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EAN : 9782848053202
192 pages
Sabine Wespieser (07/03/2019)
3.83/5   123 notes
Résumé :
Le soir du 9 novembre 1989, à Berlin-Est habituellement désert sitôt la nuit tombée, de petits groupes silencieux convergent vers les postes-frontières. Tous ont entendu, sur l’unique chaîne de télévision, le porte-parole du Parti bredouiller ab sofort, « dès maintenant », à la question d’un journaliste sur la date de l’ouverture du mur. Son invraisemblable réponse ne correspond pourtant à aucune décision du Comité central, réuni pour trois jours sur fond de manifes... >Voir plus
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«Ich bin ein Berliner»

À ses propres souvenirs de la chute du mur de Berlin Christine de Mazières vient ajouter les points de vue de différents acteurs, y compris ceux de l'ange Cassiel, conférant à ce moment historique sa dimension extraordinaire.

L'Histoire avec un grand H s'écrit souvent à partir de petites histoires, de faits qui semblent anodins, d'instants qui passeraient inaperçus s'ils n'étaient pas l'aboutissement d'un processus, le résultat d'un long cheminement. Christine de Mazières l'a parfaitement compris en construisant son roman. Elle nous raconte la chute du mur de Berlin en donnant la parole à des acteurs qui fort souvent ne se rendaient pas vraiment compte de ce qui se jouait ce 9 novembre 1989.
Prenez par exemple le cas de Günther Schabowski. le journaliste, membre du Politbüro doit rendre compte des décisions gouvernementales après la fuite de milliers de personnes via la frontière hongroise ouverte depuis mai vers l'Autriche. Egon Krenz, nommé quelques jours plus tôt à la tête de la République démocratique allemande – en remplacement d'Erich Honecker remercié après avoir été vertement sermonné par un Michael Gorbatchev pressé de voir sa nouvelle politique de glasnost (transparence en russe) essaimer – lui donne deux feuilles de papier sur lesquelles il a rédigé «le projet de réglementation sur la liberté de circuler» avant de s'éclipser.
Lisant le texte, il est tout autant ébahi et incrédule que le parterre de journalistes rassemblés pour rendre compte de l'action gouvernementale. Pressé de questions, il ne veut pas trop s'avancer mais, devant l'insistance des journalistes, il finit par lâcher cette phrase : «Cela s'applique… à ma connaissance… euh… dès maintenant, sans délai.»
Rendons-nous maintenant dans l'appartement de Holger et Karin, un couple de Berlinois qui vivent depuis des années sous ce régime. Ils ont, comme presque tous leurs compatriotes, déjà eu maille à partir avec la Stasi, la fameuse police politique chargée de contrôler toute attitude déviante et ont une confiance très relative dans leurs dirigeants. On imagine leur sidération en entendant Günther Schabowski. Mais à leur place qu'aurions nous fait? Sans doute la même chose qu'eux. Nous aurions voulu savoir si ce que la télé venait d'annoncer était vrai où il s'agissait de ce que l'on appelle aujourd'hui une fake news. Après tout, que risquent-ils à aller voir au poste-frontière si la barrière est désormais levée?
Il en va de même pour leurs voisins et pour des milliers de compatriotes. de toutes parts, ils affluent aux points de passage comme celui de la Bornholmer Strasse.
En face d'eux, le soldat Uwe Karsten comprend très vite que ses chefs sont pris de court, qu'il leur faut improviser, qu'ils essaient d'aller aux nouvelles, de demander des instructions précises.
Alors que le chef de la sécurité, le lieutenant-colonel Becker, s'étrangle devant cet amateurisme et ce manque d'anticipation, l'improvisation s'impose comme un ultime recours. On décide de tamponner les photos des passeports, signal que leurs possesseurs pourront passer à l'ouest mais aussi qu'on leur refusera de rentrer chez eux. Dérisoire tentative de conserver une once de pouvoir… avant de finalement lever définitivement la barrière, de mettre à fin à la division de la ville qui date du 13 août 1961. Si pas un coup de feu n'a été tiré, si les caméras du monde entier vont pouvoir filmer l'enthousiasme des Berlinois à s'attaquer au «mur de la honte», c'est peut-être grâce à Cassiel.
L'ange qui survole la ville dans le superbe film de Wim Wenders, Les ailes du désir, ne pouvait manquer dans ce récit. C'est lui qui en fait se substitue à la romancière qui dispose de tous les pouvoirs, qui voit la foule autant que chacun des individus, qui sait leur histoire et leurs motivations, qui tend les fils invisibles qui relient les uns et les autres. Anna la Française venue à Berlin négocier l'achat des droits de livres pour le compte d'éditeurs et Micha qu'elle a croisé à l'Est et dont elle a perdu la trace ou, à l'inverse ceux qui ont fui à l'ouest et rêvent de pouvoir retrouver les membres de la famille et les amis restés de l'autre côté.
Christine de Mazières réussit très bien à dire la charge émotionnelle et l'énergie formidable qui se dégage de ces Trois jours à Berlin. Sans doute est-ce aussi parce qu'une partie de ma famille a vécu à Berlin-Est et que j'ai moi-même vécu ces instants de retrouvailles que ce livre m'a tant touché. À l'heure de fêter les trente ans de la chute du mur, je conclurai avec John Fitzgerald Kennedy et cet extrait de son fameux discours de 1963: «Tous les hommes libres, où qu'ils vivent, sont des citoyens de Berlin. Par conséquent, en tant qu'homme libre, je suis fier de prononcer ces mots: Ich bin ein Berliner!»


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Trois jours à Berlin, les derniers d'une époque où la ville, séparée en deux par le mur, symbolisait les relations Est/Ouest et la guerre froide.
A l'Ouest, la liberté et l'opulence. Ou, pour 'le parti', l'oppression capitaliste et le fascisme.
A l'Est, les restrictions, la surveillance de la Stasi, la délation. Ou, pour 'le parti', une oeuvre commune pour un monde plus juste.
Tout est question de vocabulaire, en politique.

Dans ce récit, on rencontre des Ossis et des Wessis, des membres du parti, des familles éclatées, mais aussi Anna, une Française fascinée par le pays, et même un ange, qui assiste à tout cela de là-haut.
A travers quelques destinées individuelles brièvement relatées, l'auteur franco-allemande évoque la vie à Berlin, de l'édification du mur en une nuit (en août 1961) à sa chute, aussi rapide, le 9 novembre 1989. On sent l'espoir, les craintes de répression et d'un repli brutal, on voit des soldats désemparés, on regarde ému(e) cette foule en liesse, les petites Trabant s'aventurer de l'autre côté, et des voisins - qui ne s'étaient jamais vus - s'embrasser.

J'ai beaucoup apprécié sur environ cent pages. Mais la polyphonie devient lourde et le récit confus - peut-être trop politique, technique ? Je me suis lassée, et si la fin m'a émue, elle m'a également frustrée.

A compléter avec d'autres ouvrages qui montrent que la chute du communisme n'a finalement pas été facile pour toutes les populations de l'Est (URSS et autres pays), malgré les espoirs : 'Léna' (Virginie Deloffre), 'Il était une fois dans l'Est' (Audren), 'Strada Zambila' (Fanny Chartres), 'Mes deux Allemagne' (Anne-Charlotte Voorhoeve), 'Toute seule loin de Samarcande' (Béatrice Deru-Renard), etc.
Et quelques films sur l'avant et/ou l'après : Good Bye Lénine (Wolfgang Becker, 2003), La vie des autres (Florian Henckel von Donnersmarck, 2006).

• sélection Cézam 2020 •
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Qu'est-ce qui réunit Micha, dissident et fils d'un éminent membre du parti communiste de RDA, Anna, la jeune française, le lieutenant-colonel Becker, en poste à l'un des check-points sur le mur de Berlin, Lorenz, qui a fui la RDA avec sa mère, Gunther Schabowski, le porte-parole du parti communiste de RDA, et tous les autres ? Ils sont tous à Berlin ce 9 novembre 1989 où l'avenir de l'Allemagne bascule.

Par la voix de ses multiples personnages, Christine de Mazières nous fait partager de l'intérieur l'envie et l'impatience de se retrouver des deux côtés du mur de Berlin, l'angoisse de se faire piéger par la police politique (STASI), l'égarement des dirigeants annonçant imprudemment que le mur va s'ouvrir, et que la décision s'applique "dès maintenant", l'enthousiasme quand l'heure des retrouvailles arrive...

Michel Fugain aurait chanté : "C'est un beau roman, c'est une belle histoire". Belle, l'histoire l'est assurément. Si le roman se laisse moins facilement conquérir, ce n'est pas la faute à l'écriture, à la fois riche et simple, sans fioritures inutiles. Ce sont plus les personnages secondaires, un peu trop nombreux, qui viennent détourner l'attention du lecteur ; l'auteur aurait pu simplifier un peu et se concentrer davantage sur les personnages principaux, qui donnent déjà beaucoup d'épaisseur au texte. Et c'est vraiment le seul reproche que je ferai à ce court roman.
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Le 08 Novembre 1989, la ville de Berlin est séparée en deux par un mur. La RFA se trouve à l'Ouest, et la RDA à l'Est. La RFA est rattachée à l'Europe occidentale et la RDA à la zone soviétique. Des postes-frontières surveillent. Personne ne peut passer de l'autre côté sans autorisation.
Dans la nuit du 09 au 10 Novembre 1989, une foule se réunit des deux côtés du mur, dans le calme et le silence. On hésite, on doute, on ose. Car, la veille, un porte parole du parti annonce à la télévision l'ouverture du mur avec effet "immédiat". Aucune autre information n'est donné. du côté des surveillants, il n'y a aucune instruction. La police est absente. L'armée est injoignable. Alors, tout naturellement, les portes du mur s'ouvrent. Les gens circulent, d'abord timidement, puis c'est l'euphorie. On pleure de joie, on y croie pas.

Christine de Mazières raconte ces trois jours où l'Allemagne ne devient plus qu'une, rassemblant une nation entière, des familles séparées depuis des décennies et tout cela devant les caméras du monde entier.

L'autrice nous parle de cet événement majeur qui fait partie de l'histoire européenne à travers les yeux de plusieurs personnages. Cassel, Micha, Anna, Lorenz et tous les autres vivent cette nuit comme un rêve.

Il y a notamment, Anna, française, qui s'est déjà rendue côté Est il y a quelques années pour y rencontrer Micha, une rencontre brève. Elle ne pouvait pas rester longtemps. Sa venue était suspicieuse et contrôlée. Micha est un jeune allemand de l'Est. Il n'est pas heureux et a déjà tenté de fuir de l'autre côté, en vain. Résigné, il vit au jour le jour, sans projets. L'espoir n'est plus.

Les personnages ont leur propre histoire. Ce sont des femmes, des hommes et des enfants, des frères et des soeurs, qui sont séparés depuis la division de l'Allemagne. Alors que certaines familles ne vivent qu'à quelques mètres, elles ne peuvent plus se voir. A l'Est, c'est le communisme. La Stasi veille, surveille, arrête, menace, sème la terreur. La vie est sombre, la population est soumise et éteinte. A l'Ouest, c'est la liberté, la société de consommation, la libre circulation européenne. le monde est coloré, vivant et joyeux, en pleine évolution.

Christine de Mazières alterne les impressions et les émotions que procurent cet événement. de l'incompréhension à l'effusion de joie, l'autrice revient simplement et sans jugement sur ces trois petits jours qui ont tout changé. En seulement quelques pages, on suit tout l'espoir de ces personnages. C'est beau, c'est essentiel. C'est une lecture qui permet de se souvenir de la réunification grâce à un texte juste et sensible.


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Le 9 novembre 1989 fut un jour particulier pour les Allemands, en particulier ceux de Berlin-Est. Ils purent à nouveau se rendre librement à l'ouest, ce qui marqua pour la plupart d'entre eux la fin d'un enfermement, tant au sens propre qu'au sens figuré. Quelques allemands de l'Est qui avaient profité du système s'inquiétèrent cependant de ce changement, qui pouvait augurer de la fin de leurs avantages, voire pire…

L'auteur présente les réactions de quelques personnages durant les jours entourant cet événement généralement désigné comme la 'chute du mur'. A travers leurs regards variés, elle montre l'enfer créé par la dictature communiste en RDA avant la généralisation des conséquences de la perestroïka initiée par Michaël Gorbatchev en 1985.
Etonnons-nous, et réjouissons-nous, que cette libéralisation se soit effectuée sans effusions de sang immédiate - la suite de l'Histoire des pays de l'Est est plus compliquée.

Un court et bon roman, même si j'ai trouvé que le récit s'essoufflait un peu à la fin.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
INCIPIT
CASSIEL
Ils arrivent par petits groupes, silencieux. Comme des badauds, les poings dans les poches, mine de rien. De toutes les rues, ils affluent vers le poste-frontière de la Bornholmer Strasse, curieux et pourtant timides. Pendant le dîner, comme tous les soirs, ils ont regardé les nouvelles sur l’unique chaîne de télévision. La conférence de presse internationale après les réunions du Comité central est retransmise comme d’habitude dans l’émission Aktuelle Kamera. Sur l’écran apparaît, assis au podium, le porte-parole du Parti, cheveux gris, costume gris avec l’insigne rouge à la boutonnière. Il émane un ennui incommensurable de toute sa personne, comme s’il n’était pas sûr lui-même d’être là, accoudé à cette table nappée de gris, devant un micro et un parterre de journalistes réprimant des bâillements. Lui-même a l’air congestionné de celui qui lutte contre la contraction des muscles de la face et du diaphragme. Il sort enfin un papier de sa poche et semble découvrir ce qu’il lit. Aussitôt, un journaliste demande, à partir de quand?
L’homme gris hésite, les yeux sur son papier qui ne lui apporte pas de réponse. Il a le front luisant. Pourquoi ne lui a-t-on rien dit? Un fonctionnaire du Parti n’aime pas improviser. Tous les regards convergent vers lui. Les respirations sont suspendues. Vite, combler le silence pour éviter la catastrophe. Il prend alors un air dégagé et, parce qu’il ne peut quand même pas inventer un délai qui ne figure pas sur son bout de papier, il répond, comme une évidence, ab sofort, «dès maintenant». Et il ajoute, faussement assuré, unverzüglich, «sans délai». À ces mots, un tumulte de questions s’élève. Un morceau d’histoire est en train d’émerger de cette petite phrase qu’il s’étonne lui-même d’avoir prononcée. Il regarde un instant autour de lui. Il pense appartenir au petit cercle qui détient la vérité, à ceux qui peuvent faire le bonheur de tous. C’est si rassurant d’être dans le vrai, dans le sens de l’histoire, du bon côté, il ne faut surtout rien changer. Il connaît sur le bout des doigts son catéchisme et ne sait pas penser au-delà, ni autrement. Il ne peut pas concevoir ce qu’il vient de faire. Le bureaucrate vient de déclencher une révolution pacifique, il vient d’ouvrir le mur de Berlin et ne le sait pas encore.
Toute cette douceur que les hommes cachent au fond de leur cœur, toute cette douceur dont ils ont peur. Je suis entré un instant par la fenêtre chez les Brandt. Holger et Karin viennent de lâcher leurs fourchettes. Dès maintenant? Ils se regardent, incrédules. Qu’a-t-il dit? Sans délai? Tu l’as entendu, toi aussi? Ils se lèvent. Dans la chambre, les enfants sont endormis, les cartables au pied de leurs lits. Leurs souffles réguliers emplissent l’ombre mauve de tendresse. Je me penche sur eux pour leur insuffler de beaux rêves. Holger murmure: On y va? Il craint que Karin ne le traite de fou. Mais elle referme doucement la porte de la chambre et le regarde.
Ils prennent leurs manteaux et sortent. Cela ne prendra qu’un instant. Quel jour sommes-nous? Jeudi 9 novembre. Oui, il ne faudra pas trop tarder, la semaine n’est pas finie. Le poste-frontière de la Bornholmer Strasse est au coin de la rue. Ils veulent en avoir le cœur net. Comme des enfants ayant peur de commettre une bêtise, ils se donnent la main. La nuit est étrangement calme. Une brise légère fait chuchoter les feuilles jaunies des peupliers comme une caresse d’espoir. La bruine crée un halo flou autour des lampadaires.
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Bien plus tard, j'ai appris qu'on avait été rachetés, maman et moi. (...) Quand la RDA est à court d'argent, elle laisse sortir quelques candidats au départ ou expulse des prisonniers pour les vendre à l'Allemagne de l'Ouest. Un tarif est fixé par tête, comme du bétail. Bonn [capitale de la RFA] paie, au nom de la détente et de l'Ostpolitik. Une aubaine pour Honecker, Krenz et leur bande : ils se débarrassent des gêneurs, libèrent des logements, vident les prisons et gagnent des millions en bonne monnaie de l'Ouest. Une excellente affaire. Il paraît que l'argent alimenterait un compte spécial pour acheter à l'Ouest des produits de luxe pour la nomenklatura et des produits dopants pour les athlètes.
(p. 45-46)
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Quand la vie tourne comme une salle d'attente, quand les hommes finissent par se taire par dégoût du mensonge, lire est un refuge. En toute logique, l'imagination devrait être sous haute surveillance, et les livres de fiction, interdits. Après tout, lire des romans est improductif, c'est une perte de temps, qui procure une forme d'évasion de l'esprit nocif à l'endoctrinement. Et pourtant, le Parti n'a pas proscrit toute la littérature. C'est étrange, à bien y penser, que de laisser les citoyens s'étourdir de poésie, de drames et de comédies, de contes et légendes, de romans policiers et de science-fiction, de dystopies et d'uchronies. Et on s'échange les livres interdits sous le manteau. Toutes ces heures passées à oublier l'Etat des ouvriers et des paysans en lisant, toutes ces heures à s'évader par l'imagination. Dans nul autre pays au monde, on ne lit autant. p. 147
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Au milieu de la nuit, la frontière s'est ouverte et une longue file de Trabant et de Wartburg est arrivée de Pötenitz, un défilé ininterrompu de petites voitures sortant lentement de l'ombre, sous les applaudissements de gens venus de Lübeck et des alentours.
Des mains sortent des voitures, des mains que saisissent d'autres mains au bord du chemin. J'aurais voulu voir leurs visages, à ceux qui découvrent une haie d'honneur d'inconnus qui les applaudissent. J'aurais voulu voir leurs visages, leurs yeux étonnés, mais je n'ai vu que des mains, des forêts de mains ouvertes. J'ai pleuré devant la télévision.
(p. 186)
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La vie ici est si prévisible. Du berceau au cercueil, l'Etat veille à tout. Il offre à chacun une vision du monde toute prête, qu'il suffit d'apprendre par cœur et de réciter. L'homme n'est rien, la société est tout, et le Parti, au-dessus de tout. La mégalomanie des hommes est sans limite. Mais, derrière les grandes paroles agitées, ils découvriront bientôt, dans les caves de la Stasi, les montagnes de misérables fiches et, délire suprême, les milliers de fioles contenant l'odeur de chaque suspect, conservée à partir d'un sous-vêtement dérobé et destinée à des chiens dressés pour retrouver leur trace.
(p. 146-147)
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