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Citations de Italo Calvino (992)


Je compris que je devais me libérer des images qui jusqu’ici avaient annoncé les choses que je cherchais : seulement alors je réussirais à comprendre le langage d’Ipazie.

À présent il suffit que j’entende le hennissement des chevaux et le claquement des fouets pour que me prenne un tremblement amoureux : À Ipazie, tu dois entrer dans les écuries et les manèges pour voir les belles femmes qui montent en selle, cuisses nues, des jambières sur les mollets, et un jeune étranger s’approche-t-il qu’elles le renversent dans le foin ou la sciure et le pressent ferme contre leur téton.

Et lorsque mon âme ne demande d’autre nourriture et stimulant que la musique, je sais qu’il faut la chercher dans les cimetières : les musiciens se dissimulent dans les tombes ; d’une fosse à l’autre se répondent trilles de flûte et accords de harpe.


Il est certain qu’à Ipazie aussi viendra le jour où mon seul désir sera de repartir. Je sais que je ne devrai pas descendre au port mais gravir le clocheton le plus élevé de la forteresse et attendre qu’un navire passe là-haut. Mais passera-t-il jamais? Il n’est pas de langage sans pièges.
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A six heures du soir, la ville tombait aux mains des consommateurs. Durant toute la journée, le gros travail de la population active était la production: elle produisait des biens de consommation. A une heure donnée, comme si on avait abaissé un interrupteur, tout le monde laissait tomber la production et, hop! se ruait vers la consommation.

Marcovaldo au supermarché
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« Les villes invisibles sont un rêve qui naît au cœur des villes invivables » (Italo Calvino)
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- Hé! paladin, c'est à vous que je parle! insista Charlemagne. Pourquoi diantre ne montrez-vous pas votre visage au roi?
La voix sortit, nette, de la ventaille du heaume.
- C'est que je n'existe pas, Majesté.
- Eh bien! vrai! s'écria l'empereur. Voici que nous avons en renfort un chevalier inexistant! Faites voir un peu.
Agilulfe parut hésiter un instant; puis, d'une main sûre, mais lente, il releva sa visière. Le heaume était vide. Dans l'armure blanche au beau plumail iridescent, personne.
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 Et les essaims de bulles se rencontraient avec les nuages de fumée, le ciel se partageant entre des courants de fumée noire et des courants de mousse irisée.
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Les classiques sont des livres qui, quand ils nous parviennent, portent en eux la trace des lectures qui ont précédé la nôtre et traînent derrière eux la trace qu'ils ont laissée dans la ou les cultures qu'ils ont traversées.
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Il y a des jours où tout ce que je vois me semble chargé de significations : ce sont des messages que j'aurais du mal à communiquer à d'autres, à définir, à traduire en mots, mais qui pour cette raison même me paraissent décisifs. Indices ou présages qui nous concernent ensemble, le monde et moi-même : à mon sujet, il ne s'agit pas de ces événements extérieurs dont est tissée une expérience, mais de ce qui survient à l'intérieur, au plus profond ; et au sujet du monde, non de quelque fait particulier, mais de la façon d'être du tout, en général. On comprendra ma difficulté à en parler, sinon par allusions.
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Même Ptolémée, si je l'ai épousé, c'est parce que je le voulais bien ; ce n'est pas vrai qu'on m'ait obligée à le faire : on voulait à tout prix que je me marie, j'ai choisi le plus décrépit en pensant : Comme ça je serai veuve plus tôt. Et maintenant, je le suis !
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Sont dits classiques les livres qui constituent une richesse pour qui les a lus et aimés ; mais la richesse n’est pas moindre pour qui se réserve le bonheur de les lire une première fois.
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Ils se connurent. Il la connut et se connut lui même parce que, réellement, il n'avait jusque-la rien su de lui. Elle le connut et se connut elle même parce que, en sachant tout ce qu'elle était, elle ne l'avait jusque-là jamais si bien senti.
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Pin chemine par les sentiers qui tournent autour du torrent, des terres abruptes que personne ne cultive. Il y a là des chemins qu'il est seul à connaître et que les autres mourraient d'envie de connaître aussi : il s'y trouve même un endroit où les araignées font leur nid, peut-être même de toute la région. Jamais aucun garçon n'a entendu parler d'araignées qui font leur nid, sauf Pin.
Peut-être qu'un jour Pin rencontrera un ami, un vrai ami, qui le comprendra et qu'on puisse comprendre ; alors il lui montrera, mais à lui seul, l'endroit où se trouvent les nids des araignées. C'est un raccourci pierreux qui descend au torrent entre deux parois de terre et d'herbe. Là, parmi l'herbe, les araignées creusent des terriers, des galeries tapissées d'un ciment d'herbe sèche; mais ce qui est merveilleux, c'est que ces terriers ont une petite porte de cette même boue sèche, une petite porte ronde qu'on peut ouvrir et fermer.
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Dès qu'il était venu au monde, sa mère, le voyant si menu, pour le garder en vie et lui donner un peu de robustesse, l'avait baigné dans le vin chaud. Pour que le vin chauffe, son père avait mis dedans un fer à cheval rouge comme le feu. C'est ainsi que Masin, au travers de sa peau, avait attrapé la ruse qui est dans le vin et l'endurance qui est dans le fer. Après cette baignade, et pour lui donner quelque fraîcheur, la mère l'avait bercé dans une coquille de châtaigne encore toute verte, et donc bien amère, qui donne de la jugeote.
[ La barbe du Comte ]
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La révolte ne se mesure pas à l'aune. Même un voyage de quelques pouces peut être un voyage sans retour.
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Au Japon, ce qui est un produit de l'art ne cache ni ne corrige l'aspect naturel des éléments dont il est formé. Voilà une constante de l'esprit nippon que les jardins aident à comprendre. Dans les édifices et dans les objets traditionnels, les matériaux dont ils sont faits sont toujours reconnaissables ; dans la cuisine également. [...] Dans le jardin, les divers éléments sont rassemblés selon des critères d'harmonie et de sens, comme font les paroles dans une poésie. Avec la différence que ces paroles végétales changent de couleur et de forme au cours de l'année, et encore plus avec les années qui passent : changements calculés en tout ou en partie au moment où fut projetée la poésie-jardin. Puis les plantes meurent et sont remplacés par d'autres semblables, disposées aux mêmes endroits : le jardin, les siècles passant, est continuellement refait, et reste toujours le même.
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A chaque fois qu'il arrive dans une nouvelle ville, le voyageur retrouve un peu de son passé, une part de lui-même qu'il avait oubliée depuis longtemps: se sentir étranger face à ce que l'on était ou ce que l'on possédait dans le passé, c'est ce qui nous attend aux frontières de l'ailleurs.
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D'obscurs pressentiments envahissaient l'âme de la Reine. Elle voyait la végétation s'enchevêtrer et épaissir comme la trame de sa trahison ; ses pensées criminelles recouvraient la ville d'un filet infranchissable. Et pendant ce temps, un oiseau d'espèce jamais vue volait entre les branches, poussant un appel strident : " Koac... Koac... "
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Te voici donc prêt à attaquer les premières lignes de la première page. Tu t’attends à retrouver l’accent reconnaissable entre tous de l’auteur. Non. Tu ne le retrouves pas. Après tout, qui a jamais dit que cet auteur avait un accent entre tous reconnaissable ? On le sait : c’est un auteur qui change beaucoup d’un livre à l’autre. Et c’est justement à cela qu’on le reconnaît. Mais il semble vraiment que ce livre-ci n’ait rien à voir avec tous les autres, pour autant que tu te souviennes. Tu es déçu ? Un moment. Il est normal que tu sois un peu désorienté au début, comme lorsqu’on vous présente quelqu’un dont avait associé le nom à un visage, et qu’on tente de faire coïncider les traits qu’on voit avec ceux dont on se souvient. Et cela ne marche pas. Et puis tu poursuis ta lecture, et tu t’aperçois que le livre se laisse lire indépendamment de ce que tu attendais de l’auteur. C’est le livre en soi qui attise ta curiosité, et, à tout prendre, tu préfères qu’il en soit ainsi. Te retrouver devant quelque chose dont tu ne sais pas encore bien ce que c’est.
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La philosophie de Raymond Queneau

Une autre donnée qui ne peut être négligée, c'est la profession officielle de Queneau, qui a été pendant les 25 dernières années de sa vie celle d'un encyclopédiste (en tant que directeur de l'Encyclopédie de la Pleïade chez Gallimard ). (p. 209)
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Le nouveau jardinier était un garçon aux cheveux longs maintenus par un serre-tête. Il remontait maintenant l'allée, portant un arrosoir plein d'eau, tendant son bras libre pour équilibrer le poids. Il arrosait des capucines, doucement, comme s'il versait du café crème : une tache sombre s'élargissait au pied des fleurs ; quand elle était suffisamment grande et molle, il relevait l'arrosoir et passait à une autre plante. Ce devait être un beau métier que celui de jardinier, car on pouvait tout faire avec calme.
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Mais le caractère rigoureux qu'on louait généralement chez lui, cette sévérité intérieure qu'il s'imposait et imposait aux autres cédait à chaque instant devant une vocation foncière pour l'indifférence et le laisser-aller. Selon toute apparence, ses longues méditations les yeux dans le vide n'avaient abouti qu'à une grande absence de volonté et à un profond ennui. Il agissait comme s'il voyait dans la plus légère difficulté le signe d'une fatalité à laquelle il serait inutile de s'opposer.
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Paris : CANCAN

Pratiqué dans les guinguettes et les bastringues entre 1825 et 1830 comme une parenthèse de défoulement bruyante que s'accordait les hommes pendant l'exécution d'un quadrille, cette danse est à l'origine du cancan. Les femmes bravant les interdits décident de se l'approprier en lui apportant la touche endiablée qui lui manquait, on parle du : (😼 + 🐎)

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