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EAN : 9782246828013
560 pages
Grasset (11/01/2023)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Résumé
Un livre sur le roman soviétique, maintenant ? Précisément maintenant : comme le disait Romain Rolland pendant la Grande Guerre, ce n’est pas parce que les Allemands l’ont voulue que nous allons renier Goethe.
Qui plus est, quantité des écrivains que Dominique Fernandez, un des plus grands connaisseurs de la littérature russe (Dictionnaire amoureux de la Russie, Plon, 2004, Avec Tolstoï, Grasset, 2010), nous présente ici, ont été d’oppositio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le Roman soviétique, un continent à découvrir (2023)
Dominique Fernandez (1929 -....)


Je suis décu de n'y trouver Valentin Raspoutine. même s'il est vrai que l'hymne à la nature est moins l'os à ronger de Dominique Fernandez.
Mais j'y retrouve Iouri Kazakov avec la Petite gare
"La souffrance est à peine suggérée.." L'âme russe ..
"Une jeune fille en larmes comprend, sur le quai de "la petite gare" où son fiancé prend le train pour Moscou, qu'il ne reviendra jamais, malgré les promesses échangées.."
La Belle vie
"On y croise le poète romantique Lermontov rêvant de rendre visite à son idole Pouchkine, et n'osant se présenter chez lui que lorsqu'il est trop tard, au moment où on le rapporte agonisant après son duel"
Et j'y retrouve la savoureuse narration romanesque de Dominique Fernandez, fort reconnaissable , qui aime les anecdotes aux notes graves dans les coeurs blessés qui semblent contenus par cette "âme russe" que nous avons du mal à comprendre et qui a aussi l'avantage de conserver des valeurs cachées, inéluctables quand les bolcheviks s'emparent de tout. Quand il semble surfer sur les choses sensibles de l'existence, attachées aux êtres au caractère tantôt simple, tantôt ambivalent, qui sortent de l'ordinaire, sans aucune lamentation, où percent juste le mystère et l'étonnement avec un soupçon de fatalisme. Quand il se penche avec une délicate mais intransigeante attention sur des êtres attachants, troublants dont l'apanage semble être le destin.

Je suis décu ne n'y trouver Oleg Pavlov même s'il est vrai que l'auteur des Récits des derniers jours est en bascule sur l'ère soviétique et l'ère post-soviétique.
Mais j'y retrouve Vladimir Korolenko qui me fait douter que Gorki fut le premier chantre des miséreux dans la littérature russe..
"En 1920, Lounatcharski acquis au fait révolutionnaire, lui rend visite à Poltava en Ukraine, il lui propose un échange de lettres où son aîné lui proposerait d'exposer ses idées sur les évènements de Russie.
Les 6 lettres de Korolenko auxquelles leur destinataire ne répondit point ou n'eut pas le temps de répondre puisque Korolenko est mort juste après, n'ont été publiées qu'en 1989, ce qui n'est pas étonnant pour des textes qui constituent une critique radicale du nouveau régime, lequel, pareil exactement à l'ancien n'a selon lui que mépris pour l'homme ordinaire.."

Je pourrais encore continuer ainsi autant que les 550 pages ici m'en donnent l'occasion et m'étonner par exemple que l'auteur de Dans la main de l'ange qui lui valut le Goncourt en 1982, consacre 30 pages à Gorki le louant indûment à mon sens et pour se rattrapper aussi, semble-t-il, car je n'ai pas le souvenir qu'il ait beaucoup écrit sur Gorki jusque là. Mais l'intérêt ici d'écrire sur le chantre russe des miséreux est double, d'abord c'est un angle de vue opportun pour présenter le passage d'une histoire russe palpitante -ou tout semble non seulement s'accélerer mais se concentrer - d'un point de vue culturel de l'avant révolution à l'après révolution qui donnera peu de change à la liberté d'écrire même si avant la censure était omni-présente; et puis une analyse peut-être de plus mais assez fine sur l'empreinte de cet écrivain dans son temps assez controversé et vraiment intéressante dans le sens que Fernandez arrive ainsi à dompter la complexité de cette époque aux aspects tellement polémiques, parfois même malhonnêtes. Il ne fait aucun doute aujourd'hui que les deux révolutions ont été confisquées au peuple russe, encore faut-il en apporter les preuves quand tellement de faussaires ont galopé depuis dans ce monde pour y mettre une chappe de plomb, celle qui leur convient naturellement. C'est en ce sens que j'aime bien le titre choisi par Dominique Fernandez pour son livre : le roman soviétique, un continent à découvrir.

J'y retrouve aussi Léonid Léonov, cette intervention ne manquera pas de souligner mes nettes divergences d'appréciation avec l'auteur qui porte carrément aux nues Léonov dont personnellement je trouve ses oeuvres épigonales en regard de Tourgueniev par exemple qui a fait tellement mieux sur ses thèmes sociétaux et symboliques . Je ne peux d'ailleurs comprendre la préséance de Tourgueniev qui n'eût servi à rien ! Il aura manqué indéniablement du souffle et du talent à cet écrivain qui portait pourtant de belles espérances. " .. le portrait de la Russie des années 1920 est féroce. Les gens s'épuisent à faire la queue pour un morceau de lard ou un litre de pétrole, par des nuits glaciales. La famine produit une obstruction générale des méninges. Les nouvelles valeurs philosophiques sont devenues le hareng séché ou la tranche de jambon. On vit de troc : un tapis contre un petit déjeuner, un costume d'été contre un sac de pommes de terre, une pendule de bureau contre quelques haricots .." On se lasse vite de cette causticité qui ne vaut que comme contre au nouveau système, répartie cinglante qui appelait une dimension plus ambitieuse. C'est peut-être pour ça qu'il en est mort d'ailleurs ! Pourquoi plonger dans ces apparences trompeuses qui en feraient un grand oublié romantique qui est allé s'exiler pour noyer ses rancoeurs personnelles..

Par ailleurs, ce n'est pas moi qui vais être fâché parce qu'il nous introduit une dizaine de pages sur Léon Tolstoï en début de livre, plus tout un tas de références au grand Maître. On sait l'engouement indéfectible de Fernandez pour les oeuvres de l'écrivain russe. Il place délibérément le curseur cette fois sur l'Art pour assurer la transition. On est étonné de voir comme ça des auteurs qui ne sont pas à proprement parler des écrivains soviétiques mais qu'il affectionne particulièrement comme s'il tirait la couverture vers soi. C'est ainsi qu'on y retrouve également Pasolini, Aragon, Louis Guilloux, Jules Romains .. qui ont tout de même les idées bien teintées pour ne pas se sentir à la marge ..

Un mot sur les compères IIf et Pétrov pour lesquels j'avoue mon ignorance quasi-totale.. qui est bien dommageable d'ailleurs ..
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Un abime de culture littéraire. J'avais aimé son dictionnaire amoureux de la Russie. Avec lui, on balaie un presque siècle de littérature. Les auteurs sont étudiés, leur biographie et leurs principales oeuvres, leurs parcours, leurs positions politiques, choisies ou contraintes. Une mine pour qui veut compléter sa connaissance de la littérature en sortant des habituels clichés et banalités. On appréciera l'entrée consacrée à Grossman, le Maitre de tous, avec en particulier “Vie et destinˮ, sommet de l'épopée et du drame. Comme son titre le note, ce livre est un “continentˮ.
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Quand on lit un livre et que dangereusement on note des titres et découvre des auteurs et que l'on file à notre bibliothèque municipale préférée pour faire sortir des réserves des textes peu lus.
C'est tout le charme de ce texte de Dominique Fernandez qui "réhabilite" des auteurs de la littérature dite soviétique.
de Gorki à Pasternak, en passant par Ehrenbourg, Babel, Paoustovski, Aïtmatov ou Alexeï Tolstoï et bien sûr un texte à (re)lire Vie et Destin de Vassili Grossman.
#Leromansoviétiqueuncontinentàdécouvrir #NetGalleyFrance
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critiques presse (2)
LeFigaro
23 février 2023
De Gorki à Pasternak, c’est tout un pan de la littérature occidentale que l’académicien fait revivre dans un fort volume de plus de 500 pages, aussi épais et foisonnant qu’un roman russe.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
13 février 2023
Sans réha­biliter l’esthétique du « réalisme ­socialiste », imposé comme dogme ­incontestable, Dominique Fernandez fait néanmoins redécouvrir, entre autres, Le Don paisible et Terres défrichées, de Mikhaïl Cholokhov (Prix Nobel en 1965), vaste hymne à la terre de Russie prise dans les tourments de la collectivisation.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Une vraie littérature peut exister seulement quand elle est produite, non par des bien-pensants et de diligents fonctionnaires, mais par des fous, des ermites, des hérétiques, des rêveurs, des rebelles, des sceptiques.
Evguéni Zamiatine, remontée par Dominique Fernandez
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Le roman soviétique ? Quel sujet intempestif ! Ce mot même de « soviétique » ne fait-il pas horreurà toute personne civilisée ? N'est-ce pas une chose établie que Staline et les séides du dictateur ont étranglé la création littéraire et réduit les écrivains au rang de valets dociles, de propagandistes du régime, d'esclaves ? À quoi bon exhumer un passé justement honni ?
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Vidéo de Dominique Fernandez
Arthur Dreyfus Journal sexuel d'un garçon d'aujourd'hui - éditions P.O.L: où Arthur Dreyfus tente de dire de quoi et comment est composé son livre "Journal sexuel d'un garçon d'aujourd'hui" et où il est notamment question d'intensité de vie et d'écriture, de rencontres sexuelles et de leurs retranscriptions, du désir et de l'amour, de la pulsion de mort, de sexualité gay et des 2300 pages du livre, de honte et de morale, de repentir et de rédemption, d'Emmanuel Carrère et de Michel Foucault, de Guillaume Dustan et de Dominique Fernandez, de Grindr et de plans, de vérité et d'intimité, à l'occasion de la parution de "Journal sexuel d'un garçon d'aujourd'hui" aux éditions P.O.L, à Paris le 19 février 2021
"il faut en finir avec le malheur d'être gay"
"Pendant quelques années, il m'est apparu impossible d'avoir ce qu'on appelle un rapport sexuel sans l'écrire."
+ Lire la suite
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