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Commissaire Maigret - Romans et ... tome 45 sur 103
EAN : 9782070306367
192 pages
Gallimard (11/10/2012)
3.74/5   44 notes
Résumé :
Suicide ? Meurtre ? Un froid matin de janvier, un jeune homme est retrouvé mort sur la voie ferrée près de Saint-Aubin-les-Marais, en Vendée. Pour rendre service à un ami, le commissaire Maigret accepte de quitter Paris pour essayer d'y voir plus clair. Mais il n'est pas le seul à mener l'enquête : un ancien policier devenu détective privé, l'inspecteur Cadavre, s'intéresse lui aussi de très près à cette affaire...
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Eustra vous l'a bien dit : c'est du noir de chez noir. Et cet "Inspecteur Cadavre" est aussi, à mon sens, le plus "balzacien" de tous les Maigret que j'ai pu lire jusqu'ici. Pour autant, je ne saurais faire montre d'une grande précision en tentant de vous expliquer mon impression : c'est à la fois tangible et fugace, comme une bouffée de parfum qui apparaît de temps en temps, quand vous visitez une maison par exemple ou quand vous videz un vieux tiroir, et qui vous rappelle ... quoi donc, déjà ? Et puis, la fragrance que vous croyiez envolée vous enveloppe à nouveau, venue de nulle part, et le souvenir fulgure. Elle s'évanouit encore, tel un fantôme et vous vous interrogez à nouveau : qu'est-ce que ça vous rappelle donc ?

Certes, ce n'est pas la première fois que Simenon s'attarde sur une petite ville provinciale dont les membres s'acharnent à cacher tout ce qui les concerne mais veulent savoir à tout prix quels squelettes abritent les placards de leurs voisins. Dans de telles conditions, tout le monde sait à peu près tout sur autrui et, ce qu'il ignore, il le déduit et parfois l'invente au hasard, allant "à la pêche" en conscience et finissant par retirer de ses filets quelque scandale bien monstrueux dont personne, là, ne se doutait et qui émerveille d'autant plus les badauds rassemblés. A moins qu'il ne les écoeure. Au vrai, quand il quitte Saint-Aubin, Maigret s'en va écoeuré jusqu'à l'os. Et le lecteur n'est pas tout-à-fait sûr que son rival, l'ancien inspecteur Justin Cavre (surnommé "l'inspecteur Cadavre" au temps où il n'était pas encore détective privé), qui prend le même train pour rentrer lui aussi à Paris, ne partage pas sans l'avouer le même sentiment.

Alors, Balzac, pourquoi ? Eh ! bien, peut-être parce que le microscope déjà très puissant auquel Simenon soumet en général ses personnages, surtout en province, semble ici jouir d'une vision encore plus précise, encore plus détaillée que d'habitude. La confortable maison de la famille Naud, les repas de gourmet qu'on y sert à Maigret tout en veillant soigneusement - du moins le croit-on - à lui masquer les sentiments réels qu'inspire sa venue, l'atmosphère feutrée et de bon ton qui règne de la cave au grenier, cet "ami de la famille" pratiquement à demeure, qu'on croise à chaque repas ou presque, et qui répond au nom un peu trop ronflant d'Alban Groult-Cotelle (il faut bien un trait d'union quand on ne peut, comme la famille d'Alban, s'offrir une particule authentique ), cette solidarité bourgeoise qui ne demande qu'à s'effondrer au premier coup dur, et le trait final au dernier paragraphe du roman - où "tout s'arrange" effectivement, ainsi que Maigret l'avait prévu pour l'édification de Cavre - mais qui, en effet, a de quoi laisser pantois, mal à l'aise et même incrédule si l'on songe au destin futur des protagonistes de l'affaire, tout cela rappelle, en plus moderne évidemment et en bien moins furieusement romantique, époque oblige, la bourgeoisie de province que, si souvent, nous a représentée, avec quel bouleversant mélange de fascination et de mépris ! notre irremplaçable Honoré de Balzac.

Difficile de vous en dire plus sans déflorer l'histoire. Disons que le sympathique juge Bréjon, qui exerce à Paris dans l'entourage du Quai des Orfèvres, demande à Maigret de se rendre chez son beau-frère, au petit village de Saint-Aubin, non loin de Fontenay-le-Comte, afin d'aider celui-ci à résoudre un problème de lettres anonymes l'accusant, lui, Etienne Naud, "le Grand Naud", l'une des plus belles fortunes et l'un des plus beaux noms du pays, d'avoir assassiné un jeune comptable nommé Albert Retailleau. (Bréjon, il est bon de le préciser d'emblée même si cela donne un indice au lecteur, est un homme intègre.) Il ne soupçonne pas que Maigret, fort bien accueilli en apparence, va tenir pratiquement jusqu'à la fin le rôle de l'invité importun. Au reste, dès le premier soir, le commissaire, qui n'est là qu'à titre officieux et pour rendre service, n'est pas loin de songer à repartir dès le lendemain. Seulement ...

Seulement Maigret est têtu. Et puis, il y a Cadavre, cet ancien policier, renvoyé pour malversations diverses, cet aigri naturel qui, tout en admirant plus ou moins l'esprit de limier du commissaire, lui envie aussi tout ce qu'il représente. Pour Maigret, pas question de laisser Cadavre, arrivé à Saint-Aubin par le même train que lui, s'en sortir avec les honneurs. Qui, d'ailleurs, a fait appel à lui ? Et pour quelles raisons ? Pour démasquer ou plutôt pour masquer ? Mais quoi ? Mais qui ? Mais pourquoi ? Retailleau est-il mort tout bonnement d'un accident ? (Ivre, il serait passé sous un train et bien sûr, il n'y a pas eu d'autopsie.) Ou bien l'a-t-on assassiné ? Quels étaient ses rapports avec Geneviève, la fille d'Etienne Naud ? Etaient-ils authentiques ou ne s'agit-il que de simples cancans haineux et égrillards, répandus par quelques mauvaises langues qui s'ennuyaient un peu trop ?

Et puis il y a aussi Louis, l'ami le plus proche du défunt, qu'on surnomme "le Grêlé" en raison de ses cicatrices d'acné. Un jeune rouquin, aussi têtu pour le moins que Maigret, et qui, avec la flamboyance et l'indignation de son âge, trouve honteux qu'aucune plainte n'ayant été déposée - la mère du disparu elle-même ne semble pas s'en soucier - les circonstances dans lesquelles est mort exactement Retailleau donnent l'impression fâcheuse d'avoir été inhumées à toutes forces avec le cadavre démembré ... Peu à peu, Maigret s'attache à Louis et c'est un peu pour lui qu'il reste à Saint-Aubin, pour que le jeune homme ne s'imagine pas, comme il le dit avec une désarmante naïveté quand il parle des notables du lieu, "qu'eux aussi, ils vous ont eu."

Non, les notables n'auront pas Maigret. Mais celui-ci fermera pourtant les yeux, conseillera l'exil pour certains et, pour d'autres ... Ah ! pour un autre surtout, il parle carrément de guillotine - et l'on sait pourtant que le commissaire n'est pas très sanguinaire. Hélas ! celui-là, l'un des êtres les plus veules qu'ait jamais imaginés Simenon (ou, comme le dit Eustra, dans une formule particulièrement heureuse : "l'un des plus mémorables salopards simenoniens"), celui-là est intouchable. Lâche, il n'agit jamais par lui-même : il se dissimule derrière les autres. Comme le note Maigret avec raison, ce n'est pas seulement Retailleau que cet être-là, pourtant bel et bien absent lors du meurtre, a tué : c'est tout un lot de personnes dont il se prétendait cependant l'ami le plus sincère.

"L'Inspecteur Cadavre" : un plus grand Simenon qu'il n'en a l'air. Lisez-le sans attendre. ;o)
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Albert Retailleau est retrouvé mort sur le ballast d'une voie ferrée, percuté par un train. Accident, suicide, meurtre ? le médecin de la localité, Saint Aubin-les-Marais, près de Niort et du Marais Poitevin, penche pour la première hypothèse et délivre le permis d'inhumer. Des lettres anonymes bientôt circulent, parlent d'assassinat et dénoncent Etienne Naud, un notable.
Ce dernier cherche la protection de son beau-frère, juge de police parisien qui lui envoie Maigret.

Une nouvelle fois Simenon transporte Maigret en Province le temps d'une enquête officieuse; de quelques jours de brouillard épais, d'humidité ambiante glaçante, de nuits froides et profondes où l'obscurité est à peine percée par de rares points lumineux noyés dans la brume omniprésente. Quelle ambiance..! Une nouvelle fois en plein accord avec les circonstances.

Le commissaire croise:
- les Naud: un père (naïf), une mère (crispée), une fille unique, une belle-mère (grande gueule), une bonne (silencieuse), un ami de la famille, Alban Groult-Cotelle, compromis poussiéreux entre un aristocrate et un pique assiette.
- Les gens de la localité: un facteur (taiseux), une mère éplorée (ou presque), une dame des Téléphones (curieuse), un idéaliste (contrarié) ...

Maigret, dès les premières heures d'enquête, du fait de sa seule présence, bien avant d'avoir posé la moindre question, se sent le malvenu, y compris chez ceux qui ont demandé son aide. Il est le coin de bois à fendre dans une bûche de bois qui se veut immuable. Maigret est le corps étranger dans un bourg en autarcie, dans un microcosme social isolé qui tient à ce que personne ne se mêle de ses affaires.

"Chez nous les gens ne parlent pas ou disent ce qu'ils veulent".

Le commissaire se sent coincé entre deux masses sociales antagonistes haineuses l'une de l'autre:
- d'un côté les notables endimanchés, unis dans un pacte de silence partagé, dans une omerta campagnarde consentie, les malversations des uns couvrant celles des autres;
- les seconds aux aguets en justiciers (Louis Fillou dit le Grélé et quelques autres) ou achetables (la propre mère de la victime... par exemple).

Il y a ceux qui "en sont", ceux qui "n'en sont pas" et "ceux qui en tirent partie".

Maigret se heurte au silence collectif, d'autant plus qu'il n'a pas le poids officiel de la Justice derrière lui.

Et puis, Cavre en scène, à la descente du train pris par Maigret pour venir à Saint Aubin-les-Marais.

Cavre: l'Inspecteur Cavre, dit Cadavre, qui fut jadis l'adjoint de Maigret avant de quitter le Quai des Orfèvres à la suite de certaines malversation honteuses, avant de monter sa propre agence de détectives. Cavre fait semblant de ne pas connaitre Maigret, couche à l'hôtel, fouine, parle aux témoins potentiels avant le commissaire. Maigret ensuite se heurte à un mur de silence.

Vous souvenez-vous d' "Inspecteur Laverdin" et de "Poulet au vinaigre", deux films policiers français de Claude Chabrol (1985 et 1986) avec Jean Poiret dans le rôle principal. Ils illustrent parfaitement l'ambiance de ces petites villes provinciales isolées, repliées sur elles-mêmes où l'ordre règne via des "services entre amis". Seule différence: Lavardin est rentre-dedans, offensif et peu soucieux de mener une enquête classique; Maigret, sans poids officiel, semble plier mais ne rompt pas, se fond longtemps dans la masse avant de délivrer un prêche en demi-teinte qui semble lui convenir, mais laisse Saint Aubin-Les-Marais dans ses éternelles convictions bien pensantes respectables.. Fichu monde, se dit Maigret.

"L'inspecteur Cadavre" est un des Maigret les plus noirs, tendu d'une angoisse lancinante, sans cesse latente, au rythme des non-dits et des mensonges, de celui des petites et grandes lâchetés achetées à prix d'or, des bassesses veules. Rien, après le départ de Maigret de la localité, ne laissera à l'avenir le plaisir d'y installer des jours meilleurs. Saint Aubin-les-Marais retournera à ce qu'elle a toujours été. Maigret n'y aura rien changé. Et notre commissaire, miné, désespéré, rongé jusqu'à l'os de rentrer sur Paris.

Un des meilleurs Maigret.
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Une fois ouvert, il m'a été impossible de refermer le livre avant de l'avoir terminé. Si ce n'est dire l'ambiance particulière que Simenon est parvenu à créer dans ce Maigret.

Un très bon opus où Maigret se rend dans un village vendéen noyé dans le brouillard et c'est ainsi que ses habitants et ses hôtes aimeraient que Maigret soit et reste. C'est évidemment sans compter avec la perspicacité bon enfant de notre enquêteur.

Un très bon moment de détente !
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, Albert Retailleau est écrabouillé par un train. Accident ou meurtre ? La rumeur publique accuse Étienne Naud qui, pour étouffer le scandale, demande conseil à son beau-frère, juge parisien, lequel prie son ami Maigret d'aller sur place aider Naud. À Saint-Aubin, Maigret, qui n'est pas en mission officielle, est mal à l'aise ; la famille Naud ne paraît guère apprécier sa présence, les gens du bourg se taisent ou jugent indésirable ce commissaire qui semble protéger la haute société incarnée par les Naud. de plus, que vient faire dans le pays le détective parisien Cavre, surnommé « l'inspecteur Cadavre » ? Quel rôle joue Alban Groult-Cotelle, ami des Naud, qui s'empresse de fournir à Maigret un alibi pour la nuit de l'« accident » ? le seul indice solide est la confidence faite au commissaire par Geneviève Naud : ses parents ignorent que Retailleau était son amant et qu'elle est enceinte. Peu à peu, quelques villageois s'aperçoivent que Maigret cherche avant tout la vérité ; ils parlent et si les autres se taisent, c'est parce qu'on a acheté leur silence..
Le roman relate l'opposition entre deux groupes sociaux : d'une part, des gens « bien élevés », haut placés, qui veulent le silence sur l'affaire ; d'autre part, les autres qui veulent connaître la vérité et dévoiler les agissements des nantis. On observe un climat de tension à travers le comportement des deux groupes. le récit est centré sur le personnage de la victime
Comme toujours George Simenon est fidèle a' sa renommé une écriture très simple avec pas mal de pépites de citation un polar a' ne pas regretter
de parcourir
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Ecrit en Vendée en 1943 Vendée et publié l'année suivante, L'inspecteur cadavre (titre un peu racoleur, ce qui est rare chez Simenon) est une merveille ! Dans une petite ville fermée, méfiante, Maigret enquête à titre officieux (petits arrangements entre amis de la bonne société) sur la mort, accidentelle ou criminelle, d'un jeune homme, et doit faire face une fois de plus à la bourgeoisie de province, une société craintive, en fait veule et médiocre, où l'argent règle bien des problèmes et achète le silence.

Simenon excelle à décrire l'ambiance de la petite province française (références obligées, Balzac avant lui, Jouhandeau après, Chabrol pour le cinéma) : lâcheté et bassesse, atmosphère étouffante (renforcée par le brouillard enveloppant le marais poitevin), une partie de la ville sous l'emprise de la bonne société, des personnages méprisables, quelques ratés de la vie, dont un ancien inspecteur de police lui aussi sur l'affaire…

Bien sûr, Maigret élucide l'affaire (Simenon a fait comprendre au lecteur une partie de la vérité dès le début) mais, devant le manque de preuves tangibles, ne peut arrêter le coupable qu'il convainc indirectement d'aller se faire pendre (s'installer en fait !) ailleurs. L'inspecteur cadavre est un très grand roman de Simenon, plus que noir, avec un Maigret dans l'impossibilité de mener l'enquête à sa conclusion logique et en proie au plus profond dégoût devant un monde qu'il vomit : lâche et médiocre, protégé par sa soi-disant respectabilité, mais dans lequel, finalement, tout finit par s'arranger.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Au moment de franchir le seuil, une idée l'avait frappé. Pas même une idée. C'était plus vague, si vague qu'il s'efforçait maintenant de retrouver cette impression. Parfois un incident insignifiant, une odeur à peine perçue le plus souvent, nous rappelle, l'espace d'un éclair, un moment de notre vie. C'est si aigue que nous sommes saisis, que nous voudrions nous raccrocher à ce souvenir vivant et, l'instant d'après, il ne nous en reste rien, nous ne sommes plus capables de dire à quoi nous venons de penser. Nous cherchons en vain et nous finissons par nous demander, faute de trouver réponse à nos questions, si ce n'était pas une réminiscence de rêve ou, qui sait, de quelque vie antérieure ?
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[...] ... [Maigret] était sûr que ce n'était pas un rêve : Geneviève Naud était venue. Elle était entrée sans frapper. Elle s'était assise sur cette chaise, se tenant très droite, sans s'appuyer au dossier. Il avait d'abord cru, dans le premier moment de stupeur, qu'elle était affolée. Or, c'était lui, en réalité, le plus affolé des deux. Jamais il n'avait été dans une situation aussi délicate, couché dans un lit, en chemise de nuit, les cheveux déjà ébouriffés par l'oreiller, la bouche pâteuse, tandis qu'une jeune fille s'installait à son chevet pour lui faire des confidences.

Il avait grommelé quelque chose comme :

- "Si vous voulez vous retourner un moment, je me lèverai et passerai un vêtement ...

- Ce n'est pas la peine ... Je n'ai que deux mots à vous dire ... Je suis enceinte d'Albert Retailleau ... Si mon père l'apprend, personne ne m'empêchera de me tuer ..."

Couché comme il l'était, il ne pouvait même pas la regarder en face. Elle semblait attendre un instant l'effet de ses paroles, puis elle se levait, tendait l'oreille, et, au moment de sortir de la chambre, ajoutait :

- "Faites ce que vous voudrez ... Je m'en remets à vous."

Maintenant encore, il avait peine à croire à la réalité de cette scène dans laquelle il avait joué un rôle de figuration couchée qui l'humiliait. Il n'était pas particulièrement coquet et pourtant il avait honte d'avoir été surpris au lit, bouffi de son premier sommeil, par une jeune fille. Le plus vexant encore, c'était l'attitude de celle-ci, qui avait à peine fait attention à lui. Elle ne l'avait pas supplié comme il aurait pu s'y attendre, elle ne s'était pas jetée à ses pieds, elle n'avait pas pleuré.

Il revoyait son visage régulier qui ressemblait un peu à celui de son père. Il n'aurait pas su dire si elle était belle, mais il gardait un souvenir de plénitude, d'équilibre que même cette démarche insensée n'était pas venue à rompre ...

-"Je suis enceinte d'Albert Retailleau ... Si mon père l'apprend, personne ne m'empêchera de me tuer ..." ... [...]
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[...] ... - "Votre chambre est bien celle qui se trouve au-dessus de nous, n'est-ce pas ?

- Oui ... Je comprends ce que vous voulez dire ... Il n'entrait jamais par la porte, évidemment ... Venez ... Vous voyez cette échelle ... On la laisse toujours à cette place ... Il n'avait qu'à la pousser de trois mètres ...

- Où est la chambre de vos parents ?

- Trois fenêtres plus loin.

- Et les deux autres fenêtres ?

- L'une est la chambre d'amis, celle où Alban a dormi cette nuit. L'autre est une chambre qui ne sert plus depuis que ma petite soeur y est morte, et maman seule en a la clef."

Elle avait froid ; elle évitait de le montrer pour éviter de ne pas avoir l'air de vouloir mettre fin à cet entretien.

- "Vous parents n'ont jamais rien soupçonné ?

- Non.

- Il y a longtemps que cette liaison durait ?"

Elle n'eut pas à chercher dans sa mémoire.

- "Trois mois et demi ...

- Retailleau connaissait les conséquences de votre amour ?

- Oui.

- Quelles étaient ses intentions ?

- Tout avouer à mes parents et m'épouser.

- Pourquoi, le dernier soir, était-il furieux ?"

Maigret la fixait, pour autant qu'il pouvait distinguer ses traits dans le brouillard. Le silence qui suivit lui révéla la stupeur de la jeune fille.

- "Je vous ai demandé ...

- J'ai bien entendu.

- Eh bien !

- Je ne comprends pas ... Pourquoi dites-vous qu'il était furieux ? ..."

Et ses mains tremblaient comme celles de sa mère, communiquant leurs frémissements à la lanterne. ... [...]
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Une nuit harassante et pourtant savoureuse. Maigret a dormi sans dormir. Il a rêvé sans rêver, c’est-à-dire qu’il gardait conscience qu’il rêvait et qu’il le faisait exprès de prolonger ses rêves à travers lesquels lui parvenaient des bruits réels.
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Il y a une expression qui me parait la plus hideuse de tout le vocabulaire mondain ou populaire, une expression que me fait sursauter et grincer des dents chaque fois que je l’entends… Savez-vous ce que c’est ?
- Non.
- Tout s’arrange !
Le train arrivait. Et, dans le vacarme grandissant, Maigret criait :
- Or, vous verrez que tout s’arrangera.
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"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon. Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.
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