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Critiques de Dave Eggers (255)
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Le Cercle

Le Cercle ou la perversité d’un monde digitalisé et dominé par les réseaux sociaux. On y retrouve une société régie par le numérique poussé à son paroxysme, la recherche permanente de la popularité.

Etre embauché dans Le Cercle ? Le rêve absolu, la consécration !



Nos Google, Facebook et autres gadgets devenus aujourd’hui notre quotidien sont très facilement reconnaissables et ce roman dystopique nous montre sans trop de difficulté leur face cachée et la perversité dans laquelle on aura tôt fait de tomber (si ce n’est déjà fait) si on laisse faire.



Voici le sujet de ce roman. Original et bien construit à la base, j’ai eu la sensation gênante que l’auteur lui-même s’est laissé entraîner et est tombé dans son propre piège via des personnages lisses, manquant de consistance, un scénario qui s’alambique au fil des pages. Bref, déçue par ce coté un peu trop prévisible...



Il est vrai que dans ce registre, passer derrière une Servante écarlate et un 1984 n’est pas chose aisée et peut-être aurais-je dû lire ce roman avec 20 ans de moins ??
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Le Cercle

The circle", le film réalisé par James Ponsoldt, adapté du roman d'anticipation Dave Eggers sorti en salles en france le 12 juillet dernier après avoir connu un échec cuisant aux USA, et ce, malgré la présence d'Emma Waston et de Tom Hanks au générique.



En dépit de la présence d'Eggers comme coscénariste du film, l'adaptation cinématographique n'est pas aussi forte et convaincante que le livre original, et cela certainement du à des concessions et un besoin de la production de rendre le film plus grand public, public d'Emma Waston oblige.



Avec ce livre qui a connu un beau succès aux Etats Unis, l'auteur imaginait une terrifiante mais très juste dystopie dans laquelle une entreprise, ressemblant à s'y méprendre à Google, prend le contrôle de nos vies.



Une critique glacante et particulièrement pertinente des réseaux sociaux et de la façon dont ils s'immiscent dans la vie de tout un chacun.



Bref, une version contemporaine et un peu moins abrupte du 1984 d'Orwell, où la coercition se fait non pas par une milice, mais par la pression du collectif et de la nécessité d'être toujours bienveillant - comme l'est en surface le patron de la boite joué par un Tom Hanks plutôt étonnant en léger contre emploi- même si cela entrave notre intimité.



Dave Eggers vise juste, en trouvant un équilibre entre le crédible et ce qui est encore de l'anticipation et particulièrement terrifiant.



En suivant Mae, jeune provinciale fraîchement embauchée, on découvre un gigantesque campus dédié aux salariés du Cercle, lieu de travail idyllique où tout le monde est souriant et attentionné, où les supérieurs sont soucieux du bien-être de leurs subordonnés, où tout, enfin, est fait pour que vous vous sentiez accueillis à bras ouverts.





The circle, le film comme le le livre, aborde avec pertinence et perfidie la thématique des effets néfastes des réseaux sociaux et de la sur-consommation d'écrans dans notre quotidien, comment les multinationales utilisent les informations qui nous échappent, Uet comment de belles intentions au départ entraine une violation de la vie privée voire le libre choix des individus.



Cependant, ce qui était assez clair et prenant dans le livre d'Eggers l'est moins dans le film de James Ponsoldt, à cause d'une narration qui supprime quelques passages et personnages importants du livre, rendant certaines décisions de l'héroïne difficilement compréhensible, notamment dans une seconde partie pas franchement convaincante et un dénouement tellement abrupt qu'il en devient abscons.



De nombreux ingrédients du livre ont été retirés ou transformés, ce qui a contribué à changer le sens et le discours de l'oeuvre et le rendre plus confus et diffus.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le Cercle

LE CERCLE de DAVE EGGERS

Mae avait été étonnée par l’amitié que lui portait Annie mais elle fut encore plus surprise quand elle l’aida à se faire embaucher par Le Cercle l’entreprise la plus novatrice, la plus en pointe dans le secteur de l’internet. Dirigée par un triumvirat, Ty, Bailey et Stenton, c’est la société qui fait rêver. Dès son arrivée, Mae est subjuguée par les conditions de travail, les outils mis à sa disposition et l’aide de tous pour s’intégrer. Des jeux, des cours de cuisine, une piscine, badminton, tennis, des chambres pour ceux qui travaillent tard, tout est pensé, étudié, réfléchi pour que tous les employés donnent le meilleur d’eux mêmes. Mae travaille à L’Experience Client, elle doit les renseigner, et en contrepartie elle reçoit une note de leur part, 100 étant la perfection. Elle doit aussi consacrer du temps à un réseau interne, assister à des réunions, des fêtes, toutes ces activités qui créent du lien entre les employés et les gens qui les suivent sur internet, les Followers. De nombreux projets sont présentés qui visent surtout à mobiliser les gens connectés pour rendre le monde plus sûr, moins de viols, moins de meurtres, moins d’enlèvements d’enfants.. Pour arriver à cela, des caméras se développent dans l’espace public et dans les maisons et à un moment il devient évident qu’il faut s’attaquer à la sphère politique pour progresser, le but étant la transparence totale pour tous…

Utopie, dystopie, c’est un livre qui explore ce que pourrait être le futur sur la base des technologies déjà existantes. Écrit en 2013, Le Cercle envisage l’extension de ce qui existe aujourd’hui à l’état embryonnaire avec des outils déjà utilisés volontairement mais qui seraient étendus par une sorte de contrainte issue du Réseau Social tout puissant qui par ses notations forcerait la main à tous. Autre aspect largement évoqué par la vie de Mae, c’est l’entreprise qui devient le seul et unique centre d’intérêt, la famille peu à peu mise de côté puisqu’on peut dormir au travail et tous les loisirs sont disponibles et gratuits.

Malgré quelques bavardages et des longueurs, c’est un livre très intéressant qui renouvelle les visions entre aperçues dans 1984 ou le Meilleur des Mondes mais avec les outils du 21 ème siècle.
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Le moine de Moka

Voici pour changer un peu de registre, non un roman, mais une biographie écrite par Dave Eggers, auteur qui excelle dans l’écriture de récits bien documentés et surtout nantis d’une forte dose d’attachement pour les personnages dont il raconte la vie, comme dans Zeitoun que j’avais précédemment lu et adoré.

Il s’agit ici de café, au travers de la vie d’un jeune homme d’origine yéménite vivant à San Francisco. Après une jeunesse un peu agitée, il découvre que le grain de café torréfié trouve son point de départ au Yémen, accompagné par une très jolie légende, d’ailleurs. Il s’intéresse de plus en plus à cette boisson et projette de remettre en route la culture du café au Yémen, où elle a été supplantée par celle du qat, pour vendre ses grains aux États-Unis, dans des filières d’exception. Mais la guerre civile éclate alors qu’il commence à peine son négoce, et cela va le mener à prendre bien plus de risques que prévu.



La vie de Mokhtar Alkhansali, de sa jeunesse tumultueuse, surveillé de près toutefois par son père chauffeur de bus, à son job de portier dans un grand immeuble de San Francisco, puis à sa recherche de partenaires pour son projet de café yéménite, est parfois tellement incroyable qu’on se dit que la réalité est largement plus imaginative que la fiction. L’écriture de Dave Eggers, avec son sens de la formule et son humour, rend particulièrement bien compte des capacités hors du commun qu’il faut à Mokhtar pour mettre en route et tenir le cap du projet qu’il s’est fixé. Il rentre dans les détails du processus long et coûteux pour obtenir une délicieuse tasse de moka (l’origine de ce mot yéménite est bien sûr expliquée dans le livre) mais ces détails n’alourdissent jamais le propos qui demeure passionnant d’un bout à l’autre. Il parvient également à faire poindre l’émotion, sans trop en faire, et en gardant un récit bien équilibré, entre documentation et sentiments.



Tout au plus peut-on se demander si Mokhtar n’idéalise pas un peu ses souvenirs racontés à l’auteur, à moins que ce ne soit Dave Eggers lui-même qui n’enjolive légèrement. En tout cas, un petit tour sur le site de The Mokha Foundation permet de confirmer la réalité et de voir comment se porte le commerce de Mokhtar. Après ce livre, vous ne dégusterez plus votre expresso de la même manière !

J’ai autant aimé ce récit que celui sur Zeitoun et l’ouragan Katrina, et je conseillerais, s’il me lisait, à l’auteur de s’en tenir à cette veine, car, si j’ai aimé Le cercle, dystopie numérique, je n’ai pas du tout accroché au roman Les héros de la frontière, malgré l’envie que j’en avais !
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Le Cercle

J'ai trouvé que ce livre était une anticipation intéressante de ce que pourrait devenir notre société, avec l'influence des réseaux sociaux et l'impératif de dévoiler/partager son intimité avec tous. On imagine que The Circle pourrait être Google. On pense à 1984 et "Big brother is watching you".



C'est bien pensé, mais à peine assez bien écrit pour me donner envie de le recommander.
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Le moine de Moka

Le moine de Moka est avant tout l’histoire d’un voyage. Non pas l’histoire du trajet du café des champs de caféiers à notre tasse (encore que…) mais le voyage qui a mené Mokhtar Alkhanshali a devenir lui-même, lui qui, selon certains membres de sa famille, valait moins qu’un âne, le genre de remarque qui aurait peut-être conduit quelqu’un d’autres sur le divan d’un psy pour n’en plus bouger.

Sauf que Mokhtar a presque 25 ans. Il contemple sa vie, ce qu’il a fait jusque là, et cela ne le satisfait pas vraiment. Alors oui, il a excellé dans différents métiers, qu’il a quitté parce que cela ne lui convenait pas – comme chez ce vendeur de voiture qui s’arrangeait pour paraître conciliant d’un côté, avant de reprendre l’avantage financier de l’autre, l’argent n’a pas d’odeur. Le café, lui, en a. Et c’est presque par hasard, que Mokhtar se plongera dans les origines du café, découvrant que son pays, le Yémen, est pour beaucoup dans sa découverte.



Il y a de la candeur et de la détermination chez ce jeune homme qui vit un retour au source en retournant dans son pays pour recréer une route du café, et surtout, une nouvelle manière d’exploiter ce café yéménite qui n’a pas vraiment la cote auprès des spécialistes. Candeur, parce qu’il ne connaît que peu de choses à la manière de cultiver les caféiers, de cueillir les grains, encore plus d’exporter le tout, détermination parce qu’il va tout mettre en oeuvre, y compris devenir le premier yéméno-américain à obtenir le Q-Grader.

Yéméno-américain et musulman, et malheureusement, la question religieuse a son importance dans un pays – l’Amérique – plus refermée sur elle-même que certains ne le croient ou ne veulent le voir. Etre musulman et voyager, puis revenir aux Etats-Unis peut vous placer dans des situations que n’aurait pas renié Kafka.

Et il ne faut pas oublier, justement, le Yémen, ce pays dont on parle très peu, pour ne pas dire pas du tout, ce pays dont les habitants eux-mêmes ne connaissent pas la beauté, parce qu’ils se déplacent très peu, parce qu’ils n’ont pas la possibilité de le faire non plus. Des vies difficiles, des conditions de travail redoutables et la guerre qui fait irruption au moment où le projet de Mokhtar était vraiment sur la bonne voie, pour ne pas dire presque concrétisé.Et là, en lisant le récit de ses pérégrinations à travers le Yémen, on se dit vraiment que les Etats-Unis n’ont pas été à la hauteur pour aider leurs ressortissants, se lavant les mains de ce qui pourrait survenir. Ahurissant aussi de lire la violence quotidienne, la douleur, le fait que les terroristes profitent de tous les événements, y compris les plus tragiques, pour tuer encore plus.

Le moine de Moka est une épopée moderne, à la fois drôle et tragique : vous ne verrez plus votre tasse de café de la même façon.
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Le Grand Quoi

LE GRAND QUOI de DAVE EGGERS

C’est l’histoire romancée de Valentino Achak Deng, garçon d’à peine 8 ans quand il quitte son village du Sud Soudan, il marchera pendant des semaines et des mois, se retrouvera dans des camps de réfugiés au Kenya et en Éthiopie. Puis après une très longue et incertaine attente il obtiendra un visa pour les États Unis, Atlanta. Dave EGGERS a interviewé Valentino très longuement, a romancé lorsque les souvenirs étaient absents. Le conflit du Sud Soudan a fait à ce jour 2,5 millions de gens déplacés, les enfants soldats, l’esclavage et les viols, la mise en place de la charria, Valentino raconte l’horreur au quotidien vue par un enfant isolé de ses parents et de sa famille. Son village sera brûlé, une trentaine de personnes exécutées , il mettra des années à connaître le sort de ses parents. Le visa tant espéré le verra débarquer à Atlanta ou d’autres difficultés vont l’attendre, il va retrouver des réfugiés comme lui, aussi divisés qu’au Soudan. Sans compter le vol dont il sera victime dans son appartement.

Un livre témoignage sur un conflit à la fois ethnique et religieux attisé par la découverte de pétrole. Lecture dure et intéressante, EGGERS s’attache aux pas de Valentino sans recherche de pathos, il rend compte sans jugement.
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What is the what

La vie de cet homme engagé, Valentino Achak Deng, parti de force du Soudan à l'âge de 7 ans, marchant avec des milliers d'autres enfants au péril de leur vie, jusqu'en Éthiopie puis au Kenya, avant d'émigrer aux États-Unis, est un témoignage poignant, à lire absolument. Ayant fui pour échapper à la guerre civile en 1987, sans savoir si sa famille était toujours vivante, il n'a revu ses parents qu'en 2003.
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Le moine de Moka

Chronique de Serial Lecteur, L’Avis de Jean Luc

Si vous cherchez un livre d’aventure et qui de surcroît vous délivre une somme d’informations sur le café, je ne peux que vous conseiller la lecture du livre intitulé « Le moine de Moka »!

Cette fois-ci, avec ce titre, Dave Eggers nous propose un roman inspirée de l’histoire vraie d’un américain d’origine yéménite.

L’auteur relate les aventures de Mokhtar et ses tribulations pour faire renaître le café yéménite, le Yémen étant le berceau originel de la culture du café.

Mokhtar, 24 ans, d’origine yéménite, vit à San Francisco et travaille comme portier d’immeuble. Sa vie est bouleversée par la découverte de l’histoire du café. Il décide de se rendre au Yémen pour rencontrer les hommes et les femmes qui le produisent.

Seulement, il faut faire avec les coups du sort, l’instabilité du Yémen, la montée de l’intégrisme, les guerres tribales, les Houthis et encore bien d’autres surprises .. Et la guerre civile éclate et le jeune homme se retrouve plongé au coeur du conflit.

Dans cette histoire, même si par moment , certaines anecdotes paraissent fantasques et drôles, il y a aussi la mort à chaque coin de rue et il y a surtout Mokhtar le visionnaire obsédé par un but : faire connaître le café yéménite et en faire un café d’exception.

Une histoire à 100 à l’heure, qui devient tantôt un rêve, tantôt un cauchemar durant plus de 400 pages.

Il y a énormément de personnages et d’explications quant à la situation géopolitique du Yémen, l’auteur nous décrit tous les rouages tant interlopes que légaux pour obtenir des passe-droits dans un pays en guerre civile. C’est par moment un peu compliqué mais cela fait aussi le charme de cette histoire.

Difficile d’en dire plus, sans dévoiler cette histoire qui mérite d’être dégustée tel un café d’exception !
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Les héros de la Frontière

Dentiste quarantenaire, récemment séparée d’un conjoint franchement de la loose, mère de Paul, un petit garçon bien trop sérieux et d’Ana, une gamine aussi déjantée qu’imprévisible, Josie décide de larguer les amarres. Au volant d’un camping-car brinquebalant, elle taille la route vers le Grand nord, direction l’Alaska. Mais le fantasme d’un univers immaculé, pur vire rapidement vers une réalité plus triviale.

Ce trio improbable, un brin branquignole, va plutôt rencontrer des gérants de camping âpres au gain, se coltiner de longs trajets dénués de charme et se confronter à une nature hostile où les incendies constituent un danger plus important que le froid.

Cette « échappée belle » devient rapidement, pour l’héroïne en pleine crise existentielle, un prétexte pour mener à bien une introspection personnelle.

Sur un ton nerveux, humoristique et sarcastique, en un mot savoureux, Dave Eggers dresse le portrait impitoyable d’une société qui, tout en courant à sa perte, est en recherche de sens. Miroir au vitriol, « Les héros de la Frontière » interroge autant son lecteur qu’il ne le fait rire …. jaune.

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Le Cercle

Violence des échanges en milieu tempéré

Bienvenue au Cercle, un réseau social 4.0. Son crédo : la transparence et votre bien-être. Son crédo "Tout ce qui se produit doit être su".

Un beau gâchis.



Le nom du personnage principale Mae, le lieu une entreprise de technologies numériques. J'ai eu peur de me trouver devant la novélisation de la novela Cookie monster de Vernor Vinge. Quelques pages ont fait disparaitre ma crainte.



Le cercle, un succédané de Google Facebook et consort. Mae, jeune campagnarde y a décroché une place dans le service relation clientèle, ou plutôt l'"expérience clientèle". Nous découvrons avec elle ce lieu de travail idyllique ou tous les collègues sont sympas, les chefs top cool (L'entretien bienveillant, empreint de communication non violente, fait froid dans le dos) .

Les technologies mises en place sont un brin invasive ? Qu'importe, si vous n'avez rien à vous reprocher, pourquoi le cacher ? Et de convoquer aussitôt la défense des fameux droits de l'homme et des libertés individuelles.

Tout doit être dans le réseau. Si vous ne répondez pas immédiatement, vous devenez un bourreau pour vos amis. Vous oubliez de vous connectez, de commenter un commentaire, de partager votre week end, et voilà qu'on vous regarde avec méfiance.

Tout le monde est toujours bienveillant, on vous prend avec des pincettes pour ne pas vous froisser, fâcher, énerver. Un monde où l'apparence est reine, lisse, propre mais les conséquences sur les individus d'une violence inouïe. C'est bien vu, interroge la gratuité de ces modèles économiques.

Des notes d'humour absurde : l'inflation exponentielle du nombre d'écran, pour être toujours "au courant".

Voilà pour une moitié réussie, puis ça se gâte.



Mae, malgré une vie professionnelle épanouissante, a une vie amoureuse compliquée. Elle n'est qu'une petite femme prise dans la valse des sentiments entre le beau ténébreux mystérieux, le geek à la gachette rapide et le rustre campagnard. Et la voilà butinant chez l'un, chez l'autre.

Je ne résiste pas à la tentation de vous en mettre quelques extraits torrides

Attention, Caliente.Imaginez la musique Sexual Healing de Marvin Gaye et appréciez:

Sa bouche s’ouvrit dans son oreille et il enfonça sa langue. Elle haleta et s’appuya contre lui. Les mains de Kalden caressèrent son ventre, sa taille, et descendirent rapidement vers ses cuisses qu’elles saisirent vigoureusement.

Et ferme les yeux. Imagine ce que je suis en train de te faire.

Sa bouche s’attardait dans son cou, l’embrassait et la léchait, pendant que ses mains s’affairaient avec sa jupe et sa culotte qu’il fit glisser sur ses cuisses, puis par terre. Puis il la souleva et la pénétra aussitôt. « Mae », dit-il encore, les mains sur ses hanches. Elle s’arc-bouta sur lui, l’enfonçant si profondément en elle qu’elle sentit la pointe de son sexe quelque part près de son cœur.

Elle jouit, pantelante, et lui aussi, frissonnant en silence.



Elle décrivit de la main gauche des cercles autour de ses tétons, et de la droite poussa sa culotte et imita les mouvements d’une langue, sa langue.



L'énigme du beau ténébreux mystérieux empoisonnera Mae durant les 500 pages, alors qu'il lui suffisait de demander au pauvre lecteur qui il était. Navrant.

Et c'est long, très long. L'auteur ajoute des développements qui n'apportent rien au récit, une course poursuite ridicule et téléphonée...

Pas de réel contrepoint, pas de véritables opposants à cette entreprise. La transparence s'applique à tous les décideurs, sauf ceux du Cercle, et cela ne choque personne.



La fin évite toutefois de nous laisser sur une note affligée.



Vendu au prix de 18 euros en numérique, soit 118,07 francs, cela laisse rêveur.

La politique tarifaire du groupe Gallimard en 2017 : le prix de l'ebook plus cher que la version papier grand format ?

Pour les plus riches d'entre vous qui déciderez tout de même d'acheter le livre, Gallimard a mis en place une deuxième sécurité : verrouillage par des DRM.

Mais je pense que je ne vois que le mal : Gallimard à sûrement une très haute estime de notre réseau de bibliothèques médiathèques en France, milite pour une culture libre et pousse par tous les moyens les lecteurs à s'inscrire en masse. Cet altruisme pouvant être mal vu de la part de ses actionnaires, le groupe préfère utiliser divers subterfuges pour le cacher. Désolé donc pour mes sarcasmes et je souhaite à Monsieur Gallimard de continuer sa politique de mise en avant de nos bibliothèques.
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Zeitoun

ZEITOUN de DAVE EGGERS

Originaire de Syrie, Zeitoun vit avec Kathy, une américaine convertie à l’Islam, ils ont quatre enfants dont un issu du premier mariage de Kathy. Ils gèrent conjointement une entreprise de peinture reconnue et très rentable. Ils vivent à la Nouvelle Orléans. A partir du 26 août 2005, on va suivre la vie de cette famille alors que l’ouragan Katrina se renforce, vents violents et pluie abondante. Kathy part avec les enfants pour Bâton Rouge alors que Zeitoun, qui croit peu à la puissance de Katrina reste dans leur maison pour surveiller. Le 28 août, Kathy est installée en famille mais il y a trop de monde et les tensions lui font penser à se réfugier ailleurs. Zeitoun a tout déménagé à l’étage, l’eau commence à monter dans la maison, la digue a vraisemblablement cèdé. Il est réfugié sur le toit et a un petit bateau qui lui sert à se déplacer et aider ses voisins. Kathy lui demande de quitter la maison mais il refuse de partir. Le maire décrète l’évacuation immédiate et obligatoire, Zeitoun décide de rester. La garde nationale forte de 20000 hommes s’installe.

C’est une histoire vraie que nous raconte EGGERS, il a très longuement écouté et enquêté sur ce qui c’est passé et c’est un récit tout à fait passionnant que j’ai lu d’une traite. L’entêtement de Zeitoun, le fait qu’il soit syrien d’origine, musulman pratiquant dans un pays encore traumatisé par le 11 septembre, tout était en place pour ce fait divers dramatique.
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Le Cercle

Mae Holland n’en revient pas, elle vient d’être embauchée par le géant d’Internet, une entreprise qui regroupe différents supports de communication, située sur un fabuleux campus où tous les besoins des employés sont tellement pris en charge que c’est à peine s’ils ont envie d’en sortir le soir ou le week-end. Elle y est prise tout d’abord au service clientèle, pour répondre aux demandes, réclamations et autres problèmes, en ne perdant pas de vue l’objectif principal qui est d’être bien notée. Car chaque employé est évalué pour chacune de ses interventions, et la note maximale est requise, bien entendu. Le Cercle pratique la compétition entre employés à un degré extrême, et la transparence est de mise également. Rien n’est caché, tout le monde peut tout savoir de son voisin, ami, collègue…



C’est donc bien d’un roman qu’il s’agit, mais comment ne pas y reconnaître l’addiction contemporaine aux réseaux sociaux, poussée à l’extrême, et vue de l’intérieur ? Ce n’est même pas de la fiction de voir un réseau comme Facebook devenir, ou essayer de devenir, une banque… Outre les questions soulevées qui sont passionnantes à bien des égards, l’auteur a également réussi à ajouter des ressorts dramatiques : une nouvelle expérimentation à laquelle Mae va participer, un individu étrange qu’elle croise plusieurs fois dans des divers lieux du campus, une sortie en kayak qui va valoir à la jeune femme bien des déboires, l’opposition de son ex-petit ami aux réseaux sociaux, la maladie de son père…

Même si cette énumération pourrait laisser croire que l’auteur en fait trop, il n’en est rien, il explore juste avec habileté et intensité les diverses dérives possibles d’un réseau trop intrusif, et qui tend à devenir la norme, sans autre alternative. D’ailleurs, qu’est-ce que la Complétude du Cercle, qui semble le but de l’entreprise, tout autant que la crainte de quelques rares personnes ? De brefs retours à la nature sont particulièrement bien décrits, ainsi que les états d’âmes et les questionnements de la jeune femme, qui hésite par moments entre rester un bon petit soldat, ou s’insurger. Savoir si elle va aller jusqu’au bout de ses idées (et lesquelles) est le grand enjeu du roman, qui donne par ailleurs grande envie de se désinscrire des fameux sites mis en cause…
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Soyons des jaguars

Le narrateur est un enfant qui seul reçoit le visite de sa grand-mère. Celle-ci lui propose de se transformer en jaguars. Une double-page avec volets met habilement en scène cette transformation.



Les deux personnages voyagent dans divers espaces géographiques passant d’espaces chauds comme la forêt tropicale à des univers froids comme les limites du massif de l’Himalaya. Les jeunes lecteurs de six à huit ans sont ceux qui s’intéresseront le plus au contenu de cet ouvrage mais les non-lecteurs apprécieront également cet album à forte dimension onirique.

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Le Grand Quoi

Un livre passeur-de-mémoire.

Des pages pour dire le combat de milliers d'êtres humains que la guerre civile au Soudan a meurtri au plus profond de leur chair et qui ont vécu des épreuves ô combien inimaginables.

Des mots qui heurtent, émeuvent, témoignent de la violence inouïe et la folie effroyablement incontrôlable des hommes.

Le récit-temoignage inoubliable d'un Enfant perdu, pour ne pas que l'histoire se répète.



« Au Soudan, mourir est un jeu d'enfant, surtout pour un enfant. »



Le microsillon est abîmé. Car inlassablement, elle semble se répéter, pourtant.



« Que tout ceci soit arrivé est criminel. C'est aussi un crime d'avoir laissé faire. »



Un livre nécessaire, incontournable, d'une grande force, brillant, savamment construit.



« Ce livre est le récit romancé de ma vie : depuis le moment où j'ai été séparé de ma famille à Marial Bai, jusqu'aux treize années passées dans des camps de réfugiés en Éthiopie et au Kenya, et à ma rencontre avec les foisonnantes cultures occidentales, à Atlanta et ailleurs.

En le lisant, vous en saurez davantage sur les deux millions et demi de personnes qui ont péri pendant la guerre civile soudanaise. Je n'étais qu'un gamin quand le conflit a éclaté.

[...]

Même aux heures les plus sombres, je pensais qu'un jour viendrait où je partagerais mes expériences avec vous, lecteurs, pour éviter que ces atrocités ne se répètent. Ce livre est une forme de combat; une façon de rester vigilant et de poursuivre la lutte. Lutter pour renforcer ma foi, mon espoir et ma croyance en l'humanité. Merci de lire ce livre. Et que Dieu vous garde. »

Valentino Achak Deng, Inig & cung as Atlanta, 2006
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Le moine de Moka

Mokthar, jeune Yemeno-Américain, après avoir effectué plusieurs petits boulots à San Francisco apprend que l’origine du café, situé d’abord en Ethiopie, est également né au Yémen où sa culture a périclité au profit de celle du Qat. Débrouillard, ambitieux, il se rend au Yémen après avoir passer l’examen de Q-Grading pour tenter de réactiver une production de qualité en associant mieux les agriculteurs à une fabrication « haut de gamme » et en circuit court qui leur profitera beaucoup plus. Ce récit, aux allures d’aventure est passionnant, car il nous instruit utilement sur la filière agricole du café, de l’arbuste à la tasse de café de crus prestigieux et nous promène à travers un pays dont on éprouve la beauté, mais aussi les difficultés à vivre des populations. Le contexte politique difficile de ce pays, martyrisé par les interventions saoudiennes encadre la narration et rend encore plus périlleuses les tentatives de Mokthar pour relancer une activité économique ancestrale.
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Les héros de la Frontière

LES HÉROS DE LA FRONTIÈRE de DAVE EGGERS

Josie et ses deux enfants, Paul et Ana partent pour l’Alaska se réfugier chez Sam, sa demi sœur, qui ne l’est pas vraiment. Elle quitte Carl qui doit épouser une autre femme. Elle fut dentiste mais n’en peut plus de toutes ces bouches ouvertes. Elle est épuisée. Elle a acheté un camping car d’occasion qu’elle a appelé Le Château. Ils arrivent à Seward, et dans la baie ils aperçoivent des loutres. Josie repense à son cabinet dentaire, à la cliente qui l’a assignée au tribunal pour faute grave, à Carl qui ne travaillait pas et attendait que sa mère l’aide, regrette de ne pas avoir pris un associé, se souvient de ses projets avortés, de Carl qui préférait préparer son triathlon quand elle a accouché, à Jeremy qui s’occupait si bien des enfants mais qui mourut en Afghanistan. Josie va donc arriver chez Sam, qu’elle a en fait connu dans une famille d’accueil, en gérant comme elle peut Ana, qui casse tout ce qu’elle touche et Paul qui s’emploie à casser l’ambiance et contrarier sa mère.

Road movie, roman initiatique, recherche du rêve américain qui la fuit, EGGERS dresse un tableau plein de clichés sur les familles américaines et Josie réalise que l’Alaska et ses feux de forêt ne sont pas le paradis escompté.
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Les héros de la Frontière

Auteur du « Cercle », une dystopie dénonçant les dérives liberticides de l’emprise des GAFAM sur notre société, Dave Eggers nous propose dans son nouveau roman « Les héros de la Frontière » un road trip un peu déjanté d’une quarantenaire et de ses deux enfants en Alaska. Dans un cadre romanesque plus classique, le livre approfondit la question de notre rapport au monde qu’il soit urbain et moderne ou sauvage et intemporel. L’intrigue frôle par moments une certaine trivialité proche du burlesque tout en abordant des questions quasi-métaphysiques sur l’enfance, le sens d’une vie, la beauté du monde.



Josie a pris la tangente et emmené avec elle ses deux enfants, direction l’Alaska où elle est censée retrouver sa « demi-sœur ». Ne supportant plus un mari oisif et velléitaire, rongée par le remord d’avoir encouragé un des patients de son cabinet dentaire à s’engager en Afghanistan et poursuivie en justice par une autre patiente fumeuse atteinte d’un cancer qu’elle n’a pas détecté à temps, elle plaque tout, son travail et l’Ohio pour rejoindre les étendues encore vierges et sauvages du grand Nord en proie à de terribles incendies à bord d’un camping-car en piteux état loué à la va-vite.



Le roman oscille entre le temps présent qui voit s’accumuler les embûches, souvent drôles, parfois désespérantes, sur la route de Josie, et différentes étapes de son passé qui permettent au lecteur de comprendre comment elle en est venue à se lancer dans une fuite en avant aussi improbable, tout en ayant la charge de Paul, déjà très responsable malgré ses dix ans et d’Ana, petite boule d’énergie incontrôlable de quatre ans.



Les mésaventures de l’héroïne et de sa petite famille dessinent un voyage désordonné, où rien ne se passe comme prévu, notamment les retrouvailles tant attendues avec sa « demi-sœur » qui tournent court. Josie tient bon et poursuit sa route tant bien que vaille, au gré de rencontres de plus en plus improbables, elle s’éloigne inéluctablement de la civilisation, se laissant guider par le hasard des événements et par sa peur d’être retrouvée par un mari pourtant inoffensif. Son cheminement semble de prime abord n’obéir à aucune logique apparente sinon celle de la fuite, notamment celle des immenses incendies qui dévorent les paysages environnants. On pressent confusément qu’un étau se resserre au point de menacer l’intégrité physique de Josie et des ses enfants, l’héroïne semble à la fois de plus en plus perdue et paradoxalement libérée du carcan de la modernité, purifiée. Cet éloignement progressif des contingences finit par esquisser le sens profond et la beauté du roman, qui décrit une quête de pureté, un retour à l’innocence, une mise en danger qui permettra peut être à Josie, Paul et Anna de d’effleurer enfin la beauté du monde et d’appréhender pour un instant le sens de leurs vies.

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Le moine de Moka

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre reçu en cadeau à Noël. J'ai découvert l'histoire du café, l'origine de certains mots liés au café, le rôle du Yémen... Bien que petite fille de torréfacteur à Lyon, je n'aime pas le café, lui non plus d'ailleurs, aussi je n'en bois jamais. Ma préférence va au thé.

J'ai admiré l'acharnement de Mokhtar, le courage des personnes qui cueillent les fruits rouges. Ce livre contribue à me donner une autre image du Yémen que la seule image d'un pays en guerre. A travers cette histoire de café, Dave Eggers nous donne à voir la réalité du Yémen. Je trouve ça très précieux. J'ai trouvé le style agréable à lire. Belle manière de démarrer l'année littéraire 2020.
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Le Grand Quoi

Dans son long roman, Eggers met en scène le récit de la fuite et de l'exil d'Achak Deng, régugié du Soudan, chassé de son village par la guerre. Comme un cercle qui se ferme lentement, c'est d'Atlanta qu'Achak raconte les événements du Soudan qui l'ont finalement conduit en Amérique. De son village détruit aux camps de réfugiés, de la fuite avec une troupe de jeunes garçons, de l'Ethiopie au Kenya, Achak a vécu la tragédie africaine si difficile à comprendre vue d'ici. Si le roman est long, c'est aussi parce que cette histoire est complexe, entremêlée. Tout au long du livre, Achak semble livré à un destin qui lui échappe, rejetté d'un endroit et traîné malgré lui vers un autre. Comment reprendre sa vie en main lorsque le sort s'acharne, est-ce possible? Au moment de partir pour l'Amérique, ces grandes questions se posent. Et comment au final être acteur de la poursuite du Grand Quoi?

Il m'a fallu du temps pour entrer dans ce livre, dont l'écriture je dois l'avouer ne pas pas transporté - trop journalistique peut-être. Mais le destin d'Achak emporte avec lui finalement le lecteur. Un beau livre d'Afrique.
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