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Critiques de Trevanian (487)
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La sanction

Comment peut-on croire à un héros professeur en philosophie de l'art, capable d'expertiser des tableaux d'époques variées, mais en même temps grimpeur d'élite et tueur à gages ? Doit-il en résulter un livre parodique, surtout si le héros est un séducteur trop beau et trop intelligent ? La présence d'humour et de dialogues où l'intelligence doit compléter les ellipses justifie-t-elle une lecture distanciée, typique de la parodie ?

A vrai dire, je m'en moque, je constate juste que tout ça se lite vite, facilement et avec plaisir. Dans le polar ou le livre d'espionnage, je n'ai pas besoin de flics névrotiques ni de personnages crédibles, l'action peut suffire et s'il faut un héros excessif en tout pour que ça remue et que ce soit drôle, ainsi soit-il.

On aime ou on n'aime pas une vision d'une CIA d'une nullité cataclysmique (j'aime). On aime ou on n'aime pas le dénigrement systématique des allemands lourds et pusillanimes, des suisses banquiers sans cœur, quelle que soit leur profession (je supporte, car c'est fait avec humour). On aime ou on n'aime pas une vision tragique de la montagne (je n'aime pas trop, et en plus je trouve que l'auteur a des connaissances lacunaires dans ce domaine et est trahi par un traducteur qui n'a pas assimilé le vocabulaire nécessaire). On aime ou on n'aime pas les coucheries racontées d'un point de vue machiste (l'humour sauve).

Mais le plus important est une intrigue assez tordue et assez rapide pour que ça s'agite dans tous les sens, avec surprises et rebondissements. Si en plus c'est raconté intelligemment (je veux dire : habilement, et en ne servant pas un menu prémâché mais une suite de plats que le cerveau doit mastiquer), alors j'adhère et je passe un bon moment.

Merci à Pecosa qui a fait cette suggestion dans la liste meurtre en montagne.
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Shibumi

Apatride né à Shangaï, d’une mère russe et d’un père prussien, élevé au Japon par un maître de go, Nicholaï Hel, après une carrière de tueur à gages, vit désormais dans son château du Pays basque. Son temps se partage entre l’entretien de son jardin japonais, les plaisirs de la chair avec sa maîtresse Hana et les explorations spéléologiques avec son ami Le Cagot. Une vie de retraité paisible avec pour seul objectif d’atteindre le shibumi. Mais une vie qui va être chamboulée par l’arrivée d’une jeune fille en détresse. Hannah Stern, seule survivante d’un commando qui s’apprêtait à abattre des terroristes palestiniens, le replonge dans son ancienne vie et le met face à son plus grand ennemi : La Mother Compagny. Un consortium nébuleux, riche et influent, plus fort et plus implacable que la CIA, qui dirige le monde sans en avoir l’air. Pour honorer une vieille dette, Nicholaï reprend du service et s’oppose à la Mother Compagny, malgré les risques.



Encore un super héros dont Trevanian a le secret. Nicholaï Hel est séduisant, polyglotte, doué d’une perception hors du commun et peut, tout en conservant un calme olympien, donner la mort de moultes façons et avec n’importe quel objet à sa portée. Oui, entre ses mains expertes, un stylo ou un trombone deviennent des armes mortelles ! On l’aura compris, Nicholaï est un homme exceptionnel, paré de toutes les qualités. Mais ce qui pourrait le rendre imbuvable, au contraire, fait de lui quelqu’un qu’on a bien envie d’aimer. Parce qu’il a beau être un tueur, il a aussi des valeurs, le sens de l’honneur, celui de l’amitié et des opinions très arrêtées sur les Etats-Unis, le monde occidental en général, le capitalisme, la marche du monde.

Adepte du shibumi, une philosophie japonaise qui tend à se détacher des contingences bassement matérielles du monde, l’homme est une sorte de samouraï moderne qui reprend les armes au nom de l’amitié.

Face à lui, le Mal est incarné par une compagnie qui étend son hégémonie sur le vaste monde en contrôlant les finances, les politiques, le pétrole.

Roman initiatique, roman d’aventures, roman d’espionnage, Shibumi est une vaste fresque portée par ce personnage si parfait qu’il en devient parodique. Était-ce le but de Trevanian ? Le parer de tant de vertus qu’il en fait une caricature ? Ou correspond-il à l’idéal masculin de l’auteur ? Quoi qu’il en soit, on adore ce personnage et ses tribulations en Asie, son attachement au Pays basque, sa grande culture, sa bonté.

Shibumi est un bon, gros, grand roman qu’on ne lâche plus une fois entamé, tant on est subjugué par son lyrisme, sa poésie, son humour, son cynisme, son envergure. A dévorer !

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Incident à Twenty-Mile

Bluffant ! Il m’a bien eu Monsieur TREVANIAN. Il nous emmène dans une petite bourgade pommée sans histoire avec un gentil gars,un peu pommé lui aussi, qui a juste l’air de chercher sa place dans ce monde. Lentement mais sûrement il nous séduit avec le petit train train de Twenty Miles et celui de ses habitants sans histoires. Pas toujours très sympathiques certes, mais pépères tranquilles. Un gentil huis clos. Alors oui il y a des méchants là bas dans la prison mais ils sont loin et puis les méchants dans les westerns on les connaît, pas de quoi se biler outre mesure. Alors voilà on est bien installé un plaid bien chaud sur les épaules le chat qui ronronne sur les genoux et la paf ! Le chat se lève d’un coup et plante ses griffes dans vos cuisses en poussant un feulement genre film d’horreur. Fini le train train, il en a sous le pied Monsieur TREVANIAN ! On est pas dans un western spaghettis que diable ! Le tempo s’accélère les gentils ont tous leurs petits secrets et les méchants sont flippants. Accrochez vos ceintures il va y avoir de l’action, des fusillades, du sang, des drames et des larmes. Et surtout vous allez en découvrir des choses pas jolies, jolies...



La frontière entre le bien et le mal, la raison et la folie est mince , je ne peux pas tout dire ici sous peine de dévoiler des éléments clefs, mais les personnages sont de ce point de vue très réussis. Loin des caricatures des cowboys et des indiens revisités maintes fois TREVANIAN a l’art de créer des portraits hauts en couleurs des personnages clef des westerns : le joueur invétéré, le bonimenteur, le révérend, les filles de joie, l’idiot du village,… Un régal !



Et puis la cerise sur le gâteau : l’épilogue. C’est bien la première fois qu’un auteur me bluffe alors même que l’histoire est finie. Et quel travail de recherche et de documentation pour arriver à ce résultat.
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Shibumi

Intelligence, imagination, écriture envoûtante, humour, parfois limite misanthrope un peu à la Edward Abbey. L’apothéose m’arrive en pleine face quand Nicholaï se prend de passion, après le jeu de go, pour la spéléologie et qu’il mentionne La pierre Saint-Martin, gouffre que j’ai exploré avec sa grandiose salle de la Verna. Un roman dense où le héros principal vivra en Chine et au Japon, sera emprisonné 3 ans dans la solitude, travaillera comme tueur et se retira dans le pays basque comme l’auteur américain, ou l’on suppose, qu’il y est décédé en 2005. Y transpire une grande tendresse pour les basques avec des personnages hauts en couleurs. Bref, j’ai adoré.
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Shibumi

Voici donc ce fameux roman culte, oeuvre du mystérieux Trevanian dont j'avais déjà beaucoup aimé l'alpestre « la sanction » et le truculent western « Incident à twenty miles ».



C'est peu dire qu'on y décèle d'emblée toute son influence sur de nombreux créateurs, de Tarantino (Kill Bill, dis bonjour à Papa) à Fred Vargas (l'inspecteur Adamsberg aurait sans doute pelleté moins de nuages s'il n'avait pas d'abord contemplé Nicholas Hel déplaçant au coeur d'une nuit pluvieuse la pierre dans sa rivière afin que son chant s'accorde à la perfection au son du vent traversant les pétales de l'unique fleur de son jardin japonais...)



Le volet « espionnage », assez court et finalement assez secondaire, ne m'a pas vraiment convaincue. Heureusement, il ne dénature pas le roman qui laisse la place à de beaux passages littéraires, qui eux m'ont fascinée :



La longue introduction sur les origines et la formation de Nicholas Hel, antihéros mystique irradiant de lumière noire à la recherche de l'état parfait de shibumi, dans la Chine coloniale décadente puis le Japon en guerre, sa formation auprès d'un maître de Go et sa souffrance sourde face aux horreurs subies par la population japonaise ;

Ses escapades spéléologiques au fond des gouffres du pays basque en compagnie du truculent Benat le Cagot, instructives et passionnantes ;

La beauté de sa relation à son jardin qu'il passe des nuits à ordonner,

Et la maturité de celle qu'il entretient avec Hana sa concubine…

Et aussi, bien sûr, la critique acerbe des valeurs délétères de l'Occident, fil conducteur du roman. Le trait est poussé à l'extrême, autour d'une vision, dont Nicholas Hel est une sorte de point de rupture, opposant un Occident matérialiste et décadent à un Orient à la profondeur éternelle magnifiée ; il n'en reste pas moins que la prescience de Trévanian sur la puissance de l'ordre libéral à venir (le livre date de 1979) d'ordonnancement débilitant des sociétés et de stérilisation des aspirations nobles des individus est étonnante.



Roman inclassable, « Shibumi » possède un pouvoir magnétique envoutant dans lequel je vous recommande de vous plonger pour y vivre une expérience sensorielle et intellectuelle très originale.

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Incident à Twenty-Mile

Lorsque Trevanian se lance dans le western, ça finit à Twenty-Mile, le fin fond de nulle part du Wyoming et par un duel entre Matthew « Ringo Kid », l’ange du bien schizophrène et Lieder, l’ange du mal psychopathe. Les discours philosophiques de ce dernier pour justifier son sadisme sont un véritable joyau d’humour à froid. Ils s’appuient, notamment, sur sa lecture du livre « La révélation de la vérité interdite » de Le Guerrier qui n’est pas sans rappeler un autre ouvrage, « Mon combat » écrit par un petit autrichien « prolo », frustré et moustachu. C’est du western à la Tarantino.

Superbe traduction de Jacques Mailhos qui a brillamment interprété les jeux de mots et traits d’humour de l’auteur, belle performance.

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La sanction

5ème roman que je lis de Trevanian. Écrivain qui peut me faire avaler des couleuvres. Ça commence avec le personnage principal : beau, prof d’arts, agent secret, au lit je ne vous dis pas, intelligent et surtout alpiniste. Ce qui le met dans la mouise, question fric, c’est son côté impulsif à acheter des tableaux. Pas le choix que d’accepter la mission qui va l’envoyer faire l’ascension de l’Eiger en Suisse après deux échecs du temps de sa splendeur. Un des trois autres de la cordée est celui à qui il doit appliquer la sanction. À lui de trouver lequel est-ce.

Et dire que l’évidence était sous mes yeux... mais non Trevanian a réussi à me manipuler jusqu’aux dernières pages.

Écrit en septante-et-cinq et réédité par Gallmeister. L’époque où le natel n’existait pas et qu’appréhender la montagne était autre chose. En tout cas une belle plongée chez les helvètes avec leurs bons et mauvais côtés. Adieu, j’y vais même s’il n’y a pas le feu au lac.
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Incident à Twenty-Mile

Un exercice de style réussi que ce western aux allures de tragédie antique : Incident à Twenty-Mile de Trevanian – traduit par Jacques Mailhos – joue avec tous les codes du genre, en y ajoutant une dose de profondeur. Unité de lieu, d’action et (presque) de temps : y a pas à dire, Trevanian connaissait ses classiques et savait les revisiter à la sauce US !



Un p’tit village de nulle part (à vingt miles de… rien !) dans les montagnes du Wyoming où subsiste une petite communauté bariolée d’une douzaine d’habitants rejointe récemment par le jeune Matthew ; y débarque Lieder, dangereux illuminé fanatique et cruel, flanqué de deux acolytes rivalisant de bêtise, qui désire mettre la main sur le magot des mineurs qui redescendent des montagnes chaque samedi pour dépenser leur fortune ; et quelques heures pour installer la tragédie finale qui doit immanquablement voir Matthew et Lieder s’affronter. Racine et John Ford réunis : un délice !



L’histoire monte doucement en puissance sans aucun temps mort, rythmée par des dialogues courts et des aphorismes drôlissimes laissés ci-et-là (chapeau pour la traduction) et permet à Trevanian de creuser son incroyable galerie de personnages : ceux du bordel, Delanny, Calder et les 3 filles, Queeny la danseuse, Frenchy la balafrée et Chinky l’asiatique ; les Bjorkvist, famille suédoise égarée à la froideur toute relative ; BJ Stone et Coots, les amoureux qui se cachent ; et Hibbard, et Ruth-Lilian, et… Ringo Kid !



Il y a donc aussi du Audiard, en plus de Racine et Ford, et quelques fulgurances de rapprochement avec Tarantino ou Zahler, que Trevanian a manifestement inspiré. En y ajoutant ce petit plus apporté par la réflexion profonde sur cette Amérique du repli, raciste et excluante quand elle oublie ses origines fondatrices, Incident à Twenty-Mile devient alors plus qu’un exercice réussi : un grand livre.

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La sanction

TREVANIAN...

Petit test : Que ceux qui ont entendu parler de cet auteur lèvent la main...

Que ceux qui l'ont déjà lu lèvent les deux...

Que ceux qui l'ont lu et aimé lèvent une jambe...

Tu parle d'une position confortable pour écrire un p'tit billet sur Babelio...

Pour ma part, j'avoue humblement que sans un conseil de mon beau frère, le gars Trevanian me serait toujours inconnu.

Sur la 4ème de couv, il est précisé que c'est un auteur mystérieux qui serait « peut-être » mort en 2005. L'auteur a joué cette carte tout au long de sa carrière, cultivant l'anonymat et envoyant même un double le représenter publiquement.

J'invite les curieux à découvrir l'histoire de cet écrivain mystérieux sur l'excellent article de JM Proust : http://www.slate.fr/story/122297/trevanian



Trevanian a écrit La Sanction comme un pastiche de roman d'espionnage. C'est le premier opus des aventures de Jonathan Hemlock, professeur d'art, alpiniste émérite et tueur à gage pour le compte d'une organisation mystérieuse afin d'assouvir sa passion pour les tableaux de maîtres impressionnistes.( Ouais, ça pète un peu plus haut qu'une collec de vignettes panini...)



Jonathan est un héro attachant, bourré de talents, cynique, intelligent, séducteur et misanthrope, sans doute à l'image de son créateur qui n'hésite pas à moquer les travers de ses contemporains.

"Jonathan avait toujours trouvé que les Suisses étaient un peuple vénal, taciturne, religieux, vénal, indépendant, organisé et vénal."



Après une première partie qui réunit tous les ingrédients du classique roman d'espionnage, on change de décor et de rythme pour une aventure d'alpinisme avec la mythique face Nord de l'Eiger, la montagne qui tue.



A l'image, du 007 pastiché, Jonathan joint l'utile à l'agréable en séduisant de nombreuses délicieuses créatures tout en menant à bien sa mission. Bien entendu, c'est un dieu au lit, il sent toujours bon de la bouche et ça ne lui fait pas peur de se grimper une petite bombasse deux heures avant de se tenter les Grandes Jorasses.



Alors les filles, il vous fait pas rêver ? En tous cas, ça a fait rêver Clint Eastwood qui a adapté la sanction à l'écran en 1975 en s'offrant le premier rôle. Je suis curieux de voir ça, même si j'ai un peu peur que le second degré de Trevanian ne lui ait échappé.



Je lirai avec plaisir l'expert, la suite des aventures de Jon et surtout Shibumi dont on m'a dit le plus grand bien.



Pour finir, je laisse la parole à JM PROUST dans l’article déjà mentionné :



 Vous hésitez encore? Cette anecdote pourrait vous convaincre. Cultivant son image d’Alceste, Trevanian demandait à ses éditeurs de ne pas lui adresser de courrier des lecteurs. L’un d’entre eux lui parvient néanmoins: un lecteur n’a pas goûté L’Eté de Katya, n’y ayant pas retrouvé l’action trépidante de La Sanction. Le romancier lui fait parvenir l’argent correspondant au prix du livre, le priant de «ne plus acheter un seul livre de Trevanian avant d’avoir grandi».
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L'été de Katya



Roman d’amour, L’Eté de Katya est un hommage au Pays-Basque et à une fête locale longuement décrite. Par sa manière de poser le décor et les relations entre les différents personnages, Trevanian nous offre un roman d’atmosphère qui par bien des aspects m’a rappelé le style de Pierre Benoit.



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La sanction

Si un agent du CII est tué où que ce soit dans le monde, l’agence d’espionnage secrète ne laisse pas ce crime impuni. Elle envoie Jonathan Hemlock, le spécialiste des sanctions. Car ce professeur d’histoire de l’art, esthète et collectionneur, séduisant et séducteur, est aussi un tueur implacable qui ne rate jamais sa cible. Pourtant, il est las de cette vie de tueur et n’aspire plus qu’à la tranquillité dans sa maison, une église réhabilitée, à Long Island. Mais le CII ne l’entend pas ainsi. Le grand chef, Dragon, convoque Hemlock et à coup de menaces voilées et de chantage, le convainc d’accepter une dernière mission. Il faut dire qu’en plus de ses qualités nombreuses et variées, Jonathan est aussi un alpiniste reconnu mondialement et justement le CII veut sanctionner un homme qui doit participer à une expédition dans les Alpes suisses. Bien qu’il soit un peu rouillé, il relève ce double défi : escalader le massif de l’Eiger par sa face nord et abattre un des membres de l’équipe sans savoir lequel, puisque le CII n’a pas réussi à identifier sa future victime.



Jouant avec l’archétype de l’espion, infaillible et tombeur, l’excellent Trevanian s’est fait plaisir avec ce roman qui accumule les clichés du genre. Outre le séduisant et cynique Jonathan Hemlock, on peut y croiser des femmes fatales, des hommes virils, une ambiance luxueuse, du sexe, de la passion, de l’amitié et, bien sûr, du danger.

Si les femmes en prennent pour leur grade, décrites comme vénales et sournoises, d’autres catégories de la population ne sont pas épargnées non plus. On apprend donc que les suisses sont tous des banquiers dans l’âme, intransigeants sur les questions d’argent, que les allemands sont des brutes sans finesse et que les riches se délectent du goût du sang pour secouer un peu leur terne existence de privilégiés.

Mi-parodique, mi-sérieux, ce roman se lit d’une traite. Un suspense qui va crescendo, au rythme de l’escalade du massif de l’Eiger, et une bonne dose d’humour, sans lequel le héros serait proprement imbuvable, en font un page-turner qui amuse, fait frissonner et surtout remplit bien son rôle de divertir sans se prendre au sérieux. Un coup de cœur !

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L'expert

L'on connait tous JR, un peu moins JH.

Jonathan Hemlock, le retour.

Enfin en ce qui me concerne.

Agréablement appréhendé dans La Sanction, le bougre vient récidiver pour le plus grand plaisir de moi-même.

Oui, j'aime être dans le partage.



Point de départ, un agent retrouvé empalé.

Littéralement.

Un tardif, mais néamoins sincère, ouille ça pique m'apparait de circonstance.

Jonathan, on ne peut plus pointu dans son domaine, se voit logiquement missionné par une direction chatouilleuse du colon, histoire d'aller titiller du malfrat.

D'autant que lesdits sacripants, avec leurs hobbies déviants trouvant un large écho au sein de l'establishment anglais, pourraient bien faire vaciller le royaume et possiblement faire claquer du fessier une Reine mère à la santé déjà bien fragile.



Jonathan Hemlock doit vénérer Aznavour.

Mes amis, mes amours, mes emmerdes.

Focalisons sur les deux derniers points puisqu'ils se taillent ici la part de Clarence.



J'aime Trevanian pour son style classieux mâtiné d'humour, sa rythmique narrative au cordeau et sa subtile humilité là où un 007 en ferait des caisses sans jamais les lâcher -plaisir d'offrir, connaît pas- rendant alors la plausibilité du récit un chouïa plus délicate à se fader.



L'expert fait montre d'une élégance folle en déroulant un scénario parfaitement élaboré, le tout à un train de sénateur, version première classe et open bar, siou'plaît, et parvient même à tisser une romance sans que le sac à vomi ne soit de rigueur.



Ce que je sais, c'est que j'ai adoré ces retrouvailles.

Ce que je sais, itou, c'est ce futur plaisir déjà promis en ouvrant Shibumi.
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L'été de Katya





Connnaissiez vous la légende du romancier américain Trevanian? En effet, celui ci est un des auteurs sur lequel les rumeurs les plus incroyables ont circulé et qui a attisé la plus folle curiosité du monde littéraire.



Un écrivain sans visage dont les livres se sont vendus à plus de cinq millions d’exemplaires et on,été traduits en près de quinze langues sans qu’il ait jamais fait de promotion dont le célèbre La Sanction en 1972, succès planétaire qui sera adapté au cinéma trois ans plus tard par Clint Eastwood.



En 1983un article du Washington Post révèle qui se cache derrière Trevanian, et l’éditrice du Who’s Who in America renchérit : elle indique que le véritable auteur s’appelle Rodney Whitaker, qu’il est né au Japon en 1925, est titulaire d’un doctorat en communication et a été professeur à l’université du Texas. Bien que l’auteur véritable ait été découvert, cela n’empêche pas le mythe de perdurer au rythme des parutions sporadiques de Trevanian.



Parmi elles, L’été de Katya, paru initialement en France aux éditions Denoël en 1983, a été ressorti fin 2017, par Gallmeister l'éditeur habituel de Trevanian.



Ressorti ou plutot ré exhumé tant ce roman, assez éloigné des oeuvres précédentes de son auteur avait été un peu oublié depuis. Il faut dire que cet auteur mystérieux qu'est Trévanian, décédé en 2005 est plus célèbre pour ses thrillers d'action comme la Sanction adapté par Clint Eastwood en personne dans les années 80.



L’été de Katya est un roman assez classique dans sa forme, plus proche du drame romantique historique ( l'histoire se déroule en France en 1914) pas très loin d'un univers à la Daphné du Maurier, que du thriller psychologique bourré d'adrénaline.



Si on connait finalement peu de choses sur Trévanian on sait qu'il a passé pas mal d'années au Pays Basque du coup on n'est pas étonné de voir que son intrigue se déroile pendant un été caniculaire dans ce même Pays basque en août 1914 .



On aime la plume toute en élégance et délicatesse de l'auteur qui parvient à faire virer sa romance assez classique au début en une sorte de roman sombre, troublant et assez maléfique , flirtant même avec le fantastique et les esprits.



Une découverte assez formidable que la toujours épatante maison d'édition Gallmeister a eu l'excellente idée de faire connaitre à ses fidèles lecteurs.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'été de Katya

Été, et si je te proposais une dernière virée au Pays Basque... Juste pour se reposer, pour rêver, pour écrire loin de la ville, loin de la côte ou de ses vagues. Un été dans l'arrière-pays, un été où l'on circule à bicyclette ou en carriole à chevaux. Un été où la bière s'appelle Uhaina comme les jeunes femmes. Un été où je croise le destin de Katya.



Que dire de Katya... Elle est belle, elle est sublime, elle est l'ombre de la lune, elle est le souvenir d'antan. Elle ne laisse pas indifférent ceux qui côtoient son sourire. Sous son ombrelle tournoyant, elle flâne près de l'ancien kiosque à musique, un lieu maintenant où la végétation a repris ses droits. Son coin à elle, son lieu de recueillement, sa "bibliothèque" dans la nature. Elle aime le silence de ce coin de verdure, et lire sous la treille même si à cette époque là, une jeune femme qui lit n'est guère bien vue.



Mais qu'entends-je ? Ne serait-ce pas la musique d'une txitsu... Ne serait-ce pas la fureur d'une banda... qui égayent les rues pavées de la place du village...



Guidé par la mélancolie et la découverte du txikiteo, je me dirige vers le centre-village, là où il y encore plusieurs bistrots à vue. Le bon temps dans ces villages d'avant-guerre. Chacun paye sa tournée, nous naviguons, le pas de plus en plus chaloupé au fil des étoiles, de bars en bars, pour les plus jeunes. Et en ce temps-là, la place du village est entourée de bistrots. Les anciens, eux, nous accompagnent, communion des générations, mais en restant à la même place, la même chaise, le même comptoir toute la soirée. Jusqu'au bout de la nuit, dirait-on maintenant. Mais quand finit la nuit ? Quand la lune bleue se couche ou quand je n'ai enfin plus soif...



A propos de lune, j'imagine les reflets de Katya sous celle-ci. Je la vois se déshabiller jusqu'au corset blanc, dentelles épicées qu'on voudrait bien caresser. Mais la décence et les convenances de l'époque font que mon regard lubrique ne s'égare pas au delà de ses courbes. Mon regard amoureux se perd dans ce Pays Basque, ah les histoires d'amour, ah (la jouissance), oh (le plaisir), quelles qu'en soient les conséquences. On ne résiste pas au sourire de Katya, une fois qu'il vous harponne, il s'ancre dans les sables mouvants de la passion, du désir, de l'amour, jusqu'à en oublier mon verre d'Uhaina ou le vert de l'Izarra... A la folie... Cruelle, celle des hommes...
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La sanction

Je découvre Trevanian et son oeuvre. Auteur encore mystérieux qui longtemps est resté dans l'ombre de ses livres à succès. Plusieurs écrivains auraient d'ailleurs revendiqués ses écrits sans que le principal intéressé ne dévoile sa véritable identité. Rien que ça, ça intrigue et donne envie d'ouvrir le bouquin.



On se trouve rapidement dans une atmosphère ou règne chantage, espionnage, manipulation avec des personnages marqués et extrêmes. On est rarement dans la demie-mesure et on frôle souvent la parodie tellement ça semble gros. Difficile d'avoir un avis tranché sur le personnage principal dont le gout pour les toiles de maitre l'incite à jouer les tueurs pour gage pour les financer. Décrit comme le beau gosse parfait il méprise la gente féminine qui pourtant raffole de son côté inaccessible.



C'est dans les montagnes, au cours d'une ascension à risque que doit se jouer sa mission qui est pleine d'incertitudes et ce jusqu'au dernier moment. le texte est un bel hommage à cet environnement fascinant et hostile surtout à cette époque (début années 70) alors qu'il faut scruter le ciel pour envisager les changements de temps et oublier les téléphones portables et le GPS pour se guider et communiquer, rendant les prouesses complètement autres.



L'écriture est vive et fluide, le ton ironique et critique, les messages sous-jacents donnent de la couleur à ce bouquin plein d'humour qui est quand même un peu trop trop parfois à mon goût... Mais j'en lirais bien un autre de Trevanian pour parfaire mon impression première!



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The Main (Le flic de Montréal)

Trevanian, je connaissais déjà grâce à l’excellent « La sanction » que j’ai lu il y a des siècles déjà. Depuis, je me suis juré de lire l’ensemble de son œuvre, ce qui tombe bien, vu que Gallmeister a eu la bonne idée de publier pas mal de ses livres.

Mon côté lectrice dispersée n’ayant pas aidé à avancer très vite dans mes résolutions, j’ai cependant réussi à me lancer dans la lecture de « The Main »

The Main est l’histoire d’un flic, Claude La Pointe, qui depuis des décennies traine ses guêtres dans le même quartier de Montréal. Il use inlassablement la semelle de ses chaussures dans ce quartier, le boulevard Saint-Laurent , ou si vous préférez « The Main ». Car, oui, au fur et à mesure de cette lecture qui avance lentement, au rythme des pérégrinations de Le Pointe, le lecteur réalise que ce roman noir est surtout un roman qui met en avant ce quartier et les habitants qui le font vivre.

Claude La Pointe, que ses supérieurs jugent bon à prendre sa retraite, va enquêter sur le meurtre d’un inconnu trouvé dans « son quartier ». Assisté d’un jeune flic, il va donc mener l’enquête à sa façon et non selon les règles instaurées par ses supérieurs.

Pour apprécier cette lecture, il faut accepter de se laisser emmener par La Pointe et arpenter avec lui dans The Main, à son rythme, et ne surtout pas le bousculer.

J’ai apprécié de retrouver le style de Trevanian et j’espère bien le retrouver assez vite dans d’autres lectures.









Challenge ABC 2023/2024

Challenge Totem

Challenge Mauvais Genres 2023

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L'expert

En refermant L’expert – traduit par Jean Rosenthal – j’arrive presque au bout des romans de Trevanian, et j’ai toujours le même plaisir à lire cette écriture légère et dynamique. Et même si j’ai davantage préféré La sanction, premier opus des aventures de l’agent Jonathan Hemlock, L’expert a parfaitement fait son job de parfait pageturner pour s’évader de la morosité du confinement.



Rangé de l’alpinisme et des montagnes alpines, Jonathan est désormais à Londres où ses talents d’expertise artistique vont être mis à contribution par les services spéciaux anglais pour éliminer une société secrète dangereuse pour la couronne. De club aristocrate privé en boîte à parties fines, des bouges d’artiste de Covent Garden aux lustres de la National Gallery, de la campagne du nord de Londres aux docks de Bristol, Hemlock ne va pas cesser de courir, sans toutefois oublier 2-3 nuits réparatrices auprès d’une attirante irlandaise…



C’est rythmé, noir et violent, glauque parfois, ironique et détaché souvent, avec quelques coups bas délicieux balancés ci-et-là à nos amis british. Moitié Bond, moitié Lupin et moitié Templar (oui, je sais…), Hemlock est un parfait gentleman-spy, pas toujours crédible, mais tellement attachant qu’on lui pardonne beaucoup.
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Incident à Twenty-Mile

Quelle idée m’a traversée l’esprit pour choisir dans les rayons de ma bibliothèque ce livre de Trevanian ! Un western ! Je n’en ai jamais lu et au cinéma, je les fuis.

Je hais, les cow-boys, les shérifs, les ranchs, les bons, les méchants, les brutes et les truands.

Mais là, je dois dire que j’ai été cueillie dès les premières pages.

J’ai adoré l’atmosphère opaque qui règne dans ce village de quinze habitants où chacun épie le voisin, et attend avec impatience la fin de semaine que le train déverse sa horde de mineurs venus dépenser leur paye dans l’unique magasin ou dans le bordel local.

La routine va cependant être rompue par l’arrivée d’un gentil, au passé incertain et au mensonge facile et de trois méchants, très, très méchants. Leur chef est un psychopathe effrayant et impitoyable pour qui la torture est un passe-temps on ne peut plus banal.

Incident à Twenty-Mile est un récit dur, implacable, fort, magnifiquement écrit, sans temps mort.

Une surprise inattendue ! J’ai adoré.





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La sanction

Mystérieux...

... comme l'auteur qui se cache derrière le pseudo Trevanian

... comme les liens d'amour-haine qui se tissent entre les personnages

... comme ce coin de désert aride et vibrant de l'Arizona

... comme Dragon, ses yeux injectés de sang et l'obscurité de son logement

... comme les multiples pièges de la face nord de l'Eiger

... comme les sentiments handicapés de Jonathan pour les humains

... comme l'homme à abattre qui masque son identité jusqu'à la fin

... comme Jemima, femme amoureuse ou manipulatrice intéressée

... comme ce coin de paradis, cette église, havre de paix de M. Hemlock

... comme ce livre qui éveille les émotions les plus diverses à sa lecture : excitation, rire, tendresse, peur, douleur, force, admiration, pitié, déception, jubilation...



Le livre se déroule dans plusieurs lieux :

A Long Island, chez Jonathan Hemlock où il fait bon vivre

A New York, chez Dragon où l'air est irrespirable

En Arizona, chez Ben où le souffle du désert invite au secret

Dans les Alpes bernoises, en Suisse, où l'appel de la montagne se fait dense, intime, irrésistible.



L'intrigue bien ficelée, les personnages à la complexité délicieuse, la Nature à la beauté dangereuse et tentatrice tissent une toile de fond parfaite pour ce roman décapant et passionnant !

Lecteurs avides d'émotions fortes, n'hésitez plus !
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L'été de Katya

Plus je lis Trevanian, plus je l’apprécie et ne comprends pas qu’il ne soit pas plus encensé. On dit de lui qu’il est autant une légende qu’un mystère...

Tout démarre sur une banale histoire d’un jeune médecin au pays basque qui tombe amoureux d’une femme assez singulière. Ses propos sont francs et elle se fiche de ce que les gens pensent de son comportement. Jean-Marc va se rendre chez eux, dans une maison isolée du village où ils y habitent après avoir fui Paris. Y vivent aussi son père passionné par le Moyen-Age et son frère jumeau qui semble avoir beaucoup d’ascendant sur elle. Le jeune médecin va se partager entre ces trois personnages atypiques et son patron qui se préoccupe surtout de la ménopause des femmes qu’il séduit. Le lecteur va de surprise en surprise. Lu pratiquement d’une traite. Un petit bémol pour la fin.
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