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Citations de Philippe Djian (909)


J'ai raccroché et ensuite, en regardant autour de moi, j'ai pu constater que le miracle était pas arrivé, les petits nains s'étaient pas pointés pour faire le ménage pendant que je donnais mon coup de fil.
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Je ne voulais pas jouer les types mystérieux , pas plus que je ne cherchais à l'intriguer , mais chaque fois que je tournais la tète de son coté je la voyais presque clignant des yeux , dressée sur un coude et me considérant avec un sourire perplexe , ce qui me dérangeait un peu . J'y étais pourtant habitué . A un moment ou à un autre , j'avais surpris cette expression sur le visage des
femmes qui m'avaient serré d'assez près . Et quand chacune d'entre elles m'avait apporté quelque chose , m'avait sans doute appris tout ce que je savais , quand marche après marche elles m'avaient hissé à des paliers d'où l'on peut contempler le monde , je n'avais moi , pour ce que j'en observais , guère eu davantage qu'une stupide énigme à leur offrir . J'avais toujours fini par comprendre ce qu'une femme cherchait ou désirait , et peut-être aussi avais-je saisi leur nature profonde , mais je n'aurai pas pu en dire autant d'un homme . Elles avaient de quoi nous regarder avec des yeux ronds : la vérité était que nous étions le coté sombre de l'espèce humaine .
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Nous avons découvert que nous pouvions parler ensemble sans que nous nous cassions une jambe . Où allait le monde et convenir de la bonne santé de la folie humaine n'étaient pas des sujets trop embarrassants . Il allait de soi que les fanatiques de toutes confessions s'en donnaient à cœur joie et s'enivraient du sang qui les éclaboussait . Qu'ils s'en nourrissaient et s'en teignaient le visage . Que leurs cris retentissaient , se multipliaient et empuantissaient l'air chaque jour davantage . Que la misère des peuples était leur lit . Que leurs draps était la bêtise , la peur , l'ignorance , mais aussi la haine que s'inspirent volontiers des races différentes . Que leur glaive était la religion qu'ils trafiquaient à leur guise . Que leur force venait de politiciens incapables , lâches stupides , corrompus , cyniques , méprisants , qui conduisaient au désespoir . Que leur couplet était xénophobie , racisme , génocide , persécution à travers tous les continents . Qu'à leur concert se mêlaient de simples assassins , des truands , des voyous , des dealers , des fous furieux , des salauds , des industriels , des banquiers , des flics , des avocats , des juges , des trafiquants d'armes qui poussaient à la roue et se frottaient les mains .
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On dit souvent femme varie, confessa t-il, mais les hommes c'est un peu la même chose. On ne sait pas davantage où l'on va.
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Elle se demanda si c’était ça, être heureuse, de ne rien sentir, n’avoir aucun désir, se sentir flotter, rouler la nuit sur une route déserte. Ça n’arrivait pas tout le temps, c’était comme le rayon vert, il fallait saisir l’instant.
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Vivre n’était pas une promenade de santé. Plutôt une marche forcée.
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Quand il rentrait, Yann prenait Caroline dans ses bras et elle cessait de pleurer aussitôt. Il ne disait rien, mais je savais ce qu’il pensait. Il disait Myriam, tout va bien. Or je n’y arrivais pas. Quelque chose me manquait. Ce fameux instinct maternel, cette attirance naturelle que j’étais censée éprouver. Et j’étais si horrifiée, si honteuse de moi que je le cachais. C’était une vraie souffrance. Je devais me forcer avec elle, lui parler, la prendre, lui sourire quand je n’en avais pas envie, c’était épouvantable. Elle me réveillait plusieurs fois pendant la nuit, comme pour se venger.
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...La télé, mais nous ne voyons que des choses horribles:des politiciens véreux, des forêts en flammes, de longues colonnes de réfugiés, des enfants arrachés à leur mère, des foules prosternées, des centrales sur le point de nous péter à la gueule, des hommes battus, des femmes violées, des empires bâtis avec du sang et de la merde.
Alors, je l'éteins.
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- Je trouve ton attitude complètement idiote.....J'ai l'impression que tu en fais toute une montagne.
- Non pas exactement une montagne, mais on peut dire une petite colline.
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L'incertitude économique, la stagnation atteignent de tels niveaux qu'une transaction aussi simple que de louer un appartement devient un festival de méfiance réciproque.
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« Je souris en lui ébouriffant les cheveux, et là, je sais que je peux lui demander n'importe quoi, qu'il est pris dans mes filets. C'est une expérience étrange de voir le vertige qui les saisit, de voir leur cerveau s'éteindre, leurs armes rendues à nos pieds, rouges de sang
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Mais j’ai l’habitude. Lorsque j’écris, je me heurte souvent à des portes closes, je suis rodé à leur obstacle, je dois les enfoncer les unes après les autres et c’est loin d’être un jeu d’enfant, on ne les renverse qu’au terme d’un minutieux travail, qu’en retour de multiples et redoublés efforts – sans savoir s’ils seront récompensés et les forces d’un homme ne sont pas inépuisables, sa résilience, avec le temps, s’effrite, l’amertume le guette, etc. Cela explique le côté ravagé, maladif, la mine d’endive cuite qui affectent tant de bons écrivains – les autres sont plutôt bronzés, bien nourris, mais les bons paient le prix fort, les bons marchent au riz complet, au pain bis, au ginseng et à la gelée royale pour se donner des forces, quand ils le peuvent, quand les à-valoir sont au minimum décents et la foule des imbéciles et des nuisibles relativement réduite au silence – ce qui permet une ou deux ventes.
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Le jour, on m’appelait Denis. J’étais un écrivain qui connaissait un certain succès et qui avait la dent dure, comme critique. Certains soirs, on m’appelait Denise. Bon, je dansais dans un cabaret.
Par bien des côtés, il s’agissait d’une situation assez pénible, qui compliquait singulièrement ma vie, mais je n’aurais pas changé pour une autre. Cette existence me convenait.
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[deux amis de longue date]
Personne n'était heureux de se faire traiter de vieux connard égocentrique ou de petit conservateur de merde - autant de poignées de terre noire jetées à la figure de l'autre - mais le soir venu, à table, ils se tinrent tranquilles et s'employèrent à donner le change avec cet art consommé de la mise en scène et de la duperie qui avait été leur carte maîtresse, autrefois. (p. 155)
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Par moments, la ville me pesait. Mes plus beaux rêves se déroulaient dans des coins perdus, dans des déserts silencieux et colorés et je pouvais laisser traîner mon regard sur la ligne d’horizon et penser tranquillement à un nouveau roman ou au repas du soir ou prêter l’oreille aux premiers cris d’appels d’un oiseau de nuit déboulant dans le crépuscule.
Je savais parfaitement ce qui clochait avec Betty, ce damné roman la clouait sur place, lui ficelait les bras et les jambes. Elle était comme un cheval sauvage qui s’est tranché les jarrets en franchissant une barrière de silex et qui essaie de se relever. Ce qu’elle avait pris pour une prairie ensoleillée n’était en fait qu’un enclos triste et sombre et elle connaissait rien du tout à l’immobilité, elle n’était pas faite pour ça. Mais elle s’accrochait quand même de toutes ses forces, avec la rage au coeur et chaque jour qui passait se chargeait de lui écraser les doigts. ça me faisait mal de voir ça, seulement je ne pouvais rien y faire, elle se retranchait dans un endroit inaccessible où plus rien ni personne ne pouvait l’atteindre. Dans ces moments là, je pouvais m’attraper une bière et m’envoyer tous les mots croisés de la semaine, j’étais sûr qu’elle allait pas me déranger. Je restais quand même près d’elle, pour le cas où elle aurait eu besoin de moi. Attendre, c’était la pire des choses qui pouvait lui arriver. Ecrire ce bouquin, c’était sûrement la plus grosse connerie que j’avais faite.
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Sur ce terrain, il en savait autant qu'un nouveau-né mais il savait aussi d'instinct que rien ne pouvait aller en se simplifiant, que rien ne pouvait gagner en clarté (et surtout pas dans le coeur des femmes), de quelque manière que l'on s'y prît.
Celui qui n'attendait rien n'était jamais déçu. Celui qui ne pêchait pas par optimisme ne tombait jamais de haut. Celui qui s'attaquait à la montagne avec patience et humilité arrivait à ses fins. Celui qui ne préjugeait pas de ses forces constituait un adversaire de taille.
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Celui qui voyage peu chargé n'arrive pas fourbu. Celui qui ne se nourrit pas d'espoirs ne meurt pas d'inanition.
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« Si on ne peut pas avoir le cœur de quelqu'un, faut-il pour autant renoncer au reste ? »
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A quoi ça rimait tous ces mecs qui voulaient être les premiers, premiers à baiser, premiers sur l'arrivée, premiers dans le trou du cul de la lune, est-ce que ça les bottait vraiment, est-ce que ça devenait tout bleu dans leurs grosses têtes de clowns ?
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[ Incipit ]

Un soir, environ cinq ans après la mort de Betty, j'ai bien cru que ma dernière heure venait d'arriver. Et Dieu sait que je m'attendais pas du tout à ça.

Je me trouvais dans la cuisine avec Henri et j'épluchais tranquillement quelques trucs en lui prêtant une oreille distraite. La supériorité de la poésie sur le reste, ça faisait deux cents fois qu'il me la démontrait. Le plus terrible, c'est qu'il avait raison, mais j'avais toujours refusé de l'admettre. Je pouvais écrire des romans et des paquets de nouvelles, mais j'étais incapable d'aligner un seul poème valable, c'était un terrain que je sentais pas très bien. J'éprouvais une admiration sans bornes pour ces types qui trouvaient le moyen de vous descendre en quelques phrases, qui vous coupaient la respiration, l'ennui c'est qu'ils étaient tous à moitié cinglés. Une des questions que je me posais était de savoir si la poésie rendait fou ou si c'était l'inverse qui se produisait.
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