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Stefan Zweig tome 1 sur 3

Brigitte Vergne-Cain (Éditeur scientifique)Gérard Rudent (Éditeur scientifique)Alzir Hella (Traducteur)Olivier Bournac (Traducteur)Manfred Schenker (Traducteur)
EAN : 9782253055136
1340 pages
Le Livre de Poche (01/01/1991)
4.54/5   261 notes
Résumé :
I. ROMANS & NOUVELLES
- Conte crépusculaire / Brûlant secret / La Peur / Amok
- La Femme et le Paysage / La Nuit fantastique
- Lettre d’une inconnue / La Ruelle au clair de lune
- Vingt-quatre heures de la vie d’une femme
- La Confusion des sentiments / La Collection invisible
- Leporella / Le Bouquiniste Mendel
- Révélation inattendue d’un métier / Virata
- Rachel contre Dieu / Le Chandelier enterré
- L... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Zweig est à la littérature ce que Vermeer est à la peinture : des oeuvres de petit format, rares et délicates, où l'on voit entrer la lumière par un puits invraisemblablement limpide et se poser comme un voile de gaze sur les personnages pour délimiter leurs courbes en clair-obscur et laisser suggérer le reste.
J'ai déjà dit, ici ou là, le bien que je pensais de cette collection La Pochothèque du Livre de Poche, quant au contenu et aux présentations, et le mal que j'en pensais quant à la mollesse de la reliure. Si vous en avez l'occasion, essayez de vous débusquer d'occasion ou de rebut la version dite "bibliotheca", c'est-à-dire à couverture rigide et de bonne qualité.
Vous aurez ainsi entre les mains, de quoi vous faire les dents avec Stefan Zweig, où vous trouverez compilés, certains de ses tout meilleurs romans et nouvelles, parmi l'ensemble desquels, ma préférence demeure acquise à La Confusion Des Sentiments.
Mais bien sûr, cela n'est que mon avis, c'est-à-dire pas grand-chose, pour connaître votre propre vérité, à vous de jouer...
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En très peu de pages, Zweig emporte le lecteur dans un tourment " érotico-météorologique" qui a un côté fantastique.
Comme dans bien d'autres nouvelles de cet auteur, le personnage principal est un être désabusé, distingué et froid. D'ailleurs les autres personnes de l'hôtel dans les Dolomites, où il est en vacances, l'ennuient parce qu'elles semblent insensibles à l'appel de la nature accablée par la chaleur torride qui règne en ce mois d'août. Contrairement à lui.

Pourtant, une jeune femme mystérieuse semble aussi aller à la rencontre de cette nature personnifiée, plus précisément par la terre impatiente de retrouver le ciel et sa pluie salvatrice.

La terre devient l'élément féminin qui attend le ciel, l'élément masculin, et sa pluie...

De pages en pages, une analogie se dessine entre cette femme et le paysage qui déstabilise peu à peu le voyageur jusqu'à le rendre ultrasensible à l'environnement et à cette femme.

Une nouvelle sensuelle qui monte en intensité, parfaitement réussie.
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Nouvelle truffée de métaphores aux parfums voluptueux et torrides d'une chaude nuit d'été.
Stephan Zweig n'a, comme d'habitude, pas son pareil pour peindre les mots sur la toile des pages, plongeant ainsi le lecteur au creux du paysage, saoul de sensations et dévoré d'envies...
Il a fait extrêmement chaud et lourd aujourd'hui, tout comme dans la nouvelle de Zweig. L'idéal, me direz-vous, pour s'imprégner encore plus de l'ambiance. Et pourtant, avec 20° en moins, je suis certaine que l'écriture envoûtante de Zweig aurait produit le même effet !
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Nouvelle "La Femme et le paysage" :

Le narrateur se trouve dans une pension au Tyrol, pour échapper à la canicule, parce qu'il espère trouver à la montagne un air plus frais. Or, la chaleur règne dans cette vallée également, mettant à rude épreuve les nerfs des clients. le jeune homme perd toute volonté et se désespère en contemplant la nature assoiffée, qui se dessèche sur pied. Jusqu'au moment où il remarque une belle jeune femme, qui soupire en espérant la pluie. Il la retrouve au restaurant en compagnie de ses parents, et frissonne lorsqu'elle darde sur lui son regard noir et insatiable.

Lorsque l'orage approche, la tension se relâche pour un temps, mais reprend douloureusement son empire sur les hommes au moment où l'orage s'éloigne, avorte sans fraîcheur ni pluie. le narrateur, effondré, regagne sa chambre : quelle n'est pas sa surprise d'y trouver la jeune fille remarquée plus tôt... Elle ne semble pas savoir ce qu'elle fait ici, et se déplace comme dans un rêve, mais elle a si soif !

J'ai apprécié cette nouvelle à la tonalité fantastique, où l'intrigue importe peu, au regard de la manifestation des éléments, des somptueuses descriptions de la nature, la terre personnifiée comme une femme sensuelle, mais en souffrance, fiévreuse de l'attente de l'eau. La nature et les sentiments du narrateur sont à l'unisson, et ce serait peut-être une nouvelle romantique, si ce n'était cette touche de fantastique.

Le genre fantastique aborde le thème du double, dit-on : et n'est-ce pas de cela qu'il est question ? La jeune femme désirée par le narrateur est peut-être l'avatar, la continuité de la relation presque charnelle que le jeune homme a tout d'abord ressenti avec la terre, le paysage avide de soulagement, celui-ci dût-il culminer dans la violence venant du ciel.

L'écriture est certes évocatrice, l'ambiance étrange a son charme - j'ai tout de même trouvé un peu trop d'exagération dans les expériences successives du narrateur, et l'aventure avec la jeune fille mystérieuse est assez décousue, je n'ai pas réussi à vraiment me projeter dans l'histoire.
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Ce recueil de nouvelles de Stefan Zweig est une intéressante redécouverte de textes inégalement connus. Amok et Lettre d'une inconnue sont précédées par leur réputation mais pas La Pitié Dangereuse, par exemple.

On retrouve quoiqu'il en soit la plume admirable de finesse de l'écrivain et sa quête farouche. Comme dans ses autres oeuvres, en effet, Zweig cherche et réussit le plus souvent à décortiquer l'âme humaine pour en exposer les faiblesses, les douleurs, les abîmes mais aussi les merveilleuses beautés. Tout reste naturellement question d'inclination personnelle : les amateurs d'action délaisseront rapidement ces textes, où l'auteur déploie sur de longues pages la description minutieuse des émotions, sentiments et cas de conscience de ses personnages. Et, il est vrai, cette écriture est d'un temps où l'on aimait les longues phrases et les points virgule à répétition. Quelquefois même, le style paraît singulièrement ampoulé - par exemple dans La Ruelle au clair de lune. Mais Zweig parvient à rendre avec une telle magie la réalité de sentiments ordinaires (la pitié, l'amour, la culpabilité, l'indifférence puis l'émerveillement) que ses récits acquièrent un suspens improbable.

Et c'est cette vision aiguë de la vie intérieure de ses semblables qui rend Zweig, en dépit de son écriture quelquefois surannée, indémodable.
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critiques presse (2)
Lexpress
12 juillet 2013
De nouvelles éditions en série: l'écrivain viennois Stefan Zweig n'a jamais tant séduit. Parce qu'il fut le témoin lucide du monde d'hier. Parce que son oeuvre, magistral traité des passions, livre aussi des clefs de celui d'aujourd'hui.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
17 avril 2013
S'il y eut bel et bien, dans la postérité de Zweig, une éclipse, la parenthèse d'amnésie est aujourd'hui close. Aimé, lu, célébré, Zweig l'est de nouveau — comme il le fut de son vivant.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
"Son visage aux yeux clos était tendu douloureusement; je m’aperçus,angoissé, qu’elle voulait s’éveiller et ne le pouvait pas, que ses sens égarés cherchaient de toutes leurs forces à s’évader de cette prison de ténèbres, à retrouver leur lucidité. Et le fait que, sous le masque de plomb du sommeil, quelque chose luttait pour se dégager de l’enchantement, suscitait en moi la dangereuse envie de la réveiller. Mes nerfs brûlaient du désir de la voir non plus en état de somnambulisme, mais éveillée et parlant comme un être réel. Ce corps aux jouissances sourdes, je voulais à tout prix le ramener à l’état conscient. Je l’attirai violemment à moi, je la secouai, j’enfonçai mes dents dans ses lèvres et mes doigts dans ses bras, afin qu’elle ouvrît enfin les yeux et fît consciemment ce que jusqu’alors seul un vague instinct l’avait poussée à faire. Elle se courba en gémissant sous la douloureuse étreinte. « Encore… Encore… » murmura-t-elle, avec une chaleur insensée qui m’excitait et me faisait perdre la raison. Je sentais que l’éveil était proche, qu’il allait percer sous les paupières closes, qui déjà tremblaient d’une manière inquiète. Je la serrai de plus en plus fort, je m’enfonçai plus profondément en elle; soudain une larme roula le long de sa joue et je bus la goutte salée. La terrible agitation de son sein augmentait sous mon étreinte, elle gémissait, ses membres se crispaient comme s’ils eussent voulu briser quelque chose de terrible, le cercle de sommeil qui l’emprisonnait; soudain — ce fut comme un éclair à travers le ciel orageux — quelque chose en elle se rompit. Elle fut de nouveau un poids lourd et inerte dans mes bras, ses lèvres se détachèrent, elle laissa retomber ses mains, et lorsque je la déposai sur le lit elle resta couchée comme morte. J’eus peur. Involontairement, je la touchai, tâtai ses bras et ses joues, tout était froid, glacé, pétrifié. Seules ses tempes battaient faiblement. Elle gisait là comme un marbre, les joues humides de larmes; une respiration légère caressait ses narines dilatées. De temps en temps un faible tressaillement la parcourait encore, vague descendante de son sang agité, mais les spasmes peu à peu s’apaisaient. De plus en plus elle ressemblait à une statue. Ses traits se détendaient et s’humanisaient, devenaient plus juvéniles, plus limpides. La crispation avait disparu. Elle s’était assoupie. Elle dormait."
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ô enfance, étroite prison !
Que de fois j'ai pleuré derrière tes barreaux
Quand dehors, tout pailleté d'azur et d'or,
Passait l'oiseau inconnu.

ô nuits d'impatience, où je me déchirais les mains
Aux verrous, — quand je sentais bouillonner
Dans mon sang les désirs trop précoces —
Puis, rompant mes fers, je trouvai libre , l'espace devant moi !

A peine l'eus-je aperçu, que je pris mon essor :
Le monde était à moi ! Mon coeur se répandit,
Se consuma dans mille frissons ardents.

Et pourtant avec le souvenir vient souvent le regret :
ô délicieuse angoisse des premières aubes !
Si je pouvais y retourner ! Comme j'étais pur et frais !

[ p 39 ] ( traduction révisée )
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En bas je sentais les eaux qui bruissaient doucement, et au-dessus de moi, coulant avec une musique qu’on ne peut entendre, le flot blanc de ce monde. Et peu à peu ce bruissement s’enfla et me pénétra dans le sang : je ne me sentis plus moi-même, je ne sus plus si cette respiration était la mienne ou si c’étaient les battements lointains du coeur du navire, je m’écoulais et dérivais moi-même dans l’incessant bruissement du monde au milieu de la nuit.

AMOK
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Quelque chose crissa dans le gravier chaud. Soudain ce bourdonnement s'insinua. Et soudain je compris, je sentis que c'était des gouttes, des gouttes qui tombaient lourdement de la grande, bruissante et rafraîchissante pluie. Ah, ça commençait ! Oui, cela avait commencé. Un abandon, une bienheureuse ivresse m'envahirent. J'étais en éveil comme jamais. Je fis un bon en avant pour attraper une goutte dans ma main. Lourde et fraîche elle s'écrasa sur mes doigts. J'arrachai ma casquette pour mieux sentir l'humidité voluptueuse sur mes cheveux et sur mon front, je tremblais déjà d'impatience à l'idée de m'abandonner à l'ivresse de la pluie, de la sentir sur moi, sur ma peau chaude et vibrante, dans mes pores dilatés, et jusqu'au plus profond de mon sang en émoi. Elles étaient éparses, ces gouttes qui s'écrasaient au sol, mais je présentais leur chute abondante, déjà j'entendais leur déferlement et leur vacarme, toutes les écluses étaient ouvertes, et je sentais venir le divin écoulement du ciel par-dessus la forêt, sur la touffeur de ce monde embrasé.
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Ce ne sont pas les êtres bien portants, sûrs d'eux-mêmes, gais, fiers et joyeux qui aiment vraiment, - ils n'ont pas besoin de cela ! Quand ils acceptent d'être aimés, c'est d'une façon hautaine et indifférente, comme un hommage qui leur est dû. Le don d'autrui n'est pour eux qu'une simple garniture, une parure dans leurs cheveux, un bracelet à leur poignet, et non le sens et le bonheur de leur existence. Seuls ceux que le sort a désavantagés, les humiliés, les laids, les déshérités, les réprouvés, on peut les aider par l'amour. Et quand on leur consacre son existence, on les dédommage seulement de ce dont la vie les a privés. Et eux seuls savent aimer et se laisser aimer comme il faut : humblement et avec reconnaissance.

LA PITIE DANGEREUSE
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Vidéo de Stefan Zweig
Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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