Déguisé en plongée dans l'obsession d'un motard de haut vol, un tour de force de ruse littéraire...
De cette incursion dans le mental obsessionnel d'un motard,
Sylvain Coher a su faire une expérience littéraire de toute première force. Non seulement le rendu de la vitesse et de l'extrême attention indispensable à ce "niveau", en véritable mode "caméra subjective", est-il particulièrement impressionnant, mais la construction du personnage, toute en flashbacks simples et très efficaces, a aussi une bien fière allure.
Ce qui nécessite à soi seul le déplacement jusqu'à ce livre, c'est une prouesse qui vous saisira à la page 100, et vous scotchera littéralement. J'ai rarement observé une telle audace, et de telles conséquences, dans le renversement brutal du point de vue de la narration...
"Le rêve d'Anton avait tout d'un rêve prémonitoire. C'était une chute comme on n'en fait qu'une seule fois. de celles dont on ne réchappe pas et dont on ne souhaite même pas réchapper, sinon dans quel état ? Jusque dans ses moindres détails, la netteté des images produites par son rêve lui avait semblé inconcevable ailleurs que dans le monde réel, là où les motards qui tombent ne se relèvent pas."
"Dans le monde d'Anton les statistiques et les probabilités faisaient loi. Probabilités d'une chute, celles du passage d'une horde de sangliers au sortir de la futaie, selon les feuilles mortes et toutes les autres données afférentes. Chaque chose trouvait son pourcentage et Anton évaluait chaque mouvement avec un soin constant."
"Les motards empoisonnent nos nuits."
Notons aussi que ce roman fait partie de la sélection de 10 choisie par
CLARO, libraire invité du mois d'octobre chez CHARYBDE...