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EAN : 9782259219693
288 pages
Plon (27/09/2012)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Henri Guaino a été pendant cinq ans le plus proche collaborateur de Nicolas Sarkozy. Celui qui mettait en mots la pensée du Président, celui qui discutait des soirées entières pour donner du sens à l'action présidentielle. Il « était » dans la tête de Nicolas Sarkozy. Ce livre n'est ni un verbatim ni une espèce de règlement de compte mais un texte d'une grande originalité, un peu à la manière de Yasmina Reza. Le pouvoir, l'humain, l'action, la vision : il y a tout c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Conseiller spécial du Président Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2012, Henri Guaino a été l'inspirateur ou le rédacteur de ses principaux discours.
Dans cet ouvrage, il nous partage la conception qu'avait Nicolas Sarkozy de l'exercice du pouvoir. Il le fait au travers d'une conversation avec son ancien instituteur, à qui il rend hommage : c'est en effet à cet homme simple, dont la transmission du savoir était la vocation, qu'Henri Guaino doit d'être devenu ce qu'il est. Issu d'une famille pauvre, on retrouve dans son histoire des similitudes avec celle d'Albert Camus, dont il cite d'ailleurs le premier homme.

Nicolas Sarkozy souhaitait rendre à la politique ses lettres de noblesse.
D'abord, en lui donnant la primauté sur l'économie. "Quand le revenu par tête augmente, mais que les gens sont de plus en plus malheureux, il y a quelque chose qui ne va pas" (page 242).
Et surtout, en gouvernant. "Ce n'est pas la politique qui est impuissante, c'est la volonté politique qui n'est pas au rendez-vous" (page 182). C'est donc par l'affirmation d'une vraie volonté politique, que Nicolas Sarkozy a oeuvré pour que l'Etat s'impose face aux corps intermédiaires, aux "féodalités", qui confisquent la souveraineté du peuple. "Un gouvernement qui gouverne, c'est ça, la République. Que l'on y réfléchisse un instant : si ce n'est pas le gouvernement qui gouverne, qui d'autre à sa place ? Qui peut sérieusement croire que s'en remettre à une force anonyme et irresponsable protège mieux les libertés que de s'en remettre à un gouvernement démocratique et responsable ? (page 247).

L'ouvrage donne à l'auteur, admirateur du Général de Gaulle, l'occasion de définir ce qu'est le gaullisme, selon lui, ni la droite, ni la gauche, ou plutôt la synthèse de la droite et de la gauche sur le plan des idées, et de reconnaître en Nicolas Sarkozy un président soucieux du bien commun. "Pendant cinq ans, je ne l'ai jamais vu se demander si une mesure était de droite ou de gauche, mais seulement si elle était bonne pour la France" (page 31).

Visite guidée de la sarkozie par un de ses meilleurs guides officiels, La nuit et le jour révèle ainsi un Sarkozy qui "ne ressemblait pas du tout à la caricature que ses adversaires en ont fait" (page 55). Par la profondeur de ses réflexions, il peut se lire comme un traité sur la restauration du "politique".
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Conseiller et confident du président de la République, Henri Guaino nous livre dans ce récit la discussion (imaginaire ou rêvée), qu'il a (aurait eu) avec l'un de ses anciens Instituteurs dans sa ville d'Arles. La nostalgie de son enfance se mêle alors aux déceptions encore vives. Cette discussion, l'auteur la date de la fin du mois de juillet, s'étendant sur plusieurs jours. Les deux Hommes y abordent tous les sujets, qui tiennent au coeur de celui qui fut, après avoir été l'un des proches de Philippe Séguin (et l'hommage rendu y est vibrant et presque émouvant), au coeur de ce qui devait devenir le « cercle restreint ». La pudeur peut-être l'empêche de s'étaler sur les secrets de la vie privée du locataire de l'Elysée. Mais la discussion est rêvée puisqu'elle s'apparente plus du long monologue, parfois entrecoupé par des interrogations de cet instituteur, qui, au terme de son existence, s'enorgueillit d'avoir formé des individus doués de raison et de discernement. La nostalgie du temps passé donc avec les positions assez tranchées de Mr Guaino sur certains sujets.
L'Europe, la mondialisation, la crise sociale, la détresse de ses contemporains, l'auteur nous livre ses sentiments mais aussi sa déception. Touchant quand il nous parle du départ trop rapide de sa mère, qui, et il le souligne assez, n'eut aucun moment de repos au cours de son existence, comme si cela devait marquer à jamais la vie d'une maman. L'évocation d'une enfance heureuse mais modeste, pour ne pas dire pauvre, qui le pousse à argumenter que l'on « ne devient pas un voyou parce que l'on est pauvre » et qu'au contraire les principes inculqués ont souvent bien plus de force et de conviction que dans certaines classes bienpensantes. Pas de voyeurisme de sa part bien au contraire, puisque cela le pousse à deviner une des raisons poussant à « faire de la politique », peut-être « pour toutes les mères qui donnent tant et qui reçoivent si peu ».
Si l'auteur évoque tous ces sujets, il revient aussi sur les difficultés (voire sur l'impossibilité ) de gouverner un Etat, devenu un paquebot où trop de ponts réduisent le commandant à ne pas se faire entendre des étages les plus immergés.
Les questions de l'éducation et de l'enseignement reviennent sans cesse dans ce monologue, en en faisant l'axe central de toute société et nous ne sommes pas loin de l'approuver entièrement.

On ne peut pas passer en revue tous les sujets traités. Mais que l'on apprécie ou pas l'auteur (je pense principalement ici à ses idées et à ses convictions), que l'on partage ou non ses convictions, il ressort de cette lecture une certaine lucidité et une sagesse relative certes, mais appréciable en ces temps mouvementés.
Un livre à parcourir, un livre à découvrir par petite bribes mais un livre qui ne vous laissera pas indifférent.

Lien : http://leslivresetlemonde.bl..
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la France aux multiples facettes
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critiques presse (1)
NonFiction
06 mai 2013
Selon Henri Guaino, il est exact que Nicolas Sarkozy a commis quelques erreurs pendant son quinquennat… mais ce n’est pas sa faute !
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Je n'ai jamais oublié la petite maison à l'ombre des arènes, la vieille école aux planchers effondrés, le visage si doux de ma mère, cette femme dénuée de toute méchanceté dont la vie, si courte, n'avait pas connu un instant de repos et si peu de bonheur, hormis celui qu'elle avait éprouvé en regardant grandir ses enfants.
Je n'ai jamais oublié la nuit où elle est morte, où mon cœur d'enfant a cessé de battre en moi à jamais. J'avais vingt-trois ans. Elle en avait quarante-trois. De cette mère qui, avec ma grand-mère, nous a élevés seule ma sœur et moi, j'ai gardé le souvenir d'une tendresse infinie et d'une dignité exemplaire. L'enfant que j'étais trouvait parfois cette dignité trop rigide, parce qu'il ne mesurait pas encore ce que représentait pour ces deux femmes l'orgueil de ne rien devoir à personne, ce "devoir d'orgueil", comme disait Philippe Seguin, qui les faisait tenir debout quand la vie était trop dure.
Je pleurais quand ma mère et ma grand-mère refusaient l'invitation qui m'était faite d'aller goûter chez le fils d'un médecin ou d'un avocat, parce que c'était une invitation que nous ne pouvions pas rendre.
C'est peut-être pour cela que je n'ai jamais supporté d'entendre dire que la pauvreté était la cause de la délinquance. On ne devient pas un voyou parce que l'on est pauvre. Chez les pauvres, on éduque souvent mieux les enfants que chez les riches. On leur apprend les valeurs de l'effort, du travail et de l'honnêteté. Il y a du mépris de classe dans le lien qu'établit une certaine gauche entre la pauvreté et la délinquance. Comment n'y verrais-je pas une insulte à ces deux femmes qui m'avaient élevé avec cette rectitude que l'on trouvait si fréquemment chez ceux que l'on appelait "les travailleurs", qui croyaient à la République et à l'école qui permettait à leur enfant de devenir quelqu'un, comme on disait alors. Leur amour pour leurs enfants se voyait aux sacrifices qu'ils faisaient pour eux et à la sévérité d'une éducation qui ne concédait rien à "l'enfant roi" auquel on passe tous ses caprices pour avoir la paix.
Je ne dois mes faiblesses qu'à moi-même, mais je ne dois qu'à l'éducation que j'ai reçue tout ce qu'il peut y avoir de bon en moi (pages 47-48-49).
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Au-dessus de la loi, il y a les traités, au-dessus des traités, en principe, il y a la Constitution. Tout le monde a fini par trouver cela normal. Cela pose quand même un sérieux problème. Avant, on disait que la loi était souveraine, parce qu'elle exprimait la volonté générale. La Constitution était là pour en circonscrire le domaine. Pour la faire respecter, on a créé un Conseil Constitutionnel. Un jour, il a décidé, de sa propre autorité, qu'il lui appartenait de vérifier si la loi était conforme au préambule de la Constitution. Sauf que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen est un texte philosophique et non pas juridique. Pendant presque deux siècles, sans avoir de force juridique, elle a produit des effets politiques considérables. Mais lorsque le juge s'en est emparé, il en a fait ce qu'il a voulu tant son pouvoir d'interprétation était grand. Petit à petit, le juge s'est mis à faire la loi à la place du législateur. Cela a fini quand même par devenir un problème. Je sais, c'est le droit positif d'aujourd'hui. Mais cela signifie que le référendum est désormais le seul refuge de la souveraineté populaire. Qui osera opposer un jour le référendum au gouvernement des juges? (pages 135-136).
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Quelqu'un m'a dit un jour : "Puisque nous sommes dans un pays laïc, pourquoi toutes les fêtes de toutes les religions ne sont-elles pas fériées ?" Je lui ai répondu : "Parce que les fêtes qui sont dans le calendrier n'y sont pas en tant que fêtes religieuses mais en tant que faits de civilisation" (page 265).
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Vous savez pourquoi ils l'ont tant détesté ? Parce qu'il voulait gouverner ! Tous ceux qui avaient pris l'habitude de ne plus être gouvernés, de vivre entre eux avec leurs petits arrangements, leurs petits pouvoirs, leurs petits privilèges, qui ne voulaient plus être obligés de partager, tous ceux-là l'ont détesté. Les corporatismes, les communautés, les syndicats, les féodalités locales, les intérêts financiers, les bureaucraties, les corps, les juges, les médias, les mafias de toutes sortes qui s'étaient habitués à la faiblesse et au déclin de la politique se sont ligués contre lui.
Ils ont dit : "Nous défendons la démocratie." Mais personne ne menaçait la démocratie, sauf eux peut-être, parce que la démocratie, ce n'est pas la confiscation de la souveraineté du peuple par des groupes qui ne veulent pas avoir à rendre des comptes au peuple. Le retour de la politique et avec elle celui de la nation, de la République et de l'Etat, ils n'en voulaient à aucun prix. C'est toujours la même histoire... La nation, ils la détestent parce que c'est aussi un partage et ils ne veulent rien partager. La République, ils la détestent parce que c'est aussi un partage. L'Etat, ils le combattent parce que l'Etat est toujours contre les féodalités. Voilà pourquoi ils l'ont tant haï et pourquoi il y a eu autant de violence autour de la question des corps intermédiaires pendant la campagne de 2012. Voilà pourquoi ils préféraient un président "normal", c'est-à-dire un président qui ne gouverne pas (pages 85-86).
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« Plus il y a d’Internet, plus il faut de culture et non pas moins. C’est le seul remède pour apprendre que tout ne se vaut pas ».
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