Citations de Philippe Djian (909)
-L'Attrape-coeurs- racontait l'histoire d'un garçon de dix-sept ans qui fait une fugue dans Manhattan durant quelques jours, un peu avant Noël. Mais ce qui était fantastique, c'était le regard qu'il posait sur le monde et les réflexions que cette expérience lui inspirait. C'était une inquiétude, une souffrance, une colère, une lassitude que je connaissais bien. Jamais encore je n'avais senti avec cette force la voix d'un autre résonner à l'intérieur de ma poitrine. (p.20)
Lorsque l'on prend conscience que toute cette vie n'est qu'une farce, etc. L'accepter sans broncher n'est pas donné à tout le monde. Que voulez-vous, ce sont les plus lucides qui trinquent...
« Ils s’étaient dits des choses terribles, des choses blessantes , comme s’ils avaient été aspirés dans un tourbillon de noirceurs , un mot en entraînant un autre » .
Nous faisons monter deux gin-tonic lorsque nous avons fini. Je me lève et me dirige en boitillant vers la salle de bains. J’utilise un gel douche à la camomille et me livre à un nettoyage complet – garder sur moi l’odeur d’un autre m’a toujours dérangée.
mes dernières forces s'envolaient comme des fleurs de cerisier dans un jardin japonais..
Je ne pouvais m'empêcher de penser à mon père et son silence brûlait comme un charbon au fond de mon ventre.
L’esplanade, devant les grilles du Parlement, était comble, et beaucoup restaient bloqués dans les rues adjacentes sans pouvoir avancer. Les pancartes en carton, les effigies en papier mâché, tout fichait le camp, tout finissait en charpie. Plus personne n’avait un poil de sec, plus personne ne savait où donner de la tête devant l’ampleur des dégâts qu’une fille énumérait sur une estrade, continent par continent, et la colère des gens demeurait palpable, la tristesse, la frustration aussi, mais il allait de soi que cette sacrée pluie n’était pas rien. Elle rassurait. Elle mettait fin, provisoirement, à une angoisse diffuse. Elle leur disait qu’ils s’en tiraient une nouvelle fois, que le glas n’avait pas encore sonné. Ils avaient l’impression de sortir d’un coma. Ce n’était pas rien.
Je n'aimais pas recevoir de raclée, pas plus que d'exécuter un vol plané dans la rue. Mais ce n'était rien comparé aux trois années de dépression que j'avais traversées. Quelle rigolade que de signer du nez ou de se relever avec une bosse ! Chaque fois que je roulais sur le sol, je m'éloignais des ténèbres. Chaque fois que le poing de Lou m'arrivait en pleine figure, je réalisais l'incroyable simplicité d'être au monde. Je ne me sentais plus dégringoler comme une pierre, j'étais une plume s'élevant au-dessus du gouffre, libéré de l'idée que je pesais quelque chose et qu'il fallait prendre ce monde au sérieux.
Je pense à une blessure car étrangement, se mêle une notion de douleur à l'amour que l'on porte à certains livres.Il s'est enfoncé dans vos chairs, non pas avec précaution et finesse, mais avec une violence impitoyable.
Greg prétendait qu'elle avait un aspirateur à la place du vagin, mais Greg était toujours cruel avec les femmes et il se vantait beaucoup - il était en général bien trop fait au moment de passer à l'acte pour voir une différence entre un aspirateur et une centrifugeuse ou même un sèche-cheveux. (p. 134)
Quand ils habitaient au bord du lac, il éprouvait une sorte de tension qui provenait de cette masse d'eau immobile. A l'inverse, l'eau courante ne lui posait aucun problème. Au contraire. [...] Le fleuve agissait sur l'esprit comme une cassette nettoyante sur une tête de lecture. (p. 22)
Lorsque j'y réfléchissais, je devais admettre que l'on ne connaissait rien de la douleur d'autrui, qu'il n'y avait pas d'étalon, que l'on pouvait être surpris, stupéfait, abasourdi par les dégâts que l'on occasionnait chez les autres...
En rentrant, je me suis plongé dans mon roman et j’ai fait mourir deux salopards, je me suis senti mieux après, mais j’étais vidé.
Me produire sur scène presque chaque soir, apparaître en femme, être changé en femme, porter une combinaison de soie, une culotte de satin, une perruque, des bas, un soutien-gorge, me maquiller, porter des talons hauts, etc., entendez-moi bien, me procure un trouble plaisir, un plaisir profond, irremplaçable, mais je ne suis pas passé de l’autre côté pour autant. Je ne dis rien quand un homme me serre dans ses bras, mais ça ne va pas plus loin, ou quand il plaque une main sur mes fesses. Mais ça ne m’a jamais réellement attiré, ça me laisse froid.
[Ses relations avec des femmes mariées], ça venait de ce besoin plus ou moins conscient de se glisser dans le nid d'un autre. Sans doute pour expérimenter un confort, une tiédeur, un environnement qu'il était incapable de mettre en oeuvre lui-même. (p. 258)
Décembre est un mois où les hommes se saoulent- tuent, violent, se mettent en couple reconnaissent des enfants qui ne sont pas les leurs, s’enfuient gémissent meurent mais celui-là au moins a-t-il gardé l’usage de la parole…
Moi la vie m’endormait. Elle c’était le contraire. Le mariage de l’eau et du feu, la combinaison idéale pour partir en fumée.
Chaque jour je me tenais prêt
Je guettais l'heure et la page
Où les eaux s'ouvriraient
Me laisseraient un passage
L'espoir me faisait vivre
L'attente me rendait nerveux
Je trouvais dans les livres
De quoi patienter un peu
(Des hauts, des bas).
Il se leva dans un rêve pour aller chercher des verres. S’il avait eu la moindre idée de la façon dont tout allait finir, il ne faisait aucun doute qu’il se serait aussitôt rassis.
je trouve dommage que personne ne soit comptable des mauvaises actions que l'on ne commet pas.