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Critiques de Antonio Muñoz Molina (234)
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Comme l'ombre qui s'en va





Intéressant, mais long, parfois fastidieux. Chapitres alternés par la cavale de l’assassin de Martin Luther King, avec l’écrivain qui se met en scène. Une bonne partie se passe à Lisbonne où James Earl Ray a séjourné plusieurs mois. L’auteur se rendra également à Memphis où eut lieu l’assassinat et particulièrement à la chambre 306. Un bel hommage aux musiciens de jazz. Nombreux détails de vêtements et d’ingrédients alimentaires, mais peu de réponse aux motivations, pas de psychologie, peu de détails d’enquête, etc. Plaisir et agacement en même temps, qui me laisse sur une difficulté d’opinion.







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Dans la grande nuit des temps

Ce livre serait une donne de poker, je me serais couché dès le premier tour d’enchères.



J’ai bien aimé Cordoue des Omeyyades de cet auteur et ce roman était dans la « liste à lire » suite à de belles critiques, et pourtant je n’ai pas pu…



Tout content de l’avoir trouvé à la bibliothèque, je l’ajoute à mes emprunts tout en le trouvant un peu lourd et gros (760 pages). Quand je l’ouvre, je suis étonné de la densité des pages, sans paragraphes, sans respiration et, bien que le corps utilisé ne soit pas minuscule, je ne suis pas attiré par les mots de ses pages. J’aime bien picorer quelques mots, quelques phrases, lorsque je feuillette un livre mais là, rien, juste un gris pas très élégant qui fait penser à un rapport administratif.



Avec un tel a priori, il fallait que le premier chapitre soit exceptionnel pour me donner envie de continuer. Hélas, je n’ai pas accroché à ces premières pages où l’auteur regarde son personnage se débattre dans la gare de Pennsylvanie comme un entomologiste qui surveille un insecte.



Donc retour à la bibliothèque où je laisse à d’autres le plaisir de le découvrir et de l’apprécier…




Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Tes pas dans l'escalier

Un auteur que je découvre avec ce livre que j'hésite à critiquer car il me laisse un sentiment un peu flou.

Une impression d'être un peu passée à côté d'une grande œuvre.

D'avoir lu un texte magnifique et profond mais de n'avoir pas su l'apprécier à sa juste valeur.



Si vous voulez de l'action, ce livre n'est pas pour vous. C'est un livre sur l'attente, une description des pensées du narrateur qui s'est installé à Lisbonne et attend que Cécilia, sa femme, le rejoigne.

Il a emménagé l'appartement de façon presque identique à celui dans lequel ils vivaient à New-York.



Le début à été un peu laborieux pour moi car malgré une belle écriture, je ne ressentais pas ce petit quelque chose qui fait que l'attention est aiguisée, je ne me sentais dans l'attente de rien...Le narrateur me semblait plutôt commun.



Et puis l'intérêt est venu quand j'ai commencé à me poser des questions sur sa santé mentale. Je me suis même demandé si sa femme existait vraiment.

Et finalement j'ai globalement bien plus apprécié la fin que le début.



Mais j'ai quand même le sentiment d'être passée à côté de quelque-chose et d'être restée un peu en dehors du roman.
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Tes pas dans l'escalier

Parce que Prix Médicis étranger 2020, parce que Lisbonne que je connais un peu et les 4T de Télérama. Déroutant, les lieux m’ont bien aidée à patauger dans ce marasme cérébral. J’étais agacée par un début très répétitif d’un quotidien tellement banal et d’un décor répété comme un vibrato. Je me suis laissée manipuler par l’auteur avec des questions permanentes, il est fou, il est où, c’est inventé, c’est vrai, c’est qui, c’est Alzheimer? Mais ces questions sans vraies réponses créent de l’angoisse sur la santé mentale de cet homme qui se barricade dans du concret, du répétitif. Le temps devient prioritaire, secondaire et impalpable. En parallèle, il y a les expériences scientifiques sur le cerveau qui n’allègent pas l’ambiance, un licenciement brutal, injuste sans parler de la fin du monde qui se rapproche. Le dénouement semble lointain tellement on voudrait que cesse l’attente de la femme adulée, inventée, morte dans l’attentat des tours jumelles, quittée ou en voyage? La fin expédiée comme un château de cartes qui s’écroule ne soulage pas le mal-être et la tension dominante. Etrange ce livre qui me retient, j’aimerais justement qu’il sorte de mon cerveau malmené. Et je sais pourtant qu’il va rester dans ma mémoire comme un certain Dino Buzzati.
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Tes pas dans l'escalier

« Je me suis installé dans cette ville pour y attendre la fin du monde ». Ainsi commence le dernier roman de l'écrivain espagnol.

Pour fuir New York et sa folie de l'après-11 septembre Cecilia et Bruno décident de s'installer à Lisbonne pour y vivre la fin du monde « paisiblement ».

Cecilia étant accaparée par ses recherches tentant de supprimer les « souvenirs atroces de la mémoire de soldats souffrant de stress post-traumatique » et Bruno ayant été congédié d'un job qu'il détestait, c'est ce dernier, flanqué de sa chienne Luria, qui arrive en éclaireur et aménage leur nouvel appartement qui ressemble étrangement au précédent.

Commence alors l'attente de celle qu'il aime, attente qui tourne à l'obsession et glisse progressivement vers la folie.

« Tes pas dans l'escalier », à la fois récit apocalyptique, plongée dans l'intimité d'un homme dans le déni qui se détache de la réalité, immersion vertigineuse dans le fonctionnement de la mémoire, dégage un charme envoûtant qui enveloppe le lecteur dans un cocon empli de chimères et de faux-semblants.


Lien : https://papivore.net/littera..
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Les mystères de Madrid

Les mystères de Madrid est d'être le meilleur roman d'Antonio Munos Molina, paru pour la première fois sous forme de feuilleton dans le journal El Pais en 1992.

Lorenzo Quesada, un garçon de magasin vivant chez sa maman dans une petite ville d'Andalousie et correspondant local du journal Provincial est contacté par le comte Don Sebastian, notable de la ville car la statue du divin Christ à la Tignasse a été volé 18 jours avant les processions de la semaine Sainte.

Cette mission envoie notre anti héros, candide des temps modernes, à la capitale . Il sera confronté à de nombreuses péripéties et des rencontres farfelues et rocambolesques.
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En l'absence de Blanca

En l'absence de Blanca est le premier roman que je lis d'Antonio Muñoz Molina. J'ai tout de suite aimé l'ambiance du roman et le style de l'auteur, dès les premiers mots, nous sommes plongés dans un flou, on se pose beaucoup de questions. Petit à petit, l'auteur nous narre la relation amoureuse de Blanca et Mario et on voit à quel point leur relation est malsaine, basée sur le syndrome du sauveur, la codépendance. Deux êtres que tout oppose, qui ne se reconnaissent plus, mais se sont-ils vraiment connus ? Je vais pour sûr me pencher sur la biographie de Muñoz Molina tant j'ai apprécié son écriture. Une belle découverte !

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Pleine lune

Antonio Munoz Molina écrit très bien. Mais son style est trop compliqué pour moi !



Le sujet est pourtant intéressant : un inspecteur, en proie à des difficultés personnelles, enquête sur une, puis bientôt plusieurs, agressions qui le remuent profondément. Le viol et le meurtre d'une petite fille, survenus alors qu'elle était sortie acheter un bristol et des crayons de couleurs pour terminer ses devoirs...



Le problème, c'est que même bien écrit, c'est terriblement long, et pendant des pages et des pages que dure une phrase, il ne se passe rien ou presque.



Bref, je n'ai pas aimé du tout, et je le déplore, parce que pour le coup, la langue est belle chez cet auteur.
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Le sceau du secret

Ce roman d'apprentissage espagnol met en scène un jeune homme qui veut devenir journaliste. Sans le sou, il accepte un travail de dactylo pour un inconnu qui lui donne le goût du whisky, des cigarettes et des bons repas.



Cet inconnu, ce n'est pas n'importe qui. Anarchiste, il complote contre le régime en place. Nous sommes en 1974, à la veille de la mort de Franco (1975). C'est ainsi que notre apprenti journaliste va apprendre qu'il participe à un complot. Pas facile de garder la tête froide et un secret ...



Ce petit roman n'est pas désagréable mais manque de tonus, d'allant et d'un fil directeur autre que les atermoiements du narrateur, qui peine à s'affirmer et à trouver sa place.



Je me suis d'ailleurs demandée s'il ne s'agissait pas d'un récit à fort caractère autobiographique.









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Un promeneur solitaire dans la foule

En préambule, Antonio Munoz Molina cite James Joyce qui affirme qu'on « ne devrait jamais planifier un livre à l'avance, mais le laisser se former de lui-même au fil de l'écriture … »



Si le lecteur n'est pas prêt à être emmené dans une exploration « déambulatoire », qu'il passe son chemin. Peut-être faut-il aussi ne pas lire ce texte d'une traite, mais adopter à son tour une forme d'errance à travers les paysages, collages, citations d'auteurs, publicités, voix enregistrées dans la rue, et autres captations du quotidien le plus trivial comme le plus érudit.



Antonio Munez Molina est en effet « tout ouïe ». Il dit « écouter avec les yeux ». Il écrit au crayon dans un carnet, il découpe des publicités, il enregistre sur son téléphone portable la vie telle qu'elle est. Les bruits, le « bruissement des feuilles d'un figuier ».

Il est aussi accompagné dans ses errances par d'autres promeneurs célèbres, tels que Walter Benjamin, Baudelaire, De Quincey, Pessoa.

Il parcourt Londres, Paris, Madrid, Lisbonne, New York.

Le résultat est un livre rare, d'une richesse inouïe, qui saute du coq à l'âne, merveilleusement écrit.

Un véritable traité de « déambulologie ».

Une sorte de « poème du siècle ».

Démesuré.



L'auteur est à la fois « l'archéologue impatient de ce qui est en train de survenir », le « collectionneur scrupuleux des prospectus », l'« archiviste qui veut sauver quelque chose de la grande cataracte permanente ».



Mais bien plus, ce « Promeneur solitaire dans la foule » est une réflexion humble sur le pouvoir et l'utilité de la littérature.



« Tout ce à quoi tu peux aspirer, c'est tenir compagnie à un inconnu. »



C'est si JUSTE !











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Séfarade

Dans cet opus à la technique narrative audacieuse, Antonio Muñoz Molina donne voix à la figure du proscrit. Clandestin dans son pays, rejeté par décret d'une société, paria sans appel de son ancienne famille politique, écarté à jamais de la pleine santé ou exclu socialement de la communauté, l'auteur illustre la propension d'Homo sapiens à forger des sociétés dans l'exclusion d'autrui.



Ce livre, que l'auteur qualifie lui-même de "sorte d'encyclopédie de l'exil", qui semble de prime abord être un recueil de nouvelles, est en fait un texte cohérent et structuré avec des personnages faisant retour, passant du premier au second plan. Il est remarquable par son basculement incessant de point de vue narratif.



Le premier tiers du récit est absolument jubilatoire par l'évocation d'écrivains de premier plan et de personnages historiques à la renommée plus confidentielle. On peut déplorer la petite centaine de pages suivante où l'intérêt flanche par comparaison avec le début prometteur, avant que le lecteur soit de nouveau happé par l'habileté de l'écrivain. Au final on se trouve devant un très bon livre, remarquable disons-le, mais qui aurait pu être génial s'il ne péchait donc pas par son côté inégal. Cela le place néanmoins, de l'expérience embryonnaire de votre serviteur, parmi ce qu'il a lu de mieux en littérature espagnole contemporaine.
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Un promeneur solitaire dans la foule

Il y a quelque chose de fascinant dans ce qui s'entend, se ramasse et se voit, qui dans l'iphone du fond d'une poche de l'écrivain s'enregistre, qui à son carnet se colle à la page et s'ajoute à la pointe du crayon. Muñoz Molina vagabonde dans Paris, New York, Madrid et se souvient.





Il raconte ici ses histoires, ses expériences qui l'inscrivent dans l'espace si décrié des villes. Un tissu de mots et de récits entre le réel et les gens alors semble résorber la distance avec la familière étrangeté et réaccorder le citadin à ce qui l'entoure. Il écrit, dans « Un promeneur solitaire dans la foule » , sous une forme esthétique et juste, le plus profond de l'expérience urbaine mal désignée, dévalorisée et aujourd'hui reléguée. Il lance ainsi des passerelles et ravive merveilleusement l'attention aux autres, aux choses et aux lieux. Muñoz Molina dans ces pages est à la fois ancré dans l'ici et le maintenant de l'époque et arrimé dans le deçà et l'hier du passé des écrivains et des artistes qui hantent les lieux et l'inspirent.





L'écrivain espagnol donc, sac au dos, crayon et enregistreur à portée de main, s'est immergé dans les grandes villes de sa connaissance. L'élan irrépressible de sortir dans la rue, de tout noter pour ne rien oublier ont donné un livre foisonnant qu'il n'avait pas prévu d'écrire. « Flâner, dit-il, c'est rejoindre Stendhal et sa définition du roman comme un miroir qui se promène au bord d'une route. Cela permet de s'abandonner à ce que la vie nous offre ; à accepter de façon inconditionnelle le réel. Il se crée alors un ordre narratif et poétique, mais qui dépend complètement du hasard.» Avec lui « nous pensons d'ailleurs » et la vie quotidienne semble alors se nourrir de mythes : les écrans de moniteurs, de portables, d'ordinateurs ; les messages d'informations, de publicités … Isolés des actualités qui les font naître, ils apparaissent soudainement pour ce qu'ils sont : l'idéologie du formatage et de la surveillance. L'écrivain, comme en passant et après Roland Barthes , décrypte ici les mythes avec le souci de réconcilier le réel et les hommes, la description et l'explication.





Écrivain promeneur au travail, il nous présente littérairement l'urbain où s'entrecroisent les vies célèbres et inconnues, passées et présentes ; un urbain de sons mêlés, de couleurs criardes, de déchets invasifs et de mots intrusifs. Il déambule poétiquement en compagnie d'un passé toujours présent d'auteurs qui, dit-il, lui ont appris à voir et à écrire. Dans le dédale des rues, il met ses pas dans ceux abandonnés de Charles Baudelaire, de Thomas de Quincey, d'Edgar Poe ou bien de Walter Benjamin bientôt en allé. Roman pourtant, totalement, puisqu'à Madrid et New York il échange avec un mystérieux personnage de papier, sorte de « juif errant » d'un passé grenadin enfuit ; roman encore puisqu'il passe sans prévenir du je au il et semble donner la parole à un autre lui-même ; roman toujours puisqu'il fait surgir au « coin » d'une page l'inquiétude, le basculement d'un cataclysme toujours probable.





L'impression est forte à la lecture de ces carnets de voir se faire la littérature, d'apercevoir ce qu'une subjectivité fait secrètement au lecteur. Un rare plaisir.

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Un promeneur solitaire dans la foule

A travers de longues déambulations dans les rues de Madrid, Paris ou encore New-York, Antonio Muñoz Molina invoque les esprits des grands écrivains adeptes de la promenade et les restitue dans une immense flânerie littéraire virtuelle. Ce récit parsemé d’images et composé de fragments dictés par des titres de presse ou des slogans publicitaires, sortes d’aphorismes contemporains illustrant des scènes urbaines atemporelles, prend la forme d’un gigantesque collage qui peut tout aussi bien se lire dans le désordre, à la manière de ce merveilleux hasard qui guide toute promenade.



Les pensées de flâneurs célèbres comme Thomas de Quincey, Charles Baudelaire, Walter Benjamin ou encore Fernando Pessoa s’insèrent dans une fresque moderne, où les arts et le lyrisme le plus profond côtoient la précarité, les détritus, le terrorisme et les actes les plus sordides. L’écriture restitue avec fracas un monde urbain fait d’injonctions, dans lequel l’obsession de l’actualité et l’absurdité de la publicité à outrance sont si bien dépeintes qu’elles coupent le souffle et révèlent l’angoisse qui accable souvent l’auteur. Mais de toutes ces pensées prises sur le vif surgit également la beauté, celle qui sublime l’évanescence de l’instant, qui dévoile la légèreté de l’amour et qui incarne les trésors d’un passé toujours présent. La cohabitation de la beauté et de la laideur, allégorie de la ville moderne, est très justement incarnée dans ce roman et s’impose définitivement comme un matériau littéraire inépuisable et profondément vivant.
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Fenêtres de Manhattan

Les premières fenêtres sont le hublot de l’avion qui a amené Molina à New York la première fois et la fenêtre de l’hôtel par laquelle il regardait la ville quand il n’était encore qu’un touriste effrayé, perdu avec la langue.

Fenêtres de Manhattan, c’est plusieurs années de déambulation, mais surtout plusieurs mois de l’année 2001 incluant le 11 septembre. Après avoir regardé le temps qu’il fait par la fenêtre de son appartement, après avoir décrit le ciel et les arbres et montré les changements de saisons, Molina déambule dans les rues des journées entières, parle du New York qu’il croise, buildings et passants. Certains passages correspondent à une époque antérieure au ménage du maire Giuliani, avant qu’il ne nettoie Manhattan des indésirables, de ceux qui gachent la carte postale. Molina nous décrit la ville de tous les extrêmes avec les yeux d’un Européen qui ne s’habitue pas à l’indifférence des gens. A New York, on ne voit pas l’autre, on ne lui parle pas, on ne le touche pas. J’ai aimé son empathie envers les plus démunis, ses réflexions sur une ville dans laquelle prédomine le commerce de tout ce qui peut se vendre.

Pendant ses pauses dans les cafés, Molina se poste devant les vitrines et observe encore les passants, note dans ses cahiers tout ce qu’il voit et ses réflexions qui donneront matière à ce roman. Les piétons sont les marcheurs de Giacometti, les arbres qui ploient sous le vent sont ceux des tableaux de Van Gogh, les fenêtres sont celles des tableaux de Hopper.

J’ai apprécié les nombreuses références culturelles. Molina visite de nombreux musées et bibliothèques, surtout les plus petits d’entre eux que nous ne connaissons pas forcément. Mais ce n’est pas un guide touristique de la ville, c’est un roman très personnel et dans certains passages, Molina se livre complètement, se montrant timide face aux personnes qu’il doit rencontrer à New York, susceptibles de publier ses romans. On découvre un écrivain qui doute de lui et de ses écrits. Roman personnel aussi car c’est à New York qu’il a donné rendez-vous à une femme rencontrée depuis peu, ne sachant pas encore si cette rencontre pourra déboucher sur un amour durable. Cette femme l’accompagnera-t-elle plusieurs fois à New York ? Deviendra-t-elle la mère de ses enfants ?

Le roman est aussi une réflexion intéressante sur l’appartenance à un pays. « Voyager nous sert plus que tout à en apprendre sur le pays dont nous sommes partis ». Molina aime New York pour la ville, ses musées, ses bibliothèques et ses salles de spectacle mais il aime surtout la sensation d’être un inconnu dans cette ville.

Une fois n’est pas coutume, j’ai un petit bémol, tout petit. J’ai trouvé que le roman tournait un peu en rond parfois, surtout vers le milieu. Quelques passages, peu nombreux, m’ont un peu moins parlé. Mais beaucoup d’autres m’ont enchantée, évidemment. Et bien sûr, il y a cette écriture. Pas besoin d’en dire plus pour ceux qui la connaissent. Pour les autres, courez-y vite et vous ne pourrez plus vous en passer.

Je n’ai pas lu tous les romans de Molina, je les savoure à petites doses en redoutant le jour où je n’en aurai plus à lire. Et comme ce n’est pas un écrivain qui sort un roman tous les ans, cela pourrait venir vite. Je viens justement de voir qu’il en sort un qui fera certainement échos à Fenêtres de Manhattan puisqu’il y raconte ses périgrinations dans différentes villes.
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Dans la grande nuit des temps

Ce roman a été publié en Espagne à Barcelone, aux éditions Seix Barral, en 2009 ; La première édition française date de 2012 au Seuil et je pense que l’on n’a pas suffisamment mis ce roman en valeur.

S’immerger dans l’univers de Muñoz Molina, c’est un acte de renoncement à ses propres repères. Sans ce renoncement, la lecture restera en surface, rugueuse et laborieuse, comme l’ascension interminable d’un escalier dont on ne gravit quelques marches que pour mieux les redescendre sans qu’il y ait, en apparence, le moindre obstacle à franchir. Ce qui produit cet effet insolite et déroutant, c’est le traitement du temps, car c’est bien « dans la grande nuit des temps » que le romancier espagnol nous fait subtilement mais impérativement entrer. Naïf, en entamant sa lecture avec gourmandise, le lecteur innocent n’y prend pas garde, et pourtant, tout est mis en place dans un fabuleux incipit, une magistrale ouverture qui pose avec soin et exactitude les principes qui procèdent de la construction du roman.

Ce n’est pas par hasard si le personnage principal, Ignacio Abel, est architecte, si son sempiternel cartable à Madrid, ou sa pauvre valise à Paris, à New-York, à Rhineberg, sont bourrés de dessins et de plans de bâtiments, ceux qui ont été bâtis, ceux qui sont abandonnés, ceux qui sont rêvés, ceux qui sont à venir… Ils préfigurent dans le roman l’ample et complexe architecture romanesque dont la pierre d’angle est le temps.

Le temps de la narration est d’emblée centré sur le personnage d’Ignacio Abel, perdu dans une gare immense, la gare de Pennsylvanie à New-York, effrayé, misérable, déserteur mais constant. Le temps de l’écriture apparaît dès la deuxième phrase : « je le vois d’abord de loin, parmi la foule de l’heure de pointe... » et à plusieurs reprises : « Je l’ai vu de plus en plus clairement, surgi de nulle part, arrivant du néant, né d’un éclair de mon imagination, sa valise à la main... » (…) « Avec la précision d’un rapport de police ou celle d’un rêve, je découvre les détails réels. Je les vois surgir devant moi et se cristalliser... ». Et ce « je » de l’écriture, de la conception du roman, très présent dans les premières pages, s’efface pour resurgir de temps à autre à des moments clés de la narration, et, bien sûr, dans les dernières lignes, pour poser un regard suspendu cette fois au personnage de Judith qui prend le relais du voyage, mais dans l’autre sens, de New-York à Madrid : « Je la vois de profil, plus nette à mesure que l’aube arrive (…) d’un demain proche qu’elle n’entrevoit pas et je suis incapable moi aussi d’imaginer son avenir ignoré et perdu dans la grande nuit des temps. » Ainsi le romancier se résout-il à renvoyer dans le néant ses personnages et met ainsi un point final à son écriture.

Le temps de la narration, qui doit supporter tous les obstacles et les tragédies du réel, est totalement soumis à l’errance d’Ignacio Abel. Son errance physique pose le cadre précis de son voyage hasardeux et difficile de Madrid, en pleine guerre civile, à Rhineberg au Campus du Burton College, et une temporalité courte : les dernières semaines d’octobre 1936 ; ou le cadre tout aussi précis de ce tragique été 36 à Madrid en quête de l’amante perdue, de l’ami allemand disparu, des papiers officiels nécessaires à son départ. Son errance amoureuse emporte avec elle les fulgurances d’une passion intense rehaussée par les aléas, les mensonges, les secrets d’une liaison adultère qui s’étale sur un peu plus de huit mois, d’octobre 35 à juillet 36, et qui met en miroir Adela, l’épouse délaissée et Judith, la maîtresse perdue, l’Espagne immobile et l’Amérique en perpétuel mouvement. Son errance morale s’étale sur une vie entière et conjugue les figures qui construisent l’épaisseur d’un homme : l’enfant orphelin, le jeune homme ambitieux, l’époux et le père ayant accédé à une réussite professionnelle inespérée, l’amant prêt à tout sacrifier mais qui ne sacrifie rien ; et cette errance charrie son lot d’amours sincères, de regrets, de remords, d’erreurs, de colères, de lâchetés, de culpabilités.

Le temps d’un voyage, le temps d’une passion, le temps d’une vie. Et ces trois temps se télescopent, s’interpellent, interfèrent, surgissent au gré de la conscience d’Ignacio Abel et de ses états d’âme en fonction des événements qu’il vit. Comme dans la réalité, où nos souvenirs, nos pensées, nos interrogations se mélangent et s’entrechoquent sans souci de la chronologie ni de la répétition, nous suivons le fil distendu et anarchique de la pensée du personnage qui bute sans cesse sur certains épisodes de sa vie. Et sa vie nous apparaît comme un puzzle à reconstruire, avec sans cesse la nécessité de revenir sur certaines articulations pour préciser, pour ajuster, pour mettre en contexte, pour éclairer le fragment de vie d’un sens nouveau en fonction d’autres pièces du puzzle qui n’étaient pas encore connues ; une architecture qui utilise tous les possibles de l’espace romanesque : la hauteur, la largeur, la profondeur, et la quatrième dimension, celle du temps. Et ce procédé fait éclater le troisième temps : le temps de l’Histoire. Passant sans cesse de l’arrière-plan au premier plan de la narration, l’Histoire s’impose comme un temps implacable qui scelle les destins, pulvérise tout sur son passage et contraint à accepter l’inacceptable. Sa logique échappe à ceux qui voudraient en être les instigateurs autant qu’à ceux qui souhaiteraient rester en marge. Et elle déroule son tragique parcours sans crainte d’être arrêtée puisque ses pires absurdités et ses pires cruautés s’enfoncent inexorablement dans la grande nuit des temps, garantissant ainsi la possibilité d’être sans cesse perpétrées dans un éternel recommencement.

Enfin, signalons la remarquable qualité de la traduction de Philippe Bataillon qui parvient à restituer l’épaisseur littéraire et humaine de ce très grand roman.
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Le royaume des voix

Le royaume des voix : lecture très ardue qui m’a fait penser au défrichage d’une forêt , parfois au détour d’un sentier on découvre des champignons , on en hume l’odeur délicate et un peu surannée , ici au détour d’une phrase sans fin , je me rends compte que je suis en train de sourire car il s’agit bel et bien d’une pépite , lecture qui se mérite , on avance lentement , il n’y a pas d’intrigue en elle - même mais une douce musique pleine de nostalgie

C’est l’Espagne rurale , l’espagne avant la ruée des touristes.

La génération des grands parents et des parents a connu une vie de labeur , sans aucun confort , on travaille à la récolte des olives sans aucun outil , il n’y a pas d’eau courante , de cuisinières à gaz , pas encore de télévisions , elles vont apparaître chez les plus riches du village et susciter bien des interrogations de la part des anciens , comment peut on vieillir en quelques heures .

Et puis il y a le choc des générations, il y a un café dans le village où on passe les disques à la mode comme Les Rolling Stones , les jeunes laissent pousser leurs cheveux , n’ont plus envie de travailler aux champs .

Les femmes fument , se maquillent , mettent des mini jupes .

Le photographe aux photos noir et blanc n’a plus de clients , il y a un magasin ´ Photo 2000 ´ qui fait des photos couleurs , apparaissent les premiers magasins d’électroménager et certains qui venaient de rien font fortune , par contre certaines grandes familles , des grands propriétaires terrains sont ruinés et ça les gens du village ne peuvent l’accepter , le comprendre , c’est contraire à l’ordre des choses , ordre des choses qu’on croyait immuable .

Quand les parents vieillissent tous les jeunes ont quitté le village , il n’y a plus personne pour les aider à relever le grand père quand il fait une chute.

Les rues , les maisons sont désertes alors qu’avant il y avait des familles , des fêtes , du bruit ...

Lui c’est le premier intellectuel de la famille , il lit sans arrêt , il apprend facilement l’anglais , il s’invente des vies à l’adolescence , il rêve d’ailleurs ‘

Il a des souvenirs de son enfance d’une précision incroyable, il a une mémoire prodigieuse , une sens du détail super développé , il se rappelle des couleurs , les odeurs .

Il nous parle d’un monde disparu à jamais mais fait toujours un portait juste de ses hommes loyaux et courageux . Monde où les valeurs ancestrales sont bafouées par la modernité , les meubles de famille en chêne massif qui se transmettent de père en fils sont remplacés par du Formica , des assiettes en Duralex , les glacières viennent remplacer les puits d’eau fraîche .

Il y aussi un beau portrait de l’exilé sous les traits du commandant Galaz, le père de Nadia . J’ai adoré le passage où l’auteur évoque sa maladresse au cours de gymnastique , à mourir de rire cette description de son adolescence le peloton des maladroits .

Roman d’amour avec l’histoire d’amour avec Nadia , amour filial et hommage aux anciens , douce nostalgie, l’auteur nous rappelle avec une grande justesse qu’il ne faut jamais oublier d’où on vient , ne pas renier nos racines au risque d’être un exilé sans histoire .



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Beltenebros

Le roman est constamment plongé dans une ambiance nocturne et mélancolique. Une ambiance triste aussi. Tous les personnages sont des solitaires, tous les décors sont tristes à pleurer. Des banlieues bétonnées et sordides, des boîtes de nuit sinistres, les anciens cinémas désaffectés... Loin des images cartes-postales de l'Espagne, on est ici dans la crasse du quotidien le plus terne.

Et c'est dans un tel décor que se déroule l'action, comme une tragédie. Car il y a un caractère implacable dans cette histoire. Quoi qu'il fasse, Darman ne peut pas échapper à sa mission. Et pourtant, il passe son temps à chercher des échappatoires, des solutions de repli. Mais n'arrive que ce qui doit arriver; Et Darman est comme prisonnier d'un destin qui le dégoûte.

Comme son titre l'indique, nous sommes donc dans un roman sombre, bien écrit en phrases généralement longues. La fin s'étire un peu et s'enfonce trop dans le glauque, mais l'ensemble, plutôt court (200 pages) se lit vite et avec intérêt.
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Dans la grande nuit des temps

Il y a de très belles réflexions dans ce livre sur les thèmes du destin, du choix et surtout de la lâcheté et du conformisme, les traits principaux du héros de ce roman. Une histoire d'amour? Plutôt une longue introspection d'un homme de moins en moins attachant au fil de pages parfois très denses, complexes, accumulant les détails. On voyage en grande intimité avec l'architecte Ignacio Abel, l'auteur nous fait entrer dans sa tête, dans son appartement de Madrid, dans sa famille et même... dans ses poches pour nous détailler ce qu'elles contiennent. Cette manie du détail, exprimée parfois dans des phrases interminables qui doivent être relues deux ou trois fois pour en définir toute la portée, fatigue au bout de quelques centaines de pages. Surtout la quête toute personnelle du héros dans un monde en feu énerve, jusqu'à l'écoeurement. Il n'en reste pas moins que ce livre contient des passage extraordinaires décrivant la stupidité et la cruauté des guerres ainsi que le climat politique de la République espagnole des années '30 menacée par les facistes.
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Pleine lune

Antonio Muñoz Molina diffère fortement des auteurs américains. Ces derniers centrent sur l'action et moins sur la psychologie des personnages. Je trouve ce roman plus intimiste où il y a plus d'instropection. Ici, on se consacre davantage à l'inspecteur qui essaie de découvrir l'assassin par le biais d'un regard. On voit un inspecteur qui a des failles, qui culpabilise de pas trouver le coupable assez rapidement...Bref, pas un héros à la FBI...Beaucoup d'humanité dans cet inspecteur...Un auteur à découvrir d'urgence...
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Tes pas dans l'escalier

Je ne connaissais pas cet auteur, pourtant un écrivain majeur espagnol mais ce n’est pas ce roman qui me conduira à lire d’autres livres de lui. Et encore une fois, méfiez-vous des jugements que l’on trouve sur la quatrième de couverture :



Un thriller psychologique impressionnant



La Vanguardia



on est loin d’un thriller ! Même si une angoisse se diffuse dès les premières lignes du roman.



Un homme raconte par le détail son installation à Lisbonne, dans un appartement dans lequel il attend son épouse, Cécilia. Dès les début, on sent que son souci de créer une appartement exactement à l’identique de celui qu’ils habitaient à New-York est bizarre et puis, ce personnage d’Alexis l’ouvrier parfait semble étonnant aussi. On sent bien qu’on ira vers une révélation finale qui contredira tout ce bel agencement autour d’une femme trop parfaite.



Donc nous sommes avec ce « je » nous ne découvrirons qu’à la fin son prénom, Bruno, qui a vécu l’effondrement des tours jumelles le septembre 2001, c’est sans doute le déclencheur du roman en tout cas cela occupe une grande place dans ses réflexions. Cecilia qu’il attend travaille dans un laboratoire et étudie le cerveau des rats qu’elle a d’abord traumatisés, elle étudie, en effet, les traces de la peur dans le cerveau. La belle image de Cécilia perd un peu de son lustre quand le narrateur raconte les singes enfermés dans des cages dans son laboratoire. Une seule échappée vers l’extérieur de l’immeuble dans un palais racheté par un homme très riche et un peu fou mais sinon nous sommes tout le temps avec Bruno et sa chienne et on attend … Godot ? non Cécilia qui ne viendra pas, elle non plus. Cela nous donne des réflexions sur le temps qui ne m’ont que très peu intéressée.



On sent que le cerveau de cet homme est malade qu’il est en quelque sorte comme les rats du laboratoire de Cécilia mais cela ne fait ni un thriller ni un roman, en tout cas pour moi, je suis certainement complètement passée à côté de cet écrivain pourtant si connu et à qui je reconnais un très beau style bien servi par une traduction de qualité.
Lien : https://luocine.fr/?p=17823
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