Commentaires sur trois pièces lues : "
L'invitation au château", "
La répétition ou l'amour puni" et "Cécile ou l'école des pères".
Ces Pièces brillantes sont des comédies, parfois douces-amères, sur l'amour, qui jouent sur le marivaudage, c'est peut-être la raison pour laquelle elles sont jouées, d'après les didascalie, en costumes Louis XV ou
Louis XVI (mais qui doivent sonner faux, comme le répètent les indications scéniques), ou bien que les personnages jouent une pièce de
Marivaux.
Découvrons un peu plus ces pièces.
L'invitation au château est l'histoire de frères jumeaux à la morale opposée : Frédéric est un jeune homme timide, bon et doux lorsque son frère Horace aime faire le mal, se montre sûr de lui et vaguement dégoûté (de quoi ?). le premier est fiancé à une femme, Diane, qu'il poursuit encore de son amour tandis qu'elle ne l'épouse que par dépit : c'est Horace qu'elle aime. Mais lui ne veut pas d'elle, par fierté et parce qu'elle est millionnaire ! Curieux personnage, non ? qui refuse l'argent et le bonheur, puisque Horace l'aime en retour mais refuse de se l'avouer. Mais il va être pris à son propre jeu lorsqu'il introduit, dans ce triangle amoureux, une quatrième personne : Isabelle. Cette jeune fille, petit rat de l'opéra, va être utilisée : elle devra séduire Frédéric afin que celui-ci se détache de Diane et que cette dernière cesse de faire sa mijaurée. Mais, évidemment, rien ne se passe comme prévu et les personnages secondaires, caricaturaux juste comme il faut et complexes, enrichissent cette "double inconstance".
La Répétition ou l'amour puni porte bien son nom, non sans cruauté. le comte (Tigre) veut faire honneur à sa réputation en organisant une grande soirée durant laquelle lui et ses amis, tous amateurs, vont jouer
La Double inconstance, de
Marivaux. Il décide de faire venir une jeune fille, Lucile, afin de tenir le rôle de Silvia. Ce que les spectateurs découvrent, bien plus les personnages, c'est que les rôles ne sont pas distribués au hasard. Les compliments faits à Silvia aiguisent la jalousie d'Hortensia, la maîtresse de Tigre mais elle ne se rend pas compte, comme la Comtesse, que les piques de Sivia sont aussi celles de la jeune Lucile à ces deux femmes qui la méprisent pour sa jeunesse, sa fraicheur, mais aussi son manque d'argent. Enième histoire d'amour qui finit bien ? Non, rappelez-vous le titre, qui est là pour ramener le lecteur /spectateur à terre : "l'amour puni". Mais ici, contre tout attente, ce n'est pas la jalousie des femmes que doivent craindre le Comte et Lucile, mais celle d'un ami, Héro, qui a souffert de la prétention de son ami le Comte, et qui décide à présent de s'en venger. Cruelle histoire, mais qui semble tellement plus réaliste que toutes les comédies amoureuses qu'elle touche davantage encore le lecteur qui en garde un goût amer.
Enfin Cécile ou l'Ecole des pères est un clin d'oeil à
Molière et à
Marivaux ("l'école des mères"). Petite pièce en un seul acte où l'on découvre Cécile, jeune fille de dix-sept ans, gouvernée par une jeune femme de vingt trois ans, Araminthe (toujours ces clins d'oeil). La première aime et est aimée d'un jeune chevalier (liaison dangereuse ?) qui se montre maladroit et plein de prévenance envers la gouvernante. Cette dernière est courtisée par le père de Cécile. Celui-ci donne à lire de savoureux dialogues comiques lorsqu'il tente de faire comprendre à Araminthe qu'elle doit l'aimer tout en refusant l'amour de sa fille pour le chevalier. Et le voilà qui s'embrouille, se contredit, affirme fortement une la maturité et l'immaturité d'Araminthe, son inexpérience et son expérience de jeune femme, tout en s'attribuant les mérites de la vertu de la jeune femme. C'est drôle, c'est fin et ça ne dure pas longtemps, donc je ne boude pas mon plaisir à lire ces amusante pièce !
Ces trois pièces sont écrites dans un style enlevé, avec beaucoup d'humour, de rythme, mais aussi de profondeur lorsqu'il reprend les vieilles idées sur les rapports de classes pour les adapter, presque, au XXème siècle.