Barnabé ou la vie en l'air / Boyne, John –
Traduit de l'anglais par
Catherine GibertGallimard Jeunesse – Novembre 2014 - 296 pages
ISBN : 978-2-07-065015-6 - Prix : 13,50 €
Résumé : Monsieur et Madame Chevreau, avocats australiens habitant Sidney, veulent à tous prix paraitre normaux et ont horreur qu'on les remarque et de paraître différents. Leur troisième enfant, Barnabé, a la particularité, dès la naissance, de flotter en l'air. Effrayés d'avoir un enfant dont la différence est aussi voyante et aussi extraordinaire, ils cachent leur fils au voisinage et ne lui permettent pas de sortir de la maison. A quatre ans ils le scolarisent dans un établissement à la pédagogie très coercitive et n'accueillant que des enfants posant des problèmes afin que Barnabé ne se démarque pas. Là, Barnabé se fait un ami, Liam, qui a des crochets en guise de mains. Lorsqu'il a huit ans, il visite le pont le plus célèbre de Sidney et s'envole devant les caméras de télévision. Ses parents ne supportent plus d'être ainsi le centre d'attention du voisinage et de leurs collègues de bureau. Madame Chevreau emmène donc son fils en promenade et au bord de l'océan elle le laisse s'échapper dans le ciel. Barnabé commence alors un périple qui lui permettra de découvrir qu'il y a bien des façons d'être différents.
Mots clés: HANDICAP / DIFFERENCE / TOLERANCE / REUSSITE SOCIALE / APPARENCES / JUGEMENT / RELATION HUMAINE / SECRET / AMOUR PROPRE / ORGUEIL / FAMILLE / AMOUR / INJUSTICE / JUSTICE
Commentaires : Fable philosophique, un peu appuyée, sur l'acceptation - ou pas - de la différence. C'est un conte à la fois cruel, poétique, humoristique et aux péripéties quelques fois farfelues où Barnabé a le chic pour voyager à travers le monde, ne rencontrant que des personnes rejetées par leur famille parce qu'elles sont particulières. Les raisons en sont très variées : handicap physique de naissance (Liam) ou par accident (Charles), don artistique contrevenant aux espoirs de réussite industrielle (Joshua), homosexualité féminine (Ethel et Marjorie), jeune fille non mariée (Palmira) enceinte, personne en fin de vie qui veut profiter de ses derniers moments et refuse d'être raisonnable, etc... On peut regretter que Barnabé ne rencontre pas de personnes handicapées mentales alors que certains personnages souffrent comme lui d'un handicap complètement inventé et que toutes ces différences fassent un peu penser à une liste à la
Prévert respectant le politiquement correct. Et puis le récit est un peu trop manichéen : toutes les personnes souffrant d'exclusion sont gentilles et prêtent à pardonner alors que ceux qui excluent sont égoïstes et sans coeur et n'expriment aucune empathie ni souffrance devant le handicap de leur proche. L'histoire est donc un peu trop simplette et légère pour des collégiens, tout en abordant un sujet très douloureux et grave qui peut choquer des primaires n'ayant pas la maturité nécessaire pour lire ce récit au second degré. En effet Barnabé est, dès la naissance, rejeté par ses parents qui n'hésitent pas à l'abandonner à une mort certaine, son handicap devant le faire disparaitre dans l'atmosphère. La défense, par l'auteur, des liens familiaux devient alors incompréhensibles et peu crédible.
Pistes de discussion :
Pourquoi l'auteur a-t-il choisi ce handicap imaginaire pour Barnabé ?
Comprenez-vous la gêne des parents de Barnabé ?
Peut-on trouver une excuse aux parents de Barnabé qui le font volontairement s'envoler ?
Pourquoi Barnabé veut-il revoir sa famille ?
Croyez-vous que les personnes qui souffrent d'être différents ou handicapés sont toujours gentilles ?
Existe-t-il vraiment des gens « normaux » et des gens « différents » ?