Wanderer

Hermin, compositeur et violoncelliste, mène une vie d'ermite au Pommier Chenin ; la musique est le coeur de son existence. Un soir d'hiver, on frappe à la porte. Qui est-ce ? Un homme sorti de son passé, qu'il a considéré comme un ami et qu'il n'a plus vu depuis des années.
A l'époque, Lenny était un adolescent pauvre et isolé, élevé par une tante malade. Hermin travaillait dans un magasin de musique pour payer ses études au conservatoire. Il a été le premier à découvrir le talent de Lenny pour le piano et a décidé de lui donner quelques leçons. Mais Lenny a fini par partir sans explications et est finalement devenu l'un des meilleurs pianistes de l'époque.
Voilà maintenant Lenny sur le pas de sa porte, amaigri et plutôt mal en point, lui annonçant avoir décidé de mettre fin à sa carrière.
Commence alors un dialogue entre passé et présent, entre la jeunesse d'Hermin et Lenny et l'hiver du récit. Peut-être est-ce l'occasion de découvrir la raison de la fuite de Lenny et d'enfin mettre fin à des années de silences et de non-dits ?

Ce livre n'est pas très épais et se lit plutôt vite mais il nous fait éprouver bien plus d'émotions qu'on ne soupçonnerait pas au premier abord. Les va-et-vient entre les deux époques ne sont pas toujours évidents à suivre mais se révèlent finalement un point essentiel dans ce récit.
La relation d'Hermin et Lenny dans le passé contraste beaucoup avec leurs retrouvailles et on ne peut que regretter la perte de ce lien privilégié. On ne peut pas non plus oublier que tout n'était pas si rose vu que ce lien a été tranché nettement par le départ de Lenny. La raison de ce départ précipité m'a paru plutôt évidente mais peut-être que d'autres seront d'un autre avis.
On sent aussi que l'auteure est musicienne, dans le rythme des mots mais aussi dans les nombreuses références musicales, surtout à Schubert. Cela ne m'a pas dérangée – j'ai trouvé que cela donnait une dimension supplémentaire au récit – mais les novices peuvent ne pas apprécier.

Ce roman a été une très belle découverte et j'ai passé un excellent moment en le lisant. Les amateurs de musique et d'histoire d'amitié apprécieront.

Hermin est compositeur, il vit retiré dans une maison aux confins du Bourdonnais. Un soir d'hiver et de neige, Lenny, un de ses anciens élèves, mais surtout celui qui a été son protégé et son ami, et qui est devenu un pianiste talentueux, vient frapper à sa porte.
Dix ans auparavant, Lenny était un adolescent misérable, élevé par une tante poitrinaire et porté par un seul rêve, devenir un grand pianiste. Hébergé et pris sous l'aile protectrice d'Hermin, l'adolescent se révèle doué, mais terriblement possessif envers son protecteur. Jusqu'au jour où il disparait de la vie d'Hermin. Sa rencontre avec son mentor sera pourtant décisive et lui permettra d'accéder au plus haut niveau de maitrise du piano.
Etrange visite de celui que le compositeur n'a plus revu depuis si longtemps. Pendant ces dix longues années, aucun n'a repris contact, mais chacun a suivi le parcours de l'autre. Aujourd'hui, dans un huis clos porté par la musique et la création, les silences et les cris, des parts du mystère seront enfin dévoilées. Pourquoi cette fuite, pourquoi cette ultime visite, pourquoi celui qui est aujourd'hui devenu un homme au talent reconnu de tous souhaite-t-il tout abandonner. Ultime tentative de Lenny pour faire comprendre ou accepter l'étrangeté de cette relation qu'Hermin nomme une profonde amitié, mais qui n'a définitivement pas la même valeur ni le même sens aux yeux de Lenny.
C'est une belle écriture, très musicale, portée par les notes, la création, l'évolution de la mélodie de Schubert omniprésente dans le roman. le récit du présent alterne avec les réminiscences indispensables du passé, souvenirs d'Hermin en italique dans le texte, pour une meilleure compréhension de ces non-dits, de ces échanges incomplets, de cette attente vitale et de ces révélations. Un peu déconcertée au début par ces incessants aller-retour dans le temps, j'ai vite apprécié la coloration musicale et hivernale de ce roman, son côté sombre aussi, cette tristesse qui en émane, au plus profond d'un hiver de glace, comme en écho à l'hiver d'une vie et à celui d'une profonde amitié.

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Très bien écrit, d'un classicisme parfait, ce roman m'a pourtant laissée totalement froide. La faute à un sujet trop éloigné de mes penchants naturels (ma foi, le romantisme allemand, ce n'est vraiment pas mon truc) mais pas seulement. Il est déjà arrivé que des auteurs arrivent à me capter contre toute attente. Ça n'a pas été le cas ici, et la forme y est forcément pour quelque chose. L'émotion ne passe pas. Néanmoins, ce roman étant parmi les 4 finalistes pour le Goncourt du premier roman qui sera remis le 9 mai prochain, souhaitons lui de toucher les jurés plutôt que moi.

On ne peut pas dire que je me sois ennuyée, mais presque... Il ne se passe pas grand-chose, faut bien le dire. Beaucoup de non-dits, beaucoup de silence entre les deux protagonistes. Une ambiance glaciale au sein de ce (presque) huis-clos, aussi bien au sens propre qu'au sens figuré.

Je ne pense pas être faite pour ce genre de lecture. J'aime quand "ça bouge" un peu plus. Je n'ai donc pas vraiment accroché et je ne suis pas mécontente que ce livre ne fasse que 192 pages...

Je n'y avais lu que de bonnes critiques pourtant, malheureusement je ne les rejoins pas. Je n'ai pas dit que c'était désagréable, mais je ne pense pas en garder un souvenir impérissable.

[Lu en mai 2020]

Un joli roman niché dans le froid et l'hiver, où un compositeur-ermite voit soudain débarquer un ancien ami, pianiste de génie, qui avait brusquement coupé tous liens d'un seul coup, sans grande explication, il y a dix ans.
Bien qu'on soit dans un roman d'une plume française, on nage en plein dans le romantisme allemand, le lecteur est prévenu, et le réalisme, le monde moderne, ou la simple logique se voient refuser toute entrée.
Le secret de Lenny, le pianiste d'origine allemande de génie au caractère secret, est à vrai dire quelque peu lisible entre les lignes pour qui a lu plus de trois romans dans sa vie et Hermin, le compositeur, aurait dû consacrer quelques unes des heures qu'il a donné à l'étude de Schubert à l'étude de la littérature!
J'aurai aimé découvrir ce livre plus jeune: j'aurais pleuré comme une madeleine. Là, j'ai apprécié, oui, mais je suis restée par moment détachée, me faisant la réflexion que les personnages qui faisaient leur malheur tout seul comme des grands, ça allait bien un moment.
Peut-être que je suis trop cynique pour le romantisme allemand? Mais cela m'a donné l'occasion de me replonger un peu dans des compositeurs que je connais peu, fort agréable aussi!