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Christine Séva (Traducteur)
EAN : 9782266109871
292 pages
Pocket (01/02/2001)
3.41/5   47 notes
Résumé :
Le Mariage forcé est une comédie-ballet en un acte et en prose de Molière et Lully, représentée pour la première fois au palais du Louvre, par ordre de sa Majesté le 29 janvier 1664, et donnée ensuite au public sur le Théâtre du Palais-Royal le 15 février 1664 par la troupe de Monsieur, frère unique du Roi.

En 1672, suite à la rupture entre Molière et Lully, le Mariage forcé fut représenté avec de nouveaux intermèdes dus à Marc-Antoine Charpentier ; l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Il s'agit d'une comédie-ballet en trois actes et en prose, donnée pour la première fois le 29 janvier 1664 au palais du Louvre devant la cour. L'oeuvre a vu le jour suite à une commande royale : Louis XIV avait un magnifique costume de bohémien, dans lequel il aurait dû danser dans une mascarade donnée en octobre 1663. La danse n'ayant au final pas eu lieu, le roi demande une nouvelle oeuvre où il pourra utiliser son costume. le duc de Saint-Aignan suggère de confier la tâche à Molière, dont Les fâcheux avaient eu un très grand succès. Molière devra collaborer avec Lully, à qui est confiée la musique. Les contraintes s'accumulent devant l'auteur : non seulement il faut une entrée de Bohémiens, mais aussi une danse par d'un magicien avec quatre esprits, une autre par la Jalousie et les chagrins, un concert espagnol…. Et j'en saute, pour ne pas trop alourdir. Pour couronner le tout, il y avait une musique de charivari que Lully avait en stock et qu'il voulait utiliser. Enfin, Molière n'eut qu'une dizaine de jours pour écrire son texte afin que les répétitions puissent commencer. Il va donc puiser dans des oeuvres qui existent, et s'inspirer tout particulièrement du Ballet de l'oracle de la Sibile de Pansoust, dans lequel Panurge enquêtait pour savoir s'il doit se marier. Les entrées de ballet deviennent ainsi des consultations, ce qui donne une sorte de fil conducteur au récit. le charivari imposé (rappelons qu'il s'agit d'un tapage désapprobateur suite au mariage d'un vieillard avec une jeune fille) lui donne l'idée du mariage d'un vieux avec une très jeune fille, mais comme ce type de mariage ne peut donner un final de comédie, qui doit bien se finir, il va inverser les rôles : c'est le vieillard qui est forcé et puni par là où il a pêché en quelque sorte.

L'intrigue est donc fort simple. le vieux Sganarelle (il a dépassé la cinquantaine, âge canonique à l'époque) a donné sa parole d'épouser la jeune Dorimène, qu'il ne connaît pas. Il est pris d'un doute et consulte un ami, qui trouve le projet ridicule, mais qui finit par approuver Sganaralle, tant celui-ci ne veut rien entendre. Mais une rencontre avec sa promise distille le doute chez le vieil homme : Dorimène est ravie du mariage, car elle est très surveillée chez elle, et compte mettre à profit son changement de statut pour vivre enfin comme elle l'entend, visiblement persuadée que son futur mari ne vivra plus très longtemps de toutes les façons. Ébranlé par cette vision des liens conjugaux, Sganarelle essaie de savoir s'il sera cocu après le mariage, et consulte différents « experts » : philosophes, Bohémiennes etc. Tous se rient de lui ou le perdent dans des considérations oiseuses. Notre homme en vient à vouloir remettre en cause le mariage projeté, mais sa future belle famille ne veut pas en démordre ; le frère de Dorimène veut le provoquer en duel, et sous la bastonnade, Sganaralle finit par conclure le mariage.

Une pièce qui sous des allures très légères, soulève bien plus de questions qu'on pourrait le penser. En effet, la question du mariage dans lequel les futurs mariés, et surtout les femmes, n'ont pas vraiment le choix, qui avait déjà été posée dans l'Ecole des femmes entre autres, est encore une fois au centre de l'intrigue. Et le vieillard qui veut se payer une jeunette est encore une fois ridicule et puni, par une assez jouissive inversion de rôles. La question du mariage, comme celle de la place et du rôle des femmes, est une question centrale dans la société galante, qui est le public central de Molière. C'est globalement des questions qui traversent le siècle, le philosophe La Mothe le Vayer, un des auteurs préférés de Molière, s'interrogeait sur le bien fondé du mariage, et en arrivait à la conclusion, que philosophiquement parlant, c'était un sujet de comédie, idée que Molière reprendra dans le livret de présentation du spectacle.

Les deux philosophes ridicules ne sont pas non plus choisis au hasard et renvoient encore une fois à la pensée de la Mothe le Vayer. L'un des philosophe est aristotélicien, et l'autre est un adepte de la pensée de Descartes, le premier censé représenter une pensée dogmatique et affirmative, le deuxième un doute généralisé qui exclut toute certitude. Deux attitudes dénoncé par la modération de la Mothe le Vayer, qui les jugeait dans leurs excès « ineptes et ridicules ».

A redécouvrir donc.
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"Le mariage forcé" est une farce moliéresque ; et, comme souvent, avec les farces du grand Molière, on trouve dans "Le mariage forcé", une verve, une fraîcheur, un rythme, qu'on trouve rarement ailleurs.
Dans cette pièce admirablement construite, jouissive, où les scènes de farce se suivent à un rythme rapide, le grand Molière a mis tout son art de la farce, et c'est tout simplement une merveille, qui se lit toute seule ( et qui est d'ailleurs très courte ) et qui émerveille, grâce à son harmonie profonde et à l'art de Molière, pour toucher quelque chose en nous, au plus profond de notre être.
Génial !
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Molière à plus d'un tour dans son sac... je découvre encore des pièces qu'il a écrites comme "Le mariage forcé" de 1664. D'ailleurs, je suis surprise que cette pièce ne soit pas plus souvent jouée au théâtre car elle est drôle et tragique à la fois. On y retrouve le thème du mariage cher à Molière.

Sganarelle est quinquagénaire et a des vues sur la jeune et coquette Dorimène. Il l'a donc demandée en mariage à son père mais hésite à se marier de peur d'être cocu. Il décide donc de demander conseil. Nous allons assister au défilé d'une ribambelle de personnages qui ont du mal à se mettre à sa place où qui ne l'écoute pas dont son ami Géronimo, deux philosophes, Pancrace et Marphurius ainsi que deux égyptiennes.
La rencontre de Sganarelle avec les philosophes au verbe haut est hilarante. Ils sont beaux parleurs et ridicules et on les comprend difficilement mais surtout ils n'écoutent pas.
Et puis il se rend compte que Dorimène se moque bien de lui. Il va donc revenir sur son engagement mais le frère et le père de sa fiancée, Alcantor et Alcidas, n'entendent pas la chose de la même oreille alors ça fini mal pour lui, malheureusement.

Molière critique une fois de plus les mariages arrangés et montre que l'amour est une chose sérieuse "Si l'objet de vos feux ne mérite vos peines, sous l'Empire d'amour ne vous engagez pas." Il est décidément un pourfendeur de codes et un grand comique de son époque.


Challenge Riquiqui 2021
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Je me suis amusée à voir Molière rendre moins contraignantes les questions philosophiques avec une malléabilité bien comique. On y retrouve une manière assez particulière de soigner la logique et la suspension de la pensée. Cela m'a même détourné de la vraie ligne de l'intrigue où Sganarelle, 52 ans, essaie tant bien que mal déjoué le piège d'un mariage forcé!
Vraiment intelligent ce type!
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J'ai lu du 20/12/2021 au 21/12/2021.

Je ne vais parler que de la pièce le Mariage forcé que j'ai lu.
Cette pièce était une découverte, elle fait partie de celle que je n'avais pas encore lu de Molière. On peut dire qu'elle est assez méconnu puisqu'elle est notamment très courte. J'ai adoré cette pièce qui reflète bien le talent de Molière en ayant recours à l'humour pour critiquer ses contemporains.
Dans cette comédie en un acte composé de 10 scènes, Molière critique la noblesse sur le mariage arrangé. En effet, son protagoniste, Sganarelle qui est à plus de 50 ans, veut s'unir à une jeune femme pour ne pas se sentir seul, entre autres. On se rend compte que Sganarelle a peur d'être cocu vu la différence d'âge ; cela nous rappelle d'autres comédies de Molière mettant en scène l'image du cocu. de plus, nous avons également une critique des philosophes, plus précisément des savants, car il leur reproche de ne pas écouter les contemporains et de sortir beaucoup de phrases savantes pour noyer le poisson. Dès lors, j'ai totalement reconnu le génie de Molière dans les scènes 4 et 5.
Enfin, je ne sais pas si je suis la seule mais j'ai eu l'impression que Dorimène, la promise de Sganarelle, était la veuve dans le Bourgeois gentilhomme mais ceci reste qu'une impression.

Pour conclure, quel plaisir de découvrir une nouvelle pièce de Molière. Elle peut être intéressante si on s'intéresse à la biographie du dramaturge car cela se produit presque au moment où il rompt avec Lully. En tout cas, nous retrouvons son talent pour utiliser l'humour dans le but de critiquer les savants et le mariage forcé. C'est une comédie courte mais elle représente bien l'univers de Molière.

Ma note : 10/10
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
ALCIDAS: Monsieur, je suis votre serviteur très humble.
SGANARELLE: Monsieur, je suis le vôtre, de tout mon coeur.
ALCIDAS: Mon père m'a dit, Monsieur, que vous vous êtes venu dégager de la parole que vous aviez donnée.
SGANARELLE: Oui, Monsieur: c'est avec regret; mais...
ALCIDAS: Oh! Monsieur, il n'y a pas de mal à cela.
SGANARELLE: J'en suis fâché, je vous assure; et je souhaiterais...
ALCIDAS: Cela n'est rien, vous dis-je. (Lui présentant deux épées.) Monsieur, prenez la peine de choisir de ces deux épées laquelle vous voulez.
SGANARELLE: De ces deux épées?
ALCIDAS: Oui, s'il vous plaît.
SGANARELLE: A quoi bon?
ALCIDAS: Monsieur, comme vous refusez d'épouser ma sœur après la parole donnée, je crois que vous ne trouverez pas mauvais le petit compliment que je viens de faire.
SGANARELLE: Comment?
ALCIDAS: D'autres feraient du bruit et s'emporteraient contre vous; mais nous sommes personnes à traiter les choses dans la douceur; et je viens vous dire civilement qu'il faut, si vous le trouvez bon, que nous nous coupions la gorge ensemble.
(scène 9)
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GERONIMO: Vous avez raison; je m'étais trompé: vous ferez bien de vous marier.
SGANARELLE: J'y ai répugné autrefois; mais j'ai maintenant de puissantes raisons pour cela. Outre la joie que j'aurai de posséder une belle femme, qui me fera mille caresses, qui me dorlotera et me viendra frotter lorsque je serai las, outre cette joie, dis-je, je considère qu'en demeurant comme je suis, je laisse périr dans le monde la race des Sganarelles, et qu'en me mariant, je pourrai me voir revivre en d'autres moi-mêmes, que j'aurai le plaisir de voir des créatures qui seront sorties de moi, de petites figures qui me ressembleront comme deux gouttes d'eau, qui se joueront continuellement dans la maison, qui m'appelleront leur papa quand je reviendrai de la ville et me diront de petites folies les plus agréables du monde.
(Scène 1)
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MARPHURIUS.- Que voulez-vous de moi, Seigneur Sganarelle ?
SGANARELLE.- Seigneur Docteur, j’aurais besoin de votre conseil sur une petite affaire dont il s’agit ; et je suis venu ici pour cela. Ah ! voilà qui va bien. Il écoute le monde, celui-ci.
MARPHURIUS.- Seigneur Sganarelle, changez, s’il vous plaît, cette façon de parler. Notre philosophie ordonne de ne point énoncer de proposition décisive ; de parler de tout avec incertitude ; de suspendre toujours son jugement : et par cette raison vous ne devez pas dire "Je suis venu" ; mais "Il me semble que je suis venu."
SGANARELLE.- Il me semble ?
MARPHURIUS.- Oui.
SGANARELLE.- Parbleu, il faut bien qu’il me semble, puisque cela est.
MARPHURIUS.- Ce n’est pas une conséquence ; et il peut vous sembler, sans que la chose soit véritable.
SGANARELLE.- Comment, il n’est pas vrai que je suis venu ?
MARPHURIUS.- Cela est incertain ; et nous devons douter de tout.
SGANARELLE.- Quoi ? je ne suis pas ici ; et vous ne me parlez pas ?
MARPHURIUS.- Il m’apparaît que vous êtes là, et il me semble que je vous parle : mais il n’est pas assuré que cela soit.
SGANARELLE.- Eh ! que diable, vous vous moquez. Me voilà, et vous voilà bien nettement ; et il n’y a point de me semble à tout cela. Laissons ces subtilités je vous prie ; et parlons de mon affaire. Je viens vous dire que j’ai envie de me marier.
MARPHURIUS.- Je n’en sais rien.
SGANARELLE.- Je vous le dis.
MARPHURIUS.- Il se peut faire.
SGANARELLE.- La fille, que je veux prendre, est fort jeune, et fort belle.
MARPHURIUS.- Il n’est pas impossible.
SGANARELLE.- Ferai-je bien, ou mal, de l’épouser ?
MARPHURIUS.- L’un, ou l’autre.
SGANARELLE.- Ah ! ah ! voici une autre musique. Je vous demande, si je ferai bien d’épouser la fille dont je vous parle.
MARPHURIUS.- Selon la rencontre.
SGANARELLE.- Ferai-je mal ?
MARPHURIUS.- Par aventure.
SGANARELLE.- De grâce, répondez-moi, comme il faut.
MARPHURIUS.- C’est mon dessein.
SGANARELLE.- J’ai une grande inclination pour la fille.
MARPHURIUS.- Cela peut être.
SGANARELLE.- Le père me l’a accordée.
MARPHURIUS.- Il se pourrait.
SGANARELLE.- Mais en l’épousant, je crains d’être cocu.
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Sganarelle— Seigneur Alcantor, je vous suis obligé de l'honneur que vous me faites; mais je vous déclare que je ne me veux point marier.
Alcantor— Qui, vous?
Sganarelle— Oui, moi.
Alcantor— Et la raison?
Sganarelle— La raison; c'est que je ne me sens point propre pour le mariage; et que je veux imiter mon père, et tous ceux de ma race, qui ne se sont jamais voulu marier.
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PANCRACE.— Et de quelle langue voulez-vous vous servir avec moi?
SGANARELLE.— De quelle langue?
PANCRACE.— Oui.
SGANARELLE.— Parbleu, de la langue que j'ai dans la bouchexx; je crois que je n'irai pas emprunter celle de mon voisin.
PANCRACE.— Je vous dis de quel idiome; de quel langage?
SGANARELLE.— Ah! c'est une autre affaire.
PANCRACE.— Voulez-vous me parler italien?
SGANARELLE.— Non.
PANCRACE.— Espagnol?
SGANARELLE.— Non.
PANCRACE.— Allemand?
SGANARELLE.— Non.
PANCRACE.— Anglais?
SGANARELLE.— Non.
PANCRACE.— Latin?
SGANARELLE.— Non.
SGANARELLE.— Non.
PANCRACE.— Hébreu?
SGANARELLE.— Non.
PANCRACE.— Syriaque?
SGANARELLE.— Non.
PANCRACE.— Turc?
SGANARELLE.— Non.
PANCRACE.— Arabe?
SGANARELLE.— Non, non, françaisxxi.
PANCRACE.— Ah français!
SGANARELLE.— Fort bien
PANCRACE.— Passez donc de l'autre côté: car cette oreille-ci est destinée pour les langues scientifiques, et étrangères, et l'autre est pour la maternellexxii.
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Vidéo de  Molière
MOLIÈRE – Variations sur les fêtes royales, par Michel Butor (Genève, 1991) Six cours, parfois coupés et de qualité sonore assez passable, donnés par Michel Butor à l’Université de Genève en 1991.
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