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EAN : 9782908957648
143 pages
Le Serpent à plumes (01/08/1995)
3.7/5   10 notes
Résumé :

D'étranges feux brûlent sur les hauts-plateaux, quelque part dans la forêt tropicale d'Amérique latine. Hypnotisé, le général Soledad se lance à leur recherche et se perd inexpliquablement avec sa troupe sur la route d'Iquita, où il devait retrouver le reste de l'armée espagnole. Son meilleur ami, le général San Martinez, s'interroge : Soledad a-t-il déserté ? L'ennemi a-t-il frappé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Venezuela, 1818. La colonne du général Soledad disparaît dans la jungle... Amour, amitié, vertige.

Publié en 1995, le premier roman d'Éric Faye était le développement d'une nouvelle parue trois ans plus tôt dans la revue "Le Serpent à Plumes" (que l'on continuera longtemps à regretter...).

Lors de la guerre d'indépendance du Venezuela et de Colombie, au tournant des années 1818-1820, une colonne espagnole menée par le général Soledad doit rejoindre d'urgence le gros des troupes de la colonie, mené par son vieil ami le général San Martinez, pour conduire ensemble une audacieuse manoeuvre contre les rebelles bolivariens.

Lorsqu'au détour d'une marche, le régiment de Soledad aperçoit au loin cinq feux mystérieux, là où aucune activité, aucune force, rebelle ou légitimiste, ne devrait se trouver, un étrange processus s'enclenche, et l'armée Soledad s'enfonce dans la jungle... pour y disparaître.

Dans la première partie du roman, "Un emplâtre sur quelques déceptions", les souvenirs épars de Soledad et de San Martinez nous apprendront leur profonde amitié et leur tragique rivalité amoureuse autour de la figure de la noble Maria-Elena del Tresco, tandis que dans la seconde partie, "Conversations avec le diable", la découverte par une patrouille, cinq ans plus tard, au détour d'une fondrière, d'une cantine métallique contenant le journal de marche de Soledad, permettra - peut-être - à San Martinez et au lecteur de comprendre ce qui a pu se passer...

Tout nimbé d'une ambiance crépusculaire qu'un Julien Gracq n'aurait évidemment pas reniée, baignant dans de discrètes touches de mystère et de fantastique, que les familiers des "Soldats de la mer" d'Yves et Ada Rémy reconnaîtront sans doute avec émotion, un grand et étonnant roman pour ébranler, en à peine 160 pages, nos notions de l'amour, de l'amitié, du devoir et du destin. Un vertige de lecteur.

Et Kobo Abé, en exergue : "Un jour, quelque part, chacun doit rejoindre son front. L'essentiel, c'est d'en avoir le pressentiment. Il faut avoir le courage d'attendre patiemment qu'on vous appelle à combattre."

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En Amérique du Sud, à l'époque de Simon Bolivar, le général Soledad est en route avec son armée de mille hommes pour rejoindre les troupes du général San Martinez et combattre les insurgés bolivariens. Un soir une sentinelle, dans une atmosphère lourde, aperçoit des feux au-delà de la jungle, là où ni ennemis ni indigènes ne devraient se trouver.

«Le soir venu, seul avec l'aide de camp, il regagne la ligne de faîte où, la veille, la vue des feux a figé une armée de mille hommes. le crépuscule équatorial tombe, fulgurant. La terre guillotine le soleil qui probablement roule, quelque part, outre horizon.»

Le général et ses hommes, hypnotisés par l'énigme de ces feux, vont détourner leur route et se perdre à jamais, dans leur quête d'une utopie mystérieuse impossible à atteindre.

Des mois ou des années plus tard, le général San Martinez, ami et rival en amour de Soledad, se voit remettre le carnet de voyage retrouvé du général disparu.

Teinté des influences de Buzzati et de Gracq, ce récit hypnotique comme un rêve, semble intemporel, nimbé dès le départ des voiles de la mort, du tourment fantastique d'un général seul avec sa peur, qui fuit l'amour d'une femme qu'il ne peut oublier, transformé en fantôme dans l'esprit de ceux qui le croient déjà mort.

«De jour, lorsque la troupe faisait une pause ou marquait le pas pour quelque raison, le général s'abîmait dans un songe et restait immobile, contre le tronc d'un manglier, près de l'eau, si longtemps parfois que son entourage se mettait à craindre qu'il ne tombe en poussière sans crier gare, à moins qu'il ne se pétrifie, ne fasse plus qu'un avec l'arbre.»
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Le Général Solitude d'Eric Faye n'a d'intérêt ni pour l'originalité de son sujet ni pour la façon dont il est traité et les références littéraires qui viennent à l'esprit en le lisant abondent.

Cela commence comme le Désert des Tartares ou le Rivage des Syrtes: le général Soledad, chef d'une armée de mille hommes, face à l'immensité verte d'une jungle que l'on suppose amazonienne, scrute l'horizon à la recherche de signes de vie des insurgés.

Même attente. Même solitude de l'homme face à l'immensité. Même hostilité supposée de ce qui se trouve en face, quelque part, et ne demande qu'à s'exprimer pour que le destin se mette en marche.

Le général Soledad, le soir de ses quarante ans, alors qu'il fête son anniversaire, est alerté par une sentinelle : on aperçoit des feux qui brûlent à l'horizon. Ces feux fascinent l'armée et son général : ils viennent d'un endroit impossible, ils varient, ils sont un appel. le général doit rejoindre l'armée espagnole du général San Martinez à Iquita mais il décide de partir en direction des feux, avec toute son armée.

Désobéissance caractérisée, retour impossible, là encore peu d'originalité: le Rivage des Syrtes explore le thème avec une tout autre richesse. Quant à la suite de l'histoire, ces mille hommes construisant une cité idéale autour d'une place dont le centre est une fleur, une fleur si grande et si belle, que sa croissance terminée la plante meurt, la métaphore est transparente. Ce paradis non répertorié, ce monde voué à la destruction (aucune femme dans l'armée, donc aucune procréation ni continuation possibles), ce monde égoïste né de la motivation pathétique d'un homme qui veut oublier une femme, reste abstrait tout au long du livre.

suite sur le site
Lien : http://n.giroud.free.fr
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[...] L'histoire se passe au début du XIXème siècle, à l'époque où les colonies espagnoles prennent leur indépendance, menées par Simon Bolivar et ses insurgés. Éric Faye nous fait naviguer entre la forêt tropicale, les terres vierges d'Amérique latine et la ville d'Iquita, ville de garnison espagnole.
Comme pour Nagasaki, je n'en dirai pas plus sur l'histoire car le récit, même s'il a dépassé le stade de la nouvelle, reste tout de même assez court, et en dire plus serait déflorer un certain suspense.

Dès les premières lignes, j'ai senti que ce livre était un grand livre.
Pas de démonstration de vocabulaire à toutes les pages, mais une rythmique parfaite des mots et de la ponctuation qui font que les phrases semblent chanter.
Oui, monsieur Éric Faye écrit bien, très bien. Il sait trouver la juste dose et des livres de ce style-là, je veux bien en lire tous les jours ! [...]
Lien : http://linecesurinternet.blo..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ce soir, j’ai envie de rudoyer les mots, leur faire dire ce qu’ils n’ont jamais avoué, non, pas sous la torture, mais sous ivresse. Qu’ils pivotent enfin, cessent de rester au garde-à-vous, dévoilent leur face cachée. Ce soir je souhaite une levée en masse des mots oubliés. Que les lieux communs soient rayés de la carte ! Sur la place j’ai prononcé des mots très écoutés. J’ai appelé les colons à hisser leur âme sur la grande vergue, à renoncer aux grossièretés. Remplacez-les ! leur ai-je dit. Poétisez-les ! Jurez par les prénoms de celles qui vous ont trahis, de ceux… Si un madrier tombe sur votre pied, gueulez à travers la cité : Dolorès ! Ofelia ! Elena ! Jurez ! Jurez de ne plus jurer que par leurs prénoms, jusqu’à ce qu’ils aient perdu leur contenu, leur contenance, loin de nous, devant leur miroir, dans la rue, pendant la joie ou le cafard
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San Martinez se sentait las. Le travail quotidien, le devoir de sociabilité lui incombant, qu'il avait jadis considéré comme un passe-temps, un plaisir (ces soirées, ces danses, ces tremplins vers le lit des femmes !) lui étaient devenus indifférents. Il regrettait maintenant d'avoir été trop prudent en amitié, en amour ; il regrettait d'avoir été prudent tout court. Dans la haine aussi, peut-être. Sainte prudence ! Il songeait à Lui, Soledad, le père d'Hamlet. Le père d'Hamlet avait pour lui d'être revenu à sa façon, d'avoir, mort, donné signe de vie. Soledad restait désespérément muet. Il aurait bien pu, ne serait-ce... Et San Martinez, souriant, de mémoire murmurait à ce propos un poème d'Ovide que Soledad aimait particulièrement...
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Vidéo de Éric Faye
Le romancier et essayiste Eric Faye sera au Belvédère du Rayon Vert de Cerbère du 11 septembre au 9 octobre, pour une « résidence duelle transfrontalière ». Organisées par les Rencontres cinématographiques internationales Cerbère-Collioure, ces résidences interrogent la notion de frontière en invitant concomitamment deux écrivains ou écrivaines, l'un(e) de langue française à Cerbère et l'autre de langue espagnole ou catalane à Portbou – Yolanda Gonzalez cette année.
Crédit de la vidéo : « Rencontres cinématographiques de Cerbère-Collioure ».
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