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EAN : 9782232145445
Editions Seghers (27/10/2022)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Un livre illustré de photos et de dessins originaux qui propose une approche collective, multiple, texte et image, pour percer le fameux mystère Monk.

Il y a quarante ans, le 17 février 1982, disparaissait l’une des figures essentielles du jazz : Thelonious Sphere Monk. Poète de l’essentiel, il a écrit quelques unes de plus belles pages du jazz moderne avec Charlie Parker, Miles Davis, Sonny Rollins et John Coltrane. Le pianiste est singulier, le comp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
MYSTÈRE MONK, sous la direction de Franck Médioni, Editions Seghers, octobre 2022*****
MASSE CRITIQUE janvier 2023

Un énorme Merci à la Masse Critique de Babelio et aux Editions Seghers pour ce précieux cadeau !

VERTIGE en plongée, j'y suis restée, plus de souffle pour remonter à la surface, je vous écris des profondeurs du Mystère !
Face à face, de près, de très près et de très loin, avec Thelonious Monk sur un parcours de 360 pages dont je suis imprégnée.
Détails intimes d'un visage où le silence se fait entendre par ce qu'il a de plus secret, voyage à fleur de peau dans ce qui se passe profondément à l'intérieur ... presque indiscret mais sur la pointe des pieds, rencontre avec son regard qui va au-delà d'un je ne sais quoi, regard sur les coups de pinceau dans lesquels je sens l'ours aux ailes de papillon, la danse de l'encre emporte quelques notes en quête de liens, l'épaisseur d'un trait se mue en assurance, force, maîtrise de ce qui nous échappe aussitôt, une fumée de cigarette, noir et blanc comme sobriété ou contraste, comme contraires en fusion, comme intériorité et forte lumière, rouge, celui peut-être d'une explosion expirée jusqu'à l'épuisement, une coulée d'encre une goutte de sang ou de sueur qui porte en elle ce qu'un mot ne peut pas dire et plusieurs pourraient la tuer…, photos gros plan, en plongée sur les mains et les touches du piano, que feraient-ils l'un sans l'autre ,... les mains encore aux doigts qui cherchent, embrassent, aiment et créent.
Ça commence par ce qu'il nous dit « comment pourrais-je être différent de ce que je suis ? » et pour développer, rien de mieux que le dessin, la peinture et des mots, des souvenirs qui s'en font accompagner ou bien l'inverse, des fouilles dans la nuit, des instants attrapés au vol saisis dans leur fulgurance, touchés à ce qu'ils ont de plus fragile et inavoué, de plus mystérieux, contradictoire, surprenant, infiniment attachant.
L'ouvrage est structuré sur les périodes chronologiques de sa vie, chacune ponctuée par des textes de ceux qui l'ont connu, qui en ont fait l'expérience, qui en restent marqués, qui avouent leur amitié et leur reconnaissance ; de loin ou de près la touche Monk reste indélébile, elle inonde et féconde crée le désir, profondément ancré, d'en jouir, de la préserver et de la transmettre.
Quelques grands l'ont connu, Miles Davis, Bud Powell, John Coltrane, Dizzy Gillespie, des passionnés de sa musique l'ont écouté jusqu'à s'en laisser inonder, en overdose, jamais assez, d'autres encore l'ont pris pour l'accordeur qui faisait son boulot entre deux concerts, et encore d'autres, n'aimant pas sa peau, lui ont infligé les coups de leur haine qui les empoisonnait.
Monk est ici et ailleurs, familier et lointain, surgit de nulle part quand on s'y attend le moins, virtuose d'une incomparable complexité il « ose être lui-même » en étant « « à côté de lui-même » p.13, une force brute « il faut se tenir sur le qui vive à tout moment »p.15, à la recherche d'une note, d'une harmonie, d'une réplique, avec acharnement, peine et soif, une goutte de sueur s'écoulant sur son front parle tout bas d'une beauté qui ne se laisse pas définir, garde jalousement son secret. « Monk est massif, mutique, mystérieux » p.17, il est « aussi précis que lointain » p.17. Cet album lui rend hommage par des traits cadencés, détournés, rythmés, nerveux, secs et syncopés, images photos, souvenirs d'un regard ou d'un instant qui a marqué, images de pinceaux qui ont saisi, l'espace d'un moment, le plus profond, non dévoilé.
« Scrupuleux et fou à la fois » p.83 Monk agrandit l'espace, celui qui l'habite et celui qu'il habite, son corps est rythme et mouvement, une continuation de la musique, son incarnation .
Monk en dissonances et silences, l'instantané saisi dans sa fulgurance, Monk un sursaut dans le temps, une leçon de jazz, un sculpteur de silences.
Une invitation, une des plus belles, à aller vers Monk, à l'attendre où il ne compte pas venir, car il viendra un jour, à respirer avec lui au risque d'une syncope, à lâcher son corps entier dans les bras des notes à chercher avec lui.
Peintres, dessinateurs, musiciens, écrivains l'ont connu, ou seulement rencontré, l'ont écouté et ont été saisis, ils en parlent en mots de souvenirs, d'expériences uniques, de moments où certaines écorchures sont devenues encore plus douloureuses et ça a fait du bien, des moments où les silences racontaient, comme les nuages, des histoires pour remplir le ciel, sans fin aucune, car il n'y a pas de fin. Monk est sur le chemin, il cherche toujours, sans fin.
Mystère Monk, Mr. Monk météore, jongleur, créateur, facétieux, sibyllin, paradoxe de clairs mystères, musique de silences féconds.
Le fil conducteur de l'album, suit une chronologie précise et elle, amoureuse des chemins de traverse d'une vie de musique et de silences de cathédrale ouverts à tous les fidèles, devient une arborescences d'une multitude de branches, sentiers et pas de côté, impressions, retours dans le passé, expériences uniques, apprentissages, la reconnaissance d'un grand maître, un ermite dont la musique nourrit notre attente, la remplit à chaque fois du nouveau, l'imprévu qui va arriver.
Merci encore à la Masse Critique Babelio et aux Editions Seghers pour ce magnifique album qui ne dévoile pas vraiment le mystère Monk mais nous invite à aller le chercher et l'aimer.
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"Mystère Monk" (signé Franck Médioni*, Seghers Ed., 2022) est un livre de toute beauté consacré à un pianiste US de jazz, Thelonious Monk, qui marqua le genre d'une empreinte conséquente, indélébile et durable, intemporelle et mystérieuse. Retour sur sa vie (1917-1982), son oeuvre, son art à nul autre pareil, son renom, son influence et sa postérité, son génie et sa singularité.


L'ouvrage est copieux (Ô combien..!); il est présenté sous la forme d' un collectif d'auteurs tout du long de 360 pages grand format, grand luxe; on y trouve un taf impressionnant de photos de qualité (principalement en noir et blanc); une pléthore de textes brefs ou abondants, judicieusement argumentés; une centaine d'illustrations originales pleines pages jaillissent comme autant d'interludes graphiques inspirés. En tout: 200 participants (écrivains, poètes, journalistes, peintres, dessinateurs, musiciens, critiques, scientifiques ... etc). Chaque intervenant apparait selon son envie, son ressenti, sa façon de percevoir les choses et de les présenter: billets brefs et éphémères (voire éthérés) et articles de fond (souvent érudits). Lus bout à bout, perçus et brassés comme autant de ressentis parallèles croisés, cette myriade d'articles imbibés de la subjectivité des opinions de chaque intervenant, tissent de Monk un portrait sans cesse changeant à l'égal d'un mystère à résoudre, d'un mirage mouvant qui se résorbe et se reconstruit plus loin (énigmatique toujours autant) au fur et à mesure qu'on s'en approche à nouveau.


En somme "Mystère Monk" est un énorme livre-puzzle (lire un OLNI**) qui, construit de pièces agglutinées, juxtaposées, emboitées, dévoile peu à peu de l'homme et du musicien un impressionnant portrait polyphonique tissé de mots mais aussi d'images (et en background, de notes de jazz immortelles). Un défi titanesque (pari réussi) que celui-ci, un projet dense et complexe, un rien touffu; une ambition folle autour d'un personnage énigmatique, atypique et difficilement catégorisable. Chapeau..!


Thelonious Monk, sur le fil tendu entre les billets successifs, se dessine peu à peu comme un voisin venu d'ailleurs. C'est un homme (et un musicien) définissable comme légèrement uchronique. On le sent, hors de son temps, en passager clandestin d'un monde, le notre, qui n'est peut-être pas/plus vraiment le sien. Il se montre artéfact jazz venu d'un univers musical E.T. parallèle où les règles pianistiques sont légèrement différentes et en conséquence déroutantes. C'est un compositeur-interprète (il reprend aussi des standards jazz en y apportant sa patte) à la croisée des parallèles entre normes d'un côté et divergences de l'autre. Monk: un jazzambule décalé sur les lignes de partitions musicales inattendues et inhabituelles, un pas de côté, au bord du vide insécure, le suivant stable et conforme aux attentes. C'est un musicien hésitant/oscillant sur d'autres fils, les siens propres, des déviations plein la tête. D'où les dissonances, les silences déroutants, les impasses, les déviations, tout un code de musique en Terra Incognita. Notes cassées, brinquebalantes, ferraillantes, percussives, griffures sonores, comme jaillies de touches désaccordées, frappées par inadvertance alors que, par malice, délicatement choisies. Phrasés brutalement discordants, quelques notes abruptes, comme en accrocs accidentels en coeur de mélodies pourtant minimalistes.


Thelonious: un drôle de prénom. Un drôle de patronyme, tout autant: Monk. Une identité accolée à "Sphere" (Thelonious Sphere Monk) qui était une approximation du nom de sa mère (Speer). Un homme de belle taille (1m95m), une silhouette massive, l'image d'un ours pataud qui surplombait son piano comme d'une ombre enveloppante et frappait les touches comme le ferait un percussionniste. Bienvenue en pays jazz be-bop; 88 touches de piano à dispo du coeur de l'âme d'un génie jusqu'au bout de ses doigts courts, boudinés et bagués. 52 blanches, 36 noires, de quoi nourrir les multiples univers sonores qui mijotaient sous ses couvre-chefs de formes diverses qu'il affectionnait. du jazz plein la tête, des fourmis-croches plein les doigts. La danse de l'ours bougon quand çà swinguait à l'apex jouissif des concerts. Un doigté percussif, des notes frappées, martelées, cassées. Des dissonances calculées, programmées, supposées à l'instinct alors qu'elles n'étaient que, tout simplement, savamment mûries et anticipées. On aime/on n'aime pas. On oublie/on en redemande. L'auditeur est indifférent, voire férocement critique ou addict. ON/OFF, pas d'autres alternatives.


Un corps souffrant, une tête foutraque bipolaire, comme en vadrouilles ponctuelles de moins en moins éphémères, un exil social (qui a dit doré ?) de dix ans, une fin de vie en cul de sac, en terminus brutal et programmé. le silence, presque total soudain. One Way..!


J'avais récemment croisé Thelonious Monk et la baronne Nika Pannonica de Koenigswater à Cathouse*** entre les pages de Viper's dream de Jake Lamar aux éditions Rivages/noir. "Mystère Monk", signé Franck Médioni, m'a permis de rester dans l'ambiance musicale d'alors, de m'immerger, hors polar noir maffieux, dans la véritable Histoire du jazz new-yorkais des années be-bop et d'entrevoir, au-delà de Monk, les grandes figures du genre: Miles Davis, Duke Ellington, John Coltrane, Charlie Parker en studio, sur scène, dans leurs vies quotidiennes, dans leurs interactions fécondes … Toutes ces guest-stars étaient accompagnées de la foultitude de jazzmen qui, dans l'ombre, portèrent certaines étoiles au firmament de la musique noire. Sacré casting que celui offert par Médioni, Monk en figure de proue, une myriade de guest-stars dans son sillage ou dans leurs rôles propres. Lire "Mystère Monk" comme une promesse de voyage merveilleux en pays de jazz éternel, si ce n''est pas du bonheur, çà y ressemble beaucoup ..!

*: j'avais lu, apprécié et chroniqué sa "Biographie" de Miles Davis.
**: Objet Livresque Non Identifié
***: Héritière Rothschild, mécène du jazz noir new-yorkais, Nika habitait « Cathouse », une grande maison sur l'Hudson où elle hébergea une centaine de chats, des musiciens dans la dèche pour une nuit, pour une vie (Thelonious Monk) ou pour y mourir (Charlie Parker).

Merci Babelio, Masse Critique, Franck Médioni, Seghers Ed.

Lien : https://laconvergenceparalle..
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Je Monke aux rideaux !

D'abord, il faut savoir que je suis pianiste amateur depuis plusieurs décennies, que j'adore le jazz et que je suis en possession d'une vingtaine d'albums de Thelonious Monk (collaborations incluses).
La plus inspirante des façons de parler de Monk, c'est de l'écouter à l'oeuvre. Je crois qu'on peut choisir comme entrée l'album « The Blue Note Years - The Best Of Thelonious Monk » (à condition d'apprécier le vibraphone de Lionel Hampton ! Moi, j'ai eu du mal au début...), puis l'album « Brilliant corner » éventuellement.
Dans ce livre de toute beauté (couverture, mise en page, photos, iconographie, qualité du papier) interviennent par touches successives une ribambelle d'intellectuels et/ou de musiciens plus ou moins qualifiés ou aptes à cette tâche.

Certes, comme l'affirme Lewis Porter (p.68), Thelonious n'a pas inventé ce style heurté, mais il est le premier et seul pianiste de jazz à pousser le curseur aussi loin, d'un seul coup, et à en faire un système aussitôt identifiable. Son jeu est un oxymoron, à la fois dissonant et pourtant mélodieux malgré tout.
Lorsque j'ai envie d 'écouter et de vivre « autre chose », je prends une dose de Monk ; Monk est tout simplement une alternative à toute expérience, à tout autre musicien.
T.Monk n'est pas mon instrumentiste préféré du XXè siècle, il crée une tension que je ne peux pas supporter pendant plusieurs heures de suite. Mais j'y reviens souvent, comme désireux d'un moment de subversion. de plus, il joue de façon plus staccato que legato, or, moi, j'adore les gâteaux... (tout ça pour ça...).

Je cite André Hodeir qui lui-même cite Miles Davis : Il faut être Miles Davis pour avoir le courage de craindre Monk : « J'aime sa manière de jouer, dit Miles, mais je ne puis jouer avec lui. Il ne vous donne aucun appui. »

Les témoignages ou les quêtes de compréhension de la musique de Monk sont un peu répétitives dans leur façon d'exprimer sa singularité, qui s'expliquerait d'après certains par son absence d'influences par la musique de tradition occidentale. Il me semble cependant impossible qu'il ait échappé à cette influence : d'abord, Thelonious ne vient pas de tomber du bateau en provenance d'Afrique. D'autre part il excelle au piano, qui est un instrument européen...

Merci à Babelio, à Franck Medioni et aux Éditions Seghers pour ce cadeau MAGNIFIQUE, qui vaut largement son prix.
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critiques presse (1)
LeFigaro
02 décembre 2022
Un bouquin faussement foutraque, plein de recoins, de cachettes, un objet original sur un type qui ne l’était pas moins.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
C'était drôle, ses petites danses. Quand sa musique marchait bien, il se levait et faisait une petite danse. Il se sentait bien dans sa peau. Il vous sentait là, et la musique swinguait, et il avait ce qu'il voulait. Il avait l'air de vous dire : " Je n'ai plus besoin de jouer, c'est vous qui faites la musique maintenant [...]." Il se levait, il dansait pendant que Charlie Rousse jouait. Et dès l'instant où Rousse finissait son solo, Monk reprenait son jeu au piano, et il rentrait dans la musique instantanément, sans temps mort, rien. La danse faisait partie du piano.
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Vidéo de Franck Medioni
Franck Médioni vous présente son ouvrage "John Coltrane, l'amour suprême" aux éditions Castor astral.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2264817/franck-medioni-john-coltrane-l-amour-supreme Note de musique : Free Music Archive
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