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Ely Halpérine-Kaminsky (Traducteur)
EAN : 9782381410036
160 pages
Editions Sillage (26/10/2020)
5/5   2 notes
Résumé :
En 1851, Tolstoï, âgé de vingt-trois ans, décide de rejoindre son frère, officier dans le Caucase, où les Russes sont aux prises avec une guérilla qu’ils mettront plusieurs décennies à vaincre. D’abord simple observateur, il se porte volontaire pour plusieurs missions de combat, puis s’engage dans une carrière militaire qu’il poursuivra durant cinq ans.

Les trois récits réunis dans ce recueil comptent parmi les premiers textes écrits par Tolstoï. Évoc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
l'Incursion 1852, Léon Tolstoï

Publié en mars 1853 dans le Contemporain pour la première fois. sera publié en livre seulement en 1911, à titre posthume, mais je dis ça sous réserve, car ça m'étonne un peu ! C'est loin d'être un texte négligeable, surtout en tant que premier texte tiré de son expérience militaire au Caucase, répertorié s'il vous plaît entre Enfance, La Matinée d'un seigneur et les Cosaques qui ne sera achevé qu'en 1862. du russe vers le français, en tout cas, une traduction a bien été faite par J.W. Bienstock en 1902, sous la direction de Paul Birukov, secrétaire particulier de l'auteur, c'est le livre que j'ai sous les yeux et que je me propose d'ouvrir ici.

Je tiens à le préciser car je me méfie des premiers textes qui paraissent après coup dont la profession ou les biographes, historiens s'emparent un peu vite, quand ce n'est pas ce qui entoure les "inédits"... Si c'est par exemple comme celui de Blaise Cendrars, eh ben ici non clairement !

De tous ces textes de jeunesse, si on ajoute encore Les Récits de Sébastopol qui vont suivre, avec au coeur de cette moisson peut-être Enfance, le chef d'oeuvre, non seulement on en mesure toute la maturité précoce et un écrivain hors pair en devenir, mais on n'est pas surpris que le maître de la littérature russe de cette époque, Tourgueniev fut subjugué par ces textes du jeune Tolstoî qu'il va prendre sous son aile et qui va devenir le plus grand écrivain de la terre russe, selon les propres termes de l'auteur des Récits d'un chasseur. On ne dira pas bien sûr que 10 ans plus tard l'apparition de Guerre et Paix ne fut qu'une formalité à nos yeux tant le défi était immense, mais en tout cas pas étonnés.

L'Incursion se présente sous la forme d'un récit quelque peu arrangé non pas travestissant la vérité mais comme un rhum arrangé de la Réunion ou des Antilles, du vrai de vrai, du véritable, comme il en a l'habitude ; c'est comme un peintre qui ne va pas peindre un poteau éléctrique ou une bouche à égout dans son paysage .. Une commodité de langage en quelque sorte. Ce n'est donc pas une incongruité si on le classe en nouvelle. Là Tolstoï est militaire, mais c'est un artiste dans le fond !..

L'année plus tôt en 1851, il a quoi 22 ans, c'est loin d'être dit partout, son frère aîné Nicolas officier dans l'artillerie au Caucase récupère son frère par la peau des fesses d'un des bordels de la capitale où ce dernier menait une vie de débauche et l'enjoint de le rejoindre à son bataillon. L'intéressé ne s'en est jamais caché du reste. Bref !

C'est en lisant le Napoléon dans la littérature russe de Sorokine qu'un titre attribué à Tolstoï Nabieg comportant une citation sur la philosophie de la guerre que j'ignorais, m'a amené à ce texte plus connu sous le nom de l' Incursion qui en fait m'a filé entre les doigts jusque là parce que je l'ai confondu avec une autre nouvelle qui s'intitule l'Evasion et qui n'a rien à voir. du coup, ben voilà j'en découvre encore des textes non lus de Tolstoï et je ne vais pas m'en plaindre !..

Alors du coup je peux citer le passage que remonte Sorokine dans son livre, assez édifiant je dois dire, de la part d'un jeune homme qui a trois poils au menton :
"La guerre m'a toujours intéressé. Non pas la guerre, procédé de la stratégie des grands capitaines - mon imagination se refusait à suivre leurs hauts faits - mais la guerre tout court, c'est-à-dire le meurtre. Ce qui m'intéressait c'était de savoir comment et sous l'inspiration de quel sentiment un soldat quelconque avait pu tuer un autre soldat quelconque et non pas quelles furent les dispositions des troupes lors de la bataille d'Austerlitz ou de Borodino"

Le brave capitaine qui a plutôt sa carrière derrière lui et qui anime cette Incursion en pays Tchetchène, on l'aura compris, alors à pacifier, avait toujours sa pipe dans sa bouche - peut-être pas facile de l'avoir ailleurs quand on est cavalier et qu'on s'aventure dans la plaine caucasienne où coule la rivière, bordée de montagnes, à priori hostiles.

Ca me donne envie tellement comme c'est raconté de sortir ma vieille bouffarde qui n'a pas fait la guerre tout de même, au rebus depuis plus de trente ans -qui s'est éteinte avec le temps, me semble-t-il- et d'en fumer une avec lui. Décidément mes lectures ont un lien entre elles, hier c'était Ceci n'est pas une pipe du grand Magritte que je suis réellement en train d'explorer pour le coup..

Mais je pense que la pipe est révolue, à moins d'en activer le foyer chez soi, avant ça faisait respectable et ça servait à donner contenance à ceux qui n'avaient pas trop confiance en eux, mais aujourd'hui, j'ai plutôt le sentiment qu'au dehors on aurait vite fait de se faire rentrer une pipe à l'intérieur avec cette haine qui envahit l'espace public désormais ..

Un passage me coupe la chique et aurait pu me faire cracher ma bouffarde imaginaire, je cite : " .. Au même moment galopait devant nous un très bel adolescent, tout jeune, en costume d'officier et coiffé d'un haut bonnet blanc. (..) Je n'eus que le temps de remarquer qu'il se tenait en selle et maintenait les guides avec une grâce particulière, qu'il avait de beaux yeux noirs, un nez petit, très fin, des moustaches naissantes. Ce qui, surtout, me plaisait en lui, c'est qu'il ne pouvait s'empêcher de sourire en remarquant que nous l'admirions. Rien qu'à ce sourire, on pouvait conclure qu'il était encore très jeune .."

De quoi encore donner du grain à moudre à notre ami Dominique Fernandez qui voit des homosexuels partout ! C'était entre parenthèses, un vieux compte à solder, ça y est, c'est fait !

On s'apercevra à la lecture de ce texte que l'intention de l'auteur était de créer une sorte d'oxymore du beau téméraire et du laid mortifère pour atteindre efficacement la guerre dans son fondement.

Une halte dans l'incursion.
"J'écoutais avec curiosité la conversation des soldats et des officiers et je regardais attentivement l'expression de leur physionomie. Mais chez aucun, je ne pouvais distinguer l'ombre de cette inquiétude que j'éprouvais moi-même. Les plaisanteries, les rires, les racontars exprimaient l'insouciance générale et l'indifférence pour le danger immédiat, comme si l'on ne pouvait même supposer que quelques-uns ne retourneraient déjà plus par cette route !"

Je n'ai rien à ajouter à cela franchement, tant c'est péremptoire !

On s'aperçoit et ce sera mon dernier mot qu'il n'y a rien de trop dans le descriptif de la nature caucasienne qui revient à chaque chapitre comme s'il s'agissait du premier : "le soleil se cachait derrière la chaîne des montagnes couvertes de neige et jetait ses derniers rayons roses sur les nuages longs, minces, qui s'arrêtaient sur l'horizon clair, transparent".. Nous ne sommes pas chez Flaubert ou le descriptif occupe des pages et des pages, contemplatif, qui vaut pour une volonté anthropocentrique. D'abord chez Tolstoï il n'y a pas d'abus habituellement, - même si ici il l'introduit comme acteur de son dessein -, où une touche impressionniste lui permet de fixer le décor et de volonté clivante comme composante de son texte, mais plutôt un idéal d'amener l'homme à la nature qui est la sienne.

Petit détail de fin, je n'ai pas retrouvé dans la lecture de L'Incursion le passage sur la philosophie de la guerre que remontait Sorokine dans son Napoléon dans la littérature russe. Je vais donc revoir ma copie et chercher encore !..




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L'INCURSION et autres récits du Caucase de LÉON TOLSTOÏ
L'incursion.
Le capitaine Khopov prévient Tolstoï que la troupe va faire mouvement. Il veut venir en tant qu'observateur et il va faire une description détaillée des officiers, des vieux soldats habitués à ces guerres, des jeunes recrues dont l'expérience se limite à l'école militaire et qui sont terriblement influencés par leurs lectures d'écrivains comme Lermontov avec le célèbre Héros de notre Temps ou Marlinski. En fait de guerre, il s'agira d'une série d'escarmouches avec les Tartares, certains ne reviendront pas. Longues considérations sur ce que sont la bravoure ou le courage.
Une coupe en forêt.
Alors que la troupe s'avance en forêt pour récupérer du bois, Tolstoï s'intéresse aux militaires et les classe en catégories, les dominateurs, les soumis et les casse cous, avec évidemment d'infinis variantes et subdivisions. le soir à la veillée c'est le moment des histoires que les nouveaux réclament aux anciens qui ne se font pas prier pour parler( ou inventer) du Caucase, des Tcherkesses, des Tavlinski ou des Moumri, réels ou imaginaires. La seule réalité tangible ce sont les soldats qui tombent sous les obus pendant que les bûcherons sont à la coupe.
Le dégradé.
Un soir autour du feu, Tolstoï voit un homme qui lui rappelle une connaissance moscovite, c'est effectivement Gouskov dont la famille était très riche et qui semble si mal à l'aise. Qu'a t il bien pu lui arriver? Il va se confier à lui.

Ces trois textes très descriptifs donnent une idée précise de l'ambiance de ces guérillas dans le Caucase entre le pouvoir central russe et les multitudes d'ethnies qui peuplent cette région. Ces trois textes se situent très tôt dans la production de Tolstoï, juste après Enfance et Adolescence.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Dans les étroits sentiers de la forêt caucasienne ..
"Les boulets de l'ennemi commencèrent à voler en sifflant. Je vis comment un soldat fut tué par un obus .. Mais pourquoi raconter les détails de cet horrible tableau, quand moi-même je donnerais cher pour l'oublier ? "
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Tout ce qu'il y a de mauvais dans le coeur humain devrait, semble-t-il, disparaître au contact de la nature, cette expression la plus immédiate du beau et du bien
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