L’Irlande était venue très tôt au christianisme et, vraisemblablement, sans les impositions plus ou moins brutales des empereurs romains, puis des barbares nommément chrétiens, il en aurait été de même dans tous les pays du celtisme druidique. On peut bien dire que les chrétiens de Rome et les chrétiens de Clovis ont dégoûté la Gaule du christianisme.
L’Irlande n’a connu ni Rome ni les barbares, et cela explique son acceptation sans heurt du christianisme.
On ne sait plus grand-chose des Druides, mais leur facilité à accueillir une certaine forme de christianisme semble les situer, spirituellement, très près de celui-ci. Rien ne les a heurtés dans la révélation nouvelle, qu’ils attendaient d’ailleurs avec le changement d’ère : ni l’unité divine, ni le Dieu incréé englobant l’Univers en toutes ses formes, ni la Divinité en trois personnes, ni le Dieu né d’une Vierge (Merlin est né d’une Vierge), ni le Dieu incarné, ni l’homme divin mis en croix, ni la résurrection, ni l’immortalité de l’âme qu’ils enseignaient déjà.
N’est-ce pas saint Benno qui, à son heure dernière, s’écriait : « Je vois la Trinité, et Pierre et Paul, et les Druides, et les saints… »
La Celtique entière, derrière ses Druides, se précipita vers le christianisme. Mais déchanta rapidement dès que le christianisme, dans les mains des rois germains et de leurs évêques, devint un instrument de servage. L’Irlande qui avait échappé à la conquête romaine, puis aux conquêtes barbares demeura chrétienne mais, si l’on peut dire ainsi, « druidiquement ».
« Saint Kertigern, dit un auteur anglais, reprit plusieurs traditions druidiques et sembla, un temps, agir d’une façon toute druidique… »
Le même auteur décrivait le roi Diarmuid Mac Carbhail (528) comme demi-druide demi-chrétien.
Il n’est donc pas étonnant que la conception « druidique » du christianisme soit repartie d’Irlande. Elle fut approuvée dans les Gaules surtout par saint Colomban et avec l’appui – sensible – d’un pape bénédictin : Grégoire Ier, saint Grégoire le Grand. (pp. 73-74)
Bien qu’il ait coupé les peuples asservis de leurs traditions, le matérialisme romain n’était pas sans avantages. L’organisation matérielle était bonne – surtout pour les Romains, évidemment. La pax romana assurait une vie assez aisée et procurait des plaisirs. En ce sens, elle ressemblait assez à ce qu’on nomme la civilisation américaine. L’homme peut manger, boire, aller au cirque. Mais lui-même n’est qu’une machine à rendement.
Cela se lit dans les constructions romaines ; gigantesques et sans esprit. Tout de même, l’apprentissage, au moins matériel, des métiers s’y perpétuait…
Et puis, vinrent les barbares.
Ceux que l’on nomme Germains parce que, venus des lointains euro-asiatiques, ils avaient séjourné un temps en Germanie après en avoir repoussé la branche germaine des Celtes.
C’étaient, au plein sens du terme, des barbares ; vivant en bandes, incapables, semble-t-il, de cultiver, incapables de construire.
Ce que l’on trouve de valable en Germanie, comme la civilisation d’Halstadt, date d’avant eux.
Pendant trois cents ans, bandes après bandes, ils vont se précipiter sur l’Empire romain, rongé par ses propres détritus, le traversant, le retraversant, pillant, brûlant, tuant.
Si l’on en croit Jullian, les Gaules qui, Cisalpine comprise, comptaient vingt-six millions d’habitants avant les invasions germaniques, n’en comptaient plus que douze à la fin de celles-ci.
Pendant trois cents ans, les habitants des Gaules, de l’Italie, de l’Espagne, de la Tingitane ne vont être occupés qu’à tenter de subsister, à se cacher, et à se sauver. (pp. 59-60)
C'est un massif forestier, situé entre Seine et Aube, dans la Champagne humide, à vingt kilomètres à l'est de Troyes, et qui porte le nom inattendu de "Forêt d'Orient"...
Oriens, c'était le nom que les Latins donnaient au dieu du Soleil, mais dans ce pays de vieille tradition celtique où tous les lieux parlent encore gaulois par leur nom, que viendrait faire un dieu latin ?
La Forêt d'Orient, qui occupe encore ses vingt mille hectares d'un seul tenant, a dû être autrefois beaucoup plus importante, et si elle est maintenant civilisée et quadrillée de laisses et de routes, les loups y hurlaient encore il y a moins de cent ans.
dans le domaine materiel,on peut presque tout apprendre a des mains d'homme.Dans le domaine intellectuel,on peut presque tout apprendre a un cerveau d'homme,depuis la bataille de marignan jusqu'au calcul integral.Mais cela ne concerne qu'un degre superieur d'animalite;car sans l'eveil spirituel,le travail manuel n'est que du reflexe conditionne et le travail intellectuel n'est que de la memoire appliquee
Il est des conceptions de la Divinité que les médiocres ne sauraient supporter, précisemment parce qu'ils ne sauraient y avoir accès. Et quand les médiocres font la loi, on peut bien être certain qu'ils l'appliqueront à leur niveau.