bouvier fut sauvé in extremis et ce tunnel. Tunnel si présent dans le récit d'Alfred de Montesquiou. C'est là, la force des mots, des détails ; cette force qui ne fait pas oublier le passé et les vies arrachées dans toute l'espérance de la jeunesse.

Pour la plupart d'entre nous, c'est une guerre vue de plus de l'extérieur – je parle de la vraie guerre, pas celle que l'on essaie de mettre dans toutes les définitions. Ce roman, est la photographie d'une guerre vécue à l'intérieur, par une population mettant le curseur de l'instinct de survie au maximum et par des correspondants – de plus en plus rares – qui n'ont pourtant aucun concept ordalique en eux mais qui risquent leur vie pour informer, dénoncer, éveiller les consciences, rétablir la vérité, balayer les mensonges.

Dans son roman, le journaliste écrivain décrit avec lucidité et franchise la véritable histoire du régime de Damas et de ses actes, bien au-delà de ce qu'un Machiavel aurait pu imaginer. Les rebelles et révolutionnaires étant loin d'être des terroristes, se souvenir des premières manifestations à Deraa. C'est deux ans après le début des soulèvements que les organisations islamistes se sont infiltrées, rempart utile pour Assad et ses sbires. Sans oublier, l'utilisation d'armes chimiques, une ligne rouge devenue écarlate dans l'inaction internationale.

Quel hommage également envers cette jeunesse, ces femmes, ces hommes, aspirant à la liberté dans ces régions où le meilleur côtoie le pire et à cette immense générosité trop souvent occultée par les actes ignobles d'êtres manipulés par des hyènes assoiffés de pouvoir et de cruauté.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Dans son premier roman, Alfred de Montesquiou prend le recul que le grand reporter de guerre ne s'était pas encore permis pour parler de son expérience sur la guerre civile en Syrie, au-delà du témoignage journalistique. Autour des événements réels, il livre aux lecteurs son ressenti en construisant l'histoire de quatre personnes acteurs et/ou victimes de la guerre: Axel le parisien, reporter de guerre, Olivier le bourguignon élevé par hasard au sein des grands crus du chambertin, Farid et sa compagne Nejma enfants sans voix du trop célèbre quartier du Mirail à Toulouse.

Plus de trois cents pages racontent l'enfer de la révolution syrienne, la torture, les bombardements chimiques qui avaient alerté les dirigeants de la France et des Etats-Unis en 2013, bref, le concentré de la barbarie mise en oeuvre par le régime totalitaire de Bachar El Hassad contre le vent de liberté que portait l'espoir du Printemps arabe.

De ma position de lectrice, comme pour apaiser la violence de la situation, pour quelques secondes, je me surprends le besoin de resituer la nature de ma lecture, c'est un roman. Mais, hélas, c'est un roman vrai dans lequel les sentiments d'amitié ou d'amour, les émotions me rappellent que même au plus profond de la noirceur des hommes scintille toujours une petite étoile.

La plume du romancier, les événements documentés du grand reporter s'unissent pour compléter les connaissances du lecteur et aiguiser son jugement, tout en suivant quatre personnages attachants. Pour sublimer l'écriture, la photo de couverture en dit long sur ce qui va suivre.
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Joli titre, jolie couverture. Ce livre m'a fait de l'oeil dès que je l'ai croisé.
Nous partons à Beyrouth avec Olivier aujourd'hui photographe qui part sur les traces de sa mère biologique car il a été adopté et ne connait rien de ses origines. Alors qu'il espère un visa pour passer en Syrie, il rencontre Axel reporter de guerre. Ils croisent une étoile, Nejma. Un roman contemporain rythmé et très documenté, des personnages attachants en quête du sens de leur vie , des scènes de guerre vraisemblables et fortes. Un livre assez bouleversant.
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Roman "bonne pioche" du salon du livre du Prix Bayeux-Calvados-Normandie des Reporters de Guerre 2021.
L'auteur-journaliste utilise sans aucun doute son expérience (et peut-être aussi celles de ces collègues) pour immerger le lecteur dans le soulèvement en Syrie en 2011, à Homs, convoitée par les forces syriennes libres, l'armée d'Etat et les jihadistes d'al Nosra.
Avec sa parfaite maîtrise de la langue française, l'auteur nous entraîne au coeur des combats : nous suivons pas-à-pas le journaliste Axel, Olivier à la recherche de ses origines, et Nejma et Farid venus répondre à l'appel religieux ressenti; avec eux nous marchons dans la nuit entre les frontières et les lignes de front, nous nous faufilons dans les ruines et zigzaguons entre les tirs...
Le rythme est assez intense, les pages tournent vite et si quelques éléments sont prévisibles c'est que les personnages sont fidèles au portrait dressé par l'auteur, au rôle qui leur est attribué en quelque sorte.
Le roman offre au lecteur par cette immersion un tableau assez complet et clair de ce conflit complexe, à la fois querre civile et conflit inter-étatique, en montrant les agissements de chacun, sans complaisance pour aucun camp.
Il interroge aussi sur le rôle du journaliste et des médias dans les conflits : rapporter, mettre en lumière, intervenir, prendre parti, mais aussi faire la "une" et du chiffre côté rédactions, au prix de risques importants (cf. l'interrogation sur "cette histoire vaut-elle mon cadavre?")
en bref : une lecture intense sur le conflit syrien.

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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ces Syriens étaient comme les orages de leurs montagnes frontalières – entiers, imprévisibles, un soleil radieux succédant brusquement à la pluie la plus noire. Axel aimait ce peuple sans rancune, la violence et la simplicité de ses rapports. Le monde des guerriers arabes conservait intacte cette noblesse des compagnons de Lawrence d’Arabie, la vérité simple du charisme et du courage, la foi en la parole donnée, l’honneur.
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« Tu sais, c’est moche, la guerre. Les gens croient que c’est romantique, mais tu peux faire le tour du monde, c’est toujours la même chose. C’est comme au McDo. Tu penses qu’ils vont assaisonner les plats couleur locale, mais en fait, c’est partout le même goût de merde. » (p. 30)
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La souffrance et la folie ont ceci de commun qu’elles occultent le réel, l’éludent pour n’en faire qu’un décor où se joue un drame bien plus vaste. Olivier se persuada qu’enfin la vérité lui tendait la main. Juste là, en Syrie, n’attendant plus de lui qu’un geste de courage.
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« La guerre, je crois que ça rend accro. C’est une came de merde. Aucune autre drogue ne sera jamais aussi puissante que l’adrénaline qui d’un coup fait jaillir en nous des sensations incroyables, notamment celle de vouloir vivre… » (p. 235)
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« Plutôt crever que de poursuivre plus longtemps cette vie de chien perdu. Il comprit qu’il n’avait pas le choix, il fallait qu’il continue l’enquête. » (p. 15)
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Video de Alfred de Montesquiou (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alfred de Montesquiou
Alfred de Montesquiou vous présente son ouvrage "L'étoile des frontières". Parution le 9 mars 2021 aux éditions Stock.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2439483/alfred-de-montesquiou-l-etoile-des-frontieres
Note de musique : © mollat
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