Ce que j'ai ressenti:
« Parfois, la douleur est la seule voie vers la délivrance. »
Je suis allée aux abords de la frontera. Et j'ai écouté. le sang, les fantômes et le sourire du diable. de part et d'autre de cette frontière, j'ai écouté l'énergie du désespoir. Ce sont autant de chants qui s'entrecroisent, se mêlent, s'emmêlent, se répondent, s'apprivoisent et puis s'éteignent. Un envahissement. À rendre fou. Mais tant qu'à être vivant, même entourés par la mort, il faut comprendre que cette frontera, est un lieu d'angoisses, de contrebandes, de trafics et de banditisme. Un territoire de dissymétries où le chaos s'insère impunément. Un carrefour de capital, de services, de croyances et de cultures qui s'affrontent avec fureur. J'étais là, fragile, au milieu des cadavres, des cris et des vengeances, à les regarder se livrer une guerre sans merci sur le seuil de l'enfer. J'aurai voulu que le chant de la Mère me traverse moins fort, que
Les lamentations du coyote me laissent un peu d'espace, que l'Inmaculada desserre son étreinte sur mes os, que Alma fasse un bruit plus diffus, que les pleurs des enfants s'envolent…Mais c'était sans compter sur la plume puissante de
Gabino Iglesias qui encore une fois, décide de rien nous épargner de l'horreur de la violence à la frontière nord-sud américaine, dans ce Barrio noir survolté. Il nous fait entendre dans ce roman choral, les voix des indésirables qui s'y pressent jusqu'à y perdre, au mieux, la raison. C'est ce qui va m'empêcher de dormir désormais, les cauchemars qui se glissent dans les fissures, ces âmes perdues qui, fondamentalement convaincues de la force du Bien, se battent pour la justice envers et contre tout. Malgré les loups, la politique, l'homme orange, la Muerte qui traînent leurs maléfices, ils continuent, ces indésirables, leurs combats contre le Mal, dans l'indifférence totale du monde, et c'est ce qui va me briser le coeur, assurément…J'aurai beau discuter avec le diable, il paraît qu'il ne veut rien entendre du trafic d'enfants, j'aurai beau prier la Santeria ou la Virgencita, les créatures assoiffées de sang continueront d'affluer, j'aurai beau rire, pleurer, chanter, la mort va quand même rendre son parfum caractéristique sur les abords de la frontera. En fait, j'aimerai délivrer, comme le coyote, des mots et des enfants, avant que le silence ne recouvre tout. Ça sera un espoir. Quitte à être en souffrance, autant que j'en éprouve au moins le désir, ça sera ma manière d'être une onde d'énergie, en lançant un cri vers le ciel. Donc, il me reste à vous écrire que
Gabino Iglesias a réussi un chaos splendide, empreint d'émotions, de vibrations et de lamentations qui vous retournent les tripes. Je vais aller m'asseoir maintenant et fermer les yeux, écouter mon sang, écouter la mort, faire une ou deux prières pour eux. Les indésirables qui suivent leurs coeurs et donne à l'avenir, un mélange de lumières scintillantes malgré le tableau noir…
Ma note Plaisir de Lecture 9/10
Lien :
https://fairystelphique.word..