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Critiques de John Harvey (211)
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Le deuil et l'oubli

1995. Au cours de vacances dans les Cornouailles avec son amie, Kelly, et la famille de cette dernière, Heather, 14 ans, disparaît tragiquement. Alors que Kelly sera retrouvée quelques heures plus tard, le corps d'Heather sera découvert des jours plus tard. Ses parents, Ruth et Simon, peineront à se remettre de cette perte et leur couple ne survivra pas...

Des années plus tard... Ruth est en couple avec Andrew et l'heureuse maman de Beatrice, âgée de 10 ans. Malgré tout, le souvenir de sa fille aînée demeure à jamais dans son cœur. Elle a coupé les ponts avec Simon qui, apparemment, rencontre encore quelques difficultés...

Lorsque le lieutenant Will Grayson, du commissariat de Cambridge, apprend que Mitchell Roberts, condamné pour violences sexuelles, sort déjà de prison, il n'en revient pas. Bien décidé à dévoiler la véritable nature profonde de cet homme, il va, avec l'aide de sa coéquipière, Helen Walker, tenter de le démasquer...





Trois adolescentes abusées sexuellement, un décès, suspect aux yeux de l'enquêteur, survenu dans les Cornouailles, un délinquant sexuel fraichement sorti de prison, une disparition inquiétante... Le lieutenant Grayson et Helen Walker vont devoir mener de front toutes ces enquêtes qui, apparemment, semblent n'avoir aucun lien entre elles. Outre ces affaires criminelles passionnantes, John Harvey prend le temps de s'attarder sur différents personnages, que ce soit Ruth, la maman profondément blessée par le décès de sa fille, Will, l'enquêteur entêté, Helen et sa vie personnelle compliquée, Mitchell, le pédophile ou encore Cordon, chargé de l'enquête sur le décès d'Heather. Une galerie de personnages approfondie, aux relations finement tissées, qui habite à merveille ce roman noir habilement structuré. Le rythme est haletant, l'ambiance sombre et l'intrigue bien distillée. John Harvey, de par son scénario captivant et ses dialogues travaillés, nous offre un roman, captivant, prenant et émouvant.
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De chair et de sang



John Harvey n’a pas la reconnaissance qu’il mérite. Moins lu que Mankell, Connelly, Indridason ou Rankin, « De chair est de sang » est l’exemple parfait pour découvrir le bonhomme et de faire partager la bonne parole. Parce que c’est franchement bien. Harvey crée un personnage profondément touchant, un type qui a avalé bien des couleuvres dans sa vie de flic, qui se désespère de voir un monde qui se délite. Bien qu’il est raccroché, une plaie est restée béante dans sa carrière, la disparition non élucidée de Susan Blacklock, Elder avait pourtant promis à la famille de faire la lumière sur ce drame. Un nouvel élément réveille l’attention d’Elder.

Harvey nous offre une plongée au cœur du mal avec un sacré talent. Grace au flashbacks permanents, il mène son histoire d’une sacrée poigne, ne laissant peu de répit au lecteur. Ces personnages sont loin de certains stéréotypes, lié au genre. Elder n’est pas un flic aveuglé par une mission, il se débat aussi pour être un père responsable, attaché à certaines valeurs, pour être un homme bien aussi. C’est cette profondeur dans chacun de ces protagonistes qui font qu’Harvey se démarque de ces camarades, il n‘hésite pas à creuser au-delà des apparences. Un écrivain, un vrai à découvrir (si cela n’est pas fait). Croix de bois, croix de fer …
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Les années perdues

Si vous aimez retrouver avec plaisir un héros récurrent, L’inspecteur Charlie Resnick est tout indiqué. John Harvey publié chez l’excellent Rivages-Payot de François Guérif, confirme avec ce remarquable polar qu’il est indiscutablement dans la cour des grands même si moins connu qu’Ian Rankin notamment. L’histoire se passe sur deux époques qu’Harvey alterne avec un parfait sens du rythme. Lien des deux époques, Resnick flic un brin désabusé qui a laissé sur le bord de la route sa vie sentimentale et pas mal d’idéaux sur son métier et sur la nature humaine. Harvey nous imprègne des lieux (les pubs, le commissariat, les quartiers, les ambiances interlopes) le tout rythmé au son du jazz (essentiel chez Harvey). Côté histoire, c’est du même tonneau, complexe, difficile à lâcher tant il décrit avec brio le combat d’un homme qui vois ressurgir les emmerdes au rythme des souvenirs. Ces années perdues c’est la quête d’un homme bien décidé à revenir sur son passé pour trouver la réponse à ces nombreux questionnements. Un personnage atypique pour un polar efficace.
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Scalpel

Après avoir terminé sa garde d’interne, Tim Fletcher quitte son service pour se rendre chez sa petite amie. Attaqué à coups de scalpel au cours de son trajet, le voilà de retour à l’hôpital, mais cette fois-ci, en qualité de patient. Peu après, Karl Dougherty, un infirmier du même établissement, est attaqué à l’arme blanche dans des toilettes publiques. Gravement blessé, il est placé dans la chambre voisine de Fletcher. L’enquête piétine quand survient un nouveau drame. Une jeune étudiante apparemment sans histoires vient d'être assassinée. Charlie Resnick et son équipe sont mobilisés pour identifier l’agresseur mais ils doivent faire face à un milieu médical soudé et peu enclin à avouer ses erreurs.



« Scalpel » est le troisième opus de la série Charlie Resnick. Me voilà à nouveau convaincu par John Harvey. Ses romans n’ont rien de révolutionnaire. Ce sont des romans policiers de facture classique. Mais l’auteur a un véritable talent de conteur. Il nous livre des instantanés qui en quelques paragraphes résument l’existence des personnages récurrents de la série comme des seconds rôles. Il opère toujours un chassé-croisé entre la sphère intime des protagonistes et les détails qui se rapportent à l’enquête. L’histoire s’épaissit de ces bribes de vie ce qui prendront tout leur sens quand la vérité éclatera dans les dernières pages du livre. Ses personnages ont une dimension humaine exceptionnelle. Ils sont plein d’empathie pour les victimes et les marginaux. Elle se manifeste dans les moments compliqués : s’interposer dans une bagarre d’ivrognes, annoncer une mauvaise nouvelle à une mère sénile, interroger un témoin rejeté à cause de sa sexualité, accompagner la victime d’une agression sexuelle...



Un roman qui à défaut d’être mystérieux et novateur se révèle diablement agréable à lire.

{ Précautions d'emploi & mises en garde : ne lisez pas ce roman si vous devez subir une opération chirurgicale dans les prochains jours... }

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Les années perdues

1969. Sur la scène d’un club de Birmingham, Ruth s’agrippe d’une main au pied du micro. Sa chevelure luxuriante tranche avec son visage émacié. Le groupe qui l’accompagne lance les trois accords d’un blues. Sa voix grave et puissante entonne les paroles mélancoliques des « années perdues ». Resnick l’ignore mais cette soirée va marquer sa vie. L’histoire se déroule en 1992, il n’y a ni internet, ni portable et la construction du tunnel sous la Manche n’est pas achevée. Les villes sont touchées par des vagues de violence qui s'inscrivent dans un contexte économique et social aggravé. Cela va de la petite délinquance aux émeutes urbaines. Une série de braquages et la libération d’un truand vont faire remonter des souvenirs douloureux dans l’esprit de Resnick. Ce roman développe des passages de son existence évoqués dans les romans précédents. Le policier est miné par ses regrets, par ce « passé qui ne passe pas ». J’ai choisi de ne pas vous dévoiler l’intrigue. Ce qui compte ici, c’est ce héros qui se démarque par son intuition et son humanisme, le récit d'existences de gens ordinaires et surtout l’ambiance semblable à celle d’un blues mélancolique.
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Coeurs solitaires

« Blonde plantureuse, goûts simples, cherche mec bien balancé, possédant yacht». En 1989, les rencontres se font par le biais de petites annonces publiées dans quotidien local. Les premiers échanges sont épistolaires et débouchent parfois sur un rendez-vous dans un pub. Avec à la clef, une surprise, bonne ou très mauvaise. A Nottingham, deux femmes adeptes des rencontres par le biais de la rubrique « Coeurs solitaires » du journal ont été assassinées. Charlie Resnick, inspecteur au sein du département de Police judiciaire, dirige l'enquête. C'est le premier volume de la série Resnick et l'inspecteur se voit attribuer des traits particuliers comme tout héros de littérature policière. C'est un quadragénaire toujours débraillé et portant des cravates ou des chemises tâchées. Célibataire, il vit avec ses quatre chats à qui il a attribué des noms de jazzmen célèbres : Bud, Pepper, Dizzy et Miles. Il est fortement marqué par ses déboires conjugaux. Enfin, il reste attaché à ses racines polonaises et demeure un fan d'un club de foot qui perd tous ses matchs : le Notts County FC. Les membres de son équipe ont des profils distincts et complémentaires : une brute machiste, un jeune marié, un jeune-homme timide d'origine pakistanaise, une provinciale prometteuse. Rien de très original, certes, mais le lecteur s'attache à Resnick. Sa pesanteur offre un faux rythme au récit, son empathie lui donne un surplus d'humanité. le roman repose sur une structure aboutie où les fausses pistes vont se multiplier. Les enquêteurs devront se défier des évidences. Un premier opus prometteur.
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Eau dormante

Féminicide : depuis quelques mois ce mot est devenu tristement banal. Les crimes envers les femmes ont malheureusement toujours existé, mais c’est probablement une très bonne chose que de mettre un mot précis sur ces actes intolérables.



Neuvième volume des enquêtes de Charlie Resnick, que j’ai retrouvé avec plaisir, ce roman policier écrit en 1997 ignore pourtant ce terme, mais démontre toute l’horreur de la chose.



En l’espace de quelques mois les cadavres de deux femmes ont été découverts dans un canal. Une troisième, Jane, disparaît. C’est une amie d’Hannah, la compagne de Charlie. L’enquête commence par explorer les relations compliquées que Jane entretient avec son mari abusif et parfois violent. Mais les jours passent et Jane ne donne aucune nouvelle…



Un deuxième fil d’enquête, tournant autour du trafic de tableaux volés, aère l’intrigue principale. Charlie et son équipe du commissariat de Nottingham, poursuivent leur parcours de vie heurtés.



Petit à petit, mais toujours avec un grand plaisir, je me dirige vers la fin de cette série qui à ce jour compte douze romans. Je la « fais durer » en espaçant les lectures !

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Ténèbres, ténèbres

C'est compliqué la littérature de genre: on aime y trouver ce qu'on est venu y chercher; on aime y être surpris mais pas décontenancé; l'équilibre est périlleux.

Polar classique de chez classique, ce douzième et dernier opus des aventures de Charlie Resnik met fin au cycle non par une mort mais par l'effacement progressif du héros vieillissant, en deuil et désillusionné.

Sa dernière enquête est un cold case et le renvoie aux grandes grèves des mineurs sous Thatcher. La postface contient une bibliographie impressionnante qui témoigne de la volonté de John Harvey à restituer le contexte socio-politique de ces événements. C'est d'ailleurs assez ballot parce que, perso, ce que je connais du contexte me vient de mon DVD de "Billy Eliott" et je n'ai pas eu l'impression d'en apprendre plus ici. Ah, si, quand même! La très bonne idée de ce polar, c'est de s'être basé sur l'argent envoyé de partout pour soutenir les grévistes et qui généra évidemment des convoitises. Très bonne idée, donc, mais très sous-exploitée, ce qui réduit un tantinet l'intérêt qu'elle aurait pu susciter.

Donc l'histoire se poursuit cahin-caha, alternant les épisodes de l'enquête et les réminiscences du passé (procédé éprouvé et pour tout dire rapidement ennuyeux). Les révélations ne sont jamais dues à l'enquête mais tombent assez au hasard - après tout, ce doit être souvent comme ça dans la vraie vie.

Rien d'épastrouillant, donc, mais rien non plus de rédhibitoire (c'est d'ailleurs plutôt bien écrit), mais je me demandais ce qui pouvait bien me gêner dans ma lecture.

Et j'ai fini par trouver.

Alors, oui, hein, on s'en doute, avec un titre pareil, noir c'est noir: les flics ne font pas leur boulot, les syndicats se laissent corrompre, l'amour est un leurre, et surtout le monde est un terrain de chasse pour mâles arrogants qui courent la gueuse.

La victime est une femme dont on peut dire sans trop dévoiler l'intrigue qu'elle fut tuée par un homme. Un meurtrier en série trucide les femmes. Un petit meurtre annexe renvoie à la disparition prématurée d'une jeune femme insuffisamment soumise.L'épouse du détective est elle-même passée de vie à trépas dans un épisode précédent (tuée par un homme, est-il nécessaire de le préciser?) et la détective en chef choisit très mal son petit ami.

Alors loin de moi la volonté de minimiser la réalité des féminicides mais serait-il possible de ne pas faire des femmes d'éternelles victimes? Deux hommes meurent aussi dans ce roman, l'un dans un accident de voiture, l'autre emporté par le blizzard: pas du genre petites choses fragiles et martyres.

Alors déjà qu'un mâle m'explique avec condescendance à quel point il est désolé pour moi ça m'énerve, mais le plus drôle c'est que cette bonne conscience ne se sent pas gênée de coexister avec le cliché le plus relou (littérature de genre, vous dis-je)

Donc, le héros, qui n'est plus de première jeunesse et qui fait équipe avec une ravissante jeune femme, est à deux doigts de se glisser dans son lit. "Elle mentionna Lynn. Cela le sauva. Les sauva tous les deux." Lynn étant l'ancienne femme de Charlie, tuée en service. Avant le meurtre, les collègues plaisantaient sur lui: "Il est au chaud avec cette jeunette de la Criminelle, le petit veinard." Donc, le Charlie a beau être un féministe de bon aloi, il n'ira pas jusqu'à se taper une femme de son âge.

Résumons: dénoncer les violences faites aux femmes, d'accord, mais sans renoncer au héros vieillissant qui s'envoie de jolies jeunettes. Y'a des limites à l'autoflagellation, faut croire.

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Ténèbres, ténèbres

Solitaire et déprimé, Charlie Resnick passe ses journées à regarder des films ou à écouter des cd de jazz, un chat arthritique confortablement installé sur les cuisses. Que du bonheur ! Pour briser la monotonie de ses journées, il occupe un poste de réserviste à temps partiel dans un commissariat de Nottingham. La découverte d'un cadavre sous les fondations d'une maison d'une cité ouvrière va ramener Resnick à un passé vieux de trente ans. Jeune policier, il avait été chargé d'y recueillir le maximum de renseignements sur les grévistes. La victime est rapidement identifiée. Il s'agit de Jennifer Hardwick l'épouse d'un mineur, mère de trois enfants, qui s'était lancée dans le mouvement social. La jeune femme avait disparu en décembre 1984, au moment de la grande grève des mineurs. Resnick va aider Catherine Njoroge, une jeune inspectrice d'origine kényane, à mener l'enquête. La mission du duo d'enquêteurs se complique ; avec les années, les souvenirs s'effacent, certains témoins sont décédés et d'autres ont disparu de la circulation. Et les pistes se multiplient : tueur en série, drame conjugal, crime passionnel... John Harvey revient sur cet épisode marquant de l'histoire britannique : la grande grève des mineurs brisée à l'aide de méthodes policières contestables. Répression brutale, manipulation, infiltrations campagnes de presse, toutes les méthodes sont bonnes pour mater et discréditer le mouvement. Jenny, la victime, incarne la lutte passionnée pour un monde ouvrier en lutte, dans un dernier sursaut avant le naufrage. Et il y a un parallèle entre l'enquête sur les circonstances de son meurtre et l'éclairage sur cette période sombre de l'histoire. Charlie Resnick tire sa révérence avec cette histoire pleine d'humanité dans un monde chaque jour plus monstrueux.
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Lignes de fuite

Merci, entre autres, à mes "amis babeliotes" nameless, Renod et andreas50 de m'avoir motivé à faire la connaissance de John Harvey dont j'ignorais jusqu'ici l'existence.

Grâce à leurs billets critiques globalement positifs voire très élogieux, j'ai découvert un auteur digne d'intérêt et talentueux avec qui j'envisage de faire un bout de chemin.

Le hasard de mes investigations chez mes bouquinistes attitrés m'a conduit à dénicher ce roman "indépendant" ne faisant donc pas partie des séries cultes "Charles Resnick", "Frank Elder" ou "Scott Mitchell".

Je pense n'avoir rien perdu au change.

La trame scénaristique ayant été abordée par d'autres avant moi, je n'y reviendrai pas.

Vous dire simplement que j'ai apprécié de trouver chez cet auteur ce que je recherche habituellement dans le roman noir, à savoir :

1) Donner chair à des personnages crédibles ayant une réelle profondeur psychologique et ce, sans tomber dans le cliché, le stéréotype ou la caricature ;

2) Développer une intrigue qui tienne la route, s'inscrivant dans la réalité de son temps, soucieuse de nous faire appréhender sans (trop de) manichéisme les contradictions, les failles, les zones d'ombre d'une société (ici britannique) bien mal en point après les décennies ravageuses des Thatcher, Major, Cameron et autres Blair ou Brown qui ne firent guère mieux ... ;

3) Une écriture simple et précise ne s’embarrassant pas d'effets de style aussi pompeux que stériles sans pour autant verser dans l'indigence, la facilité ou la vulgarité.

Au final, nous est offert une œuvre sobre, sombre, parfois un peu glauque mais s'évitant de flirter avec quelque complaisance malsaine ou voyeurisme équivoque.

Sa lecture, épisodiquement rythmée de blues, de soul ou d'un jazz aussi éclectique que judicieusement sélectionné, ne m'a pas laissé indemne, encore moins indifférent.

Elle m'incite à poursuivre l'aventure avec cet écrivain et m'autorise également à vous inviter à partir à sa rencontre.
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Lumière froide

Toc toc toc.

- C'est qui ?

- La Technologie !

- Et tu veux quoi ?

- Ouvre ta porte, tes fenêtres et tu verras….



« Lumière froide » a été publié dans les années 90 à la veille de la révolution numérique. Les enquêtes se déroulent sans téléphone portable ni internet et surtout sans police scientifique. Pour se contacter, les policiers utilisent des cabines téléphoniques qui sentent l'urine. Pour résoudre une affaire, il leur faut du flair et passer du temps sur le terrain. L'inspecteur principal Resnick hésite à sauter à pieds joints dans le tourbillon technologique. Un détail illustre ce flottement : pour Noël, il s'est offert l'intégrale de Billie Holliday en « Compact Disc » mais il n'ose pas encore passer le cap et acquérir un lecteur cd. Plus compliqué encore, il s'est engagé à passer la soirée du Réveillon avec deux femmes différentes : Maria, son amie du Cercle polonais qui sent la naphtaline et Dana, une jeune femme sensuelle et pétulante. Choix cornélien pour notre inspecteur mais un événement va le débarrasser de cet embarras : les policiers ont reçu une cassette audio dans laquelle un homme affirme séquestrer Nancy, une femme jeune disparue depuis plusieurs jours, et réclame une rançon. L'enquête pour débusquer ce ravisseur machiavélique s'annonce compliquée… Comme pour tout roman de « police procedural », nous suivons l'évolution des vies des membres de l'équipe de Charlie : la vie maritale de Naylor, la maladie du père de Lynn et les blagues douteuses de Reg Cossal… Une policière ambitieuse pointe le bout de son nez et nous devinons que nous serons amenés à la recroiser. En plus de ces aspects classiques d'un roman policier, John Harvey évoque des thématiques sociales à travers les personnages de Gary et Michelle : le mal logement, le chômage et les violences domestiques. Un bon roman dévoré cet été, place maintenant à l'épisode n°7.

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Les étrangers dans la maison

La journée avait pourtant débuté sous les meilleurs auspices... Maria s'étire langoureusement dans son lit. La porte d'entrée claque, signe que son abominable mari est parti au travail. Bon débarras. Elle a devant elle une longue journée de farniente. Elle prend un bain chaud, revêt son peignoir en soie quand soudain elle tombe nez à nez avec deux cambrioleurs. La voilà contrainte de leur remettre ses bijoux, ses liquidités et d'ouvrir le coffre de la chambre. A l'intérieur, surprise ! un sachet d'un kilo de cocaïne confié provisoirement au couple par un dealer. Maria est effrayée et troublée par le regard insistant d'un deux truands. Une fois le duo parti, elle appelle la police sans rentrer dans tous les détails. Pour Charlie Resnick, cette affaire s'inscrit dans une série de cambriolages menée par une équipe très prudente et très bien renseignée. L'enquête s'annonce compliquée.



Cambriolages, vols à l'étalage, trafic de drogue… les affaires traitées par la Police judiciaire de Nottingham sont ordinaires mais non dépourvues d'intérêt. John Harvey parvient à mêler ces différentes intrigues de manière équilibrée sans que jamais l'intensité ne baisse. Plutôt que de se focaliser sur le héros de la série, même si on apprend à mieux le connaitre, il multiplie les points de vue : Charlie, les membres de son équipe, son directeur, les truands, les « victimes » du cambriolage… Chacun apparait avec ses petits tracas du quotidien et prend place dans les rouages du scenario. Resnick incarne un policier massif qui se fie à son intuition (bon dans cette histoire, on peut carrément parler de divination) et n'est pas sans nous faire penser à un célèbre commissaire du Quai des orfèvres. "Les étrangers dans la maison" est un roman policier de facture classique mais porté par un style souple et une technique narrative maitrisée, ce qui le rend très agréable à lire.

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Ténèbres, ténèbres

J'ai toujours aimé John Harvey. Bien sûr pour son personnage de Resnick, cet inspecteur amateur de jazz mais aussi pour la qualité de ses dialogues. Je trouve que cet auteur ne fait pas parler pour rien ses personnages. Tant principaux que secondaires. C'est net, c'est précis, c'est clair et la lectrice que je suis sent que l'auteur sait qu'elle comprendra ce qui se passe. Pas besoin de palabres grandiloquents pour nous expliquer l'essentiel. Ceci étant dit, Ténèbres, ténèbres est la dernière enquête de Charles Resnick. Déjà réserviste, Resnick est appelé à la rescousse par l'inspectrice Catherine Njoroge qui se doit de constituer une équipe spéciale. Spéciale car, cette équipe devra trouver qui a tué Jenny Hardwick, disparue quelques trente ans plus tôt mais dont on vient tout juste de retrouver les restes.

Ce qu'il y a de particulier c'est que l'histoire de Jenny se déroule lors des grèves des mineurs qui ont divisé le Royaume Uni dans les années '80. Cette grève est donc un épisode important de l'histoire britannique car 75% de l'électricité britannique est produite par ce charbon et Madame Thatcher avait décidé de fermer plus de 20 mines déficitaires mettant ainsi au chômage des centaines et des centaines de mineurs. L'enjeu allait-il au-delà de ça ? Sûrement plus politique et électoral, ces grève semblaient mettre carrément en opposition le gouvernement Thatcher et les syndicats. C'est donc, en partie, ce contexte que révèle le titre Ténèbres, ténèbres en plus de souligner le sexisme et le racisme subis par cette inspectrice, Catherine Njoroge. Ce qui ne lui facilite en rien la tâche malheureusement. Des collègues machistes, un patron carriériste, un ex violent, heureusement Resnick deviendra un ami, cher.



Même si c'est le dernier tour de piste de Resnick, ce n'est pas triste. L’auteur aurait pu faire mourir son héros comme bien d’autres l’ont fat. Mais non. Charles Resnick poursuivra sa route. Comme on le connaît honnête, humain, empathique, on le regrettera certainement. Et malgré son deuil récent, son amour perdu, Charles Resnick, l’ex inspecteur, le maintenant réserviste utile, se dit qu'il lui reste, avec bonheur, le jazz et son chat.

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Coeurs solitaires

Une petite relecture, des années après avoir découvert et dévoré la série des Resnick de John Harvey pour la première fois.



Coeurs solitaires est le premier de la série : John Harvey plante donc le décor : Charles Resnick, le chef, amateur de jazz, de chats et de sandwichs en tous genres, et son équipe : Lynn, la seule femme flic de sa brigade, Patel, d'origine pakistanaise, Divine, le gros lourdaud, Naylor, le jeune marié et Millington, le plus âgé, qui aimerait bien évoluer dans sa carrière.



Resnick doit enquêter sur un meurtrier en série, qui tue les femmes qu'il rencontre par le biais de la rubrique des coeurs solitaires du journal local.



L'intérêt dans cette série, ce n'est pas l'intrigue policière en tant que telle, d'ailleurs le dénouement est assez rapide, limite bâclé, mais ce qui se passe autour : la ville de Nottingham, le déracinement, les relations humaines, les faux-semblants, la nostalgie du passé, la solitude...



J'aime la plume de John Harvey, j'aime retrouver son univers, comme si je retrouvais de vieux amis depuis longtemps perdus de vue.



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D'ombre et de lumière

Je viens de terminer la lecture des trois romans où apparaît, comme héros principal et récurrent, un certain Frank Elder, inspecteur retraité de la police criminelle de Nottingham vivant, quasi ermite, en un trou perdu des Cornouailles.

Précisons d'emblée que, comme dans tout cycle romanesque, il est vivement conseillé de respecter scrupuleusement une approche chronologique de l'oeuvre si tant est que vous soyez attentifs à appréhender et comprendre l'évolution psychologique des personnages, le pourquoi et le comment de leurs comportements.

Comme d'habitude un John Harvey se déguste lentement, à petites gorgées gourmandes, à l'instar d'un bon whisky, boisson qu'apprécie particulièrement Frank Elder, notre héros bien installé dans sa misanthropie apparemment plus subie qu'assumée, perpétuellement à la recherche de lui-même, d'un improbable (quoique !) équilibre conjugal et familial, hanté par des traumatisme du passé, rongé par la culpabilité ... un être simplement humain en somme !

Ce fut donc pour moi un réel plaisir de lecture et j'attends donc avec impatience une éventuelle traduction française de Body & Soul dernier opus (paru en avril 2018) clôturant non seulement la série Frank Elder mais aussi, aux dires de l'auteur, sa carrière littéraire.

PS : Curieux et heureux hasard !!

Je prends connaissance ce jour (21/12/20) d'une notification nous annonçant la parution prochaine (06/01/21) chez "Rivages/Noir" et sous le titre français "Le corps et l'âme" du roman auquel je faisais allusion en fin de recension...

Rendez-vous donc pour un prochain billet critique.
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Une étude en noir

Alors que le personnage de Charles Resnick a définitivement popularisé John Harvey,un de ces auteurs ceux qui font aimer le roman noir anglais ce dernier fait parfois la démonstration qu'il existe une vie en dehors de son héros récurrent qui a disparu en 2015, avec le crépusculaire Ténèbres, ténèbres.



Il l'a fait récemment avec un recueil de nouvelles, un mode d"expression qui n'est pas forcément le sien au départ, comme il l'écrit lui même dans la préface de son recueil "Une étude en noir ", inédites en France. avant d'être publiées par les éditions Rivages en octobre dernier. : "Il fut un temps où elles me terrifiaient."



Fort heureusement pour nous, John Harvey a changé d'avis à la fin des années 90, a commencé à écrire des textes courts pour des publications spécialisées quelques nouelles, et a rassemblé le tout dans c recueil "Une étude en noir ", d'une grande richesse. et d'une grande diversité.



On y retrouve Charles Resnick dans deux nouvelles Frandk Elder, qui ont eu la chance d'être des héros de roman ainsi que Kiley, qui est plus adapté aux formats courts, un formidable detective privé ex flic et ex footballeur qui vit avec une comédienne, Kate et dont les aventures font parmi des plus réussies de ce recueil.





Dix textes courts qui touchent au plus juste. grâce à un style dépouillé et une belle économie de moyen et une plume brillante qui sait parfaitement peindre une société en crise. avec des personnages- privés comme victimes souvent issues des classes populaires.



A.après avoir écrit pendant vingt ans des romans, Harvey ose s’aventurer dans la nouvelle et le fait avec tellement d’élégance que c'est une lecture idéale pour les fêtes.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le deuil et l'oubli

Reçu dans le cadre de l'opération Masse critique, j'ai beaucoup aimé ce roman. Ce rivage noir porte bien son nom car une partie du récit a pour cadre la mer et ses falaises et l'histoire est très sombre.



Je me refuse encore de dévoiler l'intrigue ou la résumer, sachez que le 4eme de ouverture couvre environ les 300 premières pages, ce que je retiens de très très bien dans ce roman : c'est la richesse des personnages, notamment Ruth mais aussi tous les autres que ce soit les policiers ou les suspects, le déroulement de l'enquête, des moments bien stressants.



Les dialogues sont dépouillés mais très plaisants, les descriptions sont sommaires mais permettent de s'immerger dans le moment et/ou les lieux évoqués.



Il est question de disparition d'enfants, ce qui peut-être rédhibitoire pour certains lecteurs.



J'ai eu du plaisir à le lire et ce du début à la fin, c'est très filé, allez-y
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Le corps et l'âme



John Harvey est connu en particulier pour sa série qui mettait en scène un flic de Nottingham, d’origine polonaise, Charlie Resnick. Coeurs solitaires, le premier roman de Resnickous fait découvrir le personnage dans une perspective très intimiste, ce qui est la marque de fabrique de l'auteur brirtannique. et qui racontait beaucoup de ’histoire politique, sociale, et criminelle de l’Angleterre post-thatchérienne. Resnick, ce héros récurrent qui a disparu en 2015, avec le crépusculaire et sublime Ténèbres, ténèbres.



Le corps et l'âme est le dernier volet d'une autre série centrée autour d’un autre personnage, Franck Elder, un flic à la retraite qui continue à donner des coups de main à la police



Ici, Franck tente d’innocenter sa fille soupçonnée du meurtre d’un peintre dont elle était le modèle.



Comme à son habitude, Harvey excelle à distiller des petits détails du quotidien qui finissent par composer une partition très subtile, et un bel équilibre entre des personnages racés et une intrigue solide.



tellement d’élégance , portée par les beaux accents de blues qu'Harvey, grand connaisseur du genre, distille mine de rien



Le corps et l’âme est le dernier roman où apparait Franck Elster et visiblement le dernier polar de John Harvey, qui, en 2018, lors de sa publication en Grande Bretagne, arguait qu'on ne l'y reprendrait plus , quel dommage !!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Preuve vivante

Encore un polar qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.

Or donc, voici le 7ème épisode des enquêtes de Charles Resnick, inspecteur principal de la police de Nottingham. C’est le début de l’été, mais ce n’est pas pour autant le moment de prendre des vacances. Pas de trêve pour les méchants. Resnick et son équipe ont deux affaires sur le feu : un homme, retrouvé nu au milieu de la rue et de la nuit, poignardé mais vivant, refusant obstinément de parler. C’est la 4ème agression de ce genre en quelques semaines. A-t-on affaire à un tueur en série ?

L’autre énigme, ce sont les lettres de menaces adressées à l’écrivaine américaine Cathy Jordan, invitée de marque du festival local de littérature policière. Et visiblement l’auteur de ces lettres connaît bien la prose sanguinolente de sa cible. Faut-il prendre ces menaces au sérieux ?



Le rythme du récit est rapide, enlevé, avec peu de temps morts. Aux différentes étapes des enquêtes se mêlent des bribes de la vie personnelle de chaque protagoniste. La particularité de ce volume (même si je n’ai pas lu les autres) réside dans le fait que l’auteur situe l’intrigue dans le contexte d’un festival du polar. Sorte de mise en abyme, c’est là l’occasion de multiplier les références (les hommages ?) à la littérature et au cinéma « noirs », et d’illustrer, à travers les personnages de Cathy et Dorothy (un brin caricaturales), l’opposition de styles entre la vague des « reines du crime » made in USA (Higgins Clark, Highsmith & Co) qui ne lésinent pas sur l’hémoglobine, et le charme délicat et suranné, so british, de Miss Marple et Agatha Christie.



Peu de choses à rajouter, si ce n’est que c’est une lecture plaisante, sans plus.

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Les étrangers dans la maison

Lire une enquête de l’inspecteur Charlie Resnick, c’est comme écouter du jazz : un jazz lent, rempli de grisaille où les notes sont jouées de manière nonchalante, avec quelques pointes d’ironie qui saillent dans cette mélodie qui ne manque jamais de consistance.



Autrement dit, si vous voulez un roman qui swingue et qui twiste, passez votre chemin et changez de disquaire !



Notre inspecteur officie dans la ville de Nottingham, et, tel le Shérif de Robin des Bois, il se retrouve face à des cambriolages dont ses collègues policiers n’arrivent pas à trouver les auteurs.



Dans les romans de Harvey, on prend le temps de planter le décor, de faire opérer les cambrioleurs pendant que l’inspecteur polonais (Resnick) cherche à vendre sa maison.



On étoffe aussi un peu les personnages qui gravitent dans les pages, que ce soient les cambrioleurs, les cambriolés, les policiers, les chefs, les collègues… Personne n’est laissé pour compte, même les seconds rôles, et donc, vous comprendrez que si l’on donne une place importante aux personnages, aux décors et à leurs tranches de vie, on est incapable de proposer un rythme trépidant.



Mais lorsqu’on se plonge dans une enquête de l’inspecteur Resnick, l’amateur de sandwich, de café, de jazz, de chats et au côté bourru, c’est parce que l’on recherche l’adrénaline ailleurs que dans les courses poursuites ou les rebondissements à chaque fin de chapitres !



Nous sommes dans l’Angleterre des années 80/90, celle de la Dame de Fer, celle des inégalités sociales qui furent creusées par le Thatcherisme galopant et sa politique de libéralisme à gogo. Vous voyez, le décor et l’ambiance ont toute leur importance et sont des personnages à eux tout seul.



Ici, pas de flics brillants, pas de super héros, pas de méchants machiavélique, juste des petits trafiquants de drogue, des petits voleurs à la semaine, des magouilleurs du dimanche, bref, que du réaliste.



Ce que j’apprécie chez cet auteur, en plus de ses ambiances bien senties de l’Angleterre qui se réveille avec la gueule de bois à cause du chômage qui gonfle comme un ballon de baudruche (ou ce que vous aimez voir se gonfler, bande de coquins), c’est sa prose émaillée de petites piques, de jolies réparties, de belles saillies, bien expédiées, bien envoyées, bien utilisées.



Le flegme britannique mâtiné de bons mots qui font sourire.



Et puis, avec lui, on a toujours le plaisir d’être surpris par l’arbre qui cache bien souvent une forêt d’autres choses.



Un plaisir de fin gourmet que je ne conseillerai qu’aux amateurs de romans noirs qui cherchent les ambiances tamisées et aux notes de jazz langoureuses.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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